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LUNDI 6 JUIN 2016...
Après avoir déposé une dissertation au tribunal signalant son renoncement au cas de Thérèse Vals, Léa se précipita dans sa voiture, avant que la pluie qui chargeait les nuages ne s'abatte sur elle. Le temps passé au volant lui parût une éternité. Mais enfin, elle arriva à son cabinet.
Le soleil avait déjà eu le temps de se coucher, et le ciel était tout noir. En ouvrant la porte de son cabinet, Léa trouva sa secrétaire qui travaillait déjà. Elle la salua, puis se dirigea dans son bureau sans plus attendre. Mais avant qu'elle n'y accède, la secrétaire la retint.
— Attendez Maître Vermandois !
Léa se retourna lentement en remontant son sac sur son épaule gauche.
— Oui, Vanessa ?
— Vous avez rendez-vous dans cinq minutes avec un certain Louis Breton.
— Merci ! Tu me préviens lorsqu'il arrive.
— Oui, Maître.
Léa ouvrit la porte de son bureau et se dirigea aussitôt vers les canapés pour se débarrasser de tout ce qui l'encombrait. Ensuite, comme les rideaux empêchaient toute lumière de pénétrer la pièce, elle décida de les pousser. Et là, elle remarqua un mot écrit sur le mur, en lettres rouge sang :
« Memento Mori. ».
Il lui était destiné...
Léa déglutit. Elle n'arrivait pas à comprendre ce qu'il lui arrivait. Quelqu'un avait fait irruption dans son bureau. Mais qui !? Qui cela pouvait bien être ? Qui la voulait morte ? Qui ? Qui cherchait à la nuire ? Les questions n'avaient de cesse de s'accumuler. Puis brusquement, les souvenirs de cette nuit refirent surface. Et elle se souvint ces propos givrants :
« À partir de maintenant, tes jours sont comptés, Léa Vermandois. »
Et si c'était la seule et même personne qui se cachait derrière tout cela ? Léa essayait de se convaincre de ne pas prendre ces menaces pour argent comptant. Mais au fond d'elle, elle était sûre qu'on lui voulait du mal. Elle pensa à El Gato et se dit que ce n'était sûrement pas lui. Alors qui est-ce ? Benoît ? Helena ? Thérèse ? La liste des suspects était longue.
Le téléphone retentit. Elle passa ses mains sur son visage avant de décrocher :
— Oui, Vanessa ?
— Excusez-moi de vous déranger mais il est là, Maître.
— Qui ça ?
— Monsieur Breton.
— Ah ! Je suis désolée. Je ne me sens pas bien. Je pense que tu devrais rentrer chez toi.
— Maître ! ?
— Désolée, j'ai très mal à la tête. Dis-lui que je le recevrai un autre jour.
Léa savait que le coup des maux de tête passait difficilement, parce qu'elle n'était pas du genre à dire non au travail pour si peu. Mais c'était la seule excuse qu'il lui était venue à l'esprit dans ce moment aussi troublant. Après tout, l'essentiel c'est qu'elle lui avait apporté des explications. Après elle pouvait en faire ce qu'elle voulait.
En rentrant chez elle, Léa espérait ne pas avoir à se disputer avec Cédric, car c'était la dernière chose dont elle avait besoin. Elle sortit ses clés de son sac et ouvrit la porte d'entrée. En la refermant derrière elle, elle remarqua qu'il n'y avait personne dans le salon, que les lumières étaient éteintes. Elle se dit qu'ils avaient sans doute dû aller dormir. Cela la rassurait. Elle marchait à pas feutrés jusqu'à la porte de sa chambre. Et, brusquement, elle sentit une main recouvrir sa bouche. Les battements de son cœur se mirent à s'accélérer. Elle commença à pousser des cris, bien qu'ils fussent étouffés par la main de son agresseur. Elle tenta de se libérer de son emprise, mais visiblement, il avait plus de force qu'elle. Elle sentait la panique monter en elle. Il l'entraîna dans la chambre, et il la lâcha violemment sur le lit. Léa se releva immédiatement et constata que ce n'était autre que Cédric.
— Cédric ! ?
— Léa...
— Qu'est-ce que tu comptais me faire... ?
— Rien, rassure-toi, je ne te veux aucun mal.
— Mais est-ce que tu peux m'expliquer ce que c'était, ça ?
— Léa, reprenons tout à zéro...
Quand il prononça ces mots, il fit renaître en Léa la vie. Elle ne savait pas si ce qu'il se passait était réel, mais elle semblait durement y croire. Une lueur d'espoir avait fait son apparition. Elle ne pouvait pas dire non à une telle proposition, car cela faisait longtemps qu'elle attendait qu'un moment pareil survienne. Elle se mit à quatre pattes, avançant vers son partenaire, telle une chatte en fureur.
— Faits-moi l'amour comme jamais, Cédric... !
Il se pencha lentement vers elle pour faire monter et durer l'excitation. Pas seulement en elle, mais en lui également. Il déposa un baiser sur ses lèvres enrobées de maquillage senteur framboise, avant de la soulever :
— Les enfants ! cria-t-elle. Ils sont où ? Et s'ils nous...
— Chute ! fit-il. Ils sont couchés.
Et ils s'abandonnèrent corps et âmes au cours de cette inoubliable nuit.
MARDI 7 JUIN 2016...
Le lendemain, Léa se réveilla de bonne humeur aux côtés de son tendre époux. Elle était si heureuse de savoir que Cédric et elle étaient réconciliés. A présent que les tempêtes s'étaient calmées, elle se demandait si elle devait réellement lui parler des menaces dont elle était victime, si tout cela était nécessaire. Elle pensât que c'était trop risqué. Elle craignait qu'il arrive quelque chose à son époux à la suite de ces révélations. Elle se dit également qu'il ne voulait sûrement pas savoir pourquoi elle était aussi distante ces derniers temps. Vu la nuit torride qu'ils venaient de passer, elle supposa qu'il avait décidé de passer l'éponge sur les précédents événements. Pourquoi alors compliquer les choses ? Il semblait à Léa que tout était parfait comme ceci.
Elle descendit de son lit, et se rendit dans la chambre de Camille pour s'assurer qu'elle était partie au lycée. Puis, elle alla tirer Manon et Vince de leur lit afin qu'ils aillent sous la douche pour qu'elle les accompagne ensuite à l'école.
Elle se rendit à la cuisine pour préparer au plus vite des œufs brouillés, et servit deux plats, tout juste pour ses petits garnements. Et quand ils descendirent, ils n'avaient plus qu'à engloutir leur petit-déjeuner, puis filer dans la voiture. Avant que Léa ne parte les rejoindre, Cédric débarqua dans le salon et l'embrassa sur la joue, ce qui la fit rougir.
— Bien dormi, mon amour ? demanda-t-elle.
— Oui.
— Allez ! Passe une bonne journée. Je dois emmener les enfants à l'école.
— Pas de souci. Prends soin de toi.
Après avoir déposé les enfants à l'école, Léa monta dans sa voiture et reçut un appel. Elle s'empressa de le décrocher :
— Allô ? Cédric, je t'avais dit que...
— Ce n'est pas Cédric.
Son cœur se mit à battre violemment.
— C'est qui ?
— Tu me connais bien, Léa.
— Heu... Je ne sais pas, mais si vous m'aidiez, un peu...
— Prépare-toi, Léa Vermandois...
Léa écarquilla les yeux. Il n'y avait que lui pour l'appeler par son nom et son prénom. Il n'y avait que lui pour insister sur son nom. Elle était persuadée que c'était lui. Ce n'était ni Thérèse, ni Helena, ni El Gato.
— Benoît, c'est toi ?
— Prépare-toi, Léa... Prépare-toi... à ce qu'on passe aux choses sérieuses. Faits attention, car le jeu s'apprête à commencer. Jusqu'ici, ce n'était qu'un avant-goût. Profite de chaque seconde comme si c'était la dernière, parce qu'on ne sait jamais quand on va en enfer. On ne sait jamais...
— Benoît, ce n'est pas drôle ! Tu cherches quoi, au juste ! ?
— Prépare-toi, Léa, car tout vient de manière soudaine. Tout vient quand on s'y attend le moins.
Benoît raccrocha. C'est alors que Léa prit conscience qu'elle était en réel danger.
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