Toutes tes nuits

1 051 jours avant...


🌻🌻🌻

Timothy

Le weekend est arrivé mais ton père le passe à l'extérieur, ce qui veut dire que toi et moi sommes seuls dans cette immense maison. Je me suis perdu dans le garage, grignotant une pomme que j'ai piqué sur le comptoir de la cuisine. Je flâne entre les véhicules qui doivent coûter plus encore que ce que je ne pourrais jamais dépenser durant toute ma vie. Planté devant une Shelby Cobra d'un bleu magnifique, je me demande tout à coup si tu es un des descendants de son constructeur.

Je sens soudain tes mains sur ma taille, ta bouche chaude contre mon cou. Je frissonne et tu ris. J'aime entendre ton rire, il ressemble à la mélodie parfaite d'une symphonie orchestrée juste pour moi.

— Qu'est-ce que tu fais ici tout seul Tim ? marmonnes-tu dans mon cou.

— Figure-toi que je me demandais si tu étais l'un des descendants des Shelby qui ont inventé cette marque de voiture ?

Ton souffle me chatouille l'épaule.

— Non, mon père est bien d'origine irlandaise mais sa famille a fait fortune dans le Whiskey en venant le vendre ici aux Etats-Unis il y a bien longtemps. Tu veux faire un tour avec la Cobra ?

Je me retourne et te dévisage pour savoir si tu te fiches de moi.

— Ça va pas !? J'ai jamais conduit autre chose que la voiture pourrie de ma mère. Je veux pas la fracasser avant d'avoir passé le portail de chez toi. Non, je préfère pas.

— Ok, comme tu veux, ris-tu. On sort de là ? Je voudrais te présenter quelqu'un.

Je sourcille mais me crispe sur la main que tu me tends, pas très à l'aise.

— Et qui est-ce ?

— Juste ma voisine un peu folle ! Elle ne mord pas je te promets, ajoutes-tu en réponse à ma grimace.

Arrivé dans le salon, une jeune femme aux cheveux blonds pris dans un chignon négligé haut sur sa tête, observe le jardin. Elle se retourne en faisant virevolter sa robe à fleurs en nous entendant et son sourire me rassure immédiatement. Elle n'a pas l'air de mordre c'est sûr.

Tu m'attires par la main puis te colles à mon dos quelques instants avant de me relâcher. T'as l'air nerveux à côté de moi à gigoter en glissant ta main dans la mienne. Elle nous observe et sourit plus encore.

— Je te présente ma meilleure amie Alicia, dis-tu avec un sourire semblable au sien. Alicia... Voici Timothy.

Je sens tout de suite votre complicité et je crois bien que je suis un peu jaloux. On s'échange une accolade puis Alicia propose qu'on aille dans le jardin pour boire quelque chose. On dirait presque qu'elle est chez elle, déambulant entre les meubles comme si elle connaissait leur emplacement par cœur. C'est certain, je suis jaloux.

— Alors Tim, comment ça se passe avec l'asticot ? Il n'est pas trop chiant ? me demande Alicia en versant du thé glacé dans les verres disposés sur la table.

Je ne relève pas ce surnom mais souris en voyant ta tête.

— Ça se passe bien je crois. Il n'est pas si insupportable que ça, dis-je en te chatouillant les côtes.

Tu sursautes et râles.

— Pour commencer je ne suis pas chiant ! C'est les autres qui m'agacent !

Tu sors ton paquet de cigarettes et t'en allumes une sous le regard réprobateur d'Alicia qui croise les bras sur sa poitrine.

— Tu vas dire que je t'agace Kiki mais on dit ce sont les autres qui m'agacent et tu devrais vraiment arrêter de fumer, souffle-t-elle en buvant une gorgée de son thé glacé.

Elle n'a pas tort mais je préfère ne pas en rajouter, tu sembles assez nerveux aujourd'hui et je me demande pourquoi d'ailleurs. Tu continues de râler sur le reste du monde tandis qu'Alicia te tient tête. Je commence à bien l'aimer ta meilleure amie. Moi je n'en ai plus depuis que j'ai dévoilé mon homosexualité à la personne qui se rapprochait le plus d'un meilleur ami au lycée. Après ça, il a commencé à me fuir puis à m'ignorer jusqu'à ce que je laisse tomber notre amitié. Ce n'en était pas vraiment une quand j'y pense. J'étais plus comme un larbin, celui qui lui faisait ses devoirs sans rechigner, plus qu'un ami. Enfin, je crois que je suis mieux sans lui finalement.

Après vous avoir écouté pendant au moins dix minutes sans pouvoir l'ouvrir au milieu de votre joute verbale, Alicia se tourne soudain vers moi, un sourire malicieux sur le visage. Elle fait glisser sa chaise près de moi et chuchote à mon oreille.

— Est-ce que ça va ? Tu dis plus rien depuis un bout de temps.

— Oui ça va, je suis juste admiratif de votre amitié. Vous savez que vous terminez la phrase de l'autre ? C'est presque flippant.

— C'est comme ça depuis qu'on est tout petit. Nos mamans étaient les meilleures amies du monde et j'ai toujours voulu avoir une meilleure amie mais les filles me soulent. Je me suis donc rabattu sur mon voisin. Il faut avouer qu'il n'est pas si mauvais en tant qu'ami, j'ai de la chance de l'avoir, dit-elle en te faisant un clin d'œil.

Tu y réponds en lui tirant la langue mais tes yeux brillent de joie.

— Puisque j'ai l'air de gêner, je vais aller changer l'eau du canari ! râles-tu en nous abandonnant dans le jardin.

Alicia te suit du regard puis le reporte sur moi, l'air soudain très sérieuse. Elle pose sa main sur mon avant-bras et se rapproche encore. Ses yeux bleus me scrutent intensément, j'en ai presque des frissons dans le dos.

— Je sais qu'il peut paraître sûr de lui et arrogant parfois mais il est bien plus fragile que ce que tu crois. Je te préviens Timothy, si tu lui brises le cœur, je fais de la viande hachée avec le tien, dit-elle avec un grand sourire.

Je déglutis et tente de sourire mais je n'en ai plus très envie tout à coup.

— J'ai pas l'intention de lui briser le cœur si ça peut te rassurer, dis-je en fuyant son regard.

Elle se met à rire et relâche mon bras.

— Détends-toi Tim, je plaisante... à moitié. Fais attention à lui, vraiment. Je sais qu'il ne montre rien mais au fond de lui, il garde tout jusqu'à ce que ça explose. Je suis là si tu as besoin de conseils. Si tu me laisses devenir ton amie, je t'offrirai tous les milkshakes du monde et je garderai vos secrets à Killian et toi.

— Je veux pas le forcer à me parler s'il ne se sent pas prêt. Il le fera quand il en aura envie mais j'accepte volontiers ton amitié, surtout pour les milkshakes !

Elle m'embrasse la joue alors que tu reviens t'assoir à mes côtés, ta main glissant sur ma cuisse. Je me sens bien avec vous et j'oublie presque qu'on m'a fichu dehors de chez moi il y quelques jours. L'après-midi se poursuit et entre plongeons dans la piscine et courses-poursuites dans le jardin, on commence à avoir faim. Alicia propose qu'on commande quelque chose puisqu'Anna n'est pas là et qu'on se regarde un film.

Je l'apprécie de plus en plus cette fille. J'aime sa façon de voir la vie, d'aimer les humains et de vouloir les aider. Ses études d'infirmière ne m'étonnent même pas, elle a un grand cœur et je suis heureux d'avoir fait sa connaissance aujourd'hui. On passe une excellente soirée et il est près de minuit quand elle rentre chez elle, nous laissant seuls avec le reste de la nuit devant nous.

— Alors beau gosse ? T'es fatigué ? demandé-je en baillant soudain.

Tu m'attires dans tes bras, humant mon cou puis la base de mes cheveux en marmonnant.

— Non pas vraiment mais je monterai bien dans notre chambre, dis-tu en m'observant quelques secondes avec des yeux pétillants.

Tes mots réveillent soudain mon cerveau.

— Comment ça notre chambre ?

Ta main caresse ma joue. Je me mords la lèvre.

— J'ai envie que tu passes la nuit avec moi, dans mon lit. Enfin pas une seule nuit, toutes les prochaines nuits. J'en ai marre qu'une salle de bain nous sépare. Qu'est-ce que tu en dis ? murmures-tu contre mon cou.

C'est tout réfléchi.

— J'en ai envie moi aussi.

Ton sourire s'agrandit pour prendre toute la place sur ton visage. Tu es magnifique à cet instant. Je ferme les yeux pour graver ton image dans mon cerveau. Je sens ta main glisser dans la mienne et je te laisse nous emmener dans notre chambre. Après un rapide passage à la salle de bain, je me glisse dans ton lit, enlevant mes lunettes au passage. Le matelas est super confortable. Tu ressors après moi et me rejoins dans le lit, souriant comme un bien heureux.

— Ça me fait bizarre d'être là, dis-je en t'observant te rapprocher de moi.

Ton visage à quelques centimètres du mien, tu souris plus encore.

— Moi je trouve ça très agréable.

— C'est vrai que c'est plus sympa que chacun dans sa chambre, dis-je en me grattant l'intérieur du poignet.

Tu me rends nerveux et ton regard sur mon geste ne m'aide pas vraiment.

— Est-ce que tu vas enfin me dire ce que représente ton tatouage ? C'est quoi ce cœur ailé ? demandes-tu en embrassant mon épaule.

J'observe ce cœur présent depuis plusieurs années sur ma peau avec la boule au ventre.

— En fait, il représente le départ de mon père et de mon frère. Une sorte de rappel que quelque part au Canada vit maintenant mon père. Et Jackson, quelque part entre ici et là-bas.

Tes lèvres se posent à nouveau sur mon épaule, puis se rapprochent de mon cou que tu humes en me chatouillant.

— Est-ce qu'ils te manquent ?

Je ravale une larme qui tente de rouler sur ma joue sans y parvenir. Tu l'embrasses avec tendresse.

— A ton avis ? Bien sûr qu'ils me manquent. Enormément. Plus encore aujourd'hui puisque maintenant je ne vis plus avec ma mère et Rosie.

— Est-ce que tu regrettes d'être parti ? demandes-tu en faisant la moue, ta main plongeant dans mes cheveux.

— Non, pas du tout. Je crois que je supportais cette situation depuis trop longtemps. Je suis triste de ne plus vivre avec elles c'est sûr mais je suis heureux d'être là, avec ton père et toi. Au fait, il ne veut toujours pas que je lui paie de loyer.

Tu ris, faisant revenir le sourire qui avait disparu de mon visage.

— Je t'avais prévenu... et si on dormait ? chuchotes-tu en baillant.

Je t'observe un instant, me demandant comment tu fais pour vivre sans ta mère à tes côtés. L'envie de te le demander me traverse l'esprit mais aussitôt les paroles d'Alicia me coupent dans mon élan. J'ai pas envie que mon cœur finisse en viande hachée. Un jour quand je serai certain de ne pas te blesser en te le demandant, je te parlerai de ta mère. En attendant, tes yeux se ferment et la lueur ambrée de ton regard disparait dans l'obscurité. Je t'embrasse le bout du nez et te murmure bonne nuit. Tu me réponds à peine, tes mains m'attirant contre ton torse. Je ferme les yeux et profite de la chaleur de ton étreinte, si douce, si réconfortante. Je me sens bien dans tes bras et je réalise que je ne voudrais pour rien au monde que ça s'arrête. Je ne veux plus jamais dormir seul.

Je m'endors vite, bercé par ta respiration régulière. Je rêve de toi, de mon père et de Jackson puis de Rosie et de ma mère. Puis l'image s'étiole et laisse place au visage de Roger me hurlant dessus. Je me réveille en sueur, cherchant à savoir où je suis. Je réalise que tu n'es plus là. Je cherche à tâtons mes lunettes. Il est trois heures du matin et le lit est vide et froid.

Je me relève et te cherche mais évidemment dans la nuit, je ne vois rien, mis à part un point lumineux sur la porte de la salle de bain. Je frappe deux petits coups après t'avoir entendu y faire du bruit.

— Killian, est-ce que ça va ?

— Ouais, j'arrive.

J'entends le robinet couler puis la porte s'ouvre sur toi. Ton visage est fermé et tes traits crispés. Je m'inquiète mais tu m'attires déjà dans le lit puis te blottis dans mes bras, ta tête sur mon torse.

— Pourquoi ton cœur bat si vite ? marmonnes-tu.

— J'ai fait un cauchemar et quand je me suis réveillé, t'étais plus là. Je suppose que c'est pour ça. Et toi, qu'est-ce que tu faisais debout ?

— J'avais... soif...dors Tim, il est tard.

— Bonne nuit Killian.

La nuit n'est pas bonne du tout, je mets au moins deux heures à me rendormir et ce n'est pas à cause de mes cauchemars. Les tiens semblent pires encore et ce qui me fait le plus peur, c'est que tu ne m'as pas lâché de toute la nuit. Le soleil se lève et mon corps est toujours prisonnier du tien. Mon cœur bat toujours trop vite et pour un millier de raisons, je ne peux rien y faire. Lorsque tu ouvres les yeux, ton regard me fuis et je suis plus confus que jamais. Cette nuit dans ton lit était particulière et pour être honnête, j'espère que toutes tes nuits ne ressemblent pas à celle-ci.  

❤❤❤

HelloOoo,

Alors, qu'avez-vous pensé de la rencontre entre Alicia et Timothy ? 

Et Alicia, elle vous semble être une amie fidèle ou trop protectrice ?

On la retrouvera bientôt...

Je vous fais des bisous et je vous dis... à samedi (* ̄3 ̄)╭❤

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