Lettre de suicide

Maintenant, je vais partager ma lettre de suicide, qui date de 2022.

Je pense souvent à cette lettre et j'aimerais la partager. Les prénoms ne seront pas dévoilés, mais ce sont des personnes qui sont importantes à mes yeux et avec qui j'ai parlé de mes problèmes. J'ai un peu modifié la lettre. Sachez que des fois, j'ai encore cette sensation, même si les événements ont changé.

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Je ne sais pas par où commencer. J'y pense depuis des jours. Je pense à la mort. En fait, ça fait des années que je pense à m'éliminer. Personne ne m'a jamais prise au sérieux... Je suis juste épuisée de vivre, je lutte chaque jour. Je dis ça car je n'ai pas pris mes médicaments, mais ça signifie que si je dois vivre sans à nouveau, je vais souffrir ? Tout le monde s'en fiche de moi, même ma famille, j'ai l'impression d'être seule. Je n'en parle à personne. J'écris ça pour mes amis principalement, ils seront mentionnés. Je ne veux pas pourrir l'ambiance, je ne veux pas qu'on me blâme une fois de plus, je ne veux pas gâcher des relations. Je ne veux pas qu'on m'abandonne. De toute façon, je n'ai plus rien à perdre, je ne ressens plus de plaisir. Quand je joue aux jeux vidéo, il n'y a plus rien, j'y joue pour m'occuper la tête et me couper du réel. Et puis avec ces céphalées, je n'ai rien pu faire. Je crois que je suis épuisée physiquement et mentalement, j'ai de grosses cernes qui ne veulent pas partir. Je me sens comme un déchet, je reste dans mon lit. Je n'y arrive pas. Je devrais être contente, l'année est finie, mais non, je ne vois pas sur le long terme. Je me vois proche de la fin pour être honnête. Je ne me vois pas en L3. Je ne me vois pas à l'université. Je ne me vois nulle part. Je fais genre que ça va, mais en fait non, j'en ai marre de faire semblant. Je me plains souvent car j'essaie d'exprimer un mal-être, même ma famille me tombe dessus et c'est sur moi qu'on aime bien cracher dessus. Je me suis énervée des fois, mais en vain, on ne me comprenait pas. Parce que je suis trop gentille. Je ne fais rien, je suis nulle, je suis un boulet.

J'essayais de faire bouger les choses, parce que vivre dans une famille d'alcooliques, ça laisse des traumatismes. Je n'en parle jamais, mais là ça doit sortir ! Il y a trop de trucs à dire en fait, je pourrais en faire un livre. Je croyais être importante pour des gens, mais en fait je ne suis qu'une merde. Personne ne me dit tu es belle, tu vas réussir, on t'aime, ne t'inquiète pas, je vais t'aider. Ça fait longtemps que je n'ai pas entendu ça. Si j'ai continué ma licence d'histoire, c'est grâce à J. Si tu lis ça, sache que tu m'as aidée à arriver jusque là... Tu as écouté mes problèmes, j'ai dû t'embêter, je suis désolée. Tu m'as dit de ne plus être négative mais c'est difficile, surtout quand on est en dépression. Tu es une des seules personnes à me faire sourire et rire. Je t'en ai jamais parlé, mais je ne voulais pas que tu me laisses car j'ai des problèmes. J'ai tout fait, j'ai vu des psychiatres, des psychologues, mais ils ne m'ont pas aidée, je me sens impuissante. Je suis juste fatiguée. Une fois, avant d'aller en cours d'anglais, je ne sais plus quand, c'était l'avant dernier cours d'anglais, je voulais mourir. Le soir je me suis dit "tu vas sauter, tu ne vas pas aller au cours et tu vas sauter du pont". J'ai pleuré, comme maintenant je pleure en écrivant ceci. Sauf que je ne l'ai pas fait. Pourquoi ? Je ne sais pas... Je dois être instable. Je me sentais tellement bizarre après. Je dévoile tout ici, mais je n'en ai plus vraiment rien à faire après tout, si je partage ce document, c'est que j'aurais fait une connerie. Ou que je suis à l'hôpital. J'essaie de me battre, d'aller mieux, mais je retourne toujours à la case départ. Ça fait des années que j'accumule, peut-être que ça passera comme à chaque fois, mais ça devient de plus en plus difficile. Je n'arrive même pas à expliquer ce que j'ai, tellement ça me bouffe. Il y a un vide dans mon corps, j'ai l'impression qu'il n'y a que de la douleur. Surtout mon utérus, je déteste cet organe, il me pourrit la vie et me fait mal (s'il n'y avait que ça...). J'ai cette pression de faire des enfants aussi, j'espère avoir l'endométriose pour qu'on me laisse tranquille. En bref, je déteste mon corps et moi-même, ce n'est pas compliqué. Je préfère donner aux autres et être utile. Pourtant, on me dit que je suis égoïste, que je fais du mal aux autres, que je suis une victime, ça fait mal d'entendre ça, de sa propre famille ! Qu'est-ce que j'ai fait pour qu'on me dise tout ça ? Je suis dans l'incompréhension. Peu de personnes m'ont écoutée... Soit ils ne comprenaient pas, soit ils étaient dépassés... Ma mère pense que je me sens mal car je ne sors pas assez, je cherche encore le rapport. Mon père me comprend un peu, je sens qu'il est dépassé aussi. Comme mes amis à mon avis. Je ne leur ai pas dit en détail tout ce que je pensais. Je les remercie d'avoir été là pour moi. Au lycée, ils étaient là quand j'étais triste et que je pleurais dans leurs bras. Sans eux, je n'étais rien. Maintenant, je ne les vois pas souvent, mais je pense à eux. Après avoir été harcelée au collège, laissée de côté, avoir des amis m'a aidée. J'ai perdu ma confiance en moi, déjà que je n'en avais pas en primaire, j'ai aussi été rejetée et harcelée, par des élèves et une prof, ou plutôt une connasse. J'ai toujours la haine. Elle m'a tirée les cheveux et noyée à la piscine, je n'ai aucune preuve, elle avait menti à ma mère. Encore un épisode de merde de ma vie. Déjà, revenons au tout début, dès le départ, je devais mourir. Pourquoi ? Je suis née à 30 semaines, par césarienne, mes poumons se décollaient, on m'a mis dans une couveuse par respirateur. Je ne pouvais pas vivre naturellement, comme maintenant, je suis obligée de prendre des médicaments. Des fois, je regrette d'avoir survécu, pourquoi ils m'ont aidée ? Je ne me rappelle que des moments négatifs dans ma vie. Les derniers moments positifs, qu'est-ce que c'est ? Je suis tellement dans le brouillard que j'ai du mal à les voir. Quand je suis avec J ou mes amis je suis bien. J'aimerais qu'on fasse des activités ensemble J, chaque jour, je me dis que je risque de ne plus te voir et ça me fait très mal. Je ne peux plus continuer ainsi. Je me disais en primaire "je vais rester en vie pour embêter ceux qui me détestent", sauf que ça ne fonctionne plus maintenant. Je ne sens rien. Je n'ai pas de travail, pas de permis, pas de motivation, pas de but, c'est comme si j'étais une morte vivante. J'ai juste envie de me frapper la tête contre un mur. Je suis l'inverse de Eros, je suis Thanatos. J'ai juste envie de manger les plaquettes de Seresta et de Xanax, puis de crever, en faisant un cocktail. Certains vont dans des bars prendre des sex on the beach, et moi je suis dans mon lit à pleurer. Quelle vie incroyable quand même. Et à attraper des shinies dans pokémon, wow.

Terminons avec les remerciements (ironie) :

Merci à tous ces gens qui ont détruit ma confiance en moi, volontairement ou pas, y compris des gens de ma famille. J'ai vraiment pas le courage de décrire tous les problèmes que ça a engendré hein. D'ailleurs j'ai un trauma avec l'alcool, je n'y touche pas. Merci aux harceleurs d'avoir gâché mes scolarités et à me dégoûter des cours et de l'école, je vous déteste. Merci à la nature de m'avoir donné un utérus pour que je souffre encore plus (je n'ai aucun problème à être une femme cependant). Merci au hasard de me donner de la malchance dans différents domaines. Merci à la dépression de me pousser vers la mort chaque jour. Je ne pardonne pas à ceux qui m'ont fait du mal et qui ont fait que je sois devenue ça aujourd'hui. Merci au gouvernement qui pendant 5 ans a craché sur les jeunes et aux institutions qui sont incompétentes pour aider les malades mentaux.

J'ai beaucoup pleuré en écrivant ça, sachant que je vais peut-être mourir (C'est humain de réagir comme ça je suppose). Mais surtout car je pense aux personnes que j'aime. C'est aussi un appel à l'aide, mais aussi montrer ce que je ressens vraiment.

Je remercie quand même sincèrement ma famille de m'avoir supportée... Même si j'ai l'impression qu'ils ne me soutiennent pas. Vous irez mieux sans moi, je vous aime je suis désolée. Je remercie aussi A, ma meilleure cousine, on s'est toujours tout dit, on était comme des sœurs. Même chose pour mes amis, A, E, C, P, É, vous paraissez si loin mais merci beaucoup. Ainsi que Y et G dans ma classe cette année. Et évidemment J, merci c'est tout ce que je peux dire.

Adieu, ça se trouve, je vais encore avoir peur de me suicider et ça va être ridicule si je partage ça. Ce n'est pas la première fois que j'écris des lettres comme ça. Je ne les ai jamais partagées avec les concernés.

Si j'ai partagé ceci, ça a dû vous faire un choc, ou pas. Je n'ai jamais parlé aussi crûment de ces problèmes. C'était enfoui en moi. Je disais pour rire "je vais me suicider, je vais me pendre" mais je le pensais vraiment, personne ne le savait. J'ai rêvé de suicide souvent aussi ou qu'on me tuait (ou menaçait de me tuer). Peut-être que je ne le ferai pas tout de suite, mes pensées suicidaires viennent et partent comme ça. J'ai préféré écrire en avance ce que j'avais sur le cœur, car ça revient toujours. Je suis perdue en ce moment et il y a un risque que je dérape, je cherche toujours un moyen de mourir sans souffrance. Je dis ça car je n'ai plus mes médicaments mais ça va revenir à un moment ou un autre. J'ai les moyens de mourir avec moi, je les garde au cas où.

Fin de la lettre.


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