Un message à l'univers
10 jours après
🌻🌻🌻
Timothy
Ophra est en train de pleurer sur mon épaule, lorsque la porte s'ouvre sur toi, l'air embarrassé. Mon cœur s'emballe devant ta beauté et ça m'énerve d'être si faible. Oui j'ai encore besoin d'être fâché contre toi, j'ai besoin de temps pour digérer et te voir, ne m'aide pas. Ma collègue se relève d'un bond et t'assure qu'elle a terminé ma mise en beauté. Je grimace lorsque tu refermes la porte alors que ton sourire s'est éteint.
J'ai craqué face à la gentillesse d'Ophra et lui ai tout raconté. Je n'aurais peut-être pas dû mais ce matin c'était trop difficile de savoir que j'allais te voir alors qu'on ne s'est pas parlé depuis quatre jours. J'appréhende le moment où il faudra rejoindre tout le monde et supporter les regards interrogateurs.
— T'inquiète pas Tim, ça va bien se passer et si quelqu'un vient t'embêter, tu me l'envoies.
Elle lit dans mes pensées cette fille.
— Merci beaucoup Ophra mais je t'en supplie, ne parle de ça à personne.
Elle hoche la tête et me vire ensuite de son studio. Je rejoins à pas hésitants la salle où tous m'attendent. Le photographe ne perd pas de temps et me place entre mes collègues, juste à côté de toi. Je me retiens de te prendre dans mes bras, malgré l'envie qui devient de plus en plus forte au fils des minutes qui passent. Ta présence me manque. Heureusement, après une heure passée sous les projecteurs, on a enfin droit à une pause. J'essaie de t'ignorer mais lorsque nos regards se croisent, je ne réponds plus de rien.
Je t'attire par la main puis te guide jusque dans le vestiaire afin d'avoir un peu d'intimité. Je plonge sur tes lèvres sans même te demander ton avis mais je te connais et je sais que tu en as envie, besoin, toi aussi. Tes mains conforment mon impression et glissent jusque dans mon boxer, caressant mes fesses au passage. Tu mordilles mon cou, m'entraînant dans un tourbillon dévastateur mais soudain, mon cerveau réagit à tes paroles.
— Putain c'que tu m'manques, râles-tu en me plaquant contre le mur, embrassant mon cou tel un affamé. Quand est-ce que tu reviens chez nous ?
Je te repousse doucement et surtout à contre cœur, c'est une sensation horrible. Je sais que tu as enfin le rendez-vous que je te demandais mais ce n'est pas aussi facile. Chaque jour sans toi me rappelle que tu m'as menti, que tu... Rien que d'y penser, j'ai envie de te frapper, puis de te prendre dans mes bras.
— J'ai encore besoin d'un peu de temps, peut-être ce weekend, dis-je une main sur ton torse. Je peux pas te dire Killian, j'en sais rien à vrai dire. Même si cette séparation est aussi horrible à vivre pour toi que pour moi, je crois qu'on en a besoin.
Tu mords ta lèvre et fuis mon regard, ta pomme d'Adam faisant l'ascenseur, prouvant tes difficultés à avaler mes mots.
— Je vois pas comment on pourrait se réconcilier si on ne se parle pas, si on ne se voit pas. Je pige pas ta logique en fait, râles-tu en croisant les bras sur ton torse nu sur lequel j'évite de m'attarder.
Je ferme les yeux un instant puis recule jusqu'au mur et m'y adosse. Je t'observe serrer les dents, ton regard aussi froid que la glace de la banquise.
— Il n'y a aucune logique, juste un besoin que je ressens. Tu m'as blessé et ça me fait toujours mal. Tu peux comprendre ça ?
Tu mordilles nerveusement ta lèvre, évitant mon regard. Je souffle fort.
— Je crois que j'ai ma réponse. Tu comprends pas, parce que t'essaies même pas de te mettre à ma place, soupiré-je. Je crois que t'as encore besoin de réfléchir toi aussi.
Tu me dévisages l'air perdu mais je n'ai pas la force de t'éclairer plus.
Je t'abandonne dans le vestiaire avec une sensation de n'être qu'un tas de cendres insignifiantes qui pourraient s'envoler au moindre coup de vent. Et ce vent destructeur, c'est toi qui le contrôles et t'en n'es même pas conscient. T'es comme une tornade en ce moment, tu détruits tout sur ton passage, sans même un regard sur les dégâts que tu provoques et que tu laisses derrière toi.
Je quitte l'agence à la hâte et prends le bus qui monte à l'observatoire afin de mettre de l'ordre dans mes pensées. Là-haut sous la voûte céleste, la vue imprenable sur la ville me rassure. Le paysage qui s'étale devant mes yeux n'a pas changé depuis la dernière fois, il est là, comme une constante en qui je peux avoir confiance. Je me demande tout à coup si je peux encore croire en toi, en nous.
Même si tu as enfin pris rendez-vous, je n'arrête pas de me demander si tu le fais pour me faire plaisir ou si vraiment tu veux aller mieux. Je me pose dix mille questions, mais la seule à laquelle j'aimerais une réponse maintenant c'est ; est-ce que tu vas bien ? J'aimerais plus que tout être à tes côtés, te montrer mon soutien et mon amour mais je sais que les trois jours qui restent avant ton rendez-vous sont utiles. J'espère que tu utiliseras ce temps pour réfléchir aux choses que tu dois régler. Je pense que c'est le moment de laisser ton passé derrière toi mais je ne sais pas si tu en es capable.
Alors que la nuit tombe et qu'aucune étoile n'a su me donner de réponses, je prends le chemin du retour à pieds, l'esprit somme toute plus léger. Je retrouve Rosie à son appartement, en train de s'affairer en cuisine.
— Je peux t'aider ? demandé-je en déposant mes affaires dans l'entrée.
Elle pose la spatule qu'elle a en main et court me sauter dans les bras.
— T'étais où bon sang !? Il est super tard !
— Je suis désolé, j'ai pas vu le temps passer, dis-je en la relâchant. J'avais besoin de réfléchir mais je vais bien.
Elle retourne à sa casserole d'où s'élève une bonne odeur de sauce tomate.
— T'as vu Killian aujourd'hui ? C'est pour ça que t'avais besoin de temps ?
J'essaie de me concentrer sur l'eau qui bout dans la deuxième casserole. Les petites bulles qui remontent me détendent. J'y jette les spaghettis et en ajoute une poignée de plus, au cas où il n'y en aurait pas assez.
— Je l'ai vu et... ça ne s'est pas passé comme je l'aurais espéré.
— Je suis désolée frangin, je sais que tu souffres mais je pense que lui aussi, dit-elle en me dévisageant tendrement.
Je soupire, elle saisit ma main. Nos regards s'ancrent l'un à l'autre quelques instants.
— Je sais ce que tu vas dire et non, je ne lui trouve pas d'excuses. Je pense sincèrement qu'il est paumé et qu'il ne sait pas comment se faire pardonner, qu'il ne sait pas comment gérer sa culpabilité et qu'il souffre de cette situation. Laisse-lui du temps et ne sois pas trop dur avec lui.
— Ok, on retourne à nos pâtes à la bolognaise ?
Elle sourit et n'insiste plus sur le sujet. Après quelques minutes passées à surveiller le repas, on s'installe sur la petite table de la cuisine, la salière et le poivrier entre nous. Mon assiette fumante semble appétissante mais mon estomac est toujours noué par les paroles de ma sœur. Je pense qu'elle a raison, que je dois te laisser le temps de trouver comment te pardonner toi-même. Je sais que ce sera difficile, que la culpabilité est une émotion insupportable et c'est ce qui me pousse à te laisser le temps qu'il te faut.
Après le repas et un film que Rosie avait choisi, je réinstalle le canapé-lit et attrape mon portable afin de t'envoyer un message. Allongé sur le drap, le regard plongé sur la lune, je pense aux mots que j'aimerais te dire. Mes doigts glissent sur le clavier au fur et à mesure que mon cœur s'allège.
« Ce soir je me sens seul et je sais que toi aussi tu dois te sentir abandonné mais je voudrais que tu saches que ce n'est pas le cas. Je sais que je t'ai dit que j'avais besoin de temps mais il file et j'ai l'impression de te perdre chaque minute un peu plus. J'aimerais pouvoir effacer certaines choses et faire comme si elles n'étaient jamais arrivées mais je ne peux que tenter de les accepter si je veux aller de l'avant. Je t'aime et j'aimerais être capable de t'offrir un monde où tout irait bien, où tout serait toujours beau mais ça n'existe pas et même si la vie est parfois moche, il se cache toujours un rayon de soleil derrière les nuages. Je suis certain que toi et moi sommes fait pour vivre une belle histoire et je suis très fier que tu aies pris ce rendez-vous chez le psy. Je serai là lundi pour t'y accompagner, je te le promets. Je t'aime si fort qu'être séparé de toi m'est insupportable mais je sais que cette séparation temporaire était nécessaire. J'ai hâte de te voir. Tu me manques énormément. Je te souhaite un bon weekend, je t'aime. »
J'éteins mon portable et le pose sur la table basse. Demain est un autre jour et on a prévu de voir notre mère. Ça fait six mois que je n'ai pas eu de ses nouvelles et même si elle me manque, j'appréhende déjà ses remarques et son comportement. Je suis fatigué de tout ça, de pas savoir où est ma place par moment.
Je m'endors en pensant à toi, je m'imagine dans tes bras, contre ta peau, dans mon univers. Je peux presque sentir tes mains sur mon corps, ton regard brillant dans le mien et notre amour ne faire qu'un. Si nous étions dans un conte, tu serais au pied de l'immeuble, un genou à terre à me demander mon pardon. Mais pas de conte, ni de fée, juste une réalité trop rude et un manque trop tranchant, un vide qui m'aspire dans les abysses sans me laisser l'occasion de respirer. Je me sens si seul et pourtant, penser à toi est un supplice, une torture qui ne s'arrête qu'au petit matin lorsque les premiers rayons du soleil passent à travers les lamelles des stores.
Cette journée est finalement aussi morose et grise que la précédente. Maman n'est pas venue et Rosie lui en a voulu. Moi aussi. Mais avant de rentrer, j'ai eu envie de passer dans une boutique, j'hésitais, mais Rosie m'a tellement saoulé que je me suis dit que c'était la meilleure idée de ma vie. C'est peut-être une folie mais je veux y croire. Et ça a rendu ma journée beaucoup plus colorée, comme si un arc-en-ciel s'était dessiné au-dessus de ma tête. J'ai retrouvé le sourire pendant un moment, avant que l'angoisse ne reprenne le dessus
On a finalement passé notre après-midi sur le canapé, à évacuer notre frustration en mangeant de la glace puis le soir a fait son apparition, enfin la nuit a posé sur nous ses plus belles étoiles. Elle m'a porté conseil et même si je dois attendre dix-sept heures avant de te revoir, je suis rempli d'espoir et de pensées positives. Rosie a été une fois encore la gardienne de mon cœur, comme quand nous étions petits. Elle a pourtant, comme moi, été brisée et jamais totalement colmatée.
Quelque chose en nous n'a jamais grandi mais ce n'est pas notre cœur car lui, est immense et capable de voir le bien en chaque personne. Notre âme par contre, est minuscule, comme une toute petite lueur au-dessus de l'océan, semblable à une luciole volant dans le vent marin, aussi fragile qu'une aile de papillon. Un jour peut-être, mon âme saura comment s'épanouir, un jour elle aura la force de le faire et je ne sais pas pourquoi, mais je crois que c'est pour bientôt.
Ce matin, je suis certain que c'est le jour où tout va changer dans nos vies. Je suis persuadé qu'il marque le début d'un renouveau, qu'il est la preuve que la roue a enfin tourné pour nous. J'ai trop souffert pour me laisser aller à la mélancolie, j'ai trop donner sans rien attendre en retour. Aujourd'hui, je prends mon destin en main et secoue la boule à neige dans laquelle il est coincé depuis trop longtemps. Chaque flocon qui s'envole est un message à l'univers, une prière à la terre, un appel à ton cœur et c'est rempli d'un espoir à toutes épreuves que je prépare mon sac afin de te retrouver dans le centre-ville. Un sourire étire mes lèvres et réchauffe mon cœur, je suis confiant.
— T'as l'air heureux Tim, me dit ma sœur, appuyée sur le bar de la cuisine. J'espère que ces retrouvailles seront positives, pour vous deux.
Je pose mon sac à ses pieds et la prends dans mes bras. Elle sent la vanille et son Bubble-gum goût licorne qui ressemble plus à de la myrtille selon moi.
— Merci Rosie, j'espère que cette semaine passée chez toi ne t'a pas trop embêté et que tout s'arrangera.
— Pas du tout et j'ai une bonne intuition, je suis certaine que ça se passera bien. N'oublie pas que je vous aime tous les deux et que vous méritez d'être heureux. Allé, file ou tu vas être en retard.
— Ouais, faudrait pas qu'il s'inquiète. Je veux qu'il sache que je suis là pour lui. Moi aussi je t'aime frangine, dis-je en déposant un bisou sur son front.
Je descends sur le trottoir et traverse la route jusqu'à l'arrêt de bus, le cœur pédalant plus vite que mes jambes ne l'ont jamais fait sur mon vélo bleu. J'ai hâte de te retrouver et hâte de voir si cette journée est bien l'une d'un conte de fée.
❤❤❤
Hello !
J'espère que ce chapitre vous a plu ?
Comment vont se passer les retrouvailles entre Tim et Killian ?
On se retrouve au prochain chapitre ?
Des bisous (* ̄3 ̄)╭❤
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