18 - Comme un bleu...
Le regard de Flavio se tourne vers Rébecca qui n'a pas bougé. Peut-il dire ce qu'il sait sur l'entreprise devant elle, après les soupçons qu'il a eus quelques minutes plus tôt ?
Mais... ?
Une exclamation de surprise sort de la bouche du jeune homme en même temps que de celle du policier : Rébecca tient dans une main une petite carte marquée du mot « POLICE » avec une bande tricolore, qu'elle observe avec attention, et de l'autre...
Un revolver ?!
― Que... qu'est-ce que... bafouille Maxime en tâtant prestement son jean qui vient visiblement d'être « visité » sans qu'il ne s'en rende compte.
Flavio retient un fou rire lorsque la jeune fille lui tend tout simplement la clé pour ouvrir ses menottes. Ensuite, elle fixe l'arme à feu en marmonnant :
― C'est un vrai de vrai ? Je pensais que ça serait plus lourd...
― Mademoiselle... euh... ne jouez pas avec ça... C'est... ça peut être dangereux ! s'affole Maxime en faisant un pas en avant.
Rébecca relève la tête avec un sourire radieux et des yeux pétillants de malice :
― Je crois que vous avez assez parlé, et qu'il est temps de passer à autre chose ! déclare-t-elle comme si elle ne l'avait pas entendu.
― Quoi ? Comment ça, à autre chose ?
― Eh bien, c'est la fête aujourd'hui. En plus, c'est mon anniversaire. Donc, vous allez enterrer la hache de guerre pendant quelques petites heures, jusqu'à ce que Flavio tienne la promesse qu'il m'a faite, et après vous réglerez vos comptes. En attendant, la musique nous attend. D'accord ?
Le lieutenant de police est estomaqué. Est-ce que cette fille, qui paraissait totalement inoffensive jusque-là, est réellement en train de lui donner des ordres, avec sa propre arme à feu dans les mains ? D'habitude, il est plutôt bon pour discerner si une personne est mauvaise ou non, mais là, impossible de savoir si elle joue la comédie.
Il pourrait lui sauter dessus et récupérer ses affaires rapidement, mais il craint que quelqu'un ne soit blessé si elle se révèle aussi innocente qu'elle en a l'air ; ou alors de se faire avoir par ce visage d'ange qui pourrait cacher une personnalité forte et des capacités hors norme, comme ce pickpocket parfait qu'elle vient de réaliser.
Le lieutenant de police a perdu de sa superbe. Il tente de garder la tête haute, mais le sourire goguenard de Flavio l'horripile.
Ce dernier est hilare. Il sait ce que ressent Maxime devant ce mélange de folie et d'intelligence : il a vécu exactement le même dilemme mental lors de sa rencontre avec cette fille étrange.
Après un court moment de silence pendant lequel les menottes ont été balancées et l'arme rangée dans une poche large de son pantalon, Rébecca s'approche de Maxime et lui prend le bras. Comme elle fait la même chose à Flavio, les deux jeunes hommes commencent à se lancer des œillades interrogatives, jusqu'à ce qu'elle explique :
― Vous allez me faire la promesse d'être sages. Flavio, tu as déjà promis de réaliser mon rêve, je te demande juste de faire la paix avec le Lieutenant le temps nécessaire. Et vous, Monsieur de la police, vous allez serrer la main de Flavio en lui promettant de ne pas l'arrêter aujourd'hui. C'est tout simple, n'est-ce pas ?
Les grands yeux verts pétillants et le sourire confiant, elle rapproche les deux mains pour qu'ils se la serrent.
Flavio hésite un instant. Il ne fait pas confiance à son ancien ami. Mais quand il remarque que Max flanche peu à peu devant le regard pur de Rébecca, il tend la main de lui-même avec un sourire en coin.
Le regard du Lieutenant passe de la jeune fille au voleur, puis du voleur à la jeune fille. Il n'a pas du tout – mais alors pas du tout ! – envie de faire cette promesse. Pourtant, il ne peut rien refuser à ses yeux qui le fixent avec tant d'innocence et de foi. Ça ne peut pas être de la comédie, n'est-ce pas ?
Dans un état second, Maxime finit par serrer la main de Flavio.
Rébecca pousse un petit cri de joie en battant des mains :
― On y va ? lance-t-elle gaiement. Oh, vous avez peut-être besoin de ça pour prévenir vos hommes de ne pas intervenir, non ? ajoute-t-elle en tendant un téléphone portable à Maxime.
Celui-ci cligne plusieurs fois des yeux en fixant l'objet qu'elle lui tend : son téléphone. Celui qui était dans la même poche que les clés des menottes...
― Mais... c'est pas vrai ?
Il lui arrache presque des mains.
― C'est toi qui lui as appris, j'imagine ? fulmine-t-il encore en direction de Flavio.
Ce dernier ouvre de grands yeux innocents :
― Même pas ! Quoique... elle m'a vu faire une fois, mais je ne lui ai en aucun cas appris.
Maxime grommèle une réponse inaudible et se met à les suivre. Pas question de les perdre de vue une seule seconde !
― Comment elle a fait ça ? demande-t-il après un moment de silence, en marchant au même rythme que son ancien ami.
― De quoi ?
― Je sais pas... Est-ce que ce sont ses yeux ? Ses mimiques ? J'ai l'impression d'avoir été hypnotisé !
― Ah oui, je vois ce que tu veux dire, répond Flavio avec sérieux. J'ai ressenti la même chose. C'est une fille... spéciale.
― Comment ça, spéciale ?
― Regarde-la.
Dans la rue en fête qu'ils viennent de rejoindre, Rébecca passe de musicien en musicien, un sourire jusqu'aux oreilles, battant des mains au rythme de la musique et faisant quelques pas de danse sur les pavés. Maxime hausse les épaules sans comprendre :
― Justement, je ne vois qu'une gamine !
Tout en continuant à marcher, Flavio commence à compter sur ses doigts :
― Une gamine qui a tué l'Ogre en me sauvant la vie – et je pèse mes mots : j'étais vraiment dans une mauvaise posture – deuxièmement, une gamine qui m'a aidé à échapper aux jumeaux...
Max ouvre la bouche pour intervenir, mais son voisin ne lui en laisse pas le temps :
― Troisièmement, une gamine qui t'a eu comme un bleu : je te signale qu'elle a encore ta plaque et ton arme.
Un court silence de réflexion suit cette énumération peu banale, puis le policier reprend :
― C'est une professionnelle, alors ?
Ce qui fait rire franchement Flavio :
― Tu n'y es pas du tout, mon vieux !
― Alors, quoi ? grommèle encore Max.
― Cette fille, c'est un cœur pur.
― Quoi ? T'es sérieux, là ?
― Un cœur pur, je te dis. Elle est totalement innocente, elle découvre la vie, elle fait confiance comme une enfant, et en même temps, elle a l'âme d'une adulte qui aime et veut le bien des autres.
Pour le coup, Maxime marque un temps d'arrêt dans sa marche, surpris par le ton sérieux de Flavio.
― Tu la connais depuis quand ?
― Ce matin.
― Et tu peux m'affirmer ce genre de chose en ayant passé seulement quelques heures avec elle ?
― Je t'assure : tu te feras la même conclusion d'ici quelques minutes seulement !
Max est septique, mais choisit de ne pas le contredire. Il verra bien, de toute façon...
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Coucou mes lectrices et lecteurs !! Merci d'être encore là !
Qu'est-ce que vous pensez de ce chapitre ?
De la description que fait Flavio de Rébecca ? ✨
Et de Maxime ??? 😬
J'aime trop savoir ce que les personnages vous inspirent, n'hésitez pas à laisser des commentaires au fil de votre lecture ! 😊❤️
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