T.r.o.i.s.i.è.m.e...j.o.u.r...


Manon ouvrit les yeux. Décidément, seule la nuit et quelques conversations avec Gaël pouvait l'aider. Elle s'immergea et chercha Gaël, mais elle ne le trouva pas.

- Hé ho ! Sa voix se répercuta contre les murs et le volume devint insoutenable, même avec les mains plaquées contre les oreilles. Manon se résolut à chuchoter.
Tu avais dit demain. On est demain, enfin, on est le lendemain de hier quoi. Hé ! Tu m'avais promis des réponses. Tu as promis !

Gaël se dissocia des ombres.

- J'ai tenu ma parole. Je t'ai aidée. Pour une fois, son sourire flancha

- En quoi ? En quoi tu m'as aidée ? Qu'est ce que...

- Tu te détestais et tu as dit « oui », la coupa t-il, Tu as dit oui pour oublier. Si je te le rappelais, tu me supplierais de t'ôter la mémoire à nouveau ou alors, tu seras courageuse et tu accepteras ce fardeau !

- Qui es-tu pour pouvoir ôter la mémoire des gens comme ça ?

- Tu veux une belle réponse ou une réponse franche ? En plus de son sourire vacillant, ses yeux s'allumèrent comme des braises. Manon déglutit

- La franche.

- Très bien, et bien alors, je ne suis personne. Si tu ne comprends pas tout, je peux te donner deux conseils. Le premier, vois ça comme un jeu, une enquête. Et le second, dépêche toi, il ne te reste plus que quatre jours.
Gaël commençait déjà à disparaître.

- Attends ! Il me reste une question !
Manon courait vers lui, avant de se rendre compte qu'elle n'avançait pas, ou alors, c'était Gaël qui reculait. Et encore une fois, elle émergea. Avec plus de questions dans la tête qu'autre chose.
4 jours. Et ensuite quoi ?
Qui était-il ? Personne ! ça ne voulait rien dire !
Et pourtant, Manon le croyait, il ne donnait pas l'impression de mentir. Elle avait une espèce de don pour deviner si les gens mentaient.
Une enquête... Dans les films, pour qu'un suspect dise l'entière vérité, les policiers peuvent le harceler. C'est l'option que Manon choisit. Elle s'immergea, mais ce n'était pas comme d'habitude, cette fois, elle dut fournir plus d'efforts afin de plonger. Une fois dans l'esprit de Gaël et Manon, car il lui paraissait logique que cet endroit soit l'esprit des deux personnes, enfin l'esprit de la personne et de la non personne, Manon commença par appeler Gaël, au départ doucement, pour ses oreilles, puis de plus en plus fort. A force d'appeler, il apparut.

- Eh bien ? Ses yeux oranges luisaient dans le noir

- Eh bien il me reste des question. Elle n'avait pas précisé le nombre, priant pour qu'il lui en laisse à nouveau trois.

- Il ne t'en reste plus qu'une. Il se tenait droit et ne parlait pas plus que nécessaire.

- Alors que se passera t-il au bout des quatre jours ?

- Tu auras perdu, et tu resteras là. Tu recommenceras une semaine en oubliant celle-ci.

- Depuis combien de temps je...
Manon ne put finir sa phrase, elle fut violemment aspirée vers l'extérieur de l'esprit. La mère de Gaël était penchée sur elle et la secouait.

- Enfin réveillée ! Debout, tu as cours.

Une nouvelle journée sans utilité, Manon s'activa comme un automate et la suite fut sans grand intérêt pour l'enquête. Sauf le soir, évidemment, ou le rêve s'immisça à nouveau dans le tête de Manon.

Flash orange.

Noir.
Le noir brut devient encore plus noir.
Les ombres d'un noir plus noir que le jais ou l'encre s'enroule autour de Manon.
On dirait des langues de fumée d'encre.
Il y a de la lumière au fond.

Flash orange.

La lumière est couleur ambre.
Deux braises rougeoient au loin.
Mais Manon ne fait rien.
Elle ne bouge pas.
Finalement, ce sont les braises qui s'avancent.

Flash orange.

Une main se tend.
Manon relève la tête.
Ce ne sont pas braises, ni du feu.
Ce sont deux yeux.
C'est une invitation.
Manon prend la main.

Flash orange.

Puis c'est le noir complet.
Puis c'est au tour du orange.
Orange comme le feu.
Orange comme ses yeux.
Orange, la couleur de sa maladie.
Orange, la couleur de sa malédiction.
Orange, son ancienne couleur préférée.
Orange, la couleur qu'elle voudrait oublier.


716 mots

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