Chapitre 9 - La magie des dieux
Une magnifique rose d'un blanc pur à la main, Francesco souhaite un bon anniversaire à Isabella alors que nous sommes attablés au Brittania.
- Pour toi mi amor.
- Oh il ne fallait pas tu le sais.
Elle l'embrasse tendrement alors que je regarde avec beaucoup de plaisir cette petite scène romantique. Je n'ai pas d'autre mot qu'adorable en bouche. Ils sont à croquer ces deux-là.
- Si j'avais su, je t'aurais ramené quelque chose.
- Bella, je ne souhaite rien de plus que de passer du temps avec des personnes formidables. J'ai donc tout ce dont je désire ce soir.
Sa main posée sur la mienne, elle me caresse doucement la paume. Cette femme est merveilleuse. Presque autant que ma grand-mère. D'ailleurs elle me la rappelle énormément. C'est un peu son double italien si l'on veut. Elles ont une personnalité similaire, des cheveux d'argent coupés au carré, une élégance en tout temps et un grand sourire transmettant de la joie tout autour d'elles.
- Alors Alix, cette première journée en mer s'est bien passée ? m'interroge Francesco.
- C'était super ! J'ai découvert la bibliothèque et ses nombreux ouvrages, j'ai aussi pris un cours de danse.
- Tu aimes la danza ? Nous pratiquons également depuis des années.
_Vraiment ?
- Sì et d'ailleurs ce soir il y a une soirée dansante à laquelle nous allons. Joins-toi à nous. Ça me ferait très plaisir.
Comment lui refuser cette petite faveur le jour de son anniversaire ? Je m'en veux pour la réponse que je vais lui annoncer. Ce n'est pas dans mes habitudes de faire faux bons à quelqu'un, mais je suis sûre que Charlee comprendra mon empêchement.
- Et bien c'est d'accord, j'ai très envie de mettre en pratique ce que j'ai appris cette après-midi.
Isabella est si enchantée de ma réponse, qu'elle se lève de table pour venir déposer un léger baiser sur ma joue droite. Je ne tarde pas à la prendre dans mes bras quelques instants. Son parfum, à la note fruitée, gagne indéniablement mes narines. Je pourrais respirer cette fragrance toute ma vie. Elle sent si bon que c'en serait presque interdit. Je comprends mieux pourquoi Francesco est si amoureux de cette femme extraordinaire. Elle est comme un bouquet de fleurs fraichement coupé. Belle naturellement avec un parfum déconcertant.
A la fin du dîner, je laisse Isabella et Francesco partir à la salle de bal avant moi afin que je puisse prévenir Charlee. Je ne voudrai pas paraitre impolie alors qu'il s'est montré digne d'un ami formidable dès le premier jour. Il mérite de savoir que je ne pourrai pas rester discuter avec lui ce soir.
Lorsque j'arrive dans le bar où nous avons terminé notre journée d'hier, il est déjà assis dans le même fauteuil beige que la veille. J'avance donc jusqu'à son niveau avant d'entamer la discussion.
- Salut Charlee.
- Ah te voilà enfin Jones.
- Oui désolée, j'ai pris un peu plus de temps pour dîner aujourd'hui.
- Ce n'est rien. Assis-toi, j'ai commandé deux martini mixology pour nous.
- C'est super gentil, tout comme la carte que tu m'as offerte pour le Grill lounge. Mais je ne vais pas pouvoir rester ce soir.
- Oh oui je comprends que t'aies d'autres choses à faire.
Le son triste de sa voix me fait culpabiliser. J'ai l'impression de l'abandonner alors qu'il a été adorable avec moi depuis notre rencontre. Il m'a fait un superbe cadeau ce matin et moi pour l'en remercier, je le laisse en plan. Si ma meilleure amie Ludivine était là, elle me dirait sans hésiter : « Alix tu es stupide ! Mais je t'aime quand même. »
- C'est juste qu'aujourd'hui est l'anniversaire d'une dame incroyable que j'ai rencontrée hier. Elle voulait aller à une soirée dansante. Tu peux peut-être venir ?
- Non les soirées comme ça je ne peux pas. Un des danseurs bénévoles est hyper à cheval sur le règlement et comme je n'ai pas le droit de profiter des installations du bateau, il me dénoncerait direct.
- De quel danseur tu parles ?
- Un vieux avec les cheveux gris coupé hyper court comme les militaires. Tu ne peux pas le louper avec ces deux acolytes, ils sont toujours en costume blanc et nœud papillon rose.
J'imagine qu'il parle de Charles, James et Apollon. Il n'y a qu'eux portant cet « uniforme » si particulier. Quand le reste de l'équipage est en noir ou rouge, voir trois hommes vêtus de blanc ne passe pas inaperçu.
- Mais ne t'en fais pas pour moi. Va t'amuser, tu es ici pour profiter.
- Je suis sincèrement désolée.
- Faut pas. On se verra demain.
- C'est promis !
Il rigole à mon ton enjoué et vient me déposer un rapide baiser sur la même joue où Isabella m'en a laissé un, une heure plus tôt. Seulement cette fois, je me sens intimidée par ce geste. Savoir Charlee si près de moi est agréable mais aussi très étrange. Nous ne nous connaissons que depuis deux jours. Avant de pouvoir être si familier avec une personne il me faut plus de temps.
- Fais briller la piste de danse Jones.
Heureusement, son humour me détend toujours. C'est donc le cœur léger que je me rends au Queens Room. Il s'agit de la même salle de bal dans laquelle j'ai eu cours cette après-midi. En revanche, il n'y a plus aucune trace de l'atmosphère studieuse. Les gens sont ici pour passer un bon moment, une belle soirée à danser des danses de couple avec leur partenaire.
C'est d'ailleurs ce que ne tarde pas à faire le charmant couple que j'accompagne. Ils s'élancent sur la grande piste de danse au-dessus de laquelle trône deux immenses lustres en cristal.
- La prochaine danse je la fais avec toi Bella, me lance Francesco avec un petit clin d'œil.
En attendant de pouvoir mettre en pratique ma leçon, je pars me poser dans un fauteuil. Tout autour du parquet central sur lequel des dizaines de couples se regardent amoureusement, des petites tables basses rondes en bois sont disposées un peu partout. A côté de chacune d'entre elles sont placés deux fauteuils dans les tons jaunes ou bordeaux. J'opte pour la première couleur et appelle un serveur afin de commander un verre de vin.
Au beau milieu de la foule, j'aperçois le costume blanc caractéristique de trois personnes sur ce navire. Apollon est là, aux bras d'une femme pouvant être ma mère, à danser gracieusement. Son visage est toujours sans expression.
Dans un sens je suis rassurée de voir qu'il n'y a pas qu'avec moi qu'il est comme ça. Je ne suis du coup pas le problème de son ton froid et sans cœur. Ça me fait de la peine pour cette pauvre femme qui tente désespérément de faire la conversation avec lui.
- Bella tu viens ?
Mon attention se détache complètement du châtain pour se porter sur Francesco. Je n'avais pas remarqué que la danse était terminée. J'accepte avec joie la main que l'italien me tend. Il m'entraine au milieu de la salle alors que la nouvelle musique vient de commencer. Je me laisse d'abord guider par ses pas assurés puis commence à prendre quelques initiatives.
Ce petit moment est comme un doux bonbon que l'on aimerait avoir en bouche indéfiniment. Je sens mon âme de petite fille remonter au galop. Cet instant me rappelle bien des souvenirs lors des noëls en famille où nous faisons une battle de danse. Chaque année, nous formons des duos mixtes ou non et nous affrontons sur diverses musiques. C'est mon moment préféré. Personne ne se prend au sérieux, chacun bouge juste son corps comme il peut. C'est ridicule mais drôle, et pour nous c'est le plus important.
- Tu danses vraiment très bien.
- Merci, toi aussi. C'est agréable d'être ta partenaire, Isabella a beaucoup de chance.
- Et toi alors bella, est-ce que tu as trouvé ton Francesco ?
- Haha non pas encore.
- C'est normal, nous sommes difficiles à dénicher.
- J'aurais peut-être plus de chance en allant en Italie.
- Je ne pense pas. Nous sommes une espèce vivant au quatre coins du monde. Il faut juste che il tuo cuore parle et tu en trouveras un.
Si j'avais « laissé mon cœur parler » comme il le dit si bien avec quelques mots italiens, je ne serais pas ici avec eux ce soir. Je siroterais un excellent martini en compagnie d'un garçon attachant. Mais j'ai fait un autre choix et je ne le regrette pas. Après tout, ça ne fait qu'un jour que je suis ici alors rien ne sert de courir.
Sauter dans les bras du premier venu n'est absolument pas dans mes plans. Je ne suis pas du genre à vouloir coucher avec n'importe qui. Certains ont comme excuses de « vouloir profiter de la vie ». Pour ma part ce n'est pas ainsi que j'ai envie de m'amuser. Ce n'est pas avec le sexe que l'on peut découvrir les merveilles que nous propose ce monde.
La musique prend fin, il est temps pour Francesco de retrouver Isabella. Malgré le fait que je n'ai plus de partenaire, je ne pars pas m'assoir. Voyant Apollon se diriger vers une autre femme pour entamer la nouvelle danse venant de commencer, je me précipite vers lui. Je me plante juste devant lui, ne lui laissant pas le choix de sa partenaire.
- Encore toi ?
Un sourire satisfait sur le visage, j'attrape ses mains et commence à danser. Je ne dis rien et me laisse emporter par la musique tandis qu'il me dévisage durement.
- Je vois que tu t'es enfin rendue compte que tu parlais trop.
Toujours en faisant mine d'être heureuse, je reste dans le plus calme des silences. Cependant je ne manque pas de lui écraser le pied au passage. C'est une petite vengeance envers son comportement des plus déplacés de tout à l'heure.
A cet instant précis, une douce mélodie bien plus belle que celle sortant des haut-parleurs, me parvient jusqu'aux oreilles. Elle n'est pas jouée par un instrument classique. Il s'agit simplement du rire magique d'Apollon.
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Un miracle c'est produit aujourd'hui, Apollon a réussi à rire ! C'est un exploit mes dames et messieurs haha !
En média vous pouvez découvrir Charlee et au prochain chapitre, pour fêter le rire d'Apollon, vous pourrez admirer sa bouille.
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