22 - Le feu d'artifice
Les genoux serrés dans ses bras, Rébecca fixe les remparts et le château qui semblent prendre feu dans la nuit, éclairés par des lumières orangées accompagnées d'une douce musique qui s'amplifie peu à peu.
Calou est toujours à ses côtés, il s'est roulé en boule contre sa cuisse.
Quel est ce tremblement qui la prend soudain ? Est-ce un contre-coup de sa crise d'angoisse ? L'excitation d'être là, devant le château et de bientôt voir le feu d'artifice ? La peur d'être déçue ?
Tout se mélange dans sa tête. Elle jette un œil à son voisin : il la regarde avec un sourire.
― J'ai attendu ce moment toute ma vie... murmure-t-elle. Et si ce n'était pas du tout ce que j'imaginais ? Et si je m'étais trompée de rêve ?
― Ne t'en fais pas, Ré. Tu vas adorer. Regarde, ça commence.
Le château est en effet devenu un écran géant de plusieurs dizaines de mètres de hauteur, et de largeur, sur lequel des images époustouflantes défilent, tel un cinéma géant de plein air. Des chevaliers en joute, des combats, le château assiégé...
La musique est très forte et, soudain, le premier projectile monte dans le ciel et s'éclate en forme de palmier géant. La déflagration qui a quelques secondes de retard sur le visuel fait bondir Rébecca.
Instinctivement, elle s'est rapprochée de Flavio et accrochée à son bras. Elle entendait de chez elle, depuis des années, que ça faisait du bruit, mais ne s'attendait pas à ce que ce soit si fort !
Le jeune homme hésite un instant, puis pose sa main sur le genou de sa voisine dans un geste rassurant.
Le spectacle continue, elle ne bouge plus, figée dans sa contemplation, le nez en l'air, les yeux brillants, la bouche entre-ouverte dans un sourire d'extase.
Flavio ne regarde plus les explosions colorées dans le ciel, c'est elle qu'il fixe en silence. Elle qui est toujours accrochée à lui, épaule contre épaule, elle dont il sent les tremblements à chaque point de contact entre leurs deux corps.
Elle qui s'est réfugiée dans ses bras lors de sa crise, quelques minutes plus tôt. Le cœur du jeune homme s'était serré d'inquiétude à ce moment, mais là, la sensation est totalement différente.
Alors qu'il contemple le profil de sa voisine, Flavio sent comme une chaleur dans sa poitrine, une sensation toute douce, un bien-être nouveau et étonnant, il ne s'est jamais senti aussi bien qu'en tenant contre lui cette fille encore inconnue le matin-même.
Il ne sait pas trop quoi en penser, il n'a pas envie de réfléchir, il veut juste profiter.
Elle est belle. Belle dans sa simplicité et sa folie enfantine, belle dans son cœur pur et sa découverte de la vie, belle dans sa force aussi, et son courage.
Il en a croisé, pourtant, des belles filles, mais c'est totalement différent cette fois. Jamais il n'a ressenti ce genre de chose avec une autre. Ce n'est pas juste une beauté physique, c'est une beauté intérieure qu'il a envie de préserver, de protéger. D'aimer.
C'est lui qui tremble, maintenant. Est-ce qu'elle le sent ? Ils tremblent à deux, l'un contre l'autre, mais pour des raisons différentes.
Il tremble parce qu'il a soudain peur de ce nouveau sentiment qui l'étreint, qui le remplit et le submerge. Peur de ce que ça voudrait dire pour lui, pour elle, mais aussi pour Matteo qui l'attend.
Le visage du voleur est de nouveau tourné vers le spectacle. C'est le bouquet final, énorme, grandiose, magnifique, mais il ne le voit pas. A la place, deux visages s'entrechoquent, se superposent, se mélangent. Les yeux candides et innocents de Rébecca se confondent avec ceux de Matteo. Comme la première fois qu'il l'a rencontrée, dans sa maison isolée, ce qui l'avait rendu incapable d'agir violemment envers elle.
Il s'était promis d'être fort... Est-ce de la faiblesse que de ressentir toutes ces émotions ?
Un silence soudain le sort de ses pensées : la musique s'est tue, le spectacle est fini.
Il tourne la tête vers sa voisine. Elle le regarde, les yeux brillants et un sourire éblouissant. Le cœur de Flavio rate un battement : ils sont tellement proches l'un de l'autre que leurs nez se touchent presque. Ses yeux descendent un court instant vers les lèvres de la jeune fille : il a terriblement envie de l'embrasser.
Pourtant, il ne fait pas un geste. Il ne peut pas bouger. Leur regard reste accroché pendant plusieurs secondes qui semblent une éternité. Le temps s'est arrêté.
Et puis, brusquement, elle s'écarte. Le froid et le vide saisissent autant le cœur que le corps de Flavio, il a un violent frisson. Dans un état second, il la regarde fouiller dans une de ses poches et en sortir un petit objet qu'elle lui tend.
Le voleur fixe la clé USB quelques secondes sans réagir. Il l'avait oubliée. Il a du mal à revenir à la réalité.
― Je l'avais gardée sur moi, en fait, sourit Rébecca avec un petit haussement d'épaule, comme si elle s'excusait. Tu ne m'en veux pas ?
― T'en vouloir ? Comment pourrais-je t'en vouloir ? murmure-t-il dans un souffle.
Il voudrait lui dire quel bien elle lui a fait durant cette journée, quels sentiments elle a fait surgir dans son cœur, quel soleil éblouissant elle a été dans sa vie de grisaille, de tristesse et de rage. Mais les mots restent coincés dans sa gorge. A la place, il sort lui aussi un objet de sa poche et le lui tend. Son geste est hésitant. Il n'est pas sûr que ce soit une bonne idée, après ce qu'il s'est passé devant le panneau publicitaire.
Curieuse, Rébecca s'en saisi et ouvre le petit paquet. Ses yeux s'ouvrent de surprise lorsqu'elle reconnaît le pendentif. Son pouce le caresse doucement, un sourire flotte sur son visage.
― Pour ton anniversaire, souffle le jeune homme, soulagé de sa réaction positive.
― Mais... Flavio ! Il ne fallait pas, il y avait déjà le feu d'artifice !
Il hausse les épaules sans répondre, tandis qu'elle relit le papier qu'il a pris soin de mettre avec : « le colibri symbolise la joie, la liberté... Il encourage à vivre l'instant présent, à être ouvert au changement, et à poursuivre ses rêves avec optimisme. »
Ils restent silencieux quelques instants. Ne sachant pas quoi dire et n'osant pas interrompre les pensées de sa voisine, Flavio jette un œil autour d'eux et remarque que tout le monde est parti. Ils sont seuls. Quelques silhouettes, au loin, éclairées par les lampadaires, s'activent pour ranger les dernières babioles de la fête.
Il y a une silhouette plus proche. Flavio a failli ne pas la voir, car elle est immobile dans le noir. Les muscles du jeune homme se crispent en reconnaissant la carrure de la personne qui a l'air d'attendre quelque chose ou quelqu'un.
Sa décision est prise rapidement. Il faut qu'il aille régler cette affaire, et le plus tôt sera le mieux !
― Rébecca ? J'ai quelque chose à faire, ensuite, je te raccompagne chez toi. D'accord ?
― Maintenant ? interroge la jeune fille qui paraît sortir d'un rêve éveillé.
― Oui. Tu m'attends ? Je reviens très vite.
Elle hoche la tête avec un petit sourire confiant.
Flavio se lève et disparaît dans le noir, laissant la jeune fille seule sur le talus.
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Helloooo ! Alors, qu'est-ce que vous avez pensé de ce chapitre ?
J'aime énormément lire des livres romantiques, mais en écrire moi-même des scènes, c'est la première fois ! J'espère que j'ai su vous transporter dans les pensées de Flavio qui ont bien évoluées en une journée ? 💖
Qu'est-ce vous en pensez, honnêtement ?
Au prochain chapitre, vous seront dévoilées les pensées de Rébecca ! 😇✨
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