Elle s'est éteinte comme une étoile après une supernova
1 049 jours avant...
🌵🌵🌵 TW (mention de mort d'un proche)
Killian
On a passé un dimanche génial tous les deux. Une journée magnifique à se balader sur les hauteurs de Los Angeles, à manger des crèmes glacées, à rire pour un rien et s'embrasser sous le soleil mais aujourd'hui hélas, rien ne va et je ne sais pas pourquoi. On est en pleine séance photo et sous les projecteurs, je n'arrive pas à me concentrer. Le photographe fait finalement une pause parce que rien ne lui plait. Je souffle fort et vais me servir un verre d'eau dans le coin de la pièce.
Tu t'approches de moi, sourire aux lèvres. J'évite de regarder ce que tu portes parce qu'entre l'envie de t'arracher ce boxer en dentelle et le besoin irrépressible d'extirper violemment les yeux de Max qui n'arrêtent pas de te reluquer, je ne sais pas par quoi commencer. Mon sang bout et je n'arrive pas à me calmer.
— Tout va bien Killian ? me demandes-tu en glissant ta main dans mon dos.
Je me crispe et me décale.
— Ouais. Non, ça va pas. T'as vu Max ?
Tu lui jettes un regard furtif puis hausses les épaules.
— Non, qu'est-ce qu'il y a avec Max ?
Je soupire longuement. Ça m'énerve que tu ne voies pas comment il te regarde. Je vais finir par lui arracher les orbites et les lui faire bouffer s'il continue.
— T'as pas vu comment il te mate depuis le début du shooting ?
Un sourire, presque une grimace, prend place sur ton visage jusqu'ici souriant.
— Ecoute, j'ai déjà du mal à me faire à l'idée de travailler à moitié à poil alors si tu pouvais éviter de me dire que Max me regarde tout le temps, ça m'aiderait beaucoup. Et c'est pas si grave, il regarde c'est tout.
— Je déteste ça, râlé-je sans le lâcher du regard.
— Je rêve ou tu serais un tantinet jaloux Killian ? me demandes-tu en souriant.
— Bien sûr que... peut-être bien que oui ! avoué-je un peu trop vite à mon goût.
Ta main revient sur ma hanche, m'attirant à toi, si proche que je sens l'odeur de ton shampoing à l'abricot. Tu murmures à mon oreille.
— J'en ai rien à faire de Max. Il n'y a que toi qui compte. Est-ce que c'est clair dans ta jolie tête Kiki ?
Un frisson parcourt mon dos nu.
— Kiki c'est réservé à Alicia mais ok, c'est compris.
— Je te trouverai un p'tit nom mais arrête de psychoter sur Max, ok ?
Je soupire en levant les yeux au ciel mais n'ai pas le temps de répliquer car le photographe nous rappelle. On se retrouve sous les projecteurs et le shooting reprend, sans que je ne puisse me calmer. Le photographe doit vouloir mourir parce qu'il décide soudain de te mettre du côté de Max et moi de l'autre avec Yuma et deux autres mannequins qui nous ont rejoints ce matin tout spécialement pour cette nouvelle collection.
Yuma me met un coup de coude pour que j'écoute les instructions mais je ne vois que Max et ses mains qui se posent sur toi. J'ai envie de hurler et je dois faire tous les efforts du monde pour ne pas le faire. C'est une véritable torture et j'ai du mal à travailler avec Yuma. C'est difficile pour moi de supporter sa proximité. Je me sens soudain mal à l'aise. J'ai chaud et la tête qui tourne.
— On fait une pause ! Killian, maquillage ! Tu brilles beaucoup trop ! crie le photographe qui semble m'en vouloir tout particulièrement.
Je soupire et vais rejoindre Ophra pour une retouche. Quelle journée de merde ! Qu'est-ce qu'ils ont tous bordel ?!
Assis sur le siège, en face du miroir qui me renvoie un visage fermé, je soupire plus encore. Ophra m'observe d'abord en silence puis ose me demander ce qui ne va pas.
— J'arrive pas à me concentrer ce matin et Max me rend dingue ! soufflé-je en croisant son regard.
Elle pose une main sur mon épaule tout en continuant d'estomper mes imperfections.
— C'est à cause de ton petit ami ? T'étais pas aussi nerveux avant que Gloria ne l'engage. J'ai juste ?
Mon genou tressaute, Ophra pose sa main dessus, cherchant mon regard.
— Ouais ça se pourrait. Je sais pas comment gérer tout ça, avoué-je en baissant les yeux.
— Dans ce cas, fais abstraction de Tim et Max et ne regarde que l'objectif. Je sais que c'est compliqué mais si tu restes focalisé sur eux, tu vas jamais y arriver. Il ne peut rien se passer ici Killian, tu t'en rends compte ?
Son ton me rassure un peu, même si au fond de moi je cherche encore comment faire disparaitre un corps. Pourquoi c'est si difficile ? De se concentrer je veux dire.
— Je vais essayer, merci Ophra.
— Allez retournes-y et éblouis-les de ta beauté ! dit-elle avec un clin d'œil.
Je souffle fort et tente de prendre sur moi pour ne regarder que l'objectif, comme me l'a conseillé Ophra. Et ça fonctionne, jusqu'à ce que le shooting se termine et que Max recommence à te toucher. Je vais lui casser la gueule à cet enfoiré !
Je me rapproche de vous mais lorsque tu me vois, ton regard s'adoucit et ton sourire illuminant ton visage me fait oublier ma colère.
— Killian... si t'étais pas déjà mon petit ami, je t'inviterais à prendre un verre, glisses-tu à mon oreille, ta main sur mon torse.
Je sourcille, surpris.
— Pardon ?
Tu fuis mon regard puis secoue la tête.
— Laisse tomber, c'était pour calmer le jeu. C'était une idée de Yuma, dis-tu en faisant un geste de la main.
Je ris. Tu rougis, faisant s'envoler les papillons de mon estomac.
— C'est aussi mignon que bizarre.
Tu caches ton visage derrière ta main puis glisse l'autre dans la mienne, m'attirant en dehors du studio photo. On se change et pour ne pas penser à Max, je t'observe. Plus mes yeux parcourent ton corps et plus j'aime ce que je vois. Ce boxer en dentelle bleu roi sur ta peau hâlée attire mon regard comme le sucre attire les abeilles. Gloria avait raison, tu as un corps parfait, finement musclé, tout en longueur et j'imagine déjà des choses auxquelles je ne devrais pas penser au travail. Bordel Killian, reprends-toi !
Je me retourne pour penser à autre chose mais je dois filer aux toilettes de toute urgence pour cacher une partie de mon corps bien trop réveillée. Je m'enferme la porte à clé et j'ai soudain un besoin furieux de faire retomber la pression. Entre la colère et l'envie de toi, mon sexe est dur et si je ne fais rien pour ça, je ne pourrais jamais ressortir de là.
Fermant les yeux pour différentes raisons, je me masturbe jusqu'à ce que la délivrance m'achève. Ça ne me fait même pas vraiment plaisir, c'est juste physique et lorsque la pression retombe, je ne me sens même pas mieux. Honteux peut-être. Je soupire longuement et retrouve les vestiaires, me rhabillant à la hâte en fourrant mes affaires dans mon sac. Tu m'attends dans le couloir et après avoir salué tout le monde, on sort dans la chaleur encore agréable de ce mois d'octobre. Je réalise soudain que Thanksgiving approche. Je ne suis plus trop fan de cette fête depuis que ma mère est morte.
On rentre en bus et durant tout le trajet ta main ne lâche pas la mienne. Ton pouce effleure ma peau et dans mon esprit c'est autre chose qui effleure mes pensées. J'ai beau essayer de songer à autre chose, l'image de ton corps dans cette dentelle bleue me rend dingue. Je te veux. Je te veux si fort que je t'imagine déjà nu dans mon lit entre mes draps ou entre mes bras. Mais je me rappelle aussi que tu es vierge et que je dois tout faire pour ne pas te brusquer. Je ne veux surtout pas aller trop vite et faire mal les choses. Mais cette attirance me fait mal, me brûle de l'intérieur. C'est fort, puissant, comme si nous étions deux aimants rêvant de devenir amants.
Je reste silencieux jusqu'à la maison, incapable de mettre des mots sur ce que je voudrais te dire. J'ai peur de te choquer, de te faire fuir. Je sais qu'un jour ou l'autre tu le feras, tu ne serais pas le premier. Alors pour repousser cette idée le plus loin possible dans mon esprit, je garde le silence. Oui c'est lâche mais je ne sais pas comment faire autrement.
— Killian ? Tu m'entends ?
— Hein ? Quoi ?
— Anna demande si on veut manger quelque chose, t'as faim ?
Je réalise qu'on est dans le salon et qu'Anna nous observe depuis le bar, je ferme les yeux pour ne pas répondre de connerie.
— Ouais je veux bien manger mais je dois aller prendre l'air un moment.
Tu m'observes partir par la baie vitrée du salon, ton regard semble triste mais je préfère ne pas y penser pour le moment. Je longe la piscine et m'engage sur la droite dans l'endroit le plus paisible de la maison. L'orangeraie de ma mère, mon sanctuaire. L'odeur des quelques fleurs encore ouvertes et de la terre me rassure et calme mon cœur qui ne s'est pas apaisé depuis ce matin.
Je m'assois entre deux arbres, le dos contre un tronc. Je me rappelle soudain la dernière discussion avec ma mère ici même. Elle savait que sa vie touchait à sa fin. Elle savait que son cœur, trop fragile pour ce monde, allait bientôt s'éteindre. Moi je ne comprenais pas pourquoi ma mère devait nous quitter, pourquoi personne ne pouvait lui donner un nouveau cœur. A quoi servait donc cette fichue liste d'attente ? A attendre la mort ? Moi je pensais que c'était bon signe qu'elle soit inscrite sur une liste, j'ai vite déchanté quand mes parents m'ont dit que peut-être, aucun cœur ne serait disponible pour elle.
J'ai prié aussi fort que je pouvais toutes les étoiles de l'univers pour qu'on en trouve un pour ma mère. Mais aucun cœur n'a pu la sauver malheureusement. Elle s'est éteinte comme une étoile après une supernova, son cœur a cessé de battre alors que le mien voulait prendre place dans sa poitrine. Elle est morte dans mes bras alors que j'allais lui souhaiter bonne nuit. Cette nuit-là, j'ai perdu ma mère.
Il a suffi d'une seule nuit pour briser ma vie à jamais. Une seule nuit pour détruire l'ado que j'étais, une seule nuit pour me déglinguer et faire de ma vie un véritable enfer par moment. Dans le silence de l'orangeraie, je sens soudain une main sur mon épaule, si légère que je crois d'abord la rêver mais tu es là. A genoux devant moi, ton regard me demande une autorisation que je lui donne en essuyant mes joues humides. Tu me prends dans tes bras et caresse mes cheveux. Ta voix douce comme la brise calme les battements de mon palpitant.
— Je suis là Killian. Ça va aller d'accord ?
J'hoche la tête pour m'en convaincre moi-même mais au fond, je sais que ça ne suffira pas à calmer la tempête qui anéanti tout dans mon corps. Des vagues de colère et de tristesse balaient violemment tes caresses qui tentent vainement de les calmer. C'est comme si tu voulais à toi tout seul, calmer un océan entier. Tu n'y arriveras pas Tim. Quand je suis comme ça, rien n'apaise ma peine, c'est comme si je tentais de respirer sous l'eau, comme si je plongeais tout au fond de l'océan pour essayer de disparaitre dans son obscurité. C'est ce que je devrais faire, disparaitre et ne plus exister. Ce serait plus facile pour tout le monde.
Mais ta voix me retient.
— Killian, regarde-moi.
Je lève les yeux et je remarque ton sourire puis l'étincelle singulière qui fait briller tes iris. C'est comme si la vie dansait dans tes yeux, c'est comme un message d'espoir lancé à mon cœur.
— Tu devrais me laisser là Tim, reniflé-je en essuyant le torrent qui dévale toujours mes joues.
Tes pouces effacent les sillons laissés par mes larmes, tes lèvres déposent des baisers aussi doux que de la soie sur mon front, sur mes tempes, mes joues.
— Est-ce que je peux ? demandes-tu en jetant un regard à ma bouche qui semble ne plus vouloir parler.
— Mhh.
Tes lèvres, chaudes comme un soleil, ravivent la flamme de mon cœur lorsqu'elles se posent sur les miennes. Je ferme les yeux et goute à tes baisers, m'abreuvant de leur douceur, me délectant de leur réconfort, semblable à un univers tout entier de bien-être créé juste pour moi.
Tu deviens à cet instant mon univers préféré dans cet infini d'obscurité.
❤❤❤
Hello,
On en découvre un peu plus sur la mère de Killian et surtout sur les circonstances de sa mort.
Un choc terrible qui a encore des conséquences aujourd'hui dans sa vie.
Comment Timothy va-t-il y réagir ?
Vous le saurez bientôt...
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