Chapitre 1 - Au revoir
Mon énorme valise bordeaux dans une main et mon sac en bandoulière en cuir de l'autre, je me dirige vers l'une des entrées du terminal 2E de l'aéroport Roissy Charles De Gaulle. Fonçant tête baissée vers ma nouvelle vie, j'en oublie presque de dire au revoir à ma famille. Heureusement ma grande sœur vient me prendre dans ses bras juste avant qu'on me soupçonne de vouloir fuir sans saluer personne.
— Tu vas me manquer ma petite sœur chérie !
— Annabeth, c'est bon on se voit à mon arrivée.
— C'est vrai, tu as raison. Je ne dois pas être triste ! Ma petite sœur me verra pour la première fois défiler à New York !
— J'impose cependant des règles dès à présent. Je sais que ce sera la fashion week et que tu auras beaucoup de podium à fouler, mais promet moi une chose s'il te plait.
— Tout ce que tu veux !
— On ne passera pas le week-end à faire les boutiques ! Tu sais que voyager est important pour moi et que mon temps dans la grosse pomme est compté avant de rejoindre le Canada. J'aimerais donc en profiter pour découvrir la ville.
— Tout ce que tu voudras, c'est promis !
Lorsque j'ai décidé de partir m'installer au pays à la feuille d'érable, je n'ai pas voulu m'y rendre en avion. Le trajet est toujours la première étape d'un voyage. C'est la partie la plus excitante. Je ne voulais donc pas la gâcher avec un vol de sept heures. Cela aurait été un plaisir de bien trop courte durée.
J'ai donc décidé d'y aller en bateau. Mais pas avec n'importe lequel. Traverser pour la première fois l'océan Atlantique ce n'est pas rien, il faut le faire tout en raffinement et élégance. Quoi de mieux pour ça que le Queen Mary deux ? Un navire dont l'âme des murs a gardé le charme et le chic d'antan.
Cette étape de mon périple est l'accomplissement d'un rêve. Arriver sur un nouveau continent les yeux remplis d'étoiles ne peut qu'apporter bonheur et réussite.
— Annabeth, laisse-moi dire au revoir à Alix. Tu vas la revoir dans une semaine alors que moi non, dit ma mère alors que ma sœur est toujours attachée à mon cou.
— Hey pas de jalousie hein ! rigolé-je.
— Viens-là mon bébé.
Ces deux là ont beau ne pas se ressembler physiquement, elles ont en revanche le même goût pour les longs câlins interminables. Je lance des appels à l'aide en direction de mon père mais ce dernier fait mine de ne pas les voir.
— Bon, récapitule-moi ton trajet pour que je sache à peu près où tu es en temps et en heure.
— Je te l'ai déjà répété je ne sais combien de fois. Rien que là dans la voiture j'ai dû te le ressortir !
— La répétition est la base de la mémorisation.
Face à une professeure d'université spécialisée sur tout ce qui touche le cerveau, je ne fais pas le poids. Autant lui dire ce qu'elle veut entendre, ça économisera ma salive.
— Je prends l'avion à neuf heure pour Londres puis une fois là-bas, je prendrai un taxi pour aller jusqu'à Southampton. Le bateau ne part qu'à dix-huit heures ce soir. Il mettra six jours pour rejoindre New York, où je resterai le weekend avant de prendre un avion pour Montréal. C'est bon où tu veux que je te l'écrive ?
— Ce n'est pas nécessaire puisque tu m'enverras des messages à chaque endroit où tu arriveras. Je veux être sûre que tout va bien.
Depuis que ma mère a découvert les joies d'avoir un smartphone, elle nous demande tout le temps de lui envoyer des sms. Elle a beau tenter de nous faire croire que c'est par inquiétude, avec Annabeth on est persuadée que cela lui donne juste une bonne excuse pour être sur son téléphone. Ah la vieille génération, toujours connectée.
Mon père est donc la dernière personne à qui je dis au revoir. Entre nous ni câlin ou bisou, juste une poignée de main que nous avons inventé tous les deux. Elle veut dire bien plus que toutes ces marques d'affection un peu trop envahissantes sur l'espace personnel. L'amour à tellement de marques possibles mais nous restons cloisonner aux basiques. Pourquoi ? Parce que l'homme ne sa fatigue pas à chercher au-delà de ses propres frontières. Tomber dans l'habituel et le normal, je crois que c'est ça ma plus grande peur. Ne plus être surprise par la vie. Quoi de plus terrible ?
Ma valise et mon sac de nouveau dans mes mains, je quitte mes proches. Avant de passer la porte de l'aéroport, je me retourne une dernière fois vers eux. Les yeux bleus de ma mère et de ma sœur semblent embués tandis que mon père me lève ses deux pouces en l'air, signe qu'il est fier de moi. Lui-même a quitté la Norvège pour venir reconstruire sa vie en France. Il sait donc pourquoi je pars. C'est sans doute pour cette raison qu'il est moins triste que les autres filles de la famille.
— Annabeth, arrête de faire ta fragile ! Encore maman je veux bien mais pas toi. Fais ta norvégienne là un peu.
En un instant ma sœur est passée des larmes aux rires. Ça a toujours été une blague entre nous le : « fais ta norvégienne ». Mes parents ont mis du temps avant de comprendre la signification de cette phrase. Quand ils ont réalisé que c'était un synonyme de : « sois courageuse », ils se sont appropriés notre blague eux aussi. La vieille génération est décidément peu créative.
— Fais attention ma chérie. N'oublie pas tous les conseils qu'on t'a donné avec ton père.
— Oui, oui. Je t'aime aussi maman.
En leur lançant un dernier sourire remplie de bonheur, je m'éloigne d'un pas décidé vers les premiers instants de ma nouvelle histoire. Je suis comme le petit oiseau prenant enfin son envol vers des contrées lointaines à l'image de ses parents. Si mon père a fait ce choix trente ans avant moi, c'est par amour. Non pas pour ma mère mais bel et bien la passion de la découverte. Son côté aventurier est certainement le principal héritage qu'il m'a légué tandis que sa beauté nordique a terminé chez ma sœur.
Grande, blonde aux yeux clairs, elle est le stéréotype de la belle fille du grand nord. Pas étonnant que petite, elle ait été repérée par une agence de mannequina réputée. Elle a donc pris son envol bien plus tôt que moi.
Je l'ai toujours regardée voyager aux quatre coins du globe alors me dire qu'aujourd'hui est enfin mon tour, j'ai beaucoup de mal à y croire. Bientôt il y aura des cartes postales signées « Alix » sur la porte grise du frigidaire.
________________________________________________________________________________
Le premier vrai chapitre est enfin sorti. N'hésitez pas à me donner vos avis car je n'ai vraiment pas l'habitude d'écrire un roman d'amour mais cette histoire me tient très à coeur.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top