Toutes les étoiles du ciel juste pour moi

21 jours avant...


🌵🌵🌵 TW (mention d'abus sexuel, d'abus de pouvoir, tentative de suicide).

Killian

Je ne suis pas sorti de notre lit depuis trois jours et je n'ai aucune foutue envie de le faire. Pourquoi la vie s'acharne-t-elle sur moi ? Porca miseria* ! Qu'est-ce que j'ai fait de mal bordel ?!

Je fais des cauchemars depuis que je l'ai revu et mon cœur s'affole chaque fois que je me remémore son visage, me réveillant en sursaut plusieurs fois par nuit. Je ne dors presque plus à vrai dire, terrorisé à l'idée de revivre ces moments que j'aurais préféré oublier. Je les avais pourtant enfouis, très profondément, mais il faut que croire que le trou creusé dans mes entrailles n'était pas assez grand. Je n'ai plus d'appétit non plus et je sais que tu t'inquiètes pour moi.

Je ne sais pas comment me sortir de cet enfer, si jamais il y a un moyen de le faire, je ne le connais pas. Je ne veux pas en parler, parce que d'un côté, le silence me protège, me procure une sensation de paix mais je ne sais pas combien de temps je vais tenir en m'enfermant ainsi dans le mutisme. Je me suis éloigné de beaucoup de gens à l'époque, suite à ce qui m'est arrivé, et je sais qu'on ne m'a pas compris, qu'on m'a surtout mis de côté sans une once d'empathie. Certains ne comprendront sans doute jamais mais je suis comme ça, enfermé dans une angoisse aussi tranquille qu'insupportable.

Tu frappes à la porte, je me recroqueville sous la couette, Twinkle roulé en boule au bout du lit. Je sens le matelas s'affaisser sous ton poids et ta main se poser sur mon épaule nue. Je me recule instinctivement, le regrettant tout aussi vite.

— Désolé, je voulais pas.

— Je sais, c'est pas grave. Je t'ai préparé à manger, t'as faim ?

— Qu'est-ce que c'est ? Ça sent bon, dis-je en me relevant sur un coude pour observer le plateau que tu as déposé sur la table de chevet.

— Des pancakes, du bacon et une salade de fruits. C'est tout simple mais je voulais pas passer trop de temps loin de toi.

J'ai envie de pleurer. Je ne te mérite pas putain. T'es si bon avec moi et moi... je suis si pitoyable.

— Merci mi amor. Je crois que je vais essayer de manger un peu, dis-je en soupirant.

— Bon appétit... Tu sais que je t'aime ?

Tu m'embrasses sur le front puis Twinkle, que tu prends dans tes bras.

— Oui, je le sais et je t'aime plus encore, répliqué-je en piquant un morceau de banane dans le bol, tentant de sourire au passage.

— Est-ce que je peux te parler de quelque chose ? chuchotes-tu, hésitant à aller plus loin.

Je déteste quand les gens font ça. Je sais qu'ils pensent bien faire mais j'ai l'impression d'être rabaissé et j'ai horreur de ça !

— Dis-moi, je t'écoute, râlé-je en engouffrant un pancake presque entier dans ma bouche.

Tu m'offres un sourire avant de te lancer, ta main serrant la mienne.

— Voilà, ce matin, Gloria m'a téléphoné. Elle s'inquiète pour toi et elle voulait de tes nouvelles. Je ne lui ai rien dit de précis, juste que tu avais eu un différend avec... le photographe par le passé et qu'il avait mal agi avec toi. Elle a été choquée et m'a dit qu'elle ne retravaillerait plus avec lui. Ils finissent le shooting pour cette collection aujourd'hui et elle le remerciera ensuite. Tu n'auras pas à le revoir Killian.

J'ai encore envie de pleurer mais je me retiens. Je t'attire à moi et t'enlace durant de longues minutes, profitant de ton réconfort et de ton doux parfum. Twinkle s'est échappé en miaulant, nous laissant tous les deux dans ce semblant de calme qu'il me fallait. Je repense à ce que tu m'as dit à propos de Gloria et de son choix de ne plus travailler avec Giovanni. J'espère qu'il ne s'est rien passé au boulot, qu'il n'a rien tenté. Soudain, je panique.

— Dis-moi qu'il ne t'a pas approché ?!

Tu me dévisages, l'air perdu.

— Quoi ? De qui tu parles ?

— Giovanni, dis-moi qu'il ne t'a pas touché.

Tu hoches la tête négativement.

— Non Killian, il ne m'a même pas calculé. Je l'ai entendu parler avec Yuma et dire que vous étiez des connaissances du lycée mais c'est tout. Il est resté professionnel avec moi. T'inquiète pas.

— Evidemment que je m'inquiète ! Je le supporterais pas s'il te faisait du mal, dis-je en t'attirant à nouveau dans mes bras.

— Il ne reviendra pas Killian, je te l'ai dit. D'ailleurs il faut que je fasse un saut au boulot, j'ai oublié mon sac à dos dans la précipitation hier. Je fais vite, ça ira pour toi ?

J'acquiesce, mais j'ai tout de même la boule au ventre. Je te regarde t'éloigner et j'ai l'impression que tu emportes avec toi tout l'air que contenaient mes poumons. J'ai mal à la poitrine. Je tente de manger un peu en t'attendant mais plus les minutes passent, plus je me sens mal. J'ai besoin d'évacuer ce stress, c'est insupportable. Je décide d'aller prendre une douche pour me calmer. L'eau est brûlante mais à côté de mon mal être, c'est presque agréable. Ce qui l'est plus encore, c'est ma main sur mon sexe, effectuant des va-et-vient longuement désirés.

Je ferme les yeux, chassant les images horribles de Giovanni en les remplaçant par les tiennes, bien plus réconfortantes. Je repense à la dernière fois qu'on a pris une douche ensemble, à ton corps humide contre le mien, ta main qui taquinait mon sexe, nos langues qui se goûtaient. L'odeur de l'abricot. Cette nécessité d'être en toi, de te posséder, que je tentais de retenir, mais tu m'as laissé faire. Tu as compris, comme à chaque fois, que j'en avais besoin. Je me suis senti mal après ça, j'avais l'impression de te manipuler, je te l'ai dit. Mais tu m'as rassuré, en avouant que tu préférais m'aider de cette manière, plutôt que de me voir souffrir.

Je ne sais pas si tu étais sincère, si tu te rends vraiment compte de l'impact que ce que Giovanni m'a fait, a sur moi. C'est dévastateur, ça m'a brisé, tout simplement. J'ai peur qu'un jour tu réalises que c'est trop pour toi et que tu me quittes. J'ai la trouille et plus j'ai peur, plus je me défoule sur mon sexe qui finit par en faire de même sur la paroi de la douche. Et je ne me sens même pas mieux cazzo* !

Je me lave et sors de la cabine alors qu'on sonne à la porte. T'as oublié tes clés ? Je me sèche, on sonne à nouveau. J'enfile en vitesse un caleçon et cours pour t'ouvrir la porte. Mais je manque soudain d'air lorsque je croise le regard émeraude qui me fait face.

— Qu'est-ce que tu veux ? Et putain, comment t'as su où j'habitais ?! 

— On peut discuter ?

— Non ! Casse toi de chez moi Giovanni ! crié-je en poussant la porte.

Son pied la retient, mon cœur s'affole.

— Barre toi je te dis ! Je veux pas te parler ok ?

— Killian, je voulais juste...

Ta voix me parvient soudain depuis le couloir, puis je vois ta main saisir le col de la veste de Giovanni. Je rouvre la porte alors que tu le retiens contre le mur, l'air furieux.

— Qu'est-ce que tu comprends pas dans « Je ne veux pas te parler » ? Hein !? Tu ne crois pas que t'as fait assez de mal comme ça ?! hurles-tu en le repoussant en direction de la sortie.

Giovanni se décale et tente de revenir à la charge.

— Killian, s'il te plait, je veux juste te parler, deux minutes.

Toi et moi on s'échange un regard mais je n'arrive pas à déchiffrer ce que tu en penses.

— Qu'est-ce que tu veux Giovanni ? dis-je tout de même curieux, même si l'envie de lui casser la gueule m'effleure l'esprit.

Ce dernier fait un pas timide dans le couloir, tu le laisses faire mais tu sembles méfiant.

— Ça va aller Tim, dis-je pas du tout rassuré. Je vais juste m'habiller. Tu restes là toi, pas question que tu rentres chez nous.

Giovanni hoche la tête et tu me suis jusque dans notre chambre. Tu me retiens par le bras, m'obligeant à me retourner.

— T'es sûr que c'est une bonne idée mon cœur ? Tu ne lui dois rien tu sais.

— Je crois que ça pourrait m'aider. Je sais que tu comprends pas mais je crois qu'il faut que ça sorte.

Tu mordilles ta lèvre jusqu'au sang puis m'enlaces avec douceur.

— Je reste derrière la porte, si t'as besoin, tu frappes, ok ? renifles-tu.

Je m'habille et retrouve avec appréhension l'homme qui m'attend toujours derrière cette foutue porte. Je ne la ferme pas complètement, comme si d'une certaine manière, ça pouvait me protéger. Savoir que tu es là me rassure mais mes poumons brûlent d'angoisse.

Il est là, appuyé contre le mur, toujours ce même charme sur sa jolie gueule.

— De quoi tu veux parler ? dis-je timidement.

Il fait un pas en avant, je recule.

— Non, t'approche pas ! riposté-je en levant la main entre lui et moi.

Je ne veux pas qu'il me touche, c'est hors de question. Il passe sa main dans ses cheveux bruns, tique typique chez lui quand il est mal à l'aise. Bienvenue dans mon monde incommode, désagréable.

— Killian, je... C'est pas facile pour moi d'être là mais j'en ai besoin. Je...

Il bafouille, se frotte le menton, agaçant plus encore mon estomac déjà en vrac.

— Viens en au fait, pezzo di merda* !

Il rit puis se reprend. Je vais lui foutre mon poing dans la gueule s'il continue.

— T'es toujours aussi extrême à ce que je vois...

— Et toujours pas patient, ouais. Tu veux quoi à la fin ?!

— Putain Killian, tu m'aides pas. Je voulais... je sais pas exactement... M'excuser je crois, dit-il en cherchant mon regard.

Je l'évite, observant mes chaussettes Batman en pensant que la personne qui me les a offertes est juste là, derrière cette porte. J'ai peur.

— T'excuser ? Pourquoi au juste ?! C'est pas très clair, même si au fond, j'en ai rien à foutre de tes excuses à la con.

— Je voulais pas que ça se finisse comme ça entre nous. Je suis désolé de ce qui s'est passé et de comment on s'est quitté.

Je ferme les yeux, espérant que tu n'aies pas entendu ça.

— J'ai mal agit et je... continue-t-il alors que ma patience atteint ses limites.

— Tu sais quoi ?! Je veux pas de tes excuses, t'as bousillé ma vie Giovanni et ça, tu pourras jamais le changer, même si tu t'excuses un million fois ! Tu peux dire ce que tu veux, ça n'effacera rien de notre relation hyper toxique et du mal que tu m'as fait.

— Je sais mais je...

— Non, sfiga* ! Casse toi Giovanni ! J'ai plus de patience et là, je veux plus voir ta putain de sale gueule, ok ?! crié-je en le poussant jusqu'à la porte de l'immeuble, fermant à clé lorsqu'il est dehors, pour ne pas qu'il revienne.

Je tremble de tous mes membres lorsque je reviens jusqu'à notre porte, que j'hésite à rouvrir. Mais je réalise tout à coup que tu m'attends dans le couloir, aussi je me jette dans tes bras, lorsque je vois qu'ils sont ouverts pour moi.

— C'est fini mon cœur, chuchotes-tu en m'attirant à l'intérieur.

En moi bout un mélange de haine et de rancœur. Je me recroqueville sur le canapé, attendant avec crainte que tu veuilles bien ouvrir la bouche. Mais tu te contentes de t'accroupir devant moi, ton regard m'évitant. Un silence gênant s'installe entre nous, renforçant le malaise que je ressens.

— Est-ce que je peux te poser une question ? prononces-tu à voix basse, si calmement que ça me fiche la trouille.

Je ferme les yeux, mordant l'intérieur de ma joue pour ne pas hurler.

— Je crois que tu peux, oui.

Tu t'assois le dos contre le canapé, me cachant ton visage qui doit, j'imagine, observer le paysage à travers la fenêtre. Mon cœur s'affole à nouveau. Tu vas me quitter, j'en suis sûr.

— Pourquoi tu m'as caché ta relation avec Giovanni ? renifles-tu.

Je te vois essuyer ton visage d'un revers de manche, mes mains tremblent de peur et mon cœur ne bat plus que pour t'entendre. J'ai une furieuse envie de vomir, parce qu'à cet instant, je me dégoute.

— Ça n'a duré que six mois mais ça m'a brisé. Et si je te l'ai caché, c'est parce que... Parce que j'en ai honte.

Tu te retournes doucement, des larmes plus abondantes que toutes les gouttes d'eau que contient l'océan roulant sur tes joues.

— C'est lui qui devrait avoir honte, pas toi ! T'étais une victime Killian. Il a abusé de toi, de plusieurs manières et à plusieurs reprises ! C'est horrible ce qu'il t'a fait !

Je lâche un long soupir, résigné.

— Et pourtant, j'ai bien cru à un moment... que je l'aimais tu sais, mais... c'était seulement une sensation faussée. Un état de survie, une façon de me raccrocher à quelque chose. J'étais complètement au fond du trou, j'étais jeune et je ne me rendais pas compte que c'était malsain, que ça n'avait rien de normal. C'est Alicia qui m'a ouvert les yeux quand... Quand j'ai... tenté de mettre fin à mes jours lorsqu'il m'a quitté.

Tu mords ta lèvre, ton corps secoué de sanglots muets.

— Personne ne devrait vivre ce genre de choses mon cœur et ... je ferai tout pour que tu puisses oublier un jour ce qu'il t'a fait. Je t'aime tellement, dis-tu en te relevant soudain.

Tu t'allonges à côté de moi, m'enlaçant dans tes bras, murmurant dans mes cheveux que tu chasseras toujours les ténèbres pour moi. Que tu seras mon bouclier dans toutes les tempêtes qu'on aura à affronter et que tu allumeras une à une toutes les étoiles du ciel afin de chasser les ténèbres, juste pour moi s'il le faut.

Tu es la source de mon bonheur, l'antidote de mes malheurs. Putain je t'aime.


* pezzo di merda / Morceau de merde.    * sfiga / Je t'emmerde.    *Porca miseria / putain de bordel

❤❤❤

Hello bonjour vous !

Oui, je vous ai oublié samedi alors je me rattrape aujourd'hui. 

J'espère que ça vous plait toujours ?

La situation est plus clair maintenant entre Killian et Timothy mais est-ce que ce dernier comprend vraiment tout ce qu'il s'est passé ? 

On en saura plus mercredi !

Des bisous (づ ̄ 3 ̄)づ❤

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