16
Dès que Léa fut entrée chez elle, elle vit Cédric qui la fusillait du regard. Il se leva, comme s'il comptait en placer une. Mais Léa le devança :
— Cédric, il faut qu'on parle.
Léa était décidée à tout lui dire. Elle ressentait le besoin de tout lui avouer sur ce qu'il lui arrivait en ce moment. Elle se disait qu'il était temps qu'il s'ache qu'elle était victime de menaces sévères. Plus question pour elle de reculer. C'était soit ça, soit elle pouvait faire un trait sur leurs dix-huit ans de mariage.
— Il est temps que tu saches la vérité, Cédric. Toute la vérité.
— Je ne veux pas t'écouter, Léa. Tu m'as assez montré ton indifférence à mon égard. C'est fini ton petit manège.
— Écoute-la, Papa ! ordonna Camille en raccrochant son téléphone. S'il-te-plaît ? Si ça se trouve, cette discussion pourra sauver votre amour.
— Quel amour ? Ta mère me trompe et tout ce que tu trouves à dire c'est que...
— Papa ! Cesse de jouer à l'enfant, s'il-te-plaît, tu veux ? Saches que tu n'es pas le seul à souffrir dans cette situation. Maman souffre aussi. Tu veux vraiment tout foutre par terre ? Tu as pensé à Manon, à Vince et à Alix ? Tu crois que ça leur fera du bien de vivre avec Maman ou avec toi ? Je ne crois pas, non. Parce qu'un enfant a besoin de ses deux parents. Donc...
— Attends, attends, deux secondes, Camille. C'est qui le parent entre nous deux ?
— Mais il n'est pas question...
— Attends, attends... Réponds à ma question, s'il-te-plaît ! ?
— Toi, avoua-t-elle contrariée.
— Alors s'il-te-plaît, ne t'en mêles pas. Si tu as fini de causer avec Ludovic, cherches quelque chose d'autre à faire. Tiens, tu as le bac en fin d'année. Donc va réviser tes maths.
— Pa...
— N'insiste pas ! intervint Léa.
— Enfin, Ma...
— Hé !
Elle fit la tête, ramassa son portable et ses écouteurs sur le canapé et décampa.
Léa poursuivit :
— Il faut vraiment que je te dise la vérité. Tu ne peux pas rester dans l'ignorance, Cédric.
— Tu as raison. Mais je sais tout. Tu n'as pas besoin de gaspiller ta salive pour me le dire. Je sais que tu me trompes avec ce Charles parce que tu t'es lassée de moi.
— C...
— Mais bon. Oublie ! J'aimerais te parler de ta cliente.
— Moi je n'en ai pas envie.
— Tu devrais.
— Non. Parce que je sais que tu cherches à causer du tort à Thérèse.
— Pas du tout. Je veux juste t'éclairer.
— M'éclairer ! ? Non merci.
Léa essayait de se diriger vers la chambre mais il la retint.
— Ta vie en dépend.
— Tais-toi ! Cédric. Car je sais que tout ce qui sortira de ta bouche sera mauvais.
— Mauvais ? Tu as tout à fait raison. Puisque tu auras du mal à t'y faire.
— Lâche-moi, tu veux ?
— Non.
— J'appelle la Police, Cédric.
— Je suis la police ! répartit-il avec sarcasme.
— En effet. Mais tu n'es pas le seul. Tu vas voir, ils t'enlèveront ton insigne et tu ne seras plus ce grand Vermandois...
— Léa, je veux juste que tu m'écoutes. C'est trop te demander ?
— Bien sûr. Non mais écoutez monsieur ! Il ne veut pas m'écouter mais il veut que je l'écoute.
— Léa, tu dois savoir à qui tu as affaire...
— Mais fiche Thérèse la paix, bon sang ! À qui j'ai " affaire " ! Tu parles d'elle comme si elle est dangereuse !
— Mais elle est dangereuse !
— Accepte que nos opinions soient divergentes à propos de Thérèse ! Non mais tu ne manques pas d'air ! Tu veux obliger quelqu'un à adhérer à ton avis ! Elle est où la liberté de penser ?
— Léa !
— Laisse-moi ! Si tu ne me lâches pas immédiatement je cris !
Il la lâcha, et elle profita pour se diriger vers la chambre.
— Thérèse n'est pas celle que tu crois... !
Léa s'arrêta sur ces paroles glaçantes.
— Si tu es toujours là, c'est que tu me crois, ajouta-t-il.
Léa entendit des pas s'approcher d'elle. Et brusquement, un souffle chaud vint se déposer sur son dos. Elle ferma les yeux pendant un court instant afin de savourer cette agréable sensation de sentir son époux juste derrière elle.
— Léa, prononça-t-il, tu sais à quel point je t'aime, et de quoi je suis capable pour toi. Mon amour, j'ai beau te le dire, mais tu n'en fais qu'à ta tête. Malgré tout, je tente ma chance encore une fois...
— Cédric...
— Thérèse a bel et bien provoqué cet incendie.
Léa se retourna, stoïque.
— Tu ne veux pas me croire ? Pourtant c'est la stricte vérité. Je n'oserai jamais te mentir sur un sujet aussi délicat.
— As-tu des preuves de ce que tu avances ?
— Bien sûr. Sache qu'un policier ne marche jamais sans preuve. On vient de m'appeler, Léa. Sœur Pénélope a fait une déposition au commissariat. Elle affirme avoir vu Thérèse jeter une allumette devant l'Orphelinat Saint Joseph avant qu'elle ne prenne feu...
Le cœur de Léa se serra.
— Arrête ! Non, je ne crois pas.
— Pourtant c'est vrai.
— Non... Je ne peux pas croire ça.
— Tu crois qu'une None oserait mentir ?
Léa se retourna. Ses larmes envahirent ses yeux. Elle prit une grande respiration.
— Il doit y avoir une erreur, tenta-t-elle d'expliquer.
— Non.
— Si.
Il l'obligea à se retourner et il la regarda droit dans les yeux en insistant :
— Thérèse t'a menti, c'est elle qui a mis le feu à l'orphelinat Saint Joseph...
— Non, arrête ! Stop ! Basta !
Léa reculait. Elle ne pouvait pas croire ses oreilles. Elle ne voulait pas accepter qu'une fois de plus elle s'était trompée au sujet d'un de ses clients.
— Ce n'est pas ta faute, Léa, ajouta-t-il.
— Je t'ai demandé de te taire !
— Pourquoi refuses-tu d'accepter la vérité telle qu'elle est ! ?
— Parce qu'elle est fausse ! Tu as forcément dû te tromper...
— Non. C'est ce que Mike m'a communiqué. C'est lui qui a pris le témoignage de Sœur Pénélope.
— Non, tu as dû mal comprendre...
— Non.
— Si... si... Ou sinon il a mal compris...
— Ça fait des années que nous travaillions ici...
— Je ne sais pas mais... Thérèse n'a pas fait ça. Sœur Pénélope a dû mal voir...
— Accepte la vérité. Tu es innocente dans tout ça, Léa...
Il tenta une approche.
— Lâche-moi ! Non. Tu es... Tu mens. Voilà. Tu mens. Comme tu n'aimes pas Thérèse... Tu me mens à son sujet.
— Léa !
Léa s'enferma dans la chambre. Elle se répétait que ce n'était pas possible, que ce ne pouvait pas être vrai. Elle ne voulait pas croire que Thérèse était capable de lui mentir. D'ailleurs, pourquoi si elles ne se connaissaient pas ? Pourquoi ? Pour quelle raison éprouvait-elle le besoin de lui mentir ? Pourquoi d'ailleurs rejeter la faute sur Benoît ? D'où connaissait-elle Benoît ?
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