Chapitre 16 - Une nouvelle rencontre
Halloween était la fête préférée d'Annabeth. Il n'existe pas un seul film d'horreur que ma cinglée de sœur n'ait pas vu. Au lycée, elle s'était même mise à écrire des histoires d'épouvantes qu'elle me lisait le soir afin que je lui donne mon avis. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle était très douée. Elle a toujours été le cliché parfait de la fille belle aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur.
Lors des vacances de la Toussaint, nous allions à chaque fois faire un tour dans la boutique de déguisements du centre commercial près de chez nous. C'était notre sortie de l'année à toutes les deux. Même lorsqu'elle était à l'autre bout du monde pour un défilé de mode, elle n'a jamais raté notre rendez-vous annuel.
Certaines personnes attendent les fêtes de fin d'année avec énormément d'impatience. Les guirlandes, les boules de Noël, le sapin, les bons petits plats copieux, ils en font presque une religion. Chez nous, c'est Halloween qui nous passionne. Du moins ma sœur et moi. Ma mère a toujours été une grande peureuse dans l'âme. Alors chaque année elle et mon père partaient durant deux jours. Ils nous laissaient la maison pour organiser notre petite fête.
Me retrouver aujourd'hui toute seule dans une boutique de déguisements est donc assez étrange. La présence de ma sœur, nos fou rire, nos petites histoires, me manquent cruellement. A deux, nous pouvons y passer la journée entière. S'il y a bien un seul magasin dans lequel j'aime aller, c'est celui-ci.
- Puis-je vous aider ?
La charmante vendeuse, portant une perruque à la Jackson Five orange fluo, me sourit chaleureusement. Ses vêtements, à la couleur aussi agressive que ses faux cheveux, m'amusent beaucoup. J'aimerais porter aussi bien qu'elle le collant jaune canari.
- Je suis à la recherche d'une perruque faisant un minimum vraie.
- Vraie ?
- Oui, c'est une longue histoire. Est-ce que vous en avez ?
- Je pense que je dois en avoir quelques-unes oui. Suivez-moi.
Ravie de la nouvelle, je lui emboite le pas avec beaucoup d'enthousiasme. Je suis comme une petite fille dans un magasin de bonbons, mes yeux pétillent face à tous ces costumes et farces et attrapes. J'ai très envie d'acheter un coussin péteur afin de piéger Apollon. Je sais qu'il ne rigolera sans doute pas, qu'il restera même stoïque, mais moi cela m'amusera. Pourtant, il s'agit d'une blague des plus classique. Cependant, lorsqu'il s'agit d'Apollon, un rien peut devenir très drôle. Ma curiosité me pousse à essayer de bousculer cet individu morose.
Malgré cette petite dérive, je parviens à me reconcentrer sur la raison de ma venue. Mon objectif : trouver une perruque. Mais en voyant la partie « moustache » d'un des rayons, mon corps est directement attiré. Cela pourrait compléter le déguisement que je prévois pour Charlee.
J'attrape la première qui se présente à moi, c'est aussi la plus normale de toutes celles proposées. Il faut qu'elle soit réaliste sinon il n'y a pas d'intérêt, bien que de voir le brun avec la même que Salvador Dali serait un moment mémorable. Mais il s'agit d'un repas sérieux alors je dois calmer mon côté joueuse.
- J'ai une perruque qui irait à ravir avec cette moustache !
En aussi peu de temps qu'il faut le dire, elle s'est éclipsée pour aller me chercher l'article en question. Lorsque je la vois réapparaitre, elle tient une pochette en plastique transparent dans laquelle se trouve la perruque. Cette dernière, couleur noir corbeau, va en effet parfaitement bien avec la moustache du même ton. Je vais donner à Charlee un style à la Freddie Mercury.
- Je vous prends les deux !
Ravie par mon enthousiasme, la vendeuse ne peut s'empêcher de laisser échapper un rire franc. Elle semble différente des autres membres du personnel que j'ai pu côtoyer. Elle me rappelle Charlee mais en fille. Son sourire est pire que contagieux, il illumine la pièce en un rien de temps.
- Tu veux autre chose ?
A peine sa phrase sortie qu'elle plaque sa main sur sa bouche. Ne comprenant pas sa réaction, je lui lance un regard interrogateur. Elle n'a rien dit de mal pourtant.
- Je voulais dire vous, pardon.
- Oh non ce n'est rien, on a certainement le même âge alors on peut se tutoyer.
- Si mon manager m'entend être si familière avec une cliente je vais avoir des problèmes.
- Ce n'est pas moi qui lui rapporterai en tout cas.
Elle comprend, grâce à mon clin d'œil, qu'elle peut me parler comme une jeune fille de notre âge. Au contraire, cela me fait plaisir de pouvoir discuter normalement avec une autre personne du même sexe que moi. J'adore Isabella mais parfois me retrouver avec quelqu'un de ma génération est tout aussi agréable.
Je n'ai jamais été la fille populaire de l'école. J'étais simplement une élève parmi tant d'autres avec des amis qui n'étaient pas nombreux mais de qualité. A quoi bon faire semblant de connaitre tout le monde ? Dans la vie nous n'avons pas besoin de discuter avec le premier venu, il faut juste savoir choisir les bons.
- Moi c'est Alix et toi ?
- Lou.
Elle attrape ma main que je lui tends et la serre plus fort que je ne l'aurais cru. Cette fille a une sacrée poigne. Sous son gilet à paillettes violet, je suis sûre qu'elle cache des muscles relativement bien développés.
- Je suis fan de tes habits, le coté disco a toujours été mon choix de prédilection pour les fêtes costumées, dis-je alors que je détaille son uniforme rocambolesque.
- Oh toi aussi t'es fan de boules à facette ?!
- Evidemment ! Ça brille, c'est fun, c'est coloré, c'est la définition même de la fête pour moi.
- J'ai l'impression d'avoir ma jumelle sous les yeux ! Je pense exactement la même chose que toi ! s'extasie-t-elle comme si notre rencontre était celle du siècle.
- Ta chanson préférée ?
- Y.M.C.A ça coule de source. C'est sans doute cliché mais j'adore tellement cette chanson.
- Moi aussi ! J'ai besoin de l'entendre au moins une fois sinon je considère que la fête est ratée !
- Une fête sans les Village People c'est un peu comme si on ne servait pas d'alcool, aucun intérêt, plaisant-elle.
De trouver enfin une personne qui me comprend est incroyable. Habituellement, on me dit que j'ai des goûts musicaux de personnes âgées. Même mes parents n'apprécient pas le disco alors qu'il s'agit pourtant d'un phénomène de leur génération.
- Sans vouloir me la jouer indiscrète, c'est quoi cette histoire de déguisement ? Je suis désolée mais ma nature curieuse ressort tout le temps.
- Je comprends, je suis pareille et j'ai du mal à me contrôler parfois. En fait j'ai un ami qui travaille sur le navire mais on ne peut pas vraiment se voir puisque le personnel n'est pas autorisé à profiter de la croisière. Du coup, je comptais le déguiser un peu.
- Mais c'est une excellente idée ! En plus nos produits sont de qualité donc aucune chance de vous faire prendre.
- Merci de me soutenir. D'avoir exposé mon plan à voix haute m'a fait prendre conscience que je passe pour une folle, alors c'est sympa de trouver mon idée cool.
- Les plans foireux j'adore.
- Habituellement je les fuis, mais là je n'ai pas trop le choix.
- C'est qui cet ami ? Peut-être que je le connais.
- Il s'appelle Charlee.
- Sans un nom de famille ça risque d'être difficile car il y en a déjà au moins cinq qui me viennent en tête là tout de suite.
C'est à cet instant précis que je réalise ne pas connaitre son nom. J'ai alors soudain l'impression que mon soi-disant ami n'est en fait qu'un étranger. Après tout, que sais-je de lui ? Entre ses mensonges et le fait que je ne connaisse qu'une partie de son identité, je prends conscience que nous sommes tout sauf proches.
Voyant que mon esprit s'est complètement abandonné dans les méandres de mes pensées, Lou claque plusieurs fois des doigts juste devant mes yeux. Mes paupières battent rapidement plusieurs fois avant de me reconcentrer sur la personne face à moi.
- Mon manager vient de revenir de sa pause, je dois encaisser tes achats avant qu'il croie que je m'amuse.
- Oh oui bien sûr.
Prise au dépourvu, comme si j'avais raté une partie de la conversation, je n'ai trouvé rien d'autre à lui répondre. Je la suis donc jusqu'à la caisse se trouvant à l'autre bout du magasin. Sur le comptoir, des bonbons aux formes clownesques attirent mon attention. Les produits placés à la sortie des boutiques sont toujours les pires. S'ils n'avaient pas été placés là, jamais nous n'aurions eu l'idée de les acheter. Malheureusement, les commerçants savent nous faire dépenser plus.
C'est donc sans mal que je craque et en prends quelques-uns. Les petits poulpes orange et vert en gélatine m'appelaient depuis leur bocal en verre.
- Ce sont mes préférés, me chuchote Lou en les encaissant.
- Je vais vraiment finir par croire qu'on a été séparées à la naissance.
Nos rires se mélangent, sous le regard curieux du manageur. Voyant que nous sommes observées, nous continuons nos messes basses alors que je cherche de quoi payer dans mon portefeuille.
- Dis-moi que tu repasseras me voir. J'adore mon boulot mais les journées sont longues. Ce style de boutique n'est pas vraiment le péché mignon des passagers habituels de cette croisière.
- Je te promets de revenir demain.
- Cool ! T'es la meilleure !
Le sourire frais et printanier de cette charmante fille m'a fait chaud au cœur. C'est rare de nos jours les personnes avec une telle joie de vivre. Elle est encore plus pétillante que moi.
Je la salue d'un geste de la main et quitte la partie shopping de ce géant des mers. J'ai eu ma dose d'achats pendant quelques temps. Mon côté peu dépensier est certainement l'un de mes meilleurs atouts, avec moi un garçon n'aura pas la pénible corvée d'accompagner sa copine au centre commercial. Je sais qu'il ne s'agit cependant pas d'un de leurs critères principaux, mais j'aime à croire que pour certains cela compte.
Un magnifique soleil rayonnant à l'extérieur, je prends place sur l'un des nombreux transats tournés vers l'océan. Je sors mon petit sachet de bonbons et déguste son contenu. Je ne pense plus à la soirée qui s'annonce. Je profite simplement de cette vue qui me manquera. Ce navire tout entier me rendra nostalgique, j'aimerais que cette croisière ne s'arrête jamais.
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Cette histoire manquait un peu de touche féminine je trouve alors j'ai eu envie d'ajouter Lou. Je ne voudrais pas qu'on tombe dans la routine en voyant toujours Charlee ou Apollon dans chaque chapitre. Du coup, voici Lou en média !
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