Finalement, nous avons passé la nuit à l'Autel du Soleil. Sun s'est endormi, adossé à Gladio, et son ami n'a pas eu le courage de le réveiller. D'ailleurs, j'ai l'impression que Gladio n'a pas fermé l'œil de la nuit, lui. Je me suis endormie longtemps après Sun, et à mon réveil, à l'aube, Gladio était toujours éveillé, sans aucune trace de sommeil. Il avait pris une couverture et l'avait étendue sur mon dresseur, et s'était installé de façon à ce que sa cuisse serve d'oreiller.

Il est maintenant presque neuf heures d'après ce que j'ai compris du marmonnement de Gladio, et Sun commence à se réveiller.

Gladio: Eh, la marmotte, bien dormi ?

Sun: Que... ?

Gladio: Il est neuf heures, et je suis certain que Lilie se fait un sang d'encre pour nous.

Sun: On est toujours à l'Autel du Soleil ?!

Gladio: Ouais. Tu t'es endormi, alors... On a passé la nuit ici.

Sun semble commencer à retrouver ses esprits, car il cligne plusieurs fois des yeux avant de se relever brusquement, les joues rouges.

Gladio: Quoi ?

Sun: Je...

Il s'arrête net et détourne la tête, désignant du doigt les jambes de Gladio.

Gladio: J'ai du mal à comprendre...

Mon dresseur prononce rapidement quelque chose, en débitant si vite ses mots que nous ne comprenons rien. Gladio m'adresse un geste de la main interrogateur, et je secoue négativement la tête car je ne saisis rien de plus que lui.

Sun: J'ai... dormi sur toi. Enfin c'est rien, je... !

Ses joues ont viré au rouge foncé, et, comme si ça pouvait le cacher, il se recouvre la tête avec sa couverture.

Gladio: Non mais quel gamin celui-là... Sun, on te voit toujours. Ta couverture, elle rend pas invisible, hein. Et sinon, je ne vois pas où est le problème.

Sun: Y'a rien, c'est bon...

Il enlève son drap et le range dans son sac, évitant tout de même pendant quelques secondes de croiser le regard de Gladio. Le blond et moi nous regardons, nous demandant l'un à l'autre une possible raison du comportement de Sun.

Sun: On devrait peut-être y aller, non ?

Mon dresseur a retrouvé des couleurs plus normales, seulement roses au niveau des joues. Il évite toujours un peu le regard de Gladio, mais sa gêne est en grande partie passée - d'ailleurs, il sourit. Il sort de son sac le bidule vert qui lui permet d'appeler les Poké-montures, et demande :

Sun: Tauros ou Dracaufeu ?

Gladio: Hum... N'importe.

Sun: Dracaufeu n'est pas disponible... alors Tauros !

Il appuie plusieurs fois sur l'écran de son Appel-Monture, puis le range dans son sac. À peine une minute plus tard, le Tauros débarque à pleine vitesse à l'Autel du Soleil, manquant presque de nous foncer dessus pour finalement s'arrêter à un mètre de nous. Il a l'air en pleine forme, sûrement grâce au retour du Soleil. Il s'ébroue avant de nous indiquer d'un geste de tête que nous pouvons monter.

Sun grimpe le premier, à sa place habituelle, et je le suis juste après pour m'installer devant lui. Gladio s'assoit directement sur le dos de la Poké-Monture, s'accrochant au siège devant lui. Nous partons à une vitesse normale, car pour une minute ou deux de plus, le savon que va nous passer Lilie sera identique.

Sun: Eh Gladio, ça te dirait un rodéo ?

Nous sommes à la sortie des ruines du village, et apparemment Sun vient d'avoir une drôle d'envie. Je saute à terre avant même d'avoir entendu la réponse de Gladio, car je connais mon dresseur : même si son ami refuse, il va quand même le faire. Et, moi, le rodéo ce n'est vraiment pas mon truc !

Gladio: Euh... Je suis pas sur un siège je te rappelle... !

Sun: Pas grave ! Tiens toi bien et...

Il donne une impulsion avec ses jambes au Tauros, qui commence à s'agiter dans tous les sens pour faire tomber les deux garçons. Face au visage mi-catastrophé mi-énervé de Gladio, Sun se met à rire et l'aide à se maintenir en l'attrapant par l'épaule.

Gladio: Suuuun ! Arrête-le maintenant ! Je vais tombeeeeer !

Sun: Tu savais pas que le rodéo, ça se finissait par terre ?

Gladio: Mais t'es malade, je veux pas me casser les os moi !

Mon dresseur lui répond par un nouvel éclat de rire, et le blond grimace un peu plus. Il finit par sauter de lui-même du Tauros, profitant d'un moment où la chute ne serait pas trop dure. Il me rejoint en courant, un doigt sur la tempe.

Gladio: Plume, ton dresseur est fou. Complètement taré !

Moi: Je sais, oui.

Gladio: Ah, il rigole ! On verra lorsque qu'il tombera, et qu'il se fera piétiner par le Tauros... Il aura le choix entre l'hôpital et le cimetière. Mais, le truc bizarre, c'est qu'il a l'air de savoir ce qu'il fait... Il t'a déjà dit qu'il faisait du rodéo, toi ?

Je secoue la tête, aussi intriguée que lui. Sun tient bon, ça va faire quinze secondes qu'il y est. Bon, le Tauros n'est pas déchaîné, il se maîtrise, mais tout de même ! Je ne pensais pas qu'il tiendrait aussi longtemps.

Gladio: Eh ben... Eh, Sun, tu comptes rester longtemps là-dessus ?

Sun: Autant que je le pourrai ! Mais je vais plus tenir très longtemps, il y va plus fort !

Il a peine le temps de finir sa phrase qu'il se fait éjecter pour atterrir deux mètres plus loin, à quelques centimètres d'une grosse et vielle pierre. S'il était tombé dessus... je n'aurai pas donné cher de sa peau. Nous accourons vers lui, un peu inquiets de son état.

Sun: Tout va bien ! Je suis pas passé loin de la grosse brique, là, mais tout est OK !

Gladio: Tu sais que t'es quand même un gros malade, hein ? Faire du rodéo comme ça, sans casque et en plus avec moi derrière... !

Sun: Peut-être, mais avoue que c'était marrant.

Gladio lui répond en soupirant et en roulant des yeux, avant de lui tendre une main pour l'aider à se relever. Mais, au lieu de se remettre debout, il tire Gladio vers lui pour le faire tomber sans même que le blond puisse résister.

Gladio: Mais... !

Sun éclate de rire, ce qui fait sourire et soupirer une nouvelle fois Gladio. Il lui donne un petit coup sur le front avec son doigt en guise de vengeance, puis s'allonge complètement en écartant les bras.

Gladio: T'es vraiment un gamin, tu sais ?

Sun: C'est sûr que les pichenettes, ça fait très mature oui...

Gladio: J'adapte mes coups en fonction de la personne. Avec toi, je suis obligé de faire la même chose qu'avec Lilie lorsqu'elle avait cinq ans.

Sun: Eh !

Son expression indignée fait rire Gladio, ce qui lui vaut une coup de poing dans les côtes qui le fait immédiatement grimacer.

Sun: Moi aussi, j'adapte, tiens ! Euh... Je t'ai vraiment fait mal ?

Gladio: Si tu cours pas vite, c'est toi qui va avoir vraiment mal.

Mon dresseur prend au pied de la lettre les paroles du blond, et se relève le plus rapidement possible pour échapper à son ami.

Sun: Désolééé !

Gladio: Trop tard.

Malheureusement pour Sun, Gladio court plus vite que lui, et arrive donc rapidement à sa hauteur pour se jeter sur lui et le plaquer au sol. Il pèse de tout son poids sur son ami et attrape ses poignets pour le maintenir à terre.

Gladio: Tes derniers mots ?

Sun: J'ai le droit d'y penser un peu ?

Gladio: Non. Tout de suite.

Sun: Je suis vraiment hyper désolé d'avoir essayé de garder un peu d'honneur en te frappant.

Gladio: OK, tu évites la peine de mort.

Sun: Cool !

Gladio: À la place, tu as un gage.

Sun: Ah, moins cool. Et... c'est quoi ?

Gladio: Hum... Je vais y réfléchir.

Il libère Sun et se relève, puis désigne l'endroit où se tenait le Tauros quelques secondes plus tôt.

Gladio: À cause de ton rodéo, notre monture s'est enfuie.

Sun: Je crois plutôt qu'elle a cru que c'était bon, nous étions arrivés, alors elle est repartie aider un autre dresseur.

Gladio: Mouais, ça c'est toi qui le dis. Et du coup, on fait comment maintenant, monsieur le génie ?

Sun: Bah, à pied !

Il lève les paumes de ses mains vers le ciel en signe d'évidence, puis se met debout à son tour. Il retourne sur le chemin, et nous fait comprendre de le suivre.

Gladio: T'es quand même pas croyable, tu sais ?

Sun: C'est une insulte, ou un compliment ?

Gladio: Franchement ? Je n'en sais rien.

Sun: Un impliment !

Gladio le dévisage d'un air  désespéré, mais Sun affiche toujours son sourire fier. Apparemment, il trouve son nouveau mot très pertinent, et le répète sous plusieurs tons.

Gladio: Je lâche l'affaire. Ce gars est fou.

Sun: Compliment, insulte ou impliment ?

Gladio: Fou. Juste incroyablement et désespérément fou.

Sun: Impliment. Toi, t'aimes bien les impliments.

Gladio: Y'a un moyen de te mettre en veilleuse ?

Mon dresseur sourit malicieusement avant de faire semblant de réfléchir.

Sun: Hum, voyons... tu échanges le gage. Au lieu que, moi, je le subisse, ce sera toi.

Gladio: Quoi ?!

Sun: C'est ça, ou je m'entraîne aux impliments.

Gladio capitule en frappant mollement dans la main tendue de Sun.

Gladio: Je sens que je vais regretter.

Sun: T'inquiète, je sais déjà quel va être ton gage, et c'est plus drôle qu'autre chose ! Mais, par contre, si y'a bien un truc qu'on va regretter, c'est d'avoir passé la nuit à l'Autel...

Il s'arrête et désigne le centre Pokémon en face de nous en grimaçant.

Gladio: Euh... Ce serait pas Lilie qui court vers nous, là ?

Sun: Gladio, réponds-moi vite : est-ce qu'on a une chance de lui échapper si on se planque ?

Gladio: Oui, mais plus on attendra pour aller la voir, plus elle sera énervée... !

Sun: Alors... On la laisse courir et on bouge pas ?

Le blond hoche gravement la tête, la bouche tordue en imaginant la colère de sa soeur. Celle-ci arrive en furie, les joues rouges et les sourcils froncés comme jamais. À hauteur de son frère, elle s'apprête à le gifler lorsque qu'elle se rend compte qu'il a un hématome sur la joue et une blessure au crane. Sa colère s'évanouit d'un seul coup pour laisser place à de l'inquiétude.

Lilie: Mais qu'est-ce que... ! Gladio ! C'est quoi, ça ?!

Gladio: Euh, ben... disons que je me suis un peu disputé avec Hayato et que je suis tombé par terre... ?

Lilie a tellement de questions à poser en même temps que tout ce qui sort de sa bouche est un méli-mélo incompréhensible de mots. Voyant que Gladio a du mal à lui expliquer ce qui est arrivé, Sun prend la parole :

Sun: Il va bien, c'est juste un bleu et une égratignure. Et je l'ai désinfectée, si ça t'inquiète.

Lilie: Une égratignure, tu te fiches de moi ?!

Sun: Bon, une petite coupure...

Lilie: Et pourquoi il s'est fait frapper comme ça ?

Sun: Hum, disons qu'Érika a un bl...

Gladio l'interrompt d'un mouvement de tête, accompagné d'une expression catastrophée. Apparemment, il ne veut pas que Lilie sache pourquoi il s'est fait frappé. Malheureusement pour lui, sa soeur a remarqué son manège.

Lilie: Parce que quoi ? Gladio, si tu essayes de me cacher quelque chose... !

Sun: Il s'est juste disputé avec Hayato, par rapport à... à la façon dont on rassemblait les U-C, voilà... !

Il ment plutôt mal, mais Lilie ne le remarque pas et passe à l'inquiétude suivante.

Lilie: Et maintenant, je peux savoir pourquoi vous rentrez à cette heure-ci ? J'ai vu tout le monde arriver au port, sauf vous ! Je vous ai attendu jusque deux heures du matin, mais vous n'étiez toujours pas là ! Vous ne pouvez pas imaginer à quel point vous m'avez fait peur !

Gladio: On a passé la nuit à l'Autel du Soleil. En fait, c'est parce que Sun-la-marmotte s'est endormi là-bas.

Lilie: Vous êtes tous les deux des inconscients, des fous, et vous n'arrêtez jamais de me faire peur ! Je me demande parfois si je ne devrais pas vous enfermer la nuit...

Elle répète deux ou trois fois que les deux dresseurs sont des fous inconscients, puis serre dans ses bras son frère jusqu'à ce qu'il fasse signe à Sun qu'elle l'étouffe. Lorsqu'elle le relâche, elle a les yeux rouges.

Lilie: Vous avez intérêt à ne plus jamais refaire ça. Jurez-le !

Les garçons promettent en coeur, en se lançant toutefois un étrange regard. Et je sais ce qu'il signifie : qu'ils vont avoir beaucoup de mal à tenir leur promesse... !

Hey ! =D

Désolée pour la longue absence de chapitre, mais j'ai été beaucoup trop prise par l'écriture d'une autre histoire X'D

(Et le pire, c'est que maintenant que j'ai terminé ladite histoire, j'en ai eu une nouvelle en tête X'D)

(Je suis désespérante)

Bon, sinon j'espère que le chapitre vous aura plu ^^

(Et j'espère aussi que je vais arriver à me contrôler et réussir à écrire cette histoire en plus d'une autre... X') )

Kiss =3