Twinkle se glisse sous le lit
1 087 jours avant...
🌵🌵🌵 TW→
Timothy
J'entends l'eau couler depuis plusieurs longues minutes. Après le petit déjeuner, je t'ai senti plus réservé, presque distant et je n'arrête pas d'y penser depuis qu'on a quitté la table. Tu t'es quasiment enfui dans la salle de bain, comme si j'avais fait quelque chose de mal. J'espère que ce n'est pas le cas. Je ne veux pas faire fuir les gens mais en ce moment, c'est comme si ma présence n'était désirée nulle part.
J'ai rangé mes affaires dans mon sac et l'ai laissé sur le lit que j'ai refait. Discrètement, je me suis glissé dans ta chambre en passant par le couloir, curieux de découvrir ton univers. J'admire tes posters de baseball sur lesquels on peut voir tes joueurs préférés, tes trophées aussi. Tu joues au baseball, je note. Ta bibliothèque impressionnante contraste avec tes stickers en étoiles fluorescentes collés au plafond. Sur la table de chevet, la photo d'une femme aux cheveux bruns et d'un petit garçon trône près de la lampe. Je suis certain que c'est ta mère, tu lui ressembles énormément. Vous avez les mêmes yeux ambrés et les fossettes sur vos joues souriantes sont semblables.
Soudain, je réalise que tu m'as parlé de ton père au petit déjeuner et pas de tes parents. Est-ce que ta mère est encore en vie ?
La porte de la salle de bain s'ouvre tout à coup sur toi, vêtu d'une simple serviette bleue enroulée autour de ta taille, me faisant sursauter. Tu te sèches les cheveux dans une autre, ne me remarquant pas. De mon côté, je constate immédiatement que tu es plus athlétique que moi. La blancheur de ta peau fait ressortir tous tes muscles. Apparemment, la course à pied fait des miracles sur tout ton corps. Faudrait peut-être que j'essaie.
Alors que je t'observe encore, nos regards se croisent soudain, s'entrechoquent comme deux comètes en pleine course interstellaire.
- Tu... Qu'est-ce que tu fais dans ma chambre ? demandes-tu en lâchant de surprise, la serviette par terre.
Tu la ramasses tranquillement. Je me relève et me retourne lorsque tu ouvres ton armoire, nu comme un ver. Je note que tu n'es pas pudique.
- Désolé, j'étais curieux. Je vais te laisser t'habiller et aller me doucher, ensuite je rentrerai chez moi, dis-je en me frottant la nuque.
Tu claques la porte de l'armoire et plantes ton regard dans le mien, indéchiffrable mais aussi profond que l'océan.
- Tu n'es pas obligé de partir si vite. On n'a même pas discuté de pourquoi t'es là, même si j'en ai une petite idée.
- Killian, je veux pas t'embêter avec ça, c'est pas si grave. En plus je suis parti de chez moi sans dire où j'allais. Ma mère doit s'inquiéter.
Enfilant ton t-shirt en jurant en italien, tu me demandes de lui dire que je passe la journée hors de la maison. J'ai pas l'habitude de faire ça et je ne sais pas si c'est une bonne idée. J'ai pas envie d'envenimer la situation déjà compliquée avec ma mère et mon beau-père.
- Killian, je devrais rentrer je crois.
Ta main enlace mon poignet, tu m'attires à toi avec douceur. J'oublie pour un instant la maison, mon beau père, ma mère et nos disputes. Je ne remarque que la bienveillance dans ton regard et ton corps trop près du mien ou trop loin, je ne sais plus trop à cet instant.
- Excuse-moi, je voulais pas insister, soupires-tu. Je voulais simplement t'aider mais je fais n'importe quoi, comme d'habitude.
Tu me relâches et recules d'un pas, ébouriffant nerveusement tes cheveux bruns en bataille. Tu ronges ton pouce, évitant mon regard et soudain je sens le froid m'envahir comme s'il neigeait au-dessus de nous.
- J'apprécie ton aide et je te remercie de m'avoir donné un endroit pour dormir cette nuit mais il faut que je rentre. On discutera une autre fois, c'est pas si important, dis-je à contre cœur.
Tu mordilles ta lèvre, accrochant mon regard. Le tien s'assombrit.
- Ok, je sais qu'on ne se connait pas depuis longtemps mais... pourquoi tu me mens Tim ?
Je me rassois sur ton lit, pas vraiment serein. Au fond de moi, c'est un tourbillon de pensées qui remue mon estomac.
- Peut-être parce que je ne sais pas quoi faire ?! Peut-être parce que j'ai la trouille ! Parce que j'ai honte aussi, dis-je en relâchant tout mon corps.
A genoux devant moi, tes mains sur mes cuisses, tu cherches à capter mon regard. Je t'évite la boule au ventre.
- Tim, t'as pas à avoir honte de quoi que ce soit. Ce que ton beau-père a fait, c'est pas normal. Il n'a pas le droit de te jeter de chez toi parce que tu n'es pas comme il le voudrait. Il n'a pas le droit de te rejeter parce que tu es homosexuel. Et me dis pas que tu dois rentrer chez toi, Rosie m'a dit que tu ne voulais pas y retourner et que tu n'y étais plus le bienvenu.
Ton ton est doux, rassurant, mais au fond de moi, je n'arrive pas à croire à tes paroles. Roger me déteste et je ne peux rien faire contre ça. Il ne veut plus me voir sous son toit et je ne sais pas quoi faire mis à part le détester pour ça.
- Je ne veux pas y retourner mais j'ai nulle part où aller.
- Tim, tu sais que tu peux rester chez nous si tu veux. On a de la place et personne ne viendra te chercher ici.
- Il faut que j'y réfléchisse Killian. Est-ce que je peux utiliser la salle de bain ?
- Bien sûr, vas-y, dis-tu en soupirant.
Cette pièce est plus grande que ma propre chambre et la douche devrait avoir un mode d'emploi. Bon sang pourquoi est-ce si compliqué à utiliser ? Après avoir tout essayé, j'arrive enfin à faire fonctionner le jet. Je m'y glisse en repensant à tout ce qui s'est passé depuis mon arrivée. Je me rends compte que je ne te connais pas vraiment et que j'ai beaucoup de mal à te suivre, tes réactions m'interpellent.
Parfois ton humeur semble changer aussi vite que la couleur de l'océan et dans ce monde en perpétuel mouvement, je chasse les étoiles et toi le soleil. On est très différent mais j'ai envie de te connaitre, j'ai besoin de savoir qui tu es Killian. Je veux savoir qui se cache réellement derrière l'ambré de ton regard, derrière cette retenue mais aussi cette fougue que tu sembles contenir. Je veux comprendre qui tu es vraiment. Qu'est-ce qui fait que tu es toi, qu'est-ce qui t'anime et quelles sont tes peurs. Tu dois bien avoir des rêves toi aussi, non ? Soudain, je veux tout savoir de toi.
Je referme le jet de la douche et m'enroule dans une serviette en soupirant. Je file me rhabiller et mon sac sur le dos, je te rejoins dans ta chambre. Assis sur ton lit, on dirait qu'un orage gronde au-dessus de ta tête que tu gardes baissée.
- Tout va bien ? demandé-je en m'approchant.
Tu relèves la tête, essuies ta joue d'un geste rageur. Est-ce que tu pleurais ? Qu'est-ce que j'ai encore fait bon sang.
- Ouais ça va. Tu veux toujours rentrer chez toi ?
- Je crois que c'est mieux. Il faut que je parle à ma mère sans que Roger ne soit là. Mais j'ai aussi envie de te revoir, est-ce que tu es d'accord ?
Tu te lèves et timidement, prends ma main dans la tienne, ton regard me surplombant de quelques centimètres. Une distance de plus mais celle-ci ne me dérange pas.
- Je suis libre tous les jours, dès dix-sept heures. Tu m'appelles ?
- Je t'appelle.
Attrapant fermement ma main, tu m'entraînes dans le couloir puis dans l'escalier qui mène à l'entrée lorsque la porte s'ouvre sur Alfred, suivit d'un homme dans la cinquantaine, cheveux blonds cendrés, aussi grand que toi. Tu lâches ma main et laisse passer ton majordome. Ton sourire s'illumine, semblable à celui de l'homme en face de toi.
- Bonjour 'pa ! t'exclames-tu en le serrant dans tes bras.
Le regard bleu de celui-ci me sonde de haut en bas alors qu'un sourire rassurant étire ses lèvres. Il dégage une chaleur réconfortante qui me rassure immédiatement.
- Bonjour fiston, comment tu vas ?
Tu le relâches et te décales à côté de moi.
- Je vais bien. Je te présente Timothy, il allait partir.
- Enchanté jeune homme et bonne journée puisque tu pars, me dit-il en souriant.
- Au revoir monsieur et bonne journée à vous aussi. Salut Killian, dis-je aussi gêné que mal à l'aise.
- Je t'accompagne jusqu'au portail, il faut le code pour l'ouvrir, précises-tu en m'emboîtant le pas.
Je fais un signe de tête à ton père et je te suis dans l'allée de gravier, dépassant la Jaguar bleue garée, que j'imagine appartenir à ce dernier. Tout semble si irréel tout à coup. J'ai l'impression de quitter le manoir de Bateman, même si tu m'as avoué que ce n'était pas toi. C'est peut-être ton père. Bref, je divague et tu m'observes alors que le portail en fer s'ouvre lentement devant nous, comme pour nous laisser quelques instants de plus. Je récupère mon vélo bleu resté contre le mur. Le vent souffle et les cigales chantent encore sous le soleil d'octobre mais je ne vois que ton sourire, plus lumineux que l'astre dans le ciel orangé.
- Tu m'appelles Tim, dès que tu peux.
Je sens une pointe d'angoisse dans tes paroles, comme si tu avais peur que je ne le fasse pas, comme si tu craignais de jamais me revoir et j'ai soudain peur moi aussi que ça puisse arriver.
- Dès que je peux, oui. Merci pour cette nuit. Je te promets qu'on discutera la prochaine fois. Et si je t'offrais un milkshake pour notre prochain rendez-vous ?
Tu sourcilles, souris.
- Un rendez-vous ? Pourquoi pas. Ça me plairait bien Timothy.
- Dans ce cas, c'est officiel. Je t'appelle pour ce... rendez-vous.
Je t'embrasse la joue et pousse mon vélo. Je te jette un dernier regard et file dans la rue calme de ce lundi matin.
- Bye Killian ! crié-je en me retournant une dernière fois, manquant de me gaufrer au passage en évitant un trou dans le bitume.
- Fais attention à toi ! cries-tu à ton tour.
Mon estomac picote et me donne des ailes pour pédaler plus vite que jamais. En moins d'une heure je suis devant la maison. Il n'est pas très tard et normalement Roger ne rentre pas le midi. Ma mère doit être à la maison, elle travaille à mi-temps seulement. Je dépose mon vélo contre le mur en évitant d'écraser le parterre de fleurs si précieux de Roger-sale-con et entre en lançant mes clés sur le meuble de l'entrée sur lequel tout un tas de bric-à-brac s'amoncèle.
- Maman ? dis-je en entrant dans cette maison qui me semble si petite tout à coup.
- Timothy ! crie-t-elle en courant vers moi. T'étais où bon sang ? On s'est inquiété pour toi !
- Qui ça « on » ? Pas Roger en tout cas, dis-je rageusement.
Ma mère m'observe en évitant mon regard. Le mien va vers Twinkle qui se frotte à ma jambe comme si je lui avais manqué. Je l'attrape et le serre fort contre moi. Il ronronne tandis que ma mère essuie une larme sur sa joue.
- Je sais qu'il n'a pas été tendre avec toi, je suis désolé mon chéri.
- Pas tendre ?! Il m'a giflé maman ! Et dis des mots horribles. Je ne veux pas rester ici s'il y est.
Ma mère fronce les sourcils, gratte son poignet. Elle est nerveuse, peut-être plus encore que moi.
- Timothy, on est marié et c'est sa maison. Je... ne me demande pas de choisir entre mon fils et mon mari, je t'en supplie. Je ne pourrais pas faire ce choix.
- Maman, il me déteste et c'est réciproque. Je ne veux plus vivre sous le même toit que lui, tu peux comprendre ça, non ? Et ça t'arrange, t'auras pas à faire le choix puisque je décide de partir !
Ma mère m'attrape soudain le bras, son regard affolé me dévisage.
- Timothy, non. Ne pars pas, s'il te plait. Je lui parlerai, il comprendra.
Elle tente de me retenir, Twinkle saute parterre mais reste à mes côtés.
- Tu veux lui parler de quoi ? Il ne veut pas de moi ici et moi je ne veux plus y vivre ! C'est réglé, je pars !
Je n'attends même pas la réponse de ma mère et monte dans ma chambre chercher quelques affaires de plus. Je remplis mon sac à dos lorsque la porte s'ouvre avec fracas sur Roger, rouge de colère. Il semble encore plus énervé qu'hier. Il fait un pas dans ma chambre alors que Twinkle se glisse sous le lit, terrorisé lui aussi.
Pourquoi est-ce qu'il est là ce con ? Je crains de connaitre son point de vue.
- Espèce de sale morveux ! Je t'ai nourri, logé depuis que je suis avec ta mère et c'est comme ça que tu me remercies ? En m'insultant ?! Espèce de petite pute ! Et tu vas où comme ça ?! demande-t-il en observant mes affaires éparpillées sur mon lit.
Je recule d'un pas et avant que je ne puisse ouvrir ma bouche, sa main s'écrase lourdement sur ma joue. Ça brûle, autant que ce mot que j'aurais préféré ne jamais réentendre. Je retiens une violente envie de vomir, la main sur mon cœur en panique.
- Sache que si tu pars, je te retrouverai. Tu peux pas partir comme ça Timothy ! hurle-t-il en me lançant un regard noir.
Je retiens mes larmes, mon cœur battant plus vite que jamais. Je sens les ténèbres m'engloutir petit à petit.
- Pourquoi tu tiens tant que ça à ce que je reste puisque tu me détestes ?!
Un sourire sadique étire sa bouche qui ne sait que cracher des horreurs. Mon estomac se tord de haine.
- Parce que j'en ai le droit et que je vais te faire revenir dans le droit chemin Timothy. Parce que ta nouvelle lubie de penser aux garçons là, c'est pas normal.
Son sourire s'étire une fois de plus et rouvre une cicatrice encore à vif dans mon cœur. C'est comme s'il essayait de me déchirer en deux avec ses mots, sa haine.
- Va te faire foutre Roger !
Je hurle pour atténuer la douleur mais ça ne fonctionne pas. Une deuxième gifle, plus forte encore que la première, secoue ma tête, me faisant tomber sur mon lit.
- Ne me parle plus jamais comme ça ou tu pourrais le regretter Timothy, dit-il en me pointant du doigt.
Il rit et claque la porte derrière-lui, me laissant seul avec toute la haine qu'il vient de déverser sur moi.
Assis contre la tête de lit, mes jambes repliées contre mon torse, je me tiens la joue. J'entends mon sang battre dans toute ma tête et je la sens tourner comme si j'étais dans un manège lancé à grande vitesse. Twinkle ressort de sous le lit et monte sur mes genoux, sa petite tête grise m'observant pleurer. Les larmes aux yeux et le cœur déchiré en deux, je décide de laisser un mot pour ma mère et ma sœur sur mon bureau. Je ferme mon sac à dos et fait glisser mon chat dans son sac de transport. Je glisse le sac sur mon dos et passe par la fenêtre car j'entends les voix de Roger et de ma mère qui s'engueulent dans le salon.
Je quitte cette maison dans l'espoir de ne jamais la revoir.
❤❤❤
Hello vous,
J'espère que ce chapitre, un peu difficile je l'avoue, vous a plu ?
Est-ce que Timothy va vraiment quitter sa famille ? Est-ce que Roger le laissera faire ?
On en saura plus bientôt !
Merci de m'avoir lue et à samedi prochain...
Des bisous (づ ̄3 ̄)づ╭❤~
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