Parce que toi et moi, on est pareil

2 jours après


🌻🌻🌻

Timothy

Je l'ai su, dès que je t'ai vu.

Je ne sais pas ce qui me fait le plus mal ; que tu aies succombé à tes addictions ou qu'au fond de moi, je m'y attendais. Je ne voulais pas y penser, parce que ça me faisait trop mal, mais je crois que je savais qu'un jour ou l'autre ça arriverait. Pourtant, tu m'avais promis. T'avais promis que tu n'avais besoin de personne d'autre que moi. Mais tu m'as menti ou tu t'es menti à toi-même, je ne sais pas. J'arrive plus à te regarder en face, j'arrive même plus à dormir dans le même lit que toi. Ça me tue bon sang.

L'accoudoir du canapé n'est pas très confortable mais depuis deux jours, je le préfère à mon oreiller, même s'il me casse la nuque. Rien que de t'imaginer avec un autre me brise le cœur, pire, c'est comme s'il avait explosé en mille morceaux, que ta culpabilité aurait écrasé puis éparpillé aux quatre vents. Je ne sais pas si je pourrais recoller les minuscules fragments un jour. Pourtant, je n'arrête pas de penser que tu n'es pas complètement responsable.

Je te connais, et je sais comment tu vis et gères tes émotions. Je sais que ce n'est pas quelque chose que tu maitrises, quelque chose que tu peux contrôler. Quand tu es en mode survie, tu n'es pas toi-même et j'ai bien compris que la situation est aussi un peu de ma faute. Si seulement j'avais répondu à mon téléphone. Si seulement j'avais pu te rassurer. Je me sens tellement coupable.

Je t'en veux et je m'en veux encore plus.

Je t'en veux de ne pas vouloir d'aide face à ces putains d'addictions !

Je regrette amèrement d'avoir failli à mon rôle. J'aurais dû être là pour te soutenir. J'aurais dû faire plus pour toi.

Le réveil sonne, me sortant de mes réflexions, mais je ne dors plus depuis plusieurs heures déjà. Ces deux dernières nuits, je n'y suis pas arrivé, heureusement Twinkle est là pour me rassurer, pelotonné contre moi. Je me lève à contre cœur, la tête dans le brouillard et le chat qui râle, et me traîne jusqu'à la machine à café que j'allume. Sur le comptoir de la cuisine, le magazine de l'agence est ouvert, toi et moi sommes en lingerie sur la double page centrale.

En observant la photo, je remarque tes traits détendus, ta main qui frôle la mienne alors qu'elle n'a pas à le faire, ton corps qui semble vouloir me protéger de l'objectif qu'inconsciemment, tu redoutes parfois. Ton sourire caché mais que je vois tout de même dans ton expression et cette alchimie qui nous unis et éblouit le monde autour de nous. Je repense alors à notre rencontre, à notre première fois et à toutes les autres qui ont suivis, au chemin parcouru et à tous les moments de bonheur qu'on a partagé depuis. Certes il y a aussi eu des bas, mais je retiens surtout les hauts, parce que je suis comme ça, un éternel positif. Je crois que toute situation a sa solution.

Alors que je nous observe encore sur le papier glacé, c'est soudain comme une évidence, comme une gifle violente en pleine figure. Je me retourne et file tout droit en direction de notre chambre, je pousse la porte et soulève la couette pour m'engouffrer dessous, contre ton corps chaud. Te prenant dans mes bras, je hume ton odeur rassurante, je caresse ton torse et embrasse ton cou. Ça fait tellement de bien. Tu marmonnes des mots incompréhensibles mais les miens sont clairs lorsqu'ils sortent de ma bouche.

— Je viendrai avec toi chez le psy. Je veux pas qu'on se sépare. Toi et moi on est plus forts que ça, je suis certain qu'on peut y faire face, ensemble.

Tu écarquilles les yeux, les frottant du poing et te retournes complètement vers moi, l'air ahuri sur ton visage ensommeillé. J'ai oublié qu'avec le décalage horaire t'es un peu dans les choux.

— Qu'est-ce que tu racontes ?

— Je t'aime Killian et je suis pas du genre à abandonner alors, je t'aiderai mais tu dois me promettre de te soigner. Ton combat, sera le nôtre mais tu dois faire des efforts.

Tes sourcils se froncent, tu te relèves sur un coude et caresse ma joue.

— Je ne te mérite pas amor*, je ne sais pas pourquoi tu fais tout ça pour moi...

— Parce que je t'aime et que tu rends ma vie plus belle, plus facile à vivre. Parce qu'avec toi, tout me semble plus intense, plus vivant. Parce que je ne me vois pas sans toi à mes côtés. Parce que toi et moi, on est pareil, on se comprend et je sais ce que tu vis et que je ne peux pas te laisser seul dans un moment pareil. Je veux que tu fasses partie de ma vie, et que je fasse partie de la tienne, tous les jours, jusqu'à ce que...

— Mais j'ai ...

— Je sais, mais ça ne change rien à ce que je ressens pour toi, même si en ce moment je t'en veux, c'est vrai. Mais je crois que je suis en partie responsable de ce qui s'est passé, soufflé-je.

Tu secoues la tête de gauche à droite, te redresses et t'assois en face de moi.

— Est-ce que je peux te prendre dans mes bras ? renifles-tu les yeux embués.

— Seulement si tu me promets d'aller voir un psy.

Eh, je suis pas complètement con non plus.

— Je vais essayer... je te le promets mais ne dis pas que tu es en partie responsable, ce n'est pas vrai.

Dans mes bras, tu trembles comme une feuille, mais je ne me sens pas mieux. Oui j'ai peur, oui je sais que ce ne sera pas facile, et je sais que tu n'en as pas du tout envie mais ce n'est pas négociable.

— Killian, il n'y aura plus de sexe thérapie entre toi et moi, parce que je pense que c'est aussi à cause de ça que tu ne vas pas mieux.

Je sais que mes mots sont froids, durs, mais tu devais les entendre. Tu me relâches et souffles un soupire aussi long que bruyant.

— C'est pas sympa amor*, t'exagères un peu, marmonnes-tu.

C'est à mon tour de protester, la colère montant comme une fusée au décollage dans mon estomac brûlant. Je me redresse et croise les bras sur mon torse.

— Moi je suis pas sympa, j'exagère ?! Rappelle-moi qui, entre nous deux, n'a pas su garder sa bite dans son caleçon quand il le fallait ? Tu te fiches de moi ?! Ecoute, je crois que j'ai fait assez d'efforts depuis le début de notre relation, j'ai été plus que patient alors franchement, t'es pas en position de la ramener. T'auras qu'à utiliser ta main !

Tu hoquètes mais je ne reviendrai pas sur ce que j'ai dit.

— Mais...

— Non, pas de mais ! J'en ai marre ! Je ne suis pas juste un trou où tu peux fourrer ta bite quand ça te chante ! J'ai des sentiments moi aussi et faudrait peut-être que tu commences à y penser ! dis-je en pointant ton torse de mon indexe. T'es pas le seul à souffrir merde !

Je saute du lit et file me faire ce café dont j'ai tant besoin ce matin. Je te laisse là à tes réflexions, ma tête submergée de pensées.

Assis devant le bar, Twinkle étalé dessus comme un bien heureux dans les rayons du soleil, je touille mon café nerveusement. Je repense à notre discussion et je réalise que je ne sais pas comment te faire comprendre que, même si tu souffres, tu peux aller mieux, si tu le veux.

Je te vois soudain entrer dans le salon, en boxer, l'air aussi accablé que moi. T'es magnifique et tu m'agaces d'être aussi beau.

— Tim, je sais que j'ai fait n'importe quoi et je m'en veux, t'imagines pas à quel point. Mais... j'ai besoin de toi.

— Et moi j'ai besoin de temps, répliqué-je froidement. Rosie déménage aujourd'hui, je pense que je vais aller l'aider finalement et peut-être bien rester chez elle quelques jours.

Tu te laisses tomber sur le canapé, ta tête baissée sur ton torse. Je ferme les yeux.

— Tim, mi amor*, s'il te plait, ne pars pas.

— Tu m'as... humilié... et j'ai besoin de temps pour le digérer. Cet après-midi, je vais chez ma sœur et je reviendrai ici, quand tu m'auras prouvé que t'as un rendez-vous chez le psy, dis-je d'un ton sec, contrastant avec mes joues humides.

Je sais que je suis dur mais t'as besoin d'être bousculé, tu dois entendre la vérité, même si elle fait mal. Elle me heurte moi aussi.

Je te vois essuyer tes yeux d'un geste rageur mais je résiste à venir te réconforter, bien que j'en crève d'envie. Je serre le poing sur ma cuisse, fixant Twinkle qui ronronne tranquillement pour éviter ton regard. Voyant que tu retournes dans notre chambre, je sens tout à coup mes nerfs lâcher et les larmes se déverser sur mes joues. J'ai mal à la poitrine et au cœur mais au fond, je sais que ce que je fais sera bénéfique pour nous.

T'ignorer est difficile pour moi, mais je le fais, parce que dans le cas contraire, je serais incapable de te laisser. Je fais mon sac, pour quelques jours, et j'emporte avec moi l'espoir que tu comprendras mon geste. Je caresse Twinkle, en espérant le revoir rapidement. Je croise ton regard triste me scrutant depuis la terrasse mais je me force à fermer la porte derrière moi. Je me glisse dans le premier bus qui s'arrête, mon sac sur le dos, et je file en direction de Montebello, là où Rosie a décidé de vivre dorénavant, malgré les protestations de notre mère. Je crois que le fait qu'elle ait un petit ami a aidé à la rassurer.

La camionnette de déménagement est garée devant un petit immeuble de trois étages dans un style architectural mexicain. Je monte au deuxième étage et trouve ma sœur dans le couloir, quelques cartons étalés autour d'elle. Elle me saute presque dans les bras en me voyant arriver.

— Tim ? Je croyais que tu n'avais pas le temps d'aider ta p'tite sœur ? dit-elle en me relâchant.

— J'ai changé d'avis. J'avais besoin de me changer les idées et je t'arrête tout de suite, je ne veux pas en parler.

Je sais qu'elle voudra en savoir plus mais je ne me sens pas prêt à déballer mes problèmes avec elle. Etonnement, elle lève les mains devant elle et sourcille en signe d'abnégation.

— Ça me fait plaisir de te voir frangin. Je ne poserai pas de question, ça te va ?

Je hoche la tête et prends un des cartons tandis que Rosie m'ouvre la porte. Carton après carton, on vide la camionnette et en fin d'après-midi, son petit appartement ressemble à une brocante mal organisée. Il y a des affaires partout, comme si une tornade avait tout emporté. Je ne pensais pas que ma sœur avait autant de choses à déménager. Rosie s'assoit sur un des petits fauteuils qui composent le salon, observant le résultat d'un air joyeux. Elle fait tellement femme, pourtant elle s'habille encore comme une lycéenne. Je suis fier d'elle et content de l'avoir aidée.

— T'es heureuse d'être là ?

Un sourire immense s'épanouit sur son visage, tel un rayon de soleil en plein mois d'août.

— Carrément ! J'en pouvais plus de vivre avec Roger et maman, ça devenait infernal. Merci pour ton aide.

— Avec plaisir, dis-je en me laissant tomber sur le second fauteuil. Je suis heureux que tu puisses trouver ta place toi aussi. Ça me fiche la trouille de te voir grandir et d'habiter avec une colocataire mais je suis certain que vous allez très bien vous en sortir.

Elle attrape ma main et la serre contre son cœur lorsque je réalise tout à coup, que j'ai quelque chose à lui donner.

— Je reviens, dis-je en allant chercher mon sac dans la cuisine.

Rosie me suit du regard et sourit lorsque je lui tends un porte-clé avec une licorne violette en peluche pendue au bout. Je comprends toujours pas pourquoi elle aime ces bestioles, mais je suis sûre que celle-ci, elle l'adorera.

— Tiens, c'est un petit cadeau pour toi, pour fêter ton saut dans la vie d'adulte.

— Elle est adorable ! Merci beaucoup. Tu sais, je me sens pas encore vraiment adulte mais ça viendra. Je suis pas pressée d'avoir... les problèmes que tu sembles avoir, dit-elle en gardant contre elle la licorne et son regard.

Je lâche un soupir, puis me réinstalle plus confortablement dans le fauteuil.

— La vie est une belle salope parfois mais c'est comme ça qu'on grandit il paraît, en affrontant les tempêtes, les unes après les autres. Toi et moi on en a connu des pires que ça, crois-moi... On a simplement besoin de temps.

— Ta dernière phrase, c'est pour Killian et toi ?

Ma sœur me connait trop bien je crois. Je me gratte la nuque.

— Ouais, dis-je en mordant ma lèvre nerveusement.

— C'est pour ça que t'as emporté ton pyjama ?

— Est-ce que ça t'embête si je reste quelques jours ? demandé-je hésitant.

— Tu peux rester autant que tu veux mais... tu ne repartiras pas sans m'avoir parlé. Je vois bien que tu te sens mal et je crois que tu devrais pas garder tout ça pour toi. Je suis toujours ta petite sœur à l'écoute et compréhensive tu sais.

— Merci.

C'est tout ce que je peux lui dire à cet instant, tant ma gorge est comprimée par l'angoisse. Je suis terrifié à l'idée de ne pas y arriver, de ne pas faire ce qu'il faut. Peut-être bien que te laisser seul est une très mauvaise décision, ce sera peut-être encore pire à mon retour. Peut-être que je ne suis pas le petit ami qu'il te faut, tout simplement.

❤❤❤

Hello,

Alors, que pensez-vous de la réaction de Tim ?

Est-ce qu'il exagère comme le pense Killian ou a-t-il raison selon vous ?

Comment va s'en sortir Killian sans Tim à ses côtés ?

On le saura au prochain chapitre ;)

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