Au bord du gouffre

Avant de commencer la lecture de ce texte, je préfère prévenir. Si vous êtes très sensible face à des sujets tels que la mort ou le suicide, ce texte n'est peut être pas fait pour vous. Il ne comporte pas de paroles brutales mais je voulais tout de même faire ce message de prévention. Les textes de ce recueil ne seront pas comme celui-ci. Merci de me lire <3. Je vous laisse désormais avec le texte!

     La vie n'a plus de couleurs, elle n'a plus de goût, elle est tout simplement devenu fade. Je ressens un pincement constant dans ma poitrine, mon cœur me serre. Je ne dirai pas que tout va mal dans ma vie, mais tout ne va pas bien non plus. Je ne peux plus me regarder dans une glace sans en détourner immédiatement le regard, honteuse de voir un visage si laid et si mauvais. Chaque jour est le même, constamment empreint de douleur. Je sors toujours, mais c'est pour qu'on ne se doute de rien.Assises chaque jours sur les même chaises, devant les même professeurs. Serte, tout cela en étant entourée de formidables amis, mais je ne leur montre rien et ils ne peuvent pas savoir.Chaque jours est une nouvelle épreuve, le plus dur étant de faire semblant, de porter un masque. Le soir je m'occupe l'esprit, le plus tard possible jusqu'à ce que mon corps tombe de fatigue. Je n'aime pas le soir, je ne peux pas laisser mon esprit vagabonder. Il ne fait que me rappeler la personne horrible que je suis, je ne pense qu'à mes erreurs, qu'aux personnes que j'ai blessé. J'entends également ces voix en boucle. Celles qui me disent que je ne suis qu'une incapable, celles qui me disent que je suis toxique. Les insultes résonnent de plus en plus fort dans ma tête. Je devrais me punir,je le mérite mais jamais je n'ai eu le courage de prendre la lame et dessiner sur mes bras à l'encre rouge. Le matin est également l'un des pire moments de la journée, celui où je réalise que je suis toujours en vie et que je vais devoir continuer le combat.

     Le réveil sonne. Ce son strident éclate à mes oreilles comme un ordre. « Lève-toi !Espèce de moins que rien ! Lève-toi et n'échoue pas oud'autres fantômes viendront te hanter ! ». Des fantômes oui, mais pas comme l'esprit des morts. Des fantômes tels que la culpabilité, la pression, l'anxiété, tout ces sentiments qui constituent un poids de plus en plus lourd sur mes épaules. Comme à mon habitude, je me lève sans grande envie. J'aurai bien envie d'envoyer cette alarme de malheurs valsée contre le mur et la voir se détruire et voir les éléments qui la composent s'écraser sur le sol. Elle ne produirait plus de son et me laisserai peut être aller définitivement dans un sommeil profond. Mais que diraient les voisins s'ils entendaient un bruit d'éclat ? Non il vaut mieux ne pas paraître bizarre. La cafetière fait un bruit épouvantable,un marteau pourrait s'amuser à cogner contre mon crâne l'effet serait le même. Heureusement elle s'arrête au bout de quelques minutes et je peux enfin boire mon café. La douce chaleur de la boisson s'écoule dans ma gorge et réchauffe mon corps. C'est un des rares moments de la journée où je me sens presque détendue. Je ne suis pas obligée de faire semblant, d'arquer un sourire hypocrite sur mon visage. Sans savoir pourquoi, le silence du matin arrive toujours à m'apaiser. À cette période de la journée les voitures ne circulent pas encore dans cette rue un peu isolée, ce qui permet un calme absolue, plutôt rare dans cette ville d'ailleurs. Je regarde l'horloge, il est bientôt l'heure. Je mets ma veste, je privilégie les manches longues depuis un moment, et l'automne est propice à ce genre de tenues. Même si le couteau ne vient jamais rencontrer ma peau, j'ai au moins le courage de me pincer, de me griffer. Ce n'est pas grand chose et je mériterais bien pire. Je culpabilise de ne pas réussir à prendre cette lame et à m'en servir, même si mes ongles laissent parfois quelque traces sur ma peau ivoire. Je descends les escaliers de l'immeuble et arrive enfin dans la rue. Comme d'habitude, il n'y a personne, ce n'est pas une rue très fréquentée. J'arrive devant le passage piéton qui me mènera à une ruelle plutôt étroite, si étroite qu'on ne peut passer qu'à une seule personne.

     Arrivée devant le passage cloutée, je n'entends aucun véhicule arriver, mais je ne sais pas pourquoi je m'arrête tout de même. La rue est à sens unique, ce qui explique également le fait que cette rue soit très peu fréquentée par les véhicules. Je me contente donc de ne regarder que sur ma gauche. Un bus se trouve à l'arrêt, il n'est qu'à quelque mètres. Je ne bouge plus, comme paralysée. Et sic'était l'occasion ? Depuis longtemps je sais que si ça doit arriver, ça sera de cette manière, j'y ai beaucoup réfléchis. Le bus démarre, une chose étrange se produit alors. Mon esprit semble se séparer de mon corps. Mes yeux voient le bus arriver, ils le voient s'approcher mais moi je ne vois plus la route. Je ne vois que le visage de mes amis, de ma famille, en bref de mes proches. Dois-je y aller ? Dois-je attendre que le bus arrive avant de m'avancer sur ce passage clouté ? Et mes lettres ? Je n'ai pas écris de lettre d'adieu. Et si au final ça leur faisait du mal ? Nonce n'est pas possible, je ne fais que blesser les autres. Même sans le vouloir, je promet que je ne le fais pas exprès ! Peut être que c'est la bonne chose à faire ? Peut être qu'ils seront plus heureux sans moi ? Et peut être que ma douleur partira ?Elle pourrait s'en aller en même temps que moi, et c'est peut être la seule solution. Le bus se rapproche mais je ne le vois toujours pas. Mais si au final tout devait s'arranger ? J'aimerai connaître mon avenir, savoir ce que la vie me réserve j'ai encore beaucoup de chose à découvrir, malgré tout ça j'ai encore cette curiosité. Mais si j'étais vouée à souffrir et à faire souffrir ? Encore, et pour toujours. Et si au contraire plus tard j'allais rendre quelqu'un heureux ? Subitement, un courant d'air réintègre mon esprit à mon corps. Le bus vient de passer, je ne l'avais même pas vu s'approcher tant.

     Je regarde à gauche, il n'y a plus personne. J'avance jusqu'au trottoir d'en face, presque encourant. J'entre dans la ruelle et m'appuie au mur. Ce moment n'a duré que quelque secondes mais également une éternité. Mon corps tremble, beaucoup. J'essaie de reprendre mon calme, je respire profondément. Mon cœur s'emballe, je le sens battre dans ma poitrine. Il est rapide, puissant, lourd. Les larmes aux coins de mes yeux menacent de couler le long de mes joues. Un pas. Il aurait suffit d'un pas et j'aurais tout changé. Ma respiration peine à se calmer, comme si je réalisais soudainement la gravité de la situation. Le temps est comme suspendue. Seule dans cette ruelle étroite, j'essaie de maîtriser les tremblements de mon corps. Au bout de quelque minutes, mon corps s'est apaisé, mes larmes ont séché et mon cœur a repris son rythme normal. Je me redresse, la tête haute et reprend le chemin.

     J'arrive en classe, mes amies y sont déjà. J'avance et m'installe sur un siège à côté,le masque est posé. Elles ne doutent pas de ce qui s'est passé quelque minutes plus tôt. Se seraient-elles posées des questions si je n'étais pas venue ? Je ne sais pas. Le plus important, c'est qu'elles ne sachent rien. Les cours commencent, ma main porte ma tête. Comme à chaque fois, c'est comme si toute mes forces m'abandonnaient car mon esprit ne veut pas me laisser tranquille. Peu importe à quel point j'essaie de me concentrer sur ce qui se passe et sur ce qui se dit autour de moi, j'entends toujours ces voix qui me rappellent que je ne devrais pas être là. Cette fois-ci, elles crachent également en plus de leur venin habituel que j'aurais dû sauter, que j'aurais dû faire ce pas. Le visage caché, mes larmes coulent une fois de plus sur mon visage. Après cet événement brutal qui a eu lieu juste en bas de chez moi, la vie reprend son cours normal.  

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top