Un cœur en flamme
Mon cœur tambourine dans ma poitrine. Je ne peux qu'assister à la scène, impuissant. Les soldats du feu essaient tant bien que mal de venir à bout de l'incendie qui consume peu à peu notre maison. Mes parents sont à mes côtés, ma mère en pleure dans les bras de mon père. Elle avait essayé plus tôt de récupérer un maximum de chose à l'intérieur mais tout s'effondrait autour d'elle. Les flammes semblaient la pousser vers la sortie, enfermant nos souvenirs d'une prison dévastatrice. Nous attendons dans un champ se trouvant en face de notre propriété. La rosée de l'herbe me fait paradoxalement frissonner. Etant en pyjama, je n'ai pas vraiment pris le temps de mettre des chaussures adéquats et me retrouve donc en chaussons. Je pense bien que la nuit pourrait être fraîche si la chaleur des flammes n'était pas si proche.
Un pompier s'approche de nous, essayant de nous rassurer, mais mes parents et moi ne sommes pas dupes. Notre maison sera très probablement détruite, ou en tous cas, inhabitable. Nous pouvons entendre d'ici le bruit du bois qui craque, quelques poutres s'effondrent à mesure que le temps passe. C'est toute une vie qui part en fumée : les photos, les vieux bijoux, les anciens livres. Nous ne pouvons qu'observer la tragédie qui se déroule sous nos yeux. Les lances à incendie continuent de déverser leur jet d'eau sur le monstre qui ne cesse d'engloutir tout ce qu'il trouve sur son passage. Les armes semblent impuissantes face à cette bête grandissante. Peut-être ai-je simplement beaucoup d'imagination, mais les flammes semblent dessiner des crocs, dévorant les fondations de notre maison.
Après quelques minutes d'un combat acharné et sans pitié, les soldats du feu arrivent à bout de l'incendie. Les flammes se sont amenuisées, le monstre s'en est allait. On vient alors nous expliquer qu'effectivement, notre maison est devenu inhabitable. On le savait depuis bien longtemps mais maman a pleuré plus fort encore. Je profite de ce moment d'inattention de la part de mes parents. Quand aux pompiers, ils sont bien trop occupés à observer les dégâts et à finir quelques formalités. Je m'avance alors vers notre ancienne habitation, je ne m'approche pas trop près pour ne pas attirer l'attention des soldats du feu.
Une odeur de brûlé plane tout autour de moi. Je tousse pour dégager l'air mauvais qui s'engouffre en moi. En quelques minutes à peine, tout a été réduit en cendre. Il aurait été difficile de croire qu'il y a quelques instants, une famille vivait ici. Le sol est recouvert de cendre noir, rendant le paysage plus sinistre que jamais. Je m'avance un peu, mais les poussières viennent s'insérer dans mes pantoufles, me laissant une sensation désagréable lorsque mes pieds touchent le sol. Tout n'est désormais que saleté, je ne reconnais plus rien.
Un soldat du feu m'interpelle et m'attrape doucement le bras avant de m'éloigner des débris. Il me ramène alors vers mes parents qui semblaient affolés de ne plus me trouver. Ma mère s'est accroupi face à moi, prenant mes épaules comme pour me rassurer. Elle m'explique alors que nous allons passer quelques nuits chez sa sœur, ma tante Katy. Ce n'est pas comme si nous avions le choix après tout. Je me retourne pour voir une dernière fois ce qui était avant notre maison. Je serre ma peluche contre moi. Mes parents m'ont toujours dis que quatorze ans c'est bien trop vieux pour avoir un doudou, mais je l'ai depuis mes six ans et je ne veux pas la laisser tomber. C'est d'ailleurs pour cela que j'ai décidé de le prendre avec moi avant de mettre le feu à la maison.
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