Inséparables


7 jours avant...


🌵🌵🌵 TW (mention de manipulation sur personne en détresse, abus de pouvoir, traumatisme.)

Killian

Comme promis, Gloria n'a pas reconduit le contrat de Giovanni et je ne l'ai pas revu, néanmoins, certains souvenirs de mon passé, que j'avais complètement oubliés, me sont revenus en mémoire. J'en ai fait d'horribles cauchemars.

Mon père m'avait dit que, selon ce que lui-même avait appris de son psy après la mort de ma mère, mon cerveau n'a pas rangé tous mes souvenirs traumatisants dans la même case. En état de détresse, les informations sont altérées pour ne garder que ce qui est essentiel à la survie. Les souvenirs qui ont une portée émotionnelle trop forte, sont rangés ailleurs, pour nous protéger.

Aussi, je me rappelle très bien de la période du lycée avec Giovanni. Notre rencontre, les passages dans les toilettes, mais jusqu'ici notre relation, qui a commencé après ça, n'était que bribes et flashs infimes dans mon esprit. Depuis deux jours, je revis chaque nuit, des souvenirs différents, plus violents les uns que les autres et pour être franc, ça me traumatise plus encore, qu'à l'époque où je les ai vécus.

Je ne sais pas exactement comment tout ça fonctionne, mais je suis certain d'une chose ; Je n'étais pas capable de réaliser quand ça m'est arrivé, que Giovanni était une mauvaise personne pour moi, mais maintenant je le sais. Ça ne change pas grand-chose à ma vie au final, le profond mal être était déjà là, mais aujourd'hui je me rends compte de l'étendue de la douleur qu'il a provoquée. De tout ce qu'il a détruit chez moi.

Le plus important, c'est que j'ai pris conscience de l'importance que tu as dans ma vie. Je réalise que tu as été un soutien à toutes épreuves depuis qu'on est ensemble Tim. Je ne sais pas comment j'aurais vécu le retour de Giovanni si tu n'avais pas été là pour me soutenir. Je te fais vivre un enfer depuis, je m'en rends compte chaque jour un peu plus. Mais je sais aussi que rien que par ta présence, tu illumines chaque minute de ma vie, tel un soleil. Tu es le roc sur lequel je peux m'appuyer pour éviter de tomber. J'ai une chance énorme de t'avoir, parce qu'entre les crises de larmes et les moments où j'ai besoin de me reconnecter avec mon corps, mes journées me semblent aussi sombres que mes nuits.

Tu es parti faire des courses et depuis une heure environ, je tente de lire les papiers que mon père m'a donné pour cette semaine à Sydney. Entre le planning des séances et leurs contenus, je ne sais pas ce qui me déprime le plus. Mais je sais aussi que je dois le faire pour lui, il me l'a demandé et je ne peux plus lui refuser. Je me suis engagé dans cette entreprise, je n'ai pas envie de foirer ça aussi. Et puis, si je refuse d'y aller, il voudra des explications et je ne suis clairement pas prêt à lui en donner. Alors je fais le poing dans ma poche et j'organise ma semaine en Australie.

Je passe mon après-midi sur mon ordinateur portable, les yeux glissant de temps à autre à travers la baie vitrée, afin d'observer l'océan. Je fais de mon mieux pour chasser les réminiscences de tout ce qui concerne Giovanni mais j'ai beau essayer de fermer mon esprit, je ne peux rien faire quand un souvenir me submerge. Je ne peux pas lutter contre la violence avec laquelle les images me percutent. Je ferme les yeux par moment, frissonnant, parfois en sueur. C'est comme vivre un cauchemar éveillé en plein raz-de-marée.

Je sens soudain ta main se poser timidement sur mon épaule et je réalise que le soleil se couche déjà sur l'horizon et que je ne suis pas en train de dormir.

— Eh mon cœur, t'as faim ?

Je repousse l'ordi et me tourne vers toi, tentant de sourire mais ton air inquiet m'en empêche. Je ne sais même pas si j'ai faim à vrai dire.

— Tu as cuisiné quelque chose ?

— C'est tout simple mais oui, je pensais que tu aurais faim après ces trois heures passées sur ton ordi, dis-tu en glissant tes mains dans les poches de ton pantalon de jogging.

Je ressens tout à coup le besoin de te serrer dans mes bras, je sais pas vraiment pourquoi mais je suis rassuré quand tu acceptes mon étreinte en m'accueillant contre ton torse.

— Merci mi amor, dis-je sans pouvoir te lâcher.

Je hume ton parfum, tes cheveux qui sentent toujours aussi bon l'abricot et qui me rendent fou. Je n'ai pas envie de te quitter pour une semaine, je ne veux pas partir seul. J'ai besoin de toi, surtout en ce moment.

— Euh, de rien, c'est juste des mac' and cheese tu sais.

— Non, je voulais te remercier d'être là pour moi. Putain j'ai pas envie de partir à Sydney Tim !

Je t'entends soupirer puis ta main dessine des arabesques légères dans mon dos pendant quelques instants. Tu finis par te défaire de mon étreinte, essuyant une larme sur ta joue rougie.

— On peut juste manger et ne pas penser à ce voyage tout de suite ? On a encore six jours devant nous. J'aimerais bien en profiter un maximum.

— Ouais, t'as raison, profitons-en, dis-je en tentant un sourire qui fait naître le tien.

On s'installe au bar, face à notre salon. J'observe Twinkle qui dort, roulé en boule sur son fauteuil bleu, près de la fenêtre. Je l'envie. Je regarde notre terrasse baignée maintenant par la lumière de la lune, notre bibliothèque, croulant sous le poids de tous nos livres et je réalise que tout ça va me manquer pendant cette semaine. Enfin, c'est surtout toi qui va me manquer. Malgré les difficultés, on a réussi à se construire un foyer, une petite famille, si je compte Twinkle, et bien sûr qu'il compte à mes yeux.

Je prends conscience de l'importance que vous avez tous les deux pour moi. De la place unique que vous vous êtes faite dans ma vie et de la chance que j'ai de vous avoir. Je sens soudain ta main sur mon avant-bras, figé en plein mouvement, ma fourchette juste devant ma bouche. Tu m'observes les sourcils froncés.

— Ça va pas Killian ? demandes-tu en passant ton pouce sur ma joue.

Je réalise que mon visage est humide de larmes salées. Je déglutis bruyamment et repose ma fourchette dans mon assiette.

— Tu vas me prendre pour un con mais, je me disais que j'avais de la chance de vous avoir, toi et Twinkle, dis-je en reniflant.

— Tu n'es pas con et je sais pas si c'est de la chance ou le destin, ou n'importe quoi dans l'univers mais, je suis heureux d'être là avec vous moi aussi. Je t'aime et rien ne me fera changer d'avis. C'est aussi évident qu'un et un font deux. Toi et moi, on est fait l'un pour l'autre. Ouais c'est niais mais j'avais besoin de te le dire, dis-tu en secouant tes boucles blondes en souriant.

J'aime voir ce sourire sur ton visage, cette joie indéfectible quand tu parles de moi, de nous. Ce bonheur que je ressens jusque dans mes os lorsque tu dis que tu m'aimes. Je ne pensais pas ça possible un jour, de ressentir autant de bonheur et de paix.

Les jours suivants passent ainsi, entre moments de bonheur et de joie la journée et cauchemars la nuit. Mais plus le jour J approche, plus mes nuits sont courtes et mes journées son sombres. Je me sens prisonnier, d'un côté parce que je ne veux pas partir et de l'autre, parce que si je ne le fais pas, je devrais parler à mon père et ça, il n'en n'est pas question. J'ai parfois l'impression d'être comme un pendu au bout d'une corde, cherchant de l'air pour survivre ou attendant la mort avec crainte, je ne sais pas vraiment.

La veille du départ, je suis plus stressé que jamais mais tu sais comment apaiser mes craintes. Alors que la journée se termine doucement, on est venu courir là où, trois ans plus tôt, on s'est rencontré. Le panneau Hollywood est toujours là ainsi que le lampadaire et l'herbe, tout aussi sèche que ce soir-là.

Je réalise avec nostalgie qu'il n'a fallu qu'une seule nuit pour que je tombe amoureux de toi.

Main dans la main, appuyés sur la balustrade qui surplombe la ville, j'observe l'horizon au loin. Tu t'assois à mes pieds, essoufflé par la montée qu'on a faite en courant. J'allume une cigarette, juste pour sentir l'odeur du tabac, je ne la fume pas vraiment.

— Tu ne trouves pas que ce soir semble particulier ? demandé-je en glissant ma main dans tes cheveux.

— Tu dis ça parce que demain tu pars ? répliques-tu en attrapant ma main, m'obligeant à venir m'asseoir à tes côtés.

J'écrase mon mégot de cigarette et le glisse dans la petite boîte en fer que je range dans ma poche de short. Oui, je t'avais promis d'arrêter mais cette semaine, j'ai pas réussi hélas. Tu me donnes un coup d'épaule, me ramenant à la réalité.

— Je sais pas, peut-être. Je crois que j'angoisse de plus en plus mais je suis heureux d'être là, avec toi, même si cette putain de boule à l'estomac me donne la nausée.

Tu souris, puis laisses ton regard se perdre dans le vide devant toi.

— Je sais pas si j'ai tout suivit Killian mais je retiens que tu es heureux à cet instant et c'est tout ce qui compte pour moi, dis-tu en glissant ta main dans la mienne avant de m'embrasser sur la tempe.

Je soupire, profitant des couleurs du soir sur l'horizon et de ta présence réconfortante. J'ai vraiment pas envie de partir.

— Je pourrais observer cette vue chaque jour de ma vie, je la trouverais toujours aussi belle. C'est peut-être parce que t'es là avec moi.

Tu tournes soudain la tête vers moi, tes yeux me scrutant intensément à travers tes lunettes.

— Arrête de dire n'importe quoi, tu deviens romantique, c'est presque écœurant, râles-tu en secouant la tête.

— Bon sang, je me ramollis ! C'est de ta faute cavolo* ! Tu déteins sur moi.

— Re voilà des gros mots en italien, tu me rassures.

— Oh cazzo...mhhh !

Ta bouche se colle à la mienne et tes bras entourent mes épaules, m'empêchant de bouger ou de parler. J'en profite pour approfondir notre baiser, cherchant ton approbation que j'obtiens sans attendre. On s'embrasse comme si plus jamais on n'aurait l'occasion de le faire. Je crois qu'on appréhende tous les deux ce départ, cette séparation, sans oser se l'avouer.

La nuit tombe et on redescend du point de vue puis on attrape le premier bus qui passe et qui nous ramène chez nous. Tu entres le premier et m'envoies préparer ma valise. Evidemment, je n'ai encore rien fait, attendant le dernier moment au cas où mon père aurait changé d'avis mais il ne s'est pas manifesté et je me rends compte avec horreur que je pars réellement demain.

J'ai envie de m'ouvrir à toi mais d'un autre côté, je ne veux pas t'accabler plus que ça. Je sais qu'en ce moment je ressemble à une tornade qui tourne à toute vitesse, retournant tout sur son passage. D'ailleurs notre chambre semble avoir subi une de ces catastrophes naturelles dévastatrices. J'ai mis un bordel monstrueux et je sais déjà que tu vas m'engueuler pour ça. Je ferme ma valise la boule au ventre lorsque je t'entends arriver derrière moi. Tu souffles si fort que nos affaires pourraient s'envoler à nouveau.

— Tu veux m'en parler ? demandes-tu en pointant le lit et la moitié de mes vêtements qui y sont étalés.

Tu grimaces, je soupire, posant ma valise par terre.

— Tu veux vraiment que je te parle de ma façon catastrophique de faire ma valise ? Ou de mon indéniable manque de logique face au rangement ?

Tu ris et me pousses sur le lit, ton corps surplombant le mien, ton regard doux m'observe.

— Je préfèrerais que tu me fasses l'amour avant qu'on soit séparés pendant une semaine entière. Je m'en fous du rangement, dis-tu en repoussant mes vêtements sur le sol d'un coup de pied.

— Et le diner ?

Tu hoches la tête négativement, mordillant ta lèvre pour m'agacer. Je réplique.

— D'abord je te mange et ensuite on remplit nos estomacs, dis-je en t'enlevant ton t-shirt.

— Ok, faisons ça, d'abord l'amour, la bouffe ensuite, dis-tu en me laissant t'arracher ton boxer.

A cet instant, je ne pense plus à rien d'autre que toi et moi. A ton parfum d'abricot, à tes joues rouges et tes lunettes qui finissent sur la table de chevet, ton corps qui s'offre à moi, ta bouche qui murmure des mots doux, qui me rassure, à tes cheveux blonds étalés sur l'oreiller. Je ne peux m'empêcher de sourire et de me dire que j'ai de la chance.

Je repense à cette nuit-là, cette nuit où je t'ai rencontré tout en haut de la colline et où tout a changé. Une seule nuit à suffit à bouleverser ma vie d'une façon que je ne pensais pas possible. Une seule nuit pour que nous devenions liés, comme un phare et son rocher, comme une ancre et son bateau, comme les étoiles dans le ciel, inséparables les unes des autres, parce qu'elles sont semblables.

Comme toi et moi, inséparables.

*cavolo/ la vache


❤❤❤

Hellooo !

Veuillez m'excuser pour mon oubli, je n'étais vraiment pas en forme ce weekend et j'étais sûre d'avoir programmé le chapitre et puis non...

Bref, le départ de Killian approche et tous deux ne sont pas sereins quant à ce voyage. Comment va se passer tout ça ?

On en saura plus mercredi ;)

Des bisous et encore toutes mes excuses pour le retard.

Au passage, je remercie celles et ceux qui votent et laissent un petit commentaire, ça me fait énormément plaisir !

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