15 - Une pause bien méritée

Un chapitre tout spécialement dédié à @RogerThePotate qui l'attend avec impatience depuis plusieurs jours !  😜

🥪🥪🥪🥪🥪🥪🥪🥪🥪🥪🥪🥪🥪🥪🥪🥪

Rébecca lit les grosses lettres au-dessus de la porte avant de suivre son guide : « SUBWAY ».

Elle ne sait pas ce que ça veut dire, mais ça sent drôlement bon lorsqu'elle pénètre dans la grande pièce, et son ventre se manifeste une nouvelle fois.

Le choix n'est pas facile, elle reste de longues minutes à contempler les nombreuses possibilités qui s'offrent à elle, ce qui fait râler les quelques personnes qui attendent derrière.

Bientôt, elle se retrouve à croquer dans un énorme sandwich chaud et croustillant dégoulinant de sauce et de crudités. Ça change des repas tout faits que lui apporte sa mère depuis des années ! La jeune fille n'a jamais accroché côté cuisine, et se contentait de peu, puisqu'elle ne connaissait rien d'autre.

Flavio s'amuse à l'observer manger comme si elle découvrait un plat cinq étoiles d'un restaurant chic.

― Ch'est crop bon ! lance-t-elle avec une bouche qui déborde.

Hum... pour le restaurant cinq étoiles, on repassera !

― Il est où, ton petit frère ? demande-t-elle sans transition, après quelques secondes de mastication.

Le sourire du jeune homme s'efface, il pose son sandwich avant de répondre :

― Dans un orphelinat des bas quartiers.

Et comme les grands yeux verts en face de lui en demandent plus avec douceur, il continue :

― J'y ai grandi avec Matteo pendant plusieurs années. Mais c'est un endroit pas très... chouette. A quinze ans, j'ai fugué et j'ai vécu tout un temps dans la rue en me débrouillant. A l'époque, je ne réfléchissais pas beaucoup à l'avenir, je savourais seulement ma toute nouvelle liberté. C'est seulement lorsque j'ai eu dix-huit ans que je me suis rendu compte que j'avais abandonné mon petit frère à son triste sort. Je suis retourné le voir, mais...

Flavio s'arrête, la gorge serrée. Les iris marrons du jeune homme vont se perdre quelques instants dans le vide. Il n'a pas repensé à ce moment depuis un bon bout de temps, les souvenirs ne sont pas très agréables. Il sait qu'il n'est pas obligé de parler. Il pourrait se taire. Il s'est d'ailleurs promis de ne plus y penser et de fixer ses regards vers l'avenir. Pourtant, le visage attentif et compatissant en face de lui l'encourage et il poursuit :

― Il était... hospitalisé. Il venait d'essayer de... de s'ôter la vie. A onze ans.

Rébecca retient un hoquet de surprise en mettant sa main devant sa bouche. Jamais elle n'aurait pensé qu'on puisse faire une chose pareille. Elle qui, malgré son existence un peu compliquée, où la solitude a été parfois très pesante, a toujours gardé un regard positif sur la vie. Et si jeune ? Ce garçon devait être désespéré pour en arriver là...

― Il s'est remis rapidement, continue Flavio en refoulant les larmes qui commencent à lui monter aux yeux, au souvenir de l'état dans lequel était son frère à l'époque. Je suis passé le voir souvent après ça, et je lui ai promis de revenir avec assez d'argent pour le sortir de là et partir à l'aventure. Rien que tous les deux. Très loin.

Il s'arrête une nouvelle fois en passant la main derrière sa nuque.

― Mais je n'avais rien. Et je ne savais faire qu'une chose...

― Voler, souffle Rébecca en comprenant.

Il hoche la tête en prenant une grande gorgée de soda pour se donner une contenance.

― Ce n'était jamais assez pour partir et se refaire une vie, ajoute-t-il ensuite. J'ai commencé à faire des coups un peu plus gros qui demandaient du meilleur matériel, pour amasser un petit pactole. Ça fait deux ans que je fais ça. L'opération de ce matin devait être la dernière.

Un silence suit ses paroles. La jeune fille n'ose pas le briser. Elle n'a que peu d'expérience dans la vraie vie et ne voudrait pas blesser son nouvel ami.

Flavio reste dans ses pensées pendant plusieurs minutes. Le regard de Rébecca, toujours doux et compréhensif, sans jugement ni pitié, est comme un baume pour son cœur. Il ne pensait pas que parler à quelqu'un lui ferait autant de bien. Comme si un poids venait de tomber de ses épaules. Sa rage et sa culpabilité sont encore là et ne partiront sans doute jamais vraiment, mais elles ne pèsent plus de la même façon sur son cœur.

Il savoure encore un peu cette sensation toute neuve en finissant son sandwich, puis décide que c'est à son tour de poser plus de questions.

― Alors comme ça, tu peux voir à travers les choses, genre, Supergirl ? C'est... pas banal ! C'est comme ça que tu as vu les armes de l'Ogre ?

Rébecca hoche la tête en finissant sa bouchée.

― ... et que tu nous as sortis du labyrinthe, continue le jeune homme.

― Oui. C'est la première fois que je l'utilisais de cette façon, mais c'était cool !

― Tu l'utilises pour quoi, d'habitude ?

― Oh, juste pour m'amuser, passer le temps, ou des fois aider un peu ma mère. Elle me passe des vidéos et des films sur lesquels je peux m'entrainer. Mais ce n'est jamais très captivant... Pas comme tout à l'heure !

Elle a les yeux qui brillent en repensant au labyrinthe. Un peu moins en se souvenant de l'Ogre, mais c'était tout de même une sacrée aventure !

― Tu sais d'où ça vient, ce super pouvoir ?

― Non. Personne ne sait, répond-elle en haussant les épaules.

― Et donc, ta mère et toi, vous vivez dans cette maison depuis toujours ? continue à questionner le jeune homme, toujours aussi curieux.

― Oui. Enfin, surtout moi. Ma mère travaille la plupart du temps et elle dort ailleurs.

― Mais qu'est-ce que tu fais de tes journées ?

― Eh bien, je m'occupe comme je peux. J'aime beaucoup lire, regarder des films, et surtout peindre. Je peux passer des heures devant une feuille avec mon aquarelle. J'écris un peu aussi, mais je ne suis pas sûre que ça soit très bon.

Flavio se gratte la joue. Ça fait quand même beaucoup de jours, de semaines, de mois, d'années, à remplir ! Il n'arrive vraiment pas à imaginer.

― Et ta mère, elle fait quoi ?

― Elle travaille dans une grosse entreprise, je crois. Mais c'est un sujet qu'on aborde très peu. Comme celui de mon père.

― ... ?

― Je ne l'ai pas connu et on n'en parle jamais. Ce sont les deux seuls sujets à éviter. Sans compter le fait de sortir, bien sûr.

― Donc tu ne connais pas l'origine de ta super-vision, tu sais rien de ton père, quasiment rien non plus de ta mère, et tu ne connais personne d'autre que ton chat... récapitule Flavio en comptant sur ses doigts.

Il hésite un court instant à partager sa pensée. Il ne voudrait pas être maladroit. Pourtant, il choisit de continuer, parce qu'elle lui a fait du bien et qu'il voudrait l'aider aussi :

― Tu es consciente que ton super pouvoir pourrait servir pour autre chose que... hum... t'amuser ?

― Oui, bien sûr. Mais quand j'étais petite, on a déjà essayé de se servir de moi à mon insu, alors que je n'étais qu'une enfant. C'est pour ça que ma mère a préféré me garder cachée.

― Et maintenant que tu es grande ?

― Je sais pas... elle m'a toujours dit que c'était trop dangereux... Hier encore...

Flavio se penche un peu au-dessus de la table pour se rapprocher de Rébecca et lui murmure :

― On ne parle plus de ta mère, mais de toi. Qu'est-ce que toi, Rébecca, tu veux faire de ta vie ? Personne ne devrait choisir pour toi, tu sais ça ?

La jeune fille le regarde avec de grands yeux. Elle est touchée par ses paroles, bien plus qu'elle ne voudrait le laisser paraître. Elle s'est toujours interdite de penser de la sorte. Sa mère a constamment été là pour elle, gentille, douce, aimante, protectrice. La jeune fille se sent déjà tellement mal en pensant à ce qu'elle est en train de faire ; elle est bien déterminée à rentrer tout de suite après les feux d'artifices sans plus ressortir ensuite.

Alors partir pour de bon ? Vivre sa propre vie comme elle l'entend ? Affronter l'adversité seule ou accompagnée, comme elle vient de le faire ces dernières heures ? Trouver une activité utile aux autres grâce à son don...

Elle se mord l'intérieur de la joue en fixant ses mains qui se tordent sur la table.

En découvrant qu'elle peut accomplir bien au-delà de ce qu'elle faisait jusqu'à ce jour, maintenant qu'elle a vu de quoi elle est capable grâce à son don, son cœur aspire à tellement plus.

Mais c'est impossible. Elle ne peut pas faire ça à sa mère. Ça la briserait de chagrin... Jamais Rébecca ne se le pardonnerait.

La main de Flavio vient se poser sur les siennes avec douceur et la sort de ses sombres pensées :

― Hey, ne te torture pas ainsi, Ré. Tu as tout le temps d'y réfléchir.

Le sourire du jeune homme et l'utilisation de son surnom lui font chaud au cœur. Elle prend une grande inspiration et sourit à son tour. Oui, rien ne presse. La priorité est d'aller voir les feux d'artifices. Après, ce serait une autre étape, mais seulement après.

Avec un sourire carnassier, son guide continue :

― Tu ne manges pas ton dessert ? Parce que, si t'en veux pas, moi je prends ton cookie !

En riant, Rébecca enfourne le gâteau dans sa bouche. Pas question : il est trop bon !


🥪🥪🥪🥪🥪🥪🥪🥪🥪🥪🥪🥪🥪🥪🥪🥪🥪

Mais dites donc, est-ce qu'ils seraient en train se rapprocher l'un de l'autre, ou bien ?...

Dites-moi ce que vous pensez du déroulement des révélations et de l'évolution de Flavio et Rébecca, ça me ferait super plaisir !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top