Ce qui se cache vraiment derrière mon sourire


1 074 jours avant...

🌻🌻🌻

Killian

J'ai pas dormi de la nuit et ce matin, je dois aller travailler et je sens que la journée va être longue. J'ai pas cessé de repenser à notre discussion et si Tim m'a rassuré, d'un autre côté je panique complètement. Parce que j'ai peur qu'il m'abandonne lui aussi. J'ai la trouille qu'il parte un de ces jours parce qu'il aura vu qui j'étais vraiment derrière mon masque de beau gosse. Je voulais pas vraiment lui dire tout ce qui est sorti de ma bouche hier soir mais j'ai senti que c'était le bon moment et égoïstement, je voulais m'assurer qu'il reste près de moi. Oui je sais, c'est peut-être pas très correct, mais j'ai paniqué et je m'en veux mais mes sentiments envers lui sont vraiment sincères.

Je pousse la porte de l'immeuble jaune et salue Kate de la main à la réception puis rejoins Ophra dans la partie maquillage du studio. Ce matin on doit voir le directeur artistique qui veut faire un book photo avec les prises qu'on a faites la dernière fois Max, Yuma et moi. Il espère pouvoir attirer d'autres créateurs sous notre toit mais pour ça, il a besoin de photos de nous en solo. Je vais avoir droit à une longue séance de shooting d'ici quelques minutes.

J'ai vraiment choisi la bonne nuit pour regarder le plafond les yeux grands ouverts, ce matin j'ai une tête à faire peur. Ophra me le confirme en me dévisageant quand j'entre dans sa pièce fétiche. Elle me salue et me fait prendre place sur le siège qui n'attend que moi.

— Heureusement que j'ai du temps avant la séance pour arranger tout ça. T'as pas l'air d'avoir passé une bonne nuit, ça va ?

Son regard reste professionnel mais je sens que son inquiétude est sincère.

— Ouais, je suis désolé pour cette tronche, j'ai pas dormi cette nuit.

— T'as fait la fête ? demande-t-elle en sortant ses pinceaux magiques.

— J'aurais préféré... mais non, c'est autre chose, dis-je en haussant les épaules.

J'ai pas vraiment envie d'en parler avec elle. On ne se connait pas depuis longtemps et je suis pas du genre pipelette.

— Pas besoin d'en dire plus si tu ne veux pas. Je vais t'arranger cette... tronche, dit-elle avec un clin d'œil.

— Merci Ophra.

— Ne me remercie pas, c'est mon job et j'ai pas envie que ton book ressemble à celui d'un vampire ! Ce matin, on a deux stylistes de deux maisons de créateurs différentes qui viennent vous voir, il faut que tu sois parfait si on veut décrocher un contrat.

— C'est gentil de ne pas me mettre la pression, dis-je en lui offrant un sourire crispé.

— Désolée, je préfère te prévenir avant que Gloria le fasse. Elle sera certainement plus directe avec toi et ne prendra pas autant de pincettes. T'es son employé et tu n'as pas le choix que de lui obéir au doigt et à l'œil. Mais ne le prends pas pour toi si elle est stricte, c'est son job.

— Je note, merci.

Ophra m'offre un sourire et un ravalement de façade qui me prouve que si je veux vraiment percer dans ce métier, il va falloir que je me prenne en main. Les abdos de Yuma et la belle gueule de Max toujours frais et dispo, me font concurrence.

Les techniciens ont installé tout le matériel, la styliste m'attend pour me présenter les différentes tenues pour mon book. Ce shooting est important, je joue l'image de l'agence sur les réseaux et les magazines de mode, j'ai plutôt intérêt à faire bonne impression. Une fois les réglages photos faits, j'enchaine des dizaines de tenues différentes et après avoir pris au moins cinq-cents photos et autant de poses, la séance est enfin terminée.

Gloria est aux anges, tout comme la styliste et les créateurs présents. Elle revient vers moi alors que j'enfourne un sandwich dans ma bouche.

— T'as été fantastique Killian ! Les deux créateurs t'adorent et réfléchissent sérieusement à collaborer avec nous. Merci pour ce matin.

— Avec plaisir, je suis content si le résultat est positif.

— Il l'est mais promets-moi une chose. Prends soin de ta santé, le maquillage ne fait pas tout Killian. Je te donne ton après-midi, profite-en pour te reposer, t'en as besoin je crois.

J'hoche la tête et avale ma bouchée. Je remercie Gloria puis repasse voir Ophra pour qu'elle puisse me redonner ma tronche naturelle même si j'en n'ai pas vraiment envie. Elle me rappelle trop mes échecs. Une fois qu'elle a terminé de me démaquiller, elle pose sa main sur mon épaule, cherchant mon regard dans le miroir. Elle hésite mais finit par se lancer.

— Je ne sais pas ce que tu vis en ce moment Killian et je sais qu'on est que des collègues mais je sais écouter si tu en as besoin. Je t'aime bien et j'aimerais pas que tu penses que je m'en fiche de toi, bien au contraire.

Elle m'embrasse la joue et me fait un clin d'œil puis range ce qu'elle a en main.

— Merci Ophra, j'apprécie ce que tu fais pour moi. Je te promets pas de m'ouvrir à toi, j'ai pas l'habitude de faire ça mais ta gentillesse me touche beaucoup.

Je quitte l'agence après avoir récupéré mes affaires et file directement chez moi. Je découvre tout juste le métier mais je réalise qu'être sous les projecteurs et les flashs du photographe me plait de plus en plus. Je peux jouer un rôle, oublier ma vie pendant un moment et faire comme si tout allait bien, même si de l'autre côté de l'objectif il fait plus sombre. Sous les lumières du studio, je ne suis pas noyé dans mes ténèbres.

De retour à la maison, c'est une autre histoire, c'en est fini du maquillage, des retouches sur les photos et des poses en tenue à faire le beau. Je retire le masque et le costume, je suis plus vrai que nature et toujours autant paumé. Le clown triste est de retour. Je me rends compte qu'être devant l'objectif est plus facile que d'affronter la vie, c'est aussi plus facile de faire semblant d'aller bien en lingerie quand je peux me glisser dans un rôle de belle gueule. Ici, il n'y a plus de filtre, pas d'effets spéciaux, je suis à l'état brut.

Je salue Anna dans la cuisine et Alfred qui s'en va certainement astiquer les voitures de mon père dans le garage. Je monte dans ma chambre et retrouve la solitude étouffante de ma misérable vie. Je pense immédiatement à toi et je me demande ce que tu fais aujourd'hui. Comme s'il savait que je pensais à toi, Twinkle grimpe sur le lit et se couche sur mon ventre, miaulant puis ronronnant contre moi. Je le caresse en me disant qu'il doit te manquer. Je me demande tout à coup, entre nous deux, qui te manque le plus ? Ton chat ou moi ? Je suis jaloux de ton chat... Che cazzo* ?! Ça va pas mieux décidément !

Et puis je ne sais pourquoi, il faut que je sache, vraiment. Je pousse Twinkle sur la couette, qui râle suite à mon abandon, puis je cherche mes baskets de running. J'ai besoin de courir et de savoir, alors je mets mon casque sur mes oreilles, caresse ton chat avant de partir m'aérer la tête. Je ferme le portail derrière moi et marche quelques mètres pour m'échauffer puis j'accélère et trouve ma vitesse de croisière. Les maisons défilent, puis les quartiers, tous différents et de plus en plus peuplés. Quand j'arrive près de ton domicile, des enfants jouent dans la rue, je les évite en courant plus vite encore et passe une première fois devant chez toi, espérant voir si quelqu'un est là.

Je remarque de la lumière au rez-de-chaussée mais je ne sais pas qui vit dans ces murs à cet instant. J'ai peur de sonner, de tomber sur ton beau-père et de perdre mes moyens. Je repasse une seconde fois dans l'autre sens quand la porte s'ouvre, sur toi. Je continue de courir comme si je ne t'avais pas vu mais je remarque soudain qu'un vélo bleu arrive à ma hauteur.

— Ne t'arrête pas ! Cours ! cries-tu en me dépassant.

Je te suis et accélère encore le pas, jusqu'au coin de la rue où tu m'attires sur un chemin plus calme, sans maison autour.

Je suis à bout de souffle, les deux mains sur mes genoux tandis que j'essaie de déchiffrer ton regard derrière tes lunettes qui ont glissé au bout de ton nez.

— Qu'est-ce que tu faisais devant chez moi ?! Mon beau-père est là, il aurait pu te voir !

— Je voulais savoir... Entre Twinkle et moi... qui te manque... le plus ? dis-je en cherchant encore mon souffle.

Ton sourire rayonne soudain comme un soleil. Tu éclates de rire en posant ton vélo sur le bord de la route et me dévisages.

— T'es malade Killian ! t'esclaffes-tu en te tenant le ventre à deux mains.

Tu t'assois par terre en bordure d'un champ de fleurs en m'observant les sourcils relevés. Je glisse mes mains dans les poches de mon short.

— Pas du tout, je me posais simplement la question ! J'ai le droit de savoir, non ? dis-je en m'asseyant à tes côtés tout en cherchant encore de l'air.

Tu m'observes plus sérieusement, une main sur ton menton, l'air d'y réfléchir intensément. Ton petit nez bouge de gauche à droite suivant le mouvement de tes iris. T'es adorable et j'ai une folle envie de t'embrasser. Mais je veux d'abord connaitre ta réponse.

— J'adore Twinkle et il me manque c'est sûr. Toi... C'est différent, tu me manques pas vraiment parce que je pense à toi tout le temps et chaque fois que je le fais, mon cœur tape si fort que j'ai l'impression que tu y es enfermé et que tu cherches à t'en échapper.

Je sourcille et manque de m'étouffer en avalant ma salive.

— Et c'est moi qui suis malade ?!

— Tu voulais savoir, je te le dis. Oui tu me manques Killian, dis-tu en glissant tes doigts entre les miens.

Je les observe comme si je redécouvrais chaque parcelle de ta peau puis je remarque un tatouage sur l'intérieur de ton poignet que je n'avais jamais vu sous tous les bracelets qui ornent ton bras d'habitude.

— Il représente quoi ce cœur ailé ? demandé-je curieux en le frôlant timidement de mon pouce.

Tes iris s'agrandissent et je me sens projeté en arrière, au milieu des fleurs, ton corps sur mon bassin. J'ai un moment de panique mais ton regard me rassure.

— Un jour je te le dirai, marmonnes-tu en m'observant.

Ton visage se rapproche du mien, ma main glisse dans ton dos tandis que des picotements de plaisir s'insinuent le long de ma colonne vertébrale.

— Ok, si tu ne veux pas me le dire, baciami*, dis-je à bout de patience.

Tu souris, m'embrasses en glissant ta main dans mon cou.

— J'aime quand tu me parles en italien, dis-tu en te glissant plus près de moi.

Ce rapprochement sent l'abricot de tes cheveux et les fleurs qui nous entourent et dans mon estomac, des dragons crachent du feu, ravageant tout sur leur passage. Je me sens durcir contre ton corps. Tu le remarques, rougis.

— Eh, on se calme, ris-tu en te reculant.

Je lève les mains en signe de reddition mais j'aurais bien aimé continuer.

— Je ne contrôle rien, désolé. T'es assis sur moi et je t'avoue que ça réveille des envies inavouables.

Tu te redresses et t'assois à côté de moi, les joues aussi rouges que les coquelicots qui poussent dans les champs juste derrière-toi.

— Inavouables ? A quel point ? demandes-tu soudain avec un aplomb qui me surprend.

Je me glisse vers toi et chuchote à ton oreille :

— J'ai envie de te déshabiller, là au milieu des fleurs, et de couvrir ton corps de baisers et de caresses jusqu'à ce que tu miaules comme ton chat.

Tu caches ton visage rougi derrière tes mains puis laisses dépasser uniquement tes yeux qui m'observent, les iris dilatées au possible.

— Oh bon sang Killian, tu peux pas laisser Twinkle en dehors de ça ! C'est hyper gênant.

— Ok, oublie les miaulements, je te ferais gémir, ça m'excite encore plus.

Tu frappes ma cuisse de ta main que je retiens entre mes doigts.

— Je suis sérieux Tim, j'y pense tous les jours et ça me ronge de l'intérieur. J'en ai une furieuse envie et de plus encore.

Tu pinces tes lèvres, les mordille nerveusement et te mets à genoux en face de moi.

— Je crois qu'il faut que je t'avoue quelque chose Killian, dis-tu d'une petite voix, presque fragile.

— Je t'écoute, dis-je tout impatient d'entendre ton point de vue.

Tu passes ta main dans tes cheveux, puis poses tes paumes sur mes genoux.

— Il faut que tu saches que... j'ai jamais rien fait niveau... enfin tu vois. Je suis encore vierge, murmures-tu en évitant mon regard.

Une boule aussi lourde qu'une enclume tombe tout à coup dans mon estomac, écrasant les dragons cracheurs de feu et toute envie naissante. Tout s'est éteint d'un seul coup. Je tente d'intégrer l'information et de ne pas paraitre distant ou dans le jugement. Je caresse ta joue, attirant ton regard sur moi. Je déglutis et me reprends en cherchant à calmer mon cœur.

— C'est pas une tare tu sais. On ira à ton rythme et je ne t'obligerais jamais à rien. On fera uniquement ce que tu seras prêt à faire, dis-je en pensant que ça va être un sacré défi pour moi mais en étant néanmoins totalement sincère.

Tu ne sais pas ce qui se cache vraiment derrière mon sourire à cet instant mais je te promets de ne jamais te heurter ou de ne pas laisser mes démons interférer entre nous. Je tiens trop à toi pour ça.

*Che cazzo ! / Bordel, c'est quoi ça ?!  *Baciami / Embrasse-moi

❤❤❤

Helooooooo !

J'espère que vous allez bien ?

Est-ce que ce chapitre vous a comblé ? Oui ? Non ? 

N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez...

Je remercie au passage celles et ceux qui votent, ça me fait super plaisir...

On se retrouve la semaine prochaine... Pour 2 chapitres, ça vous tente ?

Allez, des bisous (* ̄3 ̄)╭❤

(oui ça forme un sapin mais non c'est pas noël) 

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