Envie de quoi ?
1 086 jours avant...
🌻🌻🌻
Killian
Ton chat a piqué la place sur le lit pendant que j'étais sous la douche. Twinkle est en compétition avec moi mais je le comprends. Ça fait à peine quelques heures que vous êtes là tous les deux et cette boule de poils ne te lâche pas d'un pouce. Il doit être tout perdu, comme toi lorsque tu as débarqué avec lui en fin de journée hier. La première pensée que j'ai eu c'était que j'étais heureux que tu sois là, pas parce que ce connard de Roger t'avait mis à la porte, ça non. J'étais soulagé que tu aies assez confiance en moi pour venir te réfugier ici.
J'observe ta joue bleuie avec une folle envie d'aller dire à Roger ce que je pense de lui avec mes poings mais mon père m'en a dissuadé et c'est pas plus mal. J'aurais certainement pété un câble et fracassé sa tête de con dans un mur. Au lieu de ça, j'ai ruminé toute la nuit et ce matin, j'ai la tête dans le fion ! Ça va faire moche sur les photos et c'est pas comme si on m'avait engagé comme mannequin il y a deux jours seulement.
Je te secoue doucement par l'épaule pour te sortir de tes songes, laisse quelques baisers sur ta joue, comme si je pouvais en apaiser la douleur.
— Hey Tim, faut qu'on se lève si tu veux m'accompagner. J'ai rendez-vous dans un peu plus d'une heure.
Tu marmonnes des mots incompréhensibles, la tête à moitié enfoncée dans l'oreiller, et mon idiot de cœur fond littéralement devant tant de mignonnerie mais j'ai toujours cette boule dans l'estomac qui m'empêche de voir la situation sereinement. Je ne peux m'empêcher de me dire que toi aussi tu vas finir par partir un jour, quand tu me connaitras vraiment. Je respire un bon coup, chassant cette idée loin d'ici, en espérant que ce soit le plus tard possible si vraiment ça devait arriver.
— Tim, lève-toi marmotte ou je nourris ton chat avec des pancakes !
— Noooon, ça va pas non ?! râles-tu en t'asseyant d'un bond dans le lit, tes yeux encore à moitié fermés. J'ai laissé ses croquettes sur le bar, t'as qu'à l'emmener en bas, j'arrive.
Ton visage d'ange ensommeillé me remue l'estomac mais je te laisse partir du côté de la salle de bain et attrape Twinkle avant de descendre. A peine arrivé à la cuisine, il saute de mes bras lorsqu'il voit sa gamelle. Je la remplis de croquettes, observe ce petit tigre blanc et gris et je crois que je l'apprécie déjà.
— Oh ! C'est à lui cette gamelle ? Je me demandais quel animal vous aviez encore ramené dans la maison Killian.
Je ris avec Anna. C'est vrai que petit, j'avais tendance à vouloir sauver tous les animaux perdus du jardin. La faute à Alicia qui faisait pareil dans le sien, on y passait nos après-midis à courir après ces petites bêtes qui avaient plus peur que réellement besoin de nous maintenant que j'y pense. Un jour j'ai voulu dompter un gecko mais maman avait hurlé de peur en le voyant dans sa boite à bijoux, que je lui avais volée, et l'avait libéré au milieu des orangers. Je ne l'ai jamais retrouvé et ça m'avait brisé le cœur.
— Je vous présente Twinkle, c'est le chat de Tim, dis-je en sentant mes joues chauffer.
Elle le caresse puis plonge son regard dans le mien avec la tendresse d'une mère.
— Il est adorable ce minou, tout comme son propriétaire, non ? me demande-t-elle tout sourire.
Je pense à toi, sous ma douche et tout à coup je sens mes joues s'empourprer plus encore. Je ne devrais pas avoir ce genre de pensées devant Anna, c'est très gênant.
— C'est vrai, dis-je en baissant la tête, pris en flagrant délit. Papa a déjà pris son petit déjeuner ? dis-je pour changer de sujet.
Je remarque que journal est ouvert sur le bar et son mug de café fumant est posé à côté, il ne doit pas être bien loin.
— Oui, il est au téléphone sur la terrasse, précise Anna tandis que je me glisse sur le tabouret du bar.
Quelques minutes plus tard, tu nous rejoins, frais et sentant l'abricot. J'aime le parfum de ton shampoing Tim, il a un côté rassurant. Tandis que mon père nous souhaite une bonne journée en emportant sa veste de costume et sa mallette, nous prenons notre petit déjeuner puis vient l'heure de partir pour mon premier jour de travail. Je ne voulais pas te laisser seul à la maison, alors tu m'accompagnes.
On prend le bus jusqu'à Silver Lake, situé plus au nord. Le quartier est hyper coloré et fait ressortir pleinement la culture hipster. J'apprécie déjà ses rues animées, bordées de restaurants asiatiques, de cafés artisanaux et de salles de concert indépendantes. Il y a aussi quelques bars branchés et des boutiques tendances. L'agence de mannequin se trouve au troisième étage d'un immeuble jaune canari à l'architecture moderne. Je pense que je vais me plaire dans ce quartier que je découvre à peine.
Je me présente à la réception et nous sommes escortés dans un long couloir lumineux par la jeune femme de l'accueil, toute souriante. Arrivés dans le studio photo, je découvre des miroirs immenses, couvrant toute la longueur du mur du fond, faisant ressembler la pièce à une salle de danse. Je sens le stress monter face à mon reflet. J'ai vraiment une sale tête ce matin. La femme de la réception nous laisse avec Gloria, la directrice de casting que j'ai rencontrée il y a quelques jours.
— Bonjour Killian, comment vas-tu ? me demande-t-elle en lorgnant sur toi de ses yeux verts curieux.
Elle est grande, la quarantaine bien entamée, et respire la bonne humeur. Ses cheveux roux ondulés lui donnent un air plutôt rude mais son sourire est rassurant et chaleureux.
Tu restes à mes côtés, presque trop sage pour être honnête.
— Bien merci et vous ? Je vous présente Timothy... Il m'accompagne aujourd'hui, ça ne vous dérange pas ?
J'ai hésité sur ce qu'il fallait dire après Timothy bordel. Mon ami ? Est-ce qu'on est ami ? Plus que ça ? Arrête de réfléchir Killian et concentre-toi !
— Non, il ne dérange pas du tout, il pourrait même faire un essai s'il en a envie, dit-elle en nous observant tous les deux, tour à tour d'un œil professionnel.
— Euh, je préfère regarder, dis-tu en te rapprochant de moi.
Ton épaule contre la mienne, tu sembles tout à coup stressé. Ma main frôle la tienne, ton regard sonde le mien. Un sourire illumine ton visage.
— Comme tu veux, je vais vous laisser avec Ophra, ta maquilleuse, et ensuite tu nous rejoindras ici avec les autres garçons qui ne devraient pas tarder à arriver, dit Gloria en vérifiant l'heure sur sa montre.
— Ok, merci beaucoup.
— Tu me remercieras à la fin de ta première journée Killian. A tout à l'heure, dit-elle avec un clin d'œil avant de repartir l'air pressé.
Sortant de la pièce attenante, une jeune femme nous fait signe de la suivre. Les rayons du soleil traversant la pièce font ressortir le côté cuivré de sa peau couleur terra-cotta. Elle est magnifique et ses grands yeux noirs me fixent tout à coup avec bienveillance.
— Salut Killian, je m'appelle Ophra et je suis ta maquilleuse et coiffeuse, dit-elle en me tendant sa petite main que je serre volontiers.
Son sourire me rassure, elle a l'air vraiment sympa.
— Enchanté de faire ta connaissance Ophra. Je te présente... Tim.
— Tout le plaisir est pour moi. Tu peux t'assoir là, je vais m'occuper de toi, dit-elle en me désignant le siège en cuir qui fait face à un grand miroir entouré par des ampoules diffusant une lumière dans les tons blancs chauds.
J'ai l'impression d'être un acteur de cinéma, c'est excitant.
— Et toi Tim, tu peux t'asseoir sur le siège d'à côté, il est libre pour l'instant, ajoute-t-elle.
Je m'installe et vois Ophra sortir toute une palette de maquillage. Je l'observe en silence, un peu intimidé. Elle attache ses longues tresses noires ensemble grâce à l'une d'elles sur le côté de son cou puis revient les mains chargées.
— Je cherche la bonne teinte, précise-t-elle. Est-ce que tu peux enlever ton t-shirt s'il te plait ? Les photos de ce matin... et les suivantes aussi, seront en sous-vêtements. Je dois m'assurer que tout soit parfait.
Je m'exécute en rougissant sous ton regard intéressé. Je me rends compte que j'ai peut-être oublié de te donner quelques détails. Je ne t'ai pas dit que l'agence était spécialisée en lingerie pour hommes et qu'elle collabore avec des petits créateurs de la région pour mettre en avant leurs créations, qui sortent un peu de l'ordinaire.
Ophra me maquille puis coiffe mes cheveux en bataille sous ton œil amusé. J'ai comme l'impression que tu n'en perds pas une miette et sans te le dire, ça me fait quelque chose de le savoir. Une demi-heure plus tard, je découvre avec toi mes futurs collègues dans le studio photo. Il y a de l'agitation et de l'excitation dans l'air et moi je ne me sens pas super à l'aise. Tu me suis et restes discrètement dans un coin de la pièce, derrière l'objectif du photographe.
Je découvre avec appréhension les sous-vêtements qui sont suspendus sur des cintres, tels de minuscules pièces de tissu de toutes les couleurs. Vraiment minuscules. Madonna !* Gloria me donne quelques pièces que je vais essayer dans une des cabines situées le long du mur. Je me glisse dans un shorty en dentelle noire, transparente. C'est... comment dire ? Plutôt joli, confortable, même si je ne me sens pas trop à l'aise pour l'instant.
— Est-ce que la taille est bonne ? me demande Gloria depuis l'autre côté du rideau.
— Euh oui je pense, dis-je en testant la résistance de la dentelle en remuant mon postérieur.
Je suis heureux de voir que ça tient bien, tout le paquet ! Je ressors en évitant le regard de Gloria qui me sourit et me tapote l'épaule.
— Bientôt, tu n'y penseras plus, je te promets que ce sera comme te promener en maillot de bain sur la plage. Tu te débrouilles bien, me dit-elle avec un clin d'œil. Tu peux rejoindre les autres pour un premier essai. Je te laisse suivre les consignes du photographe, il va te guider ne t'inquiète pas.
Je me rapproche du groupe de mannequins déjà en petites tenues, toutes assorties, mais de couleurs différentes. Le photographe nous place dans un décor constitué de cubes en plastique totalement blancs, afin de faire ressortir les pièces de lingerie selon ses dires. Je te vois du coin de l'œil, assis sur une chaise, ton regard ne me quitte pas. J'essaie de ne pas trop y penser et me concentre sur les instructions du photographe qui règle encore son éclairage avec son collègue.
Après une heure à poser sous les projecteurs, nous avons droit à une pause et puisque je n'ai pas vraiment eu le temps de le faire avant, je me présente à mes nouveaux collègues. Il y a Max qui a mon âge et Yuma, un peu plus vieux et en couple apparemment. La pause est déjà terminée et comme pour la première prise de vue, le photographe nous prend en photo tous les trois puis uniquement Max et moi. Je ne suis pas à l'aise et le fait que tu sois-là ne m'aide pas vraiment. Max est très tactile et me crispe encore plus. Finalement le photographe me place près de Yuma et le courant passe bien mieux avec lui.
Après la séance, je retrouve mon boxer en coton et mon jean avec plaisir. Ce premier contact avec de la dentelle était particulier mais pas désagréable finalement. Je te rejoins à l'accueil et lorsque nous croisons Gloria qui me remercie et me prie de te prendre avec moi la prochaine fois, tu rougis, mon cœur s'emballe. On court jusqu'à l'arrêt du bus tels des gamins et on s'engouffre à l'intérieur dès qu'il arrive. Ton genou contre le mien, je me sens bien. Ma main glisse sur ta cuisse, ton regard la suit puis s'ancre au mien, chatouillant mon estomac au passage. J'approche ma bouche de ton oreille et murmure.
— T'as aimé la lingerie ?
Tu te mords la lèvre inférieure, tu me dévisages et je perds le contrôle de mes pensées.
— C'était assez sexy, j'avoue que ça t'allait vraiment bien.
J'ai une furieuse envie de t'embrasser, là tout de suite mais je me retiens jusqu'à notre arrêt. Alors qu'on remonte la rue pour rentrer chez moi, ma main enlace la tienne et comme deux ados, on rit, un sourire indécrochable aussi lumineux que le soleil sur notre visage. Je pousse le portail puis fais de même avec la porte d'entrée que j'abandonne derrière moi, obnubilé par tes lèvres qui n'arrêtent pas de sourire. Arrivés dans ma chambre, je te pousse sur le lit et te surplombe. Ton regard d'obsidienne s'accroche au mien.
— Tim, dis-moi que tu en as envie toi aussi ? dis-je en caressant ta joue de mon pouce.
Ta peau est si douce que j'ai envie de la caresser.
— Envie de quoi ? dis-tu en passant ta langue sur tes lèvres roses qui m'appellent.
— Tss... Ti voglio baciare** Est-ce que je peux t'embrasser ? murmuré-je en me rapprochant de toi.
Ta main glisse dans mon dos, l'air devient électrique entre nous. J'appréhende la suite autant que j'en ai envie.
— Embrasse-moi ou c'est moi qui le fais.
Je souris bêtement et tu ris jusqu'à ce que nos lèvres se frôlent puis se goûtent timidement. C'est un feu d'artifice qui me submerge soudain, une explosion lorsque nos langues se rencontrent dans une danse de moins en moins timide. C'est comme si je goutais à un millier de friandises en même temps. Je fonds pour toi et soudain c'est comme si la vie avait bien plus de saveur depuis que tu es là. Je réalise que tu es le premier qui réveille de telles sensations et que pour rien au monde je ne voudrais que ça s'arrête. Lorsqu'on se sépare, c'est comme si on retirait tout l'oxygène de mes poumons. On est tous les deux à bout de souffle, déjà en manque.
— Timothy, qu'est-ce que tu m'as fait ? Tu m'as jeté un sort, envouté ?
Je t'embrasse encore et encore, sans avoir envie d'arrêter, avec le désir d'en gouter plus mais je me retiens d'aller plus loin et me couche à tes côtés en t'observant.
— J'ai rien fait du tout, dis-tu en te rapprochant de moi. Mais je crois que toi et moi on ne peut plus revenir en arrière. On est maintenant lié par un serment.
Je hausse les sourcils, surpris.
— Quel genre de serment ? dis-je en souriant.
— Je sais pas... Attends, laisse-moi réfléchir... Celui de deux âmes perdues qui se promettent de ne plus se séparer, ça te va ? dis-tu en me tendant ton auriculaire que j'observe, sceptique.
— Tu veux qu'on fasse un vrai serment ? Ok.
Je tends mon doigt et tu y accroches le tien, les sourcils froncés. Ta peau halée contraste avec la mienne, bien plus pâle. Tu réfléchis, beaucoup. Je me retiens de rire. C'est solennel bordel.
— Je te fais le serment de ne jamais te trahir et d'être là lorsque tu en auras besoin.
Je pince les lèvres lorsque tu te retiens de rire toi aussi.
— Tout pareil ! dis-je alors que tu éclates d'un rire qui ferait s'envoler toute une nuée de papillons de mon estomac, si ce n'était déjà fait.
— Tout pareil ? Sérieusement ?
Je hoche la tête alors que tu observes mes lèvres.
— Mhh, tout pareil. Tu dois sceller ce serment Tim. Faut que tu m'embrasses !
Tu grimaces, je souris, heureux comme un gosse le soir de noël.
— Je suis pas sûr que ce soit comme ça que ça se passe dans les films, marmonnes-tu.
— Dans mes rêves c'est comme ça que ça se passe, ne les brise pas, je t'en supplie.
Tes lèvres se posent sur les miennes, ta main se glisse dans mes cheveux tandis que je te prends dans mes bras. Le temps s'arrête, comme si nous n'étions plus que tous les deux dans ce monde. Plus rien n'existe mis à part toi et moi et les papillons qui volent partout dans ma chambre. Ce moment dure quelques minutes, plus peut-être. Puis soudain on frappe à la porte et je suis obligé de t'abandonner sur mon lit à contre cœur alors que je me sens aussi volatile qu'une brise apportant la chaleur du sud.
— Je reviens et on recommence, dis-je avec un clin d'œil avant d'ouvrir la porte.
*Madonna ! / Oh là là !
**Ti voglio baciare / Je veux t'embrasser
❤❤❤
Hello vous,
J'espère que ce chapitre vous a plu ?
Mais qui vient donc frapper à la porte ?
On le saura samedi prochain...
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