Chapitre 37 - Un dernier repas et puis s'en va


J'ai du mal à réaliser qu'il s'agit de mon dernier repas en compagnie de mon couple d'italiens préféré. Chaque soir de cette incroyable semaine, nous nous sommes retrouvés dans cet exceptionnel restaurant pour partager un divin repas. Sans m'en rendre compte, je me suis habituée à cette routine alors imaginer que demain soir je ne dînerai pas avec eux, cela me parait impensable.

Certes, je m'apprête à retrouver ma sœur dans l'immense ville qu'est New York. Nous allons pouvoir passer tout un week-end loin du train train quotidien de nos vies françaises. Elle va pouvoir me faire découvrir de cette mégalopole qui lui donne des étoiles dans les yeux dès qu'elle en parle. Cependant, dans un coin de ma tête, Isabella et Francesco ne seront pas loin. Je penserais à eux dès que l'heure du dîner sonnera.

- Trinquons à cette fabuleuse dernière soirée ! Propose Isabella, son verre de vin blanc à la main.

- Et à notre rencontre qui restera à jamais gravé dans ma mémoire, complétais-je.

- C'était un véritable plaisir de croiser ton chemin bella, j'ai hâte que nous nous retrouvions !

- Moi aussi !

- En plus nous n'avons jamais été au Canada, n'est-ce pas Francesco ? Dit-elle le regard rempli de sous-entendus.

- En effet, mais c'est toi qui m'as toujours dit qu'il y faisait trop froid, se défend-il.

- Et bien j'ai changé d'avis !

- Merci de m'en tenir informé, lève-t-il les yeux au ciel, me provoquant un fou rire.

Les deux se chamaillent gentiment sous mes yeux amusés. C'est certain, jamais je ne pourrai les oublier. Ils sont de véritables personnages destinés à hanter quiconque croiserait leur chemin.

- Et vous, qu'est-ce que vous allez faire après la croisière ? Demandais-je un brin curieuse.

- Nous retournons quelques semaines chez nous, en Italie, avant de reprendre la mer. Isabella a toujours rêvé de faire une croisière sur les fjords de Norvège.

- Je dois dire que c'est très tentant.

- Tu es la bienvenue bella, me sourit l'italienne tout en plaçant sa main sur la mienne. Une croisière sans toi ne sera pas aussi sympathique.

- Un jour c'est promis, je viendrai la faire avec vous ! Mais avant, je vous laisse la tester pour avoir votre avis, rigolais-je.

- Et ce jour-là nous naviguerons sur un navire imaginé de A à Z par toi, lance Francesco en me faisant un clin d'œil.

- Je l'espère de tout cœur.

Pour l'heure, ce n'est que mon rêve, mais peut-être qu'un jour mes projets deviendront concrets. J'aimerais tellement pouvoir faire perdurer les traditions de ces bateaux mythiques, tel que le Queen Mary deux, tout en préservant la planète. Accorder une place à l'Homme sans qu'elle soit au détriment de la faune ou de la flore sous-marine présentes depuis des millénaires. Je suis certaine que je peux faire de ces géants des mers, une touche de peinture se mariant harmonieusement bien au reste du tableau.

De même que pour cette croisière que j'espérais faire depuis des années, je ne cesserai jamais de croire que cet ultime rêve est possible. J'en ai besoin pour ne pas perdre pied et tomber dans la peur de voir que ma vie est inutile. J'ignore d'où me vient ce terrible besoin d'apporter ma contribution à la société, mais depuis toujours elle me nourrit d'espoir. C'est sans doute grâce à elle que des rêves m'inondent la tête.

- Bella, dis-moi, j'ai eu vent qu'un beau jeune homme travaillant sur le navire et toi aviez une relation.

Mes yeux s'écarquillent de stupéfaction face à la phrase d'Isabella. J'ignorais que des bruits de couloirs couraient sur ma relation avec Apollon. Comme si notre histoire pouvait intéresser les autres passagers du navire.

- Attends, laisse-moi deviner ! Se reprend-elle. Il s'agit du danseur qui n'avait d'yeux que pour toi lors de la soirée du commandant, n'est-ce pas ?

- Ce soir-là il ne m'appréciait pas encore, répondais-je timidement.

- Les jeunes de nos jours sont aveugles, rigole Francesco. Heureusement qu'à notre époque ce n'était pas ainsi et que tu as su déceler mon regard persistant dès les premières minutes.

- C'est certain, sinon aujourd'hui nous ne serions pas assis côte à côte.

L'italienne se penche pour embrasser son mari, un sourire radieux peint sur son visage. J'essaie de me remémorer cette fantastique soirée où j'ai eu le privilège de danser avec le commandant du navire, cependant je ne parviens pas à me souvenir du regard d'Apollon. Il est vrai que nous avons passé un agréable moment ensemble mais cela n'avait rien de romantique. Nous étions comme deux amis s'amusant avec une fontaine de chocolat et quelques fruits frais. A aucun instant je n'ai imaginé qu'il me regardait avec envie.

- Je ne pensais pas dire ça un jour, surtout après qu'il t'ait rendu triste, mais je le trouve très charmant. Je vous ai vu vous amuser tout à l'heure au tournois de palet et j'ai ainsi changé d'avis sur son sujet.

- Tu nous observe maintenant ?

- Et bien j'étais curieuse de voir qui était le jeune homme qui faisait battre ton cœur.

- Il fait bien plus que simplement le faire battre, avouais-je les joues rosies.

- Je suis heureuse pour toi bella.

Elle me prend dans ses bras comme le ferait une mère fière de sa fille. A bord, elle a su jouer le rôle de sœur, de mère et de grand-mère pour moi. Elle a été la figure maternelle réconfortante dont j'avais besoin durant les moments difficiles. Me retrouver seule au beau milieu de l'océan m'a fait réaliser qu'avoir mes proches à mes côtés était plus vital que je ne le pensais. Ils m'ont terriblement manqué par moment et c'est Isabella qui est parvenue à me remonter le moral. Elle a grandement contribué à rendre ce voyage magique.

Le repas se termine dans les rires et la bonne humeur, Francesco nous relatant de vieilles aventures de jeunesse où ses parents et lui étaient partis vivre plusieurs années en Afrique. Il a eu la chance de passer un morceau de son enfance au milieu de la savane, avec des animaux sauvages en guise de compagnons. Ses anecdotes m'ont donné l'envie de découvrir ce continent dès que je le pourrai. Voir des éléphants ou des guépards en liberté me plait assez.

- Qu'as-tu prévu pour cette dernière soirée ? Me questionne l'italien en sortant du restaurant, Isabella à son bras.

- Apollon travaille ce soir pour la dernière soirée dansante de la croisière. Je pensais le rejoindre du coup.

Le regard joueur, il porte son attention sur sa femme. Cette dernière lui sourit, comprenant où il veut en venir sans qu'il n'ait besoin de parler.

- Une dernière danse me ferait très plaisir mon chéri.

- Parfait ! Nous t'accompagnons bella, s'enthousiasme-t-il.

Aussi heureuse que lui à l'idée de passer notre dernière soirée ensemble, c'est tout sourire que je me rends jusqu'à la salle de bal, suivis de près par le couple d'italiens. Pour l'occasion, j'ai sorti la plus belle de mes robes. D'un vert émeraude prononcé, cousu dans une magnifique dentelle, mon vêtement moule mes courbes sans dévoiler tous mes secrets. M'arrivant juste au-dessus des genoux, elle me donne un côté chic et raffiné qui me font me sentir belle.

Je ne porte habituellement pas d'habit si près du corps, je préfère largement des tenues plus confortables, mais ce soir est un moment spécial. Et qui dit évènement exceptionnel, dit robe inhabituelle. En revanche, je ne supporte toujours pas les talons alors mes petites bottines noires plates remplacent les escarpins. Le tout est agrémenté d'un collant noir laissant entrevoir ma peau claire juste en-dessous. Isabella n'a d'ailleurs pas manqué de me faire remarquer, tout le long de la soirée, à quel point j'étais « en beauté » ce soir.

Des centaines de passagers, aussi élégamment vêtus que nous, dansent déjà en rythme dans la grande salle de bal. La musique bat son plein, la fête s'annonce des plus agréable afin de clore ces quelques jours de pur bonheur. Malgré la foule, mes yeux trouvent sans difficulté le costume blanc caractéristique d'Apollon et de ses collègues. Ses cheveux châtains légèrement désordonné, il danse gracieusement une valse avec une quinquagénaire. Je l'observe de loin, fascinée par ses mouvements fluides allant en parfait harmonie avec la mélodie.

- Ton petit ami a l'air déjà occupé, je peux t'inviter à danser ?

- Avec plaisir Francesco.

Il attrape ma main et me fait tourner sur moi-même. Mes cheveux volent, je me sens aussi légère qu'eux. D'un naturel qui me surprend, je me laisse entrainer par les pas experts de l'italien. Mon corps suit le sien à la perfection, si j'ai amélioré quelque chose durant ces vacances c'est bien mon niveau en danse. Annabeth va être épatée de voir mes progrès dans cette discipline. J'ai hâte de lui montrer ce dont je suis capable à présent.

Durant notre danse, je ne peux m'empêcher de jeter de brefs coups d'œil vers le canadien. Il ne semble pas avoir remarqué ma présence. Son regard est rivé sur celui de sa partenaire qui ne se prive pas pour lui sourire avec charme. Cependant, cela ne l'effleure pas une seule seconde, il reste de marbre malgré les avances de sa partenaire pouvant être sa mère.

Francesco remarque mon inattention, il nous fait donc tourner plus rapidement que prévu afin que nous nous retrouvions à côté du couple qui accapare tout mon intérêt. Il m'offre un clin d'œil auquel je réponds par un merci muet. Apollon et moi sommes désormais dos à dos. Je ne le vois pas et pourtant j'ai l'impression qu'il m'entoure, qu'il m'enlace sans même me toucher. Le savoir si près augmente mon rythme cardiaque. Mes mains deviennent moites, je m'en excuse immédiatement auprès de l'italien, honteuse de me mettre dans de tels états pour le garçon se trouvant juste derrière moi.

- Veux-tu que j'invite sa cavalière ? Chuchote mon partenaire de danse.

- Non, ça ira merci. A la fin de la musique il devra changer de toute façon alors j'en profiterai.

- Je ne sais pas si tu vas pouvoir.

- Comment ça ?

- Il y a quelqu'un qui n'a pas cessé de t'observer depuis que nous sommes entrés dans la salle.

Je me risque à regarder dans la même direction que lui, D'une lenteur extrême, ma tête se tourne vers la droite. Habillé d'un costume blanc semblable à celui d'Apollon, Charles me scrute d'un air sévère. Ses paroles, sur le fait qu'un gentleman dance host n'a pas le droit d'avoir une relation avec une passagère, me reviennent instantanément en tête. Lui aussi a dû avoir eu vent des bruits de couloir sur ma relation avec son employé. Mais sans preuve, il ne peut rien dire ni faire. C'est pourquoi il doit attendre avec beaucoup d'impatience de nous prendre la main dans le sac, juste sous ses yeux.

- On peut aller danser plus loin ? Demandais-je à Francesco sans lâcher du regard Charles.

- Que te veut-il ?

- Rien, murmurais-je.

- Je peux peut-être t'aider tu sais.

- C'est adorable de ta part, mais ça va aller.

Un sourire triste sur le visage, il finit par capituler et m'emmène loin d'Apollon. Aussitôt, mon cœur se retrouve vide, il est désespérément seul. Francesco comprend que je n'ai plus le goût à danser alors il me propose d'aller manger une pâtisserie présente sur le buffet. Mon bras glissé sous le sien, je me laisse accompagné jusqu'aux gâteaux aux chocolats qui seront le meilleur remède pour me remonter le moral.

- Plus jeune, mon rêve était de devenir pâtissier, m'avoue-t-il en plaçant un éclair au chocolat dans sa petite assiette blanche.

- Vraiment ? Pourquoi tu n'as pas réalisé ce rêve ?

- Parce que mes parents avaient prévu autre chose pour moi.

- Et tu ne t'es jamais rebellé ?

- Jamais, rigole-t-il. Et je suis très heureux de ne pas l'avoir fait car dans le cas contraire, Isabella et moi ne serions pas ensembles. Le hasard de la vie fait bien les choses, fais moi confiance.

Je pris pour qu'il est raison. Cela me donne l'espoir qu'entre Apollon et moi, quelque chose d'incroyable soit possible, qu'un avenir sans nuage soit envisageable.

________________________________________________________________________________

Espérons que l'histoire d'Alix et Apollon soit aussi belle que celle d'Isabella et Francesco. Je fais tout pour en tout cas haha. 

Les moments choux entre nos deux héros reviennent dès le prochain chapitre !  

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top