Je n'aime pas te mentir
752 jours avant...
🌻🌻🌻
Timothy
Hier fut une journée magnifique. Comme pour ton anniversaire quelques jours avant, on a fêté la première année de notre rencontre au restaurant. Une année animée par des hauts et des bas, semblable à un bateau bousculé par les vagues et les tempêtes. On a fait face à beaucoup de choses toi et moi, bonnes ou mauvaises, ensemble comme un couple solide. Ça n'a pas été facile, du tout, mais on y est arrivé, avec quelques cicatrices tout de même.
Je ne parle plus à ma mère, uniquement par l'intermédiaire de Rosie. Tu as eu un énième différent avec Max au boulot. On s'est engueulé avec ton père pour des futilités puis réconciliés heureusement et d'ici quelques minutes, tu pars pour trois jours avec lui à San Francisco. Ce n'est pas si long, ce n'est pas si loin. Tu ne sors pas de l'Etat mais j'appréhende ton départ car ces temps-ci, tu n'es pas au mieux. T'es pas à l'aise dans tes baskets et à défaut d'en parler, tu cours toujours plus et on passe de plus en plus de temps au lit. Tu penses que je ne le vois pas mais t'as beau essayer de te cacher, je ne suis pas aveugle, ni sourd et c'est moi qui range la salle de bain. Je sais tout, même si parfois je préfèrerais ne rien savoir.
Les instants que nous passons à faire l'amour ne sont pas pour me déplaire mais je sens que parfois tu n'es pas là à cent pour cent, comme si t'étais ailleurs, absent ou quelque chose du genre. Je ne suis pas psy mais je sais que tu devrais aller en voir un, j'y suis allé et ça m'a aidé. Malheureusement chaque fois que je t'en parle, tu te fermes comme une huitre et j'ai beau faire tout mon possible pour t'aider, je ne vois pas de solution. J'ai l'impression de te perdre à chaque dispute un peu plus, de te voir sombrer chaque fois plus profondément sans savoir comment faire pour t'aider à remonter. Je me sens impuissant et c'est aussi horrible à ressentir que te voir partir pour quelques jours. J'ai l'impression que tu glisses entre mes doigts avec autant de facilité que tu t'insinues entre mes fesses. Et ça me fait peur.
Ton sac est prêt depuis une demi-heure mais la douche fonctionne toujours, comme si tu ne pouvais plus en sortir. Comme si tu préférais y rester enfermé, comme si tu ne voulais pas affronter ce départ que je crains autant que toi. Je me rapproche de la porte et frappe trois coups. J'entre dans la pièce saturée de buée qui sent le musc et le bois de santal ou un truc dans le genre.
— Mon cœur ? Tout va bien ? demandé-je prudemment.
Je te vois sursauter à travers la vitre humide de la douche, des jurons en italien me parvenant très clairement.
— Ouais ! J'arrive dans cinq minutes.
— Ok, je t'attends dans notre chambre.
Je repars à moitié rassuré, essayant d'éviter le sujet en rangeant le linge propre dans le tiroir de la commode. Je retombe sur ce shorty en dentelle bleue marine que Gloria m'a offert il y a quelques mois, je l'observe en souriant lorsque tout à coup tes mains humides glissent sur mes hanches.
— Tu devrais le mettre, cette couleur est faite pour toi, murmures-tu en embrassant ma nuque.
Je frisonne comme chaque fois que tu me touches.
— Pour que tu sois en retard ? Pas question. Alfred passe bientôt te chercher.
Tu me retournes par les épaules, cherches mon regard. Le tien n'est que noirceur, mon cœur se serre.
— Mets-le s'il te plait, prononces-tu en détachant les mots en même temps que les boutons de ma braguette.
— Killian...
— J'en ai envie amor*, besoin, ajoutes-tu en glissant une main sur ma fesse.
Je soupire, ferme les yeux en me demandant pourquoi je cède alors que je sais que ce n'est pas ce qui va t'aider sur le long terme. Ce besoin qui te ronge, commence gentiment à me ronger également et notre relation en subit de plus en plus souvent les conséquences.
— Je le mets si tu me promets de réfléchir à une solution différente.
Tu pinces tes lèvres, les mordilles nerveusement puis hoches la tête avec tout le mal du monde à croiser mon regard. Je sais que tu es en mode survie, que ces trois jours à venir sont pour toi comme une mer à traverser, comme une tempête à affronter et si je suis prêt à t'aider, je veux que tu saches ce que j'en pense.
— D'accord, je vais y réfléchir mais vire-moi ce jean, je t'en supplie.
Le tien ne cache pas ton envie et dans une précipitation poussée par ce besoin si grand de me faire tien, tu ne me calcules déjà plus. Tes gestes sont précis, abrégé, fais uniquement pour aller au plus vite. Tu veux te détacher de ce corps qui te fait souffrir, te libérer de ses souvenirs qui te hantent. Le corps n'oublie rien et le tien porte les marques indélébiles de ce traumatisme qui me ronge tout autant que toi. Tu veux tout annihiler, tout détruire pour te reconstruire.
Je m'efforce d'être là pour toi, même juché sur cette putain de commode, à ta merci, offert à toi mais consentent. J'ai mal, mal au cœur, mais je ne dis rien, j'attends que tu trouves la paix, même si elle n'est que temporaire. Les minutes me paraissent une éternité mais si je peux t'offrir cette éternité d'apaisement alors ça en vaut la peine. Tes mains me font prisonnier contre ton corps, face à ta peine, comme un ancrage invisible, indéfectible. Je ferme les yeux quand j'accuse le dernier coup de rein, la dernière décharge. Puis c'est la délivrance, le vide que tu laisses en me relâchant comme seul témoin. Je soupire et reprends mon corps que je traine jusqu'à la salle de bain, fermant la porte entre toi et moi.
Alfred vient te chercher et c'est en silence que tu pars, sans même oser me regarder. J'ai la nausée et une envie folle d'aller courir afin de me vider la tête mais je dois me rendre au travail malheureusement. Je prépare mes affaires sans grande envie, prends le bus et entre dans l'immeuble jaune canari, me forçant à sourire à Ophra lorsque je la vois m'accueillir auprès d'elle. Elle semble hésiter, chercher ses mots mais lorsque je craque et fonds en larmes, elle n'hésite plus. Elle fait tourner le fauteuil en cuir et m'enlace dans ses bras, caressant mon dos un petit moment. Son geste m'apaise un peu.
— Il ne part pas si longtemps Tim, trois jours ce n'est pas si long, murmure-t-elle alors que mon sourire s'étire.
Je ris jaune, ne pouvant m'empêcher de trouver ça drôle. Mais ça ne l'est pas, pas du tout.
— C'est vrai, trois jours c'est pas si long mais c'est pas ça qui me fait pleurer Ophra.
Elle prend ma main dans la sienne, faisant une mimique désolée.
— Oh bouchon, qu'est-ce qui se passe ? Vous vous êtes engueulé ?
— Quelque chose dans le genre ouais, dis-je en reniflant.
Je déteste être comme ça. Je te déteste par moment.
— Tu as envie de m'en parler ? On a un peu de temps avant le shooting si ça peut te soulager.
C'est comme une soudaine bouffée d'oxygène, un souffle d'air frais chassant mes angoisses qui me redonne le sourire. Je sens mes muscles se détendre sous son regard bienveillant.
— Ouais, je crois que ça m'aiderait. Mais ne parle de ça à personne, surtout pas à Max, s'il te plait.
— Je ne suis pas du genre à trahir mes amis Tim, ce que tu me diras ici au studio, restera ici, c'est promis.
Je relâche tout l'air contenu dans mes poumons en observant Ophra. Son sourire sincère me rassure, sa main sur ma cuisse m'apaise et dans ses yeux pétillants, je devine exactement ce que je voulais. Elle n'a pas pitié, je crois même qu'elle comprend avant même que je n'ouvre la bouche.
— En fait, c'est un peu compliqué entre nous par moment et même si je sais que Killian a certains besoins, j'ai de plus en plus de mal à l'accepter.
Elle fronce ses sourcils noirs et penche la tête sur le côté, gardant son sourire réconfortant.
— Qu'est-ce que tu veux dire par certains besoins ? Il prend de la drogue ?
J'hoche la tête négativement, prenant mon courage à deux mains. Au fond, je sais que je n'ai pas à avoir peur de parler à Ophra mais, c'est un sujet devenu tellement délicat à aborder avec toi, que j'ai peur de partager ça avec elle.
— Non il ne prend pas de drogue mais c'est un autre genre d'addiction qui lui pourrit la vie. Killian... n'aimerait sûrement pas que je t'en parle, soufflé-je en essuyant mon front. Enfin, pour faire simple, il gère ses émotions grâce à une addiction et ne veut rien entendre quand je lui parle d'aller voir un professionnel. Je sais plus quoi faire Ophra.
Elle pince ses lèvres et me tend un mouchoir jetable. Je réalise à ce moment-là que les vannes ont à nouveau lâché et que mes joues sont humides. Je renifle et me mouche en m'excusant auprès d'elle.
— T'as pas à t'excuser Tim, c'est normal et ça arrive de craquer quand on est sous pression. Et pour ce qu'il en est de Killian, je pense que tu fais tout juste, simplement, s'il ne veut pas aller voir un professionnel et que tu en souffres par la suite, il doit comprendre que ce n'est pas juste de faire subir ça à quelqu'un qu'on aime.
— Je crois qu'il est dans en tel état de souffrance, qu'il est incapable de voir la mienne. Au fond, je ne lui en veux pas, j'étais pareil quand j'ai été en deuil avec ma mère et ma sœur mais j'ai fini par comprendre que je n'avais pas le droit de leur balancer ma souffrance à la figure. Je suis allé voir un psy et il m'a aidé et je comprends pas pourquoi Killian n'essaie pas de faire pareil.
Ophra m'offre un sourire réconfortant puis me prend dans ses bras, avec la douceur d'une grande sœur.
— Je crois que tu as trouvé une partie de la réponse Timothy. Je pense que Killian souffre trop pour avoir le courage de vouloir aller mieux. C'est peut-être plus facile pour lui d'enfouir sa souffrance que de l'affronter devant un psy, m'explique-t-elle en me relâchant doucement.
On échange un regard et je réalise qu'elle a peut-être raison. Peut-être que tu préfères enfouir tout ça mais tu risques un jour ou l'autre, d'exploser comme un volcan en éruption à force de tout garder pour toi. Je m'inquiète, vraiment, pour notre avenir, pour toi.
Je la remercie pour son soutien, soulagé d'avoir pu discuter avec elle de ce qui me ronge depuis plusieurs semaines. On reprend le travail dans un silence agréable puis elle me remonte le moral en m'avouant que sa relation avec Meryl semble de plus en plus sérieuse. Je me réjouis pour elles, elles méritent d'être heureuses. Le travail reprend et après une longue journée de shooting pour une nouvelle créatrice, je rentre l'esprit un peu plus léger.
Je pousse la porte d'entrée et même si tu n'es pas là, j'ai l'impression que tu es partout. Dans tes trophées de baseball, dans tes mangas que tu m'avais caché jusqu'à notre emménagement. Dans tes vêtements qui traînent sur le canapé, même la cafetière italienne me ramène à toi. J'ai l'impression que tu m'étouffes sans même être là.
Je me laisse tomber dans le fauteuil bleu près de la fenêtre. Twinkle saute sur mes genoux alors que mon téléphone sonne.
— Hey salut mon cœur.
« Tim, j'avais envie d'entendre ta voix. Tu me manques tu sais. Ça va toi ? »
— Ouais, longue journée. Tu me manques aussi. Et toi, le boulot avec ton père ?
« C'est pas aussi horrible que ce que je pensais. Il a engagé un comptable pour m'apprendre le métier, il est hyper sympa. »
Génial, manque plus qu'il soit super sexy et j'aurais tout gagné.
— Mhh...dis-je en remontant mes jambes sur le fauteuil, Twinkle blotti contre moi, ronronnant comme un petit lion.
« Qu'est-ce qu'il y a amor* ? »
— Rien... je... je suis content pour toi.
« Je vais faire comme si je te croyais. Dis-moi ce qui ne va pas Tim. »
Je soupire longuement, pas motivé à avoir cette conversation avec toi au téléphone. Je sais comment ça va finir. Tu vas t'énerver parce que je suis jaloux et me dire que c'est ridicule. Mais je n'aime pas te mentir.
— Tout va bien, j'espère simplement que ton nouveau collègue est moins sexy que moi. Tu me manques...
« Tu l'as déjà dit et non, il n'est pas aussi sexy que toi et qu'est-ce que ça peut faire d'ailleurs ? Cazzo* Tim ! Tu sais qu'il n'y a que toi qui compte ? J'ai aucune intention d'aller voir ailleurs et tu le sais. T'as confiance en moi ou non ? »
— Bien sûr que j'ai confiance. C'est juste que, ça m'angoisse, parce que... tu sais pourquoi Killian, soupiré-je.
« Sfiga ! * Pardon, excuse-moi. Mais merde Tim, je vais pas aller le baiser ok ?! Je vais bien, enfin j'allais bien jusqu'à ce que tu doutes de moi. Putain ! »
Eh merde ! Bordel de merde !
— Je suis désolé ! Mais je ne doute pas de toi... j'ai paniqué. Mets-toi à ma place aussi, répliqué-je en passant ma main nerveusement dans mes cheveux.
« Je vais raccrocher Tim. Je t'aime. »
Silence angoissant. Ronronnements réconfortant et cœur qui s'emballe.
J'ai merdé, j'ai douté et je m'en veux déjà, parce que j'ai confiance en toi mais pas toi et ça me retombe dessus. Vivement que tu reviennes.
*amor / mon amour *cazzo / merde *sfiga / je t'emmerde
❤❤❤
Hello !
Il y a de l'orage dans l'air par ici...
Comment va réagir Killian à votre avis ?
On se retrouve samedi pour le savoir...
Des bisous (づ ̄3 ̄)づ╭❤~
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