Aussi silencieux qu'une nuit polaire


1 044 jours avant...


🌻🌻🌻

Timothy

Sous le jet d'eau de la douche, tes mains se muent en exploratrices douces et expertes tandis que nos bouches ne se lassent pas des baisers qu'elles s'échangent avec gourmandise. Pendant plusieurs minutes, on se caresse et on s'embrasse sans pouvoir trouver la force de s'arrêter mais j'ai besoin de respirer, de mettre tout ça sur pause deux secondes et trouve un prétexte bateau, certes, mais mon cerveau n'est pas à son top niveau à cet instant. Tu me perturbes bien plus que je n'ose me l'avouer.

— Killian, attends. Faut que j'enlève mes lunettes, j'ai de l'eau qui coule dans mes yeux, dis-je à contre cœur.

Une main sur le carrelage derrière-moi, tu me les enlèves puis sors de la douche afin de les déposer près du lavabo, revenant immédiatement vers moi. Tu arrêtes l'arrivée d'eau, ton regard dans le mien.

— Viens avec moi, chuchotes-tu en m'attirant par la main en dehors de la douche puis en te plaçant derrière moi afin de me guider dans notre chambre restée ouverte.

Je suis tes gestes à l'aveugle, laissant de l'eau là où je pose les pieds tandis que ta bouche ne cesse de m'embrasser l'épaule puis l'omoplate ainsi que ma chute de reins. D'une main douce mais assurée, tu me tournes face à toi, m'embrasses puis me pousses sur le lit et te rapproches de moi, à genoux. Tu mordilles encore ta lèvre et tu sembles réfléchir bien trop intensément. Je me relève sur les coudes et accroche ton regard. Mon dos colle au matelas.

— Killian ? Tu sais tu peux continuer, j'en ai envie.

— Je le vois, dis-tu en souriant de toutes tes dents tout en observant mon corps nu offert à toi.

Tu secoues la tête, peut-être pour chasser tes pensées, puis te rapproches de moi, écartant légèrement mes jambes tout en les effleurant du bout des doigts. Ça chatouille autant que ça m'excite.

— Tu es magnifique Tim.

— Toi aussi, dis-je même si sans mes lunettes je ne te vois pas nettement.

Je n'ai pas besoin de te voir pour savoir que ton corps réveille chez moi tout un tas de nouvelles sensations. Tu es le premier que j'ose vraiment regarder, le seul qui ai eu droit à un regard sincère de ma part. Jamais je ne m'étais laissé aller à détailler vraiment un homme. J'ai toujours eu peur que Roger ou n'importe qui d'autre le remarque. Tu es le premier avec qui je me sens en confiance pour être parfaitement moi-même.

Ta bouche reprend sa distribution de baisers sur mon torse puis descend en suivant le léger dessin de mes abdominaux alors que ma main se perd dans tes cheveux soyeux. Je laisse malgré moi échapper des gémissements de désir. J'en veux plus et d'un regard je t'y autorise mais tu décides de revenir taquiner ma bouche. Ton regard se voile soudain, comme troublé par des émotions que je ne saisis pas. Tu t'arrêtes quelques instants à quelques centimètres de mon visage, puis tu te laisses tomber, couché à côté de moi sur le matelas. La déception me tord les tripes mais je me rappelle soudain que je t'ai avoué être encore vierge. Mon mal être s'amplifie en pensant que, peut-être, ça pourrait te bloquer.

J'ai envie de te poser la question mais je n'ose pas, de peur que tu te braques et te refermes comme une huître. J'encaisse le fait que tu n'aies pas envie de moi, même si ton rejet me blesse et me laisse dans l'incompréhension. J'essaie de me convaincre que nous avons le temps et qu'il ne sert à rien de précipiter les choses. Après tout, notre relation est toute récente et peut-être que tu as peur d'aller trop vite pour moi. Je laisse échapper un soupir qui tangue entre le soulagement et la frustration puis je t'observe en silence.

Couché sur le flanc, contre mon corps, tu ne cesses tes caresses, effleurant mes courbes, le regard pourtant avide de découverte. Je me tourne alors vers toi, osant approcher une main de ton épaule nue, je la laisse glisser le long de ton bras puis elle migre sur ton torse légèrement velu mais ta main vient saisir la mienne, comme ton regard accroche le mien. Je déglutis et la gorge serrée je tente de m'exprimer.

— J'ai fait quelque chose de mal ? murmuré-je sans vouloir vraiment le savoir.

Tu baisses la tête, soupirant longuement, mais tu restes muet et préfères observer le plafond en te positionnant sur le dos. Je ne sais pas comment interpréter ton comportement et ton silence m'angoisse.

— Killian ? dis-je au bout de quelques secondes, interminables et cruelles, de ta part.

Tu oses enfin un regard pour moi, presque froid.

— Non, c'est pas ça... Et si on allait plutôt prendre l'air ? Il fait un temps magnifique, répliques-tu en te levant.

Tu cherches des vêtements dans ton armoire et avant que je ne me lève complètement du lit, tu es déjà habillé. Je me sens mis à nu et très mal à l'aise face à ton regard qui peine à se fixer quelque part. Je me sens perdu.

— Tu viens ? me demandes-tu en enfilant une casquette de baseball sur ta tête.

Apparemment je n'ai pas le choix que de te suivre. Je me dirige vers la salle de bain afin de retrouver mes lunettes, puis je file dans mon ancienne chambre où mes affaires sont encore rangées. Je m'habille sans me hâter, pas très pressé de te rejoindre. Je repasse le film des derniers évènements dans ma tête, sans comprendre vraiment ce que je viens de vivre. Il manque des pièces au puzzle et je dois les trouver pour espérer saisir tous les détails, mais sans ton aide, c'est compliqué.

Nous longeons Long Beach, main dans la main depuis une demi-heure environ, le vent soufflant dans nos cheveux, les goélands volant au-dessus de l'océan qui est tout autant animé que la ville cet après-midi. Des promeneurs nous croisent, des enfants font des châteaux de sable sur la plage mais toi tu demeures aussi silencieux qu'une nuit polaire. Je ne sais pas par où commencer mais j'ai besoin d'extérioriser ce qui me ronge de l'intérieur depuis tout à l'heure. Ton regard tourné vers l'océan ne m'encourage pas beaucoup et il me faut tout le courage du monde pour enfin oser me lancer.

— Killian, on peut s'arrêter pour discuter ? dis-je en retenant ta main qui tente encore de s'échapper.

Tu stoppes tes pas et te tournes enfin vers moi. Ton visage est aussi fermé que lorsqu'on est parti. La boule d'angoisse qui me tordait l'estomac durcit plus encore.

— Ok, tu veux aller te poser sur la plage ?

Un frisson parcourt tout à coup mon dos.

— Non, je préfère le muret juste-là.

Tu lèves un sourcil mais n'ajoutes rien puis tu t'installes en m'attirant près de toi, ton regard observant au loin le va-et-vient des vagues sur le sable humide.

— De quoi tu veux qu'on discute Tim ? me demandes-tu en sortant ton paquet de cigarettes.

La fumée s'envole, en plein dans mon visage. Je tousse, puis entrelace nos mains que je pose sur mon genou. Tu les observes en attendant que j'ouvre la bouche. Je cherche mes mots mais c'est compliqué, j'ai l'impression qu'avec le stress ils se sont éparpillés dans mon cerveau, comme un millier de particules minuscules devenues invisibles. Je soupire et tu m'imites.

— Kilian, je voudrais savoir, est-ce que j'ai fait quelque chose qui t'a déplu tout à l'heure ?

Tu m'observes de tes grands yeux ambrés, comme si tu cherchais encore la réponse.

— Je te l'ai dit, c'est pas toi. Rien chez toi ne me déplait, au contraire j'apprécie tout de toi.

— Alors qu'est-ce qui s'est passé pour que tu changes d'humeur d'un instant à l'autre ? Je t'avoue que je suis complètement perdu.

— C'est compliqué et je comprends que tu sois perdu mais c'est pas quelque chose que je suis capable de dire comme ça, si vite. Je sais pas si je suis déjà prêt à t'en parler.

On peut pas dire que tu sois rassurant sur le coup. Bon sang, je suis encore plus angoissé que lorsque je ne savais rien. J'aimerais pouvoir revenir en arrière et ne jamais t'avoir poussé dans la piscine.

— T'as pas confiance en moi ? murmuré-je en fermant les yeux.

— C'est pas une question de confiance, c'est que j'ai tendance à toujours vouloir aller trop vite et ça fait fuir les gens. Et j'ai pas envie que tu fuies Tim, parce que je désire plus que tout que ça marche entre nous mais je veux pas me précipiter.

Je comprends un peu mieux, mais ça n'explique pas pourquoi tu t'es enfui alors qu'on était sur le point de passer une étape cruciale dans notre relation. J'ai besoin de savoir pourquoi tu m'as rejeté.

— Killian, on était bien tous les deux, on en avait envie, enfin en tout cas moi j'en avais très envie. Pourquoi... pourquoi tu m'as repoussé ? dis-je difficilement.

Tu soupires puis te lèves et fais quelques pas sur le trottoir en marmonnant dans ta barbe, sans que je ne comprenne un traitre mot de ce que tu dis.

— Est-ce qu'on peut se balader simplement et reparler de ça plus tard ?

Je détourne le regard sur mes mains qui tremblent sur mes genoux. T'as refermé ta coquille et je commence à te connaitre, je sais que tu ne la réouvriras pas si j'insiste. Je laisse tomber pour le moment mais je n'ai pas dit mon dernier mot.

— Ok mais je n'abandonnerai pas Killian. La communication c'est un peu la base dans un couple et si c'est bien ce qu'on est toi et moi, faudra bien que tu me parles à un moment ou à un autre, dis-je en me levant.

Tu fais un pas dans ma direction, attires mon visage dans tes mains et embrasses le bout de mon nez.

— Je suis pas doué pour communiquer mais je te promets de faire un effort, d'essayer pour toi.

Je souris en réponse à ton visage qui s'est quelque peu détendu. Je me mets sur la pointe des pieds pour être parfaitement à ta hauteur, les yeux dans les yeux.

— Est-ce que ça veut dire qu'on est bien un couple toi et moi ? dis-je en t'encerclant de mes bras.

Tu souris puis frottes ton nez contre le mien.

— Je ne te donnerai pas de petit surnom ridicule, je ne te ferais pas couler de bain, ni t'offrirai de fleurs, il se pourrait même que j'oublie ton anniversaire et que tu m'en veuilles mais toi et moi, si tu le veux bien, on forme un nous, murmures-tu avant de m'embrasser.

Nous.

Toi et moi.

Une nuée de papillons s'envole dans mon estomac mais un filet vient les capturer quand je me rappelle que je n'ai toujours pas de réponse. Je repense soudain à ce que m'a dit Alicia à ton sujet. Je serais patient, j'attendrais le temps qu'il faudra et je ferais tout pour te rassurer afin que tu oses enfin me parler. Je te promets que tout se passera bien.

— On forme un nous, dis-je en te relâchant sourire aux lèvres.

On reprend finalement le chemin du retour, un peu moins silencieux qu'à l'aller mais j'ai toujours cette appréhension qui me noue l'estomac. En rentrant à la maison, on tombe sur ton père qui rentre du travail. Je m'éclipse pour vous laisser tranquille pour papoter finance, parce que je sais que tu as besoin de le voir et que de toute manière les chiffres et moi ça fait douze. Je monte dans ma chambre et je me dis que je vais prendre des nouvelles de Rosie, j'ai besoin d'entendre la voix de ma sœur.

Elle me répond dès la deuxième sonnerie.

« Salut frangin. »

— Salut Rosie, comment tu vas ?

Elle soupire longuement, signe que tout ne va pas bien à la maison. J'espère que Roger n'a pas dépassé les bornes.

« Tu me manques Timothy. Tu manques à maman aussi, elle ne le dit pas mais je l'entends pleurer parfois le soir. »

— Je suis désolé, vous aussi vous me manquez.

« Tu devrais appeler maman de temps en temps. »

— Je sais mais elle n'a pas de portable et j'ai pas envie de tomber sur Roger... ça va avec lui ?

« Je ne suce pas de bite... enfin tu vois ce que je veux dire... Il n'a rien à me reprocher alors, il ne dit rien. Il sait aussi que maman ne supporterait pas de me voir partir. Et si on se voyait cette semaine avec maman ? »

— Ouais, c'est une bonne idée, je te laisse organiser ça et tu me donnes le rendez-vous par message ?

« Ça marche, plutôt en fin de journée ? »

— Ouais, je bosse, alors pas avant dix-sept heures, ok ?

« Tu bosses ? Où ça ? Dis-moi tout ! »

— Je te raconterai quand on se verra, ça te va ?

« Ok. Passe une bonne soirée Tim, je t'aime. »

— Moi aussi je t'aime Rosie. Bye.

Je file à la douche et te rejoins pour le repas avec ton père. On discute de sa société, de ton implication au sein du service comptable et investissement, puis vient le moment d'aller nous coucher et je sens que tu es à nouveau très distant alors je t'embrasse avec retenue et pars dormir dans ma chambre. Tu ne protestes pas malgré ton regard triste. Mais j'ai besoin d'un temps pour moi, de réfléchir à tout ça.

J'ouvre la fenêtre pour laisser entrer l'air frais puis ferme les volets et une fois dans mon lit, je ferme les yeux. J'écoute l'océan au loin et les goélands, les voitures et la ville qui ne dort jamais vraiment. J'entends soudain la porte de ma chambre s'ouvrir et des pas se rapprocher. Je te fais une place en me décalant contre le mur, tu te glisses à côté de moi. Tu m'enlaces puis m'embrasses la tempe.

— Je suis désolé, murmures-tu en enfouissant ton visage dans mon cou.

— Pour quelle raison ?

— Pour être aussi nul en tant que petit ami.

— T'es pas nul, tu fais du mieux que tu peux et c'est tout ce qui compte, dis-je en te caressant les cheveux.

— T'es adorable Tim.

— Toi aussi, dors maintenant.

Tu fermes les yeux, t'accrochant plus encore à moi. Je remonte la couette en espérant faire disparaitre chez toi cette idée stupide que tu es nul. A mes yeux, tu vaux bien plus que ce que tu ne crois et je sais que quand tu te sentiras prêt, tu t'ouvriras à moi. Il te faut juste du temps et ma confiance. 

❤❤❤

Hello et merci pour votre patience. 

Je vous ai oublié samedi et pour le coup, je vous publie le chapitre aujourd'hui. 

Alors, est-ce qu'il vous a plu ? 

Killian fait des efforts mais est-ce que ce sera suffisant pour rassurer Timothy ? 

On en saura plus bientôt !

Je vous fais des bisous (* ̄3 ̄)╭❤

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top