Ce soir je veux être tien

819 jours avant...


🌻🌻🌻

Timothy

Ces trois derniers mois ont été très compliqués entre nous. J'ai découvert un Killian capricieux, très anxieux et impatient. J'ai eu beaucoup de mal à te faire comprendre que j'avais besoin de temps et pourquoi c'était une nécessité pour moi que de vouloir réfléchir à notre situation. Nos deux caractères ont fait des étincelles, ton impulsivité a rencontré mon côté posé et logique et nous nous sommes disputés pour la première fois. C'était violent et plus jamais je ne veux revivre ça.

J'ai compris au fil de nos disputes suivantes, que tu avais peur que je ne veuille pas de toi, peur que je ne t'aime pas comme toi tu penses m'aimer et si j'ai d'abord cru à un énième caprice de ta part, j'ai réalisé que tu ne mentais pas. Cette peur irrationnelle de l'abandon, qui te suit depuis la mort de ta mère, a raisonné en moi. J'ai eu la même quand mon père et mon frère sont parti du jour au lendemain. J'ai cru moi aussi, que le monde entier m'abandonnait ce jour-là. J'ai toujours peur que quelqu'un le fasse. J'ai pris conscience que tes angoisses étaient réelles et pareilles aux miennes et je m'en suis voulu d'avoir été parfois rude avec toi.

J'ai donc fini par accepter de déménager dans ce nouvel appartement, même si quitter la seule figure paternelle qui me reste est un nouveau déchirement. J'aime énormément ton père et le fait de savoir qu'il est aussi derrière cette idée me fait mal au cœur. Je sais qu'il avait de bonnes intentions en voulant nous offrir l'indépendance, de quoi faire grandir notre couple, il nous l'a expliqué mais au fond de moi, je ne peux m'empêcher de prendre ça comme un autre abandon et c'est la boule au ventre que je rentre dans ce qui est désormais, notre appartement.

Rosie est à mes côtés, deux cartons dans les bras, qui représentent tout ce qui m'appartenait encore dans mon ancienne maison, je n'ai plus rien là-bas. Deux cartons, ça me parait tellement peu. Les miens sont chargés d'une boîte avec un bric-à-brac en tout genre qui trainait encore dans ma chambre. Des partitions de musique, quelques livres et vêtements, ma console de jeux vidéo et mon appareil photo que j'avais momentanément perdu. Roger n'a pas manqué l'occasion de me demander si j'allais, en plus de faire la pute, devenir ta femme de ménage. Je l'ai ignoré du mieux que j'ai pu mais lorsque ma mère a ri à sa putain de remarque, j'ai cru que le sol se dérobait sous mes pieds. Un froid intense m'a englouti l'espace d'un instant et ma conforté dans l'idée que vivre avec toi était la meilleure option finalement.

J'ai fait comme si je n'avais pas entendu mais quelque chose s'est brisé au fond de moi et je ne pense pas que ce soit réparable. J'ai perdu la confiance et le soutient de ma mère et je ne sais pas si je les retrouverai un jour, comme si en me rejetant elle avait arraché le seul lien fragile qui nous reliait encore. Rosie s'est excusée pour eux mais le mal est fait et il me ronge déjà. Cette famille, je n'en veux plus. Je m'en éloigne, pour de bon.

Je tourne la clé suspendue au fameux porte-clés « Welcome to LA » dans la serrure, la boule au ventre. Je souris chaque fois que je le vois, t'imaginant dans une boutique pour touristes en train de l'acheter. Ce porte-clés qui représente pour moi une promesse de futur, de vie à deux, d'espoir aussi.

Je constate qu'il y a encore pas mal de monde dans l'appartement, malgré l'heure qui approche des vingt-heures, ça range et papote dans tous les coins. Le soleil ne devrait pas tarder à se coucher mais nos proches sont toujours présents. Je remarque les cartons de pizzas encore fumants sur la table basse du salon et te cherche du regard mais c'est Alicia qui fait irruption dans mon champ de vision, tout sourire et apportant avec elle l'odeur des pizzas. Je suis heureux qu'elle soit là avec nos amis, je me sens tout à coup un peu mieux.

— Si tu cherches Kiki, il est dans la salle de bain... il essaie de ranger je crois, rit-elle. Il fait de son mieux, soit indulgent.

Je lève les yeux au ciel. Tu ne sais pas ranger et ne fais aucun effort pour apprendre hélas. J'appréhende de devoir faire tout moi-même ici.

— Merci, je vais aller le voir. Tout se passe bien à part la tornade Killian ?

Elle hoche la tête et me fait un clin d'œil en me délestant de mon carton pour suivre Rosie dans le salon. Je me rends dans la salle de bain qui se trouve au fond du couloir, qui mène également à notre chambre. Je t'entends jurer et lorsque je pousse la porte, tu es assis au milieu d'un bordel sans nom.

— Tu veux un coup de main ? dis-je en posant la mienne sur ton épaule crispée.

Tu te retournes, ton sourire s'illuminant.

Mi amor, t'en as mis du temps ! Je veux bien un coup de main oui.

Je m'agenouille et commence à trier tout ce qui traine sur le sol.

— Désolé pour le retard, j'ai dû faire face aux remarques de merde de Roger et de ma mère. Je ne veux plus jamais les voir, dis-je en retenant une larme qui s'invite soudain.

Ta main vient effleurer ma joue et ton sourire s'étiole.

— Oh non, je suis désolé. Qu'est-ce qu'ils ont encore eu à te reprocher cette fois ?!

Je secoue la tête négativement en fermant les yeux aussi fort que je peux, tu soupires.

Cazzo ! Che bastardo ! Un jour je vais aller lui régler son compte à cet enfoiré ! cries-tu en me prenant dans tes bras avec toute la douceur du monde.

Ce contraste entre la colère dans ta voix et la douceur de tes gestes me fait rire et calme instantanément les battements frénétiques de mon cœur.

— Toujours aussi passionné ! Mais laisse tomber, il n'en vaut vraiment pas la peine ce... bâtard comme tu dis.

Tu relèves la tête, croise mon regard et souris.

— Tu comprends de mieux en mieux l'italien, dis-tu en m'embrassant.

— Ouais c'est vrai mais j'aimerais bien apprendre autre chose que des insultes, murmuré-je en te volant un baiser.

Tu m'observes, semblant soudain y réfléchir intensément, ton front se plisse sous l'effort.

Tu sei un dono del cielo mi amor.

J'attends quelques secondes mais seul ton sourire me répond.

— J'ai rien compris, ris-je.

Tu caresses ma joue et chuchotes avec timidité :

— Tu es un cadeau du ciel mon amour... C'est ma mère qui me disait ça chaque fois qu'elle venait me border quand j'étais petit.

— C'est... adorable, dis-je la gorge soudain serrée.

Je sens les larmes couler de mes yeux sans que je ne puisse les arrêter. Ton visage se décompose d'un coup, comme si tu venais de te prendre un choc dans l'estomac.

— Merde, excuse-moi ! Cazzo, je suis trop con ! C'était pas le moment !

— Non, c'est pas grave, reniflé-je en essuyant mon nez dans ma manche. J'aime quand tu me parles de ta mère et... c'est pas de ta faute si la mienne... c'est comme ça, t'y peux rien, dis-je en soulevant les épaules.

Tu essuies mes larmes puis me berces dans tes bras le temps qu'il faut pour que je me calme. Quelques minutes plus tard, je reprends le rangement de la salle de bain, t'envoyant vérifier si quelqu'un a besoin de quelque chose dans les autres pièces de l'appartement. Les bouteilles de shampoing, les déodorants et autres produits trouvent leur place dans le tiroir d'un petit meuble blanc acheté pour l'occasion. Je glisse en soupirant le tube de lubrifiant dans le tiroir, espérant que tu n'en n'aies pas besoin trop vite. De mon côté c'est d'air dont j'ai besoin, d'espace, et une fois la pièce plus ou moins en ordre, je file sur la terrasse qui fait face à l'océan. La vue est magnifique mais mes doigts sont crispés sur la balustrade, mon cœur s'emballe, comme chaque fois que j'observe cette immense étendue d'eau.

La nuit est tombée et quelques étoiles scintillent déjà dans le firmament, me rappelant notre rencontre. Je réalise le chemin qu'on a fait tous les deux jusqu'ici et je me dis que ce nouveau départ dans notre appartement ne peut être que bénéfique pour nous, pour notre couple. Je réalise soudain que la perspective de me réveiller chaque matin avec la seule personne qui me rende heureux à mes côtés, provoque en moi une sorte d'euphorie grisante, d'enthousiasme bienvenu qui me faisait défaut ces dernières semaines.

J'ai envie de découvrir la vie à deux avec toi et Twinkle bien sûr. J'ai hâte d'observer avec curiosité, ce que nous réserve cette nouvelle aventure.

Revigoré et le cœur plus léger, je retourne au salon où les pizzas et les bières ont été partagées. Je m'empare d'une tranche et d'une canette et remercie tout le monde pour leur aide. Comme tout au long de la journée, cette soirée se déroule sous le signe du partage et de la bonne humeur. Même ma sœur se fait des amies auprès d'Ophra et d'Alicia. Elles rient toutes les trois comme si elles se connaissaient depuis toujours. Yuma et Alexia sa petite amie, semblent heureux eux aussi. De l'autre côté du salon, Samantha et Diego mes amis du cours de guitare, se font plus timides mais me sourient quand je lève ma canette en leur faisant un clin d'œil.

Je me sens bien parmi tous ces gens qui comptent pour nous si bien que lorsque tous repartent en nous laissant seuls dans notre nouveau foyer, j'ai l'impression d'être un peu perdu. Je jette un regard circulaire sur l'appartement en soupirant d'aise. Il reste encore quelques cartons ici et là mais j'apprécie déjà la petite cuisine colorée, le bar en bois beige qui la sépare du salon, l'énorme baie-vitrée qui offre une vue imprenable sur l'océan. 

Et il y a toi, devant moi, qui prends soudain toute la vue de ta silhouette musclée. Toi, qui t'avances vers moi, un sourire carnassier sur les lèvres. Toi, qui t'empares de ma taille de tes grandes mains et mon cœur qui s'emballe.

— On est tout seuls cette fois, murmures-tu avant de m'embrasser avec une envie non dissimulée.

Ta main glisse sur mes fesses et les empoigne sans ménagement, me faisant gémir instantanément.

— Toi t'as une idée derrière la tête, ris-je.

— J'ai bien envie de tester notre nouveau matelas... pas toi ?

Je ris plus encore, mords ma lèvre en secouant la tête.

— Je crois que j'en ai envie moi aussi mi amor.

Je me dirige vers la porte d'entrée et tourne la clé dans la serrure de notre nouveau foyer, laissant derrière le panneau de bois tout ce qui pourrait gâcher ce moment et te retrouve dans le salon, là où ton sourire m'attend.

Main dans la main, on se dirige en se mangeant du regard, dans notre chambre où la lune inonde nos nouveaux draps de ses rayons lumineux. Tu me déshabilles avec une lenteur insupportable, tes yeux mangeant chaque parcelle de mon corps nu. Je te pousse sur le lit et te retire chaque vêtement avec à l'esprit, cette envie de découverte. Je connais ton corps mais lorsque toutes les lumières se posent sur toi, le monde disparait et ne reste plus que ta peau sous mes doigts. Je pars à la découverte avec envie.

Le reste du monde n'existe plus, il n'y a plus que toi et moi et même si je sais que nous avons peur tous les deux, que nous avons chacun fait des erreurs, je sais que l'amour, comme une voix muette toujours dans nos têtes, guide nos cœurs sur le bon chemin. Ce soir je veux être tien.

— Killian, fais-moi l'amour s'il te plaît, murmuré-je à ton oreille.

Tes mains me retournent sur le matelas, ton corps me surplombant et tout ce que je vois c'est ton sourire, aussi franc que ta main qui me caresse le torse.

Sonno pazzo di te amore mio*, souffles-tu en mordillant mon cou.

Nos corps se cherchent avec ardeur, se frôlent et glissent l'un contre l'autre avec pour accompagnement, nos gémissements et nos soupirs de désir. Les draps se froissent sous nos corps en mouvement. La nuit est témoin de notre amour, tantôt doux, tantôt sauvage mais toujours sincère. Lorsque nous ne faisons plus qu'un, ton corps menant la dance, ma peau se couvre de chair de poule et de frissons, preuve irréfutable du plaisir partagé. Les murs qui nous entourent reçoivent en écho, nos râles de plaisir et la mélodie de nos cœurs en perdition.

S'échouant sur les rivages du plaisir, tous deux emplis d'extase, la musique cesse mais les battements de cœur marquent pour l'heure le tempo, ralentissant au fur et à mesure que les minutes passent. Puis vient le temps des caresses sous la douche et des câlins tendres, de retour dans nos draps. Les yeux se ferment sur cette première nuit dans notre nouveau foyer. Nos cœurs légers mais rassasiés d'amour.

Lorsque j'ouvre les yeux, les rayons du soleil ont remplacé ceux de l'astre lunaire et la place à côté de moi est étonnement vide. Il flotte dans l'air une odeur rassurante de café et de quelque chose qui fait gronder mon estomac, sans que je ne parvienne à savoir ce que c'est. Je me lève et rejoins la cuisine, vêtu uniquement de mon boxer. J'ai le droit maintenant, je suis chez moi.

Tu fais face à la cuisinière de laquelle s'échappe de délicieuses effluves. Je glisse mes mains sur ton torse, appuyant mon front contre ton dos. Tu sens si bon.

— Bonjour mon cœur.

— Bonjour amor. Tu as faim ?

— Oui mais qu'est-ce que tu cuisines ? demandé-je curieux.

— Des ravioles à la ricotta, une spécialité de ma mère mais... je crois que j'ai pas vraiment réussi... c'est brûlé, non ? demandes-tu en te décalant pour me laisser voir.

Il y a dans la poêle des petits triangles couleur marron foncé, qui ont effectivement l'air bien brûlés par endroit.

— Mhhh, c'est un peu foncé mais on peut toujours gouter, dis-je sans grande conviction.

Tu te retournes et grimaces en secouant la tête.

— En fait, j'ai déjà gouté et c'est vraiment infect ! Ça t'embête si on va prendre notre petit déjeuner dans le café qu'on a repéré hier ?

— Et si je te faisais plutôt des pancakes et qu'on larvait toute la journée en boxer dans notre nouvel appartement ?

Tu sourcilles et acceptes.

J'aime ce nouveau départ. J'ai l'impression que je cherchais quelque chose depuis longtemps qui était juste-là sous mon nez. Tout ce que j'ai toujours voulu est maintenant là devant-moi. Un avenir avec toi. Notre couple qui trouve un nouveau souffle, une nouvelle façon de s'aimer, plus simple, plus vraie. J'espère que nos différents font partie du passé et que notre avenir rayonnera comme les rayons du soleil ce matin sur Ocean Boulevard.

*Sonno pazzo di te amore mio / Je suis fou de toi mon amour ** Mi Amor / Mon amour


❤❤❤

Helloooo,

Alors ce chapitre ? J'espère qu'il vous a plu.

J'ai hâte que vous découvriez la suite et je vous dis à samedi ;)

Des bisous (づ ̄3 ̄)づ╭❤~

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