J'adore les arcs-en-ciel
967 jours avant...
🌻🌻🌻
Timothy
Lorsque je passe la porte d'entrée, la maison est calme, contrairement à mon cerveau qui turbine comme un fou et mon cœur qui tape à un rythme effréné dans ma poitrine. A croire qu'ils veulent ma mort ces deux-là. Ton père est dans le salon, des papiers dispersés sur la table basse devant lui et un verre de Whiskey qu'il tient sur son genou. Je me rapproche à pas de loups et le salue lorsqu'il se retourne.
— Oh salut Tim, je ne t'ai pas entendu arriver. Tu vas bien ? demande-t-il bien trop sérieusement à mon goût.
Je m'assois en face de lui, déposant lentement mon sac à dos à mes pieds, le temps de retrouver un peu de calme. Il termine son verre et le pose sur la table.
— Ça va. Et Killian ? demandé-je en fuyant son regard pourtant empreint de douceur.
Il s'ébouriffe les cheveux, soupire longuement.
— Je ne sais pas trop. Quand il est rentré, il s'est enfermé dans sa chambre pendant au moins une heure, sans me donner d'explication. Et quand il s'est enfin décidé à redescendre, j'ai tenté de comprendre et de lui poser des questions mais il s'est enfuit dans l'orangeraie de Caterina. Sa mère, précise-t-il à ma question silencieuse.
Je découvre enfin le prénom de celle qui t'a mis au monde, sentant la pression monter en moi, sans que je ne sache d'où elle vient exactement. Si ton père n'est pas avec toi, c'est peut-être parce qu'il n'a pas réussi à te faire ouvrir la bouche, ou qu'il s'est fait remballer. J'ai peur de ne pas y arriver moi non plus.
— Vous pensez que je peux aller le voir ? Il y a eu un incident au boulot et j'ai pas pu lui parler non plus. Il m'a repoussé, dis-je la voix serrée.
Il hoche la tête, semblant comprendre la situation, sans même l'avoir vécue. Apparemment, je ne suis pas le seul que tu repousses Killian.
— Bien sûr que tu peux y aller. Apporte-lui un gros pot de glace, ça aidera certainement. Je suis désolé, Killian a énormément de mal à gérer ses émotions depuis la mort de sa mère et j'ai beau essayer de l'aider depuis, je ne le comprends pas toujours hélas. Je sais que cette souffrance le hante mais à mon grand désarroi, c'est bien la seule chose dont il ne veut pas me parler. J'espère qu'il t'écoutera.
Ses yeux papillonnent un court instant, afin de chasser des larmes qui ne tombent pas, serrant mon estomac déjà bien trop contracté.
— Je vais faire au mieux mais je ne sais pas si j'aurais plus de succès que vous. Je vais aller le voir, dis-je en me relevant, posant une main timide sur son épaule pour le réconforter un peu.
Il me gratifie d'un sourire discret mais sincère, les lèvres pincées par la tristesse. Sa souffrance est évidente et j'ai du mal à ravaler les larmes qui me montent aux yeux, lorsque je m'éloigne de lui. Je repense au secret que tu m'as confié, au fait que ton père ne sache rien et je me dis qu'un jour il faudra bien que tu trouves le courage de lui en parler, avant que ça ne vous sépare définitivement. Je soupire en laissant ton père à ses papiers. Mon sac sur le dos, je prends la direction de la cuisine afin de trouver de la crème glacée pour t'amadouer.
Je laisse finalement mon sac près du bar et longe la piscine puis m'enfonce au fond du jardin, te cherchant du regard. Je te trouve assis contre un oranger, le regard tourné vers l'océan au loin. Tu murmures des mots incompréhensibles mais t'arrêtes dès que tu me vois. Je me fige un instant, cherchant à jauger ton humeur. On dirait qu'un nuage d'orage brouille ton esprit.
— Je peux m'assoir avec toi ? J'ai de la glace au chocolat, dis-je en tentant un sourire.
Tu grimaces, mais tapotes le sol de ta main. Je m'assois à côté de toi, mon épaule contre la tienne. Tu restes silencieux alors que je t'offre une cuillérée de glace. Ta bouche pleine, j'en profite pour tenter de détendre l'atmosphère.
— On a de nouvelles collègues, quatre femmes et je crois bien qu'Ophra est carrément tombée sous le charme de l'une d'elle. C'était adorable à voir. Un peu comme toi quand tu fais des caresses à Twinkle.
Comme s'il m'avait entendu, mon chat fait son entrée en trottinant dans le gazon, venant se frotter à tes jambes en ronronnant. Tu souris, le caresse en sortant la cuillère de ta bouche.
— Lui au moins, il ne me reproche rien, lâches-tu en soupirant.
Ok, t'es visiblement toujours fâché.
— Killian, je suis désolé si tu as cru que je te reprochais quoi que ce soit.
— Tu m'as tout de même reproché d'avoir cassé le nez de Max !
Je lève les yeux au ciel mais je me retiens de soupirer, ça ne ferait qu'empirer la situation. Le regard sur l'horizon, afin de chercher mes mots, je sens ton énervement crisper mon estomac.
— Je l'ai fait, c'est vrai, mais ce n'était pas vraiment un reproche. J'ai surtout été surpris par ta réaction. J'ai peut-être mal réagi moi aussi et je suis désolé si ça t'a blessé.
— T'aurais voulu que je fasse quoi ? Que je me taise ? Il te faisait des avances, sous mon nez. J'ai pas aimé, je le lui ai fait comprendre. C'est tout.
Je tourne la tête vers toi, intrigué.
— C'est pas ce qu'il a dit sur toi qui t'a énervé ?
Tu secoues la tête, prends ma main dans la tienne sans vraiment la serrer.
— J'en ai rien à foutre de ce qu'il peut bien penser de moi en fait. J'ai pas supporté qu'il te drague alors que j'étais juste derrière toi. Il m'avait vu, il savait que j'entendrais tout. Il l'a fait exprès pour me faire chier.
— Tu sais, sa tentative de drague maladroite, ça ne m'a fait ni chaud ni froid. J'ai pas aimé ce qu'il a dit sur toi par contre.
Tu baisses la tête, serrant ma main plus fort.
— Ah ça. J'ai cru un instant que t'allais te rendre compte que j'étais pas franchement sain d'esprit et que t'allais partir avec lui et m'abandonner. J'ai pas supporter l'idée de te perdre et j'ai pas su comment gérer. J'aurais pas dû lui casser le nez mais ça m'as fait du bien, souffles-tu.
Je comprends enfin ta souffrance et ta détresse me serre le cœur. Savoir que tu pensais que je pourrais t'abandonner me fait mal. Tu ne me connais visiblement pas encore assez bien Killian. Tu ne connais pas ma détermination.
Ma main caresse ta nuque puis ta joue, lorsque tu relèves la tête et me regardes de tes yeux rougis.
— J'ai jamais eu l'intention de partir nulle part Killian. Je connais tes démons maintenant, mais je n'en ai pas peur. Je sais qu'ensemble on peut les affronter. On peut tout affronter mais pour ça, il faut que tu me parles de ce qui t'angoisse. Je veux pouvoir te rassurer, te prouver que je suis là pour toi, parce que je ne vais pas t'abandonner.
Tu reprends de la glace et gardes le silence durant quelques bouchées, le regard dans le vide. Devant nous, l'horizon se teinte doucement d'orange et de violet, l'ambiance est calme mais réhaussée par les bruits de la ville. Le silence n'en est pas vraiment un mais il est reposant, presque rassurant. Lorsque tu poses le pot de glace dans l'herbe devant-toi, j'appréhende tout de même ce que tu vas me dire. Ta main serre ma cuisse puis tu me prends dans tes bras sans que je m'y attende, me serrant si fort que j'ai l'impression que mes côtes vont craquer mais c'est réconfortant. Presque autant que tes caresses dans mon dos.
— Je ne sais pas ce qui te pousse à rester avec moi mais je te remercie de ne pas être parti. J'ai encore du mal à croire qu'on est vraiment ensemble toi et moi. J'ai parfois l'impression d'avoir une épée de Damoclès au-dessus de ma tête et qu'un jour je vais me réveiller et qu'elle sera plantée dans mon cœur. Ou pire encore, que je serai seul. Mais tu es toujours là. Merci Tim.
Je te serre à mon tour dans mes bras, embrassant ton cou au passage.
— Je ne suis pas du genre à lâcher prise, ni à abandonner les gens. Mon père et mon frère sont partis et je me suis fait la promesse que personne ne souffrirait par ma faute, comme j'ai souffert. Je serai là, même dans les pires moments. Parce que... je t'aime Killian.
A cet instant, je sens ton étreinte se resserrer plus encore et dans un murmure presque inaudible, tu me souffles les mots les plus doux que j'aie pu entendre sortir de ta bouche jusqu'ici.
— Moi aussi je t'aime Tim.
On reste toi et moi enlacés pendant de longues minutes sous les orangers de ta mère, mon estomac pétillant de joie. Je ne veux pas rompre ce si beau moment. J'aimerais qu'il dure jusqu'à ce que le scintillement des étoiles face place au lever du soleil, parce que l'aube a toujours été un signe d'espoir pour moi. Comme pour confirmer mes certitudes, un arc-en-ciel se dessine au-dessus de l'océan. Un arc-en-ciel qui sent l'orange.
— Regarde, un arc-en-ciel juste pour toi et moi.
— C'est magnifique, dis-tu en me relâchant.
— Je les adore. J'ai l'impression que c'est le ciel qui me sourit et m'assure que tout ira bien pour moi. Pour nous.
Tu tournes la tête vers moi, un sourire immense faisant briller tes iris ambrées.
— C'est hyper mignon ce que tu dis. Tu es hyper mignon.
— Moi mignon ? Je suis pas un gosse Killian ! ris-tu.
— Et alors ? Cet adjectif n'est pas réservé aux enfants mignons. Tu l'es, je te le confirme.
Je soupire alors que tu m'ébouriffes les cheveux. Tu observes l'arc-en-ciel disparaitre et laisser place à la pluie qui se rapproche des terres. Bientôt, il va pleuvoir au-dessus de nos têtes.
— On devrait rentrer avant de se prendre l'orage, dis-je en voulant me lever.
Mais ta main me retient, ton regard me supplie de rester à tes côtés, puis ta bouche fond sur la mienne, me surprenant. Ce baiser a un goût de pardon inavoué, d'attente secrète et d'amour partagé. Je me laisse bercer par la douceur que tu partages, profitant de cet instant d'accalmie.
— Merci Tim, pour tout.
— T'as pas à me remercier, on forme une équipe toi et moi, t'as déjà oublié ?
Tu secoues la tête puis te lèves et m'attires contre ton torse, ton regard plongé dans le mien. Mon cœur s'emballe et je ferme les yeux en sentant l'odeur de la pluie envahir mes narines. Soudain quelques gouttes viennent nous rafraîchir le visage. Tu m'attires par la main puis on court tels des enfants jusqu'à l'intérieur, juste à temps avant qu'une pluie torrentielle ne tombe sur le jardin. On referme la porte derrière Twinkle qui nous a heureusement suivi. Tu me prends dans tes bras et j'aperçois derrière-nous, le regard de ton père. Il semble rassuré mais je repense soudain à notre conversation et je ne peux m'empêcher de me dire qu'il faut que vous en discutiez tous les deux.
Après une douche revigorante et un moment passé à gratter ma guitare sans but autre que me détendre, on rejoint ton père pour le repas du soir. La nuit est presque tombée et la pluie a cessé, faisant descendre la température de cette fin novembre de quelques degrés. Les fêtes de fin d'années approchent et mon cœur se serre en pensant à Rosie et à ma mère, à mon père et Jackson aussi. Je ne sais pas comment je vais gérer tout ça, je ne sais pas non plus comment vous vivez cette période ton père et toi. Entre nos deux familles, je me sens encore perdu, ne sachant exactement où est ma place.
Est-ce que j'en ai encore une auprès de ma mère ? Est-ce que ton père et toi m'en ferrez une ? Soudain, une angoisse me serre la gorge et l'esprit. J'aimerais appeler mon père mais il est parti sans nous donner de quoi le contacter hélas.
— Monsieur Shelby, est-ce que vous auriez la possibilité de faire des recherches sur une personne grâce à votre entreprise ? demandé-je soudain alors qu'Anna nous sert notre repas.
Ton père me dévisage puis me gratifie d'un sourire, tandis que tu me dévisages.
— Pour commencer appelle-moi Patrick s'il te plaît, ensuite, je pense que je pourrais demander à une de mes experts en informatiques. Je ne devrais peut-être pas vous le dire mais Allison a été arrêtée pour hacking. J'ai un ami dans la police qui m'en avait parlé, je l'ai engagée et c'est une personne exceptionnelle dans son travail. Elle aurait pu travailler pour le FBI mais elle a préféré nous rejoindre. Je pourrais lui demander. Qui voudrais-tu retrouver ?
Sous la table je cherche ton soutien, ou plutôt ta main, que je serre afin de trouver le courage de me lancer. Tu restes silencieux mais ton étreinte me rassure.
— J'aimerais retrouver mon père. Je sais qu'il est parti au Canada mais je ne sais pas où exactement. Vous pensez qu'elle pourrait le retrouver ?
— Je vais en parler à Allison, elle fait des miracles pour nous, je pense qu'elle pourrait t'aider.
Je remercie ton père, me demandant encore pourquoi je lui ai demandé ça. Pourquoi ce soir ? Pourquoi vouloir remuer le passé alors que je tente de savoir où me mène mon avenir ? Je me sens si perdu entre toutes les personnes qui gravitent autour de moi que je cherche un point d'ancrage. Tout le monde semble savoir où il va alors que moi je tente de mettre un pied devant l'autre sans me vautrer. J'ai toujours été comme ça, celui qui suit parce qu'il ne sait pas vraiment où il va mais j'en ai marre de devoir me battre contre toutes les tempêtes. J'ai envie d'être le capitaine de mon bateau, pas celui qui s'échoue sur une île déserte.
Je suis un battant mais parfois les éléments sont trop fort et j'ai l'impression de me noyer mais depuis que tu es dans ma vie, je crois savoir pourquoi je me bats. Je veux le faire pour nous, pour toi et pour cet avenir encore flou qui se déroule devant nous comme un chemin cabossé, semé d'embûches qui me semblent plus grosses les unes que les autres. J'espère au plus profond de mes tripes qu'un arc-en-ciel viendra illuminer notre avenir et que tout se passera bien.
❤❤❤
Hello,
Avec un peu de retard, le chapitre est là.
A votre avis, Est-ce que Timothy a été assez convaincant pour rassurer Killian ?
Est-ce que ce dernier comprendra enfin qu'il peut trouver du soutien au près de son petit ami ?
On en saura plus samedi !
Merci de m'avoir lue, des bisous.
(* ̄3 ̄)╭❤
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