Chapitre 2

Le trio dormit bien, cette nuit là. Harry avait longuement hésité à prendre sa potion, mais, épuisé, il s'y était résigné. Ron s'était couché quelques minutes après Harry. Voyant que ce dernier ne dormait pas, il chuchota, comme pour lui-même : 

- Je l'aime beaucoup trop, cette Miss-je-sais-tout...

Et Harry, sans répondre, s'était tourné vers son meilleur ami et lui avait souris, avant de s'endormir. Il ne fit aucun rêve, cette nuit là, et c'est pourquoi il se réveilla parfaitement reposé, en même temps exactement que Ron. Avant de pouvoir faire remarquer cette coïncidence, son ami dit : 

- C'est Hermione qui a préparé la potion. C'est pour ça qu'elle était parfaite. 

- Mec, arrête avec Hermione, je sais qu'elle est géniale...

- Non, non, non, Harry... tu avais promis que moi aussi je pourrais faire ça quand... enfin voilà. Parce que j'en ai bouffé des "Ginny est géniale", ou "Tu sais pas ce que Ginny m'a dit"...

- Sauf que toi ça fait cinq ans que tu me bassine avec elle, répondit le jeune homme avant d'esquiver un oreiller lancé brutalement.

Ron saisit le sien et le balança à son tour. S'en suivit une bataille d'oreiller moldue, dont chaque coup était ponctué de "Ginevra Molly Weasley est fantastique" ou encore de "Hermione est extraordinaire" et bien d'autres. Les deux garçons étaient morts de rires et épuisés quand la porte s'ouvrit, laissant apparaître les visages des deux filles, moqueuses.

- C'est pas bientôt fini, tout ce raffut ? On aurait dit Fr... maman est furieuse ! se reprit Ginny, pour éviter de faire disparaître les sourires des visages de ses amis.

- Allez, descendez, les garçons, le petit-déjeuné est prêt. Harry, mets tes lunettes, sinon tu vas finir par t'assommer toi-même. 

Ron et Harry se regardèrent, avant de crier d'une même voix : 

- Attendez-nous ! 

- Non ! 

- Si ! On est... presque... prêts ! s'écria le Weasley en enfilant un pull par dessus sa veste de pyjama. 

Lorsqu'ils sortirent de leur chambre, ils s'aperçurent qu'Hermione et Ginny les attendaient.

- On est franchement sympas, hein...

- Oui, on sait, c'est pour ça qu'on vous adore... murmura Harry en regardant celle qu'il aimait. 

Ginny éclata de rire et descendit. Hermione haussa les épaules en souriant, puis la suivit. 

- C'est pas que pour ça, perso... mais après, pour toi, j'vois que ça, et encore...

- Mais tu arrêtes, oui ! gronda Harry en donnant un petit coup de coude à Ron, un grand sourire aux lèvres. 

- Jamais ! Bon, le dernier arrivé débarrasse, répondit son ami en dévalant les escaliers.

Évidemment, Harry arriva le dernier. 

- Harry, Ron, mais qu'est-ce qui vous a pris ?! À votre âge ! Une bataille d'oreillers ! Toute la maison, réveillée ! En hurlant en plus ! Non mais franchement ! Votre père arrive, il est furieux ! 

Mais Mr Weasley n'était pas du tout furieux lorsqu'il arriva et s'installa à côté d'Harry. 

- Franchement, les filles, je sais pas comment vous faites, avec deux enfants comme ça...

Hermione rougit légèrement, et Ginny répondit calmement : 

- Bah, on se débrouille, et puis y'a l'habitude, ça fait seize ans que je me coltine cet abruti, pardon, et deux que je vois régulièrement l'autre abruti. Franchement, je sais pas comment t'as fait, Hermione.

- Il faut dire que j'ai pas trop eu le choix. Il se créé de liens particuliers, lorsqu'on fait ensemble des choses particulières... assommer un troll de quatre mètres de haut, par exemple. 

- Ça n'explique pas comment tu as fais pour tomber amoureuse de cet idiot, celui-ci, s'obstina Ginny en montrant son frère.

- Ah, ça... personne ne sait, répondit Ron. 

- Si, moi je sais. C'est parce que... enfin, c'est trop... je te le dirais plus tard, Ron. Dans un an... ou deux... 

- Ouais, bon, tu sais pas quoi. 

- Si, je sais ! 

- Bref ! s'écria Harry. On sait, vous vous aimez, vous êtes géniaux tous les deux, donc maintenant on peut changer de sujet, à moins que vous vouliez bien aller chercher des oreillers. Drago m'a dit merci, hier.

- Drago ? Depuis quand tu l'appelles Drago ?

- Je l'appelle Drago parfois. Quand il fait un truc sympa, je dis Drago. Mais bon, bref, Malefoy m'a dit merci. 

- Cool ?

- Nan, mais je crois qu'on devrait être plus sympas avec lui. Du coup.

- Oui, enfin il s'est pas excusé non plus. 

- Il a dit "Les excuses viendront plus tard, Potter. Plus tard."

- Bon, ben quand on le reverra, on essaieras de pas lui sauter à la gorge alors. Enfin pas tous en même temps, quoi, dit Ron, déclenchant les rires de toute la famille. 

- Je pense qu'Harry a raison, il n'est pas allé de lui-même vers Voldemort, c'est juste... par lâcheté, qu'il est parti.

- Oui, c'est vrai, dit Ron.

- Depuis quand tu m'écoutes, toi ?

- Depuis que je sais que t'as toujours raison, Mione, murmura Ron en passant sa main dans les cheveux de la jeune femme.

Cette fois, Hermione rougit franchement et reporta son attention sur son oeuf au plat, soudainement devenu captivant.

Ginny se leva puis quitta la table. Harry la suivit.

- Ça va ? dit-il.

- Je pense à Fred. 

Harry sentit un souaffle tomber dans son estomac. Il eut soudainement envie de dire tout ce qu'il pensait, que Ginny se confie à lui, mais en même temps qu'elle garde tout pour elle, et que lui garde ses pensées bien au chaud dans son coeur.

Mais bon, c'était Ginny, et elle était honnête.

- Il me manque, tu sais...  mais en fait...je sais qu'il est heureux, là où il est. Je suis sûre qu'il rie toujours de ses blagues. Harry... je pense que là où il est, il peut revoir sa vie quand il veut. Et je crois qu'il en est fier. 

- Et tu as sûrement raison.

- Simplement... c'est George, qui m'inquiète. Enfin bon, je sais que toi, tu veux m'en parler. Vas-y, Harry, je t'offre l'occasion de le faire.

- Mais...

- Tu penses que les autres aussi aimeraient se confier ? 

- C'est ça, murmura Harry, stupéfait de l'exactitude des propos de Ginny.

- Ne t'inquiète pas... Hermione va sûrement se plonger dans des bouquins pour oublier tout, c'est sa manière à elle de se rassurer, et Ron... mon frère a tellement changé que je ne le connais plus aussi bien, mais je sais qu'il fera tout pour faire rire les autres, les faire oublier, mais qu'au fond il ne se souciera jamais de lui. Il va tout garder, de peur de se trouver égoïste. Enfin... Hermione essaiera, pas tout de suite, elle est bien trop intelligente pour ça, mais il ne dira rien, jusqu'à ce qu'il rentre un soir, triste, horrifié de lui-même, parce qu'un collègue lui aura fait une remarque atroce, ou juste en se rappelant un souvenir douloureux, qu'il fasse du chocolat chaud, qu'il s'effondre dans les bras d'Hermione et qu'il lui avoue tout. Alors, Hermione l'écoutera, elle l'écoutera s'avouer au travers d'elle ce qu'il ressent, sa colère, sa tristesse, sa honte, et elle ne dira rien. Elle lui prendra la main, et c'est la meilleure chose qu'elle puisse faire. Ensuite, il lui dira merci, avec un regard. Puis, après toutes ces années, mon frère sera enfin pleinement heureux. 

Harry ne répondit rien, car il ne pouvait pas répondre. 

- Je t'aime, souffla Ginny.

- Moi aussi... 

Ils se regardèrent. Enfin, le Survivant demanda : 

- Tu crois qu'on sera comment, plus tard ? Nous, toi, moi, Ron, Hermione...

- Ron et Hermione seront toujours ensemble, toute leur vie. Ce n'est pas possible autrement. Je pense qu'ils auront des enfants. 

- Et... commença Harry.

- Nous ? Je sais pour les autres, pas pour moi. C'est bien ce que tu fais, Harry.

- Quoi ? 

- T'inquiéter pour Ron et Hermione...

- C'est normal, coupa Harry.

- Alors que c'est toi le plus inquiet. Je me trompe ? 

- Tu ne te trompes jamais...

- Tu ressembles à mon frère. 

- Mais tu ne ressembles pas à Hermione. Heureusement. 

- Oui. Une Hermione suffit. Harry...

- Bon, OK. Je vais te dire. Je me sens coupable. Je suis peut-être un petit gamin, devenu un héros, un peu dramatique, mais je me sens coupable. Tout ces gens... c'est affreux. Je suis vraiment, mais vraiment stupide des fois. Et c'est un peu prétentieux. Mais bon, je me dis que c'est injuste aussi, ça aurait pu être Neville, ou personne... et pas moi. J'aurai encore mes parents. J'aurai tout su sur Severus Rogue avant de le rencontrer. J'aurai vécu avec Sirius, Lupin... enfin bref, j'en ai marre de pleurnicher, je sais que je dois aller de l'avant. 

Ginny ne dit rien, puis répondit enfin, avec un sourire compatissant : 

- Harry, Harry, Harry... tu es un héros. Par contre, dramatique, tu ne l'es pas qu'un peu. Et tu devrais te souvenir de ce que t'as dit Dumbledore.

- Quand ça ? Il m'a tant parlé, pour ne rien dire...

- Si tu le penses, alors reprend tout ce qu'il ta dit. Tu verras. Albus Dumbledore n'agissait pas pour le présent, et c'est pour ça qu'il sera toujours là. Sinon, pour nous deux, plus tard je pense... oui, mon troisième oeil sent que... vous allez mourir... dans d'atroces souffrances, mon garçon ! Je ne pense pas me tromper en disant que vous êtes né en plein hiver ! 

- Je suis né en juillet, répondit Harry avec un grand sourire, la discussion ainsi close. 

Il sortit de la pièce et tomba sur Hermione, qui arborait un merveilleux sourire. 

- Oh, toi, t'as parlé avec un petit rouquin, non ? 

- Oh, toi, t'as parlé avec une petite rouquine, non ? rétorqua Hermione. 

- Arrête...

- Oui, tu as le même sourire que moi. Enfin j'imagine. 

- Nan... sinon je ferai craquer Ron...

- Et moi Ginny... 

- Bon, on devrait cesser toute discussions. Alors, il t'a dit quoi ? 

- Je t'adore, Harry, dit Hermione en ouvrant sa porte. Oh, au fait, si tu veux vraiment savoir... 

Et elle ferma la porte avec un sourire moqueur. 

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