Nine
Je tourne en rond dans ma chambre. Je ne sais pas trop quoi faire. Je n'arrête pas de penser à hier. J'ai à la fois été la reine des nulle mais aussi j'ai su y faire quand Theo et Ethan m'ont accompagné.
J'entends la porte s'ouvrir. Je me presse de m'assoir sur mon lit. Si mon père remarque que je fixe la maison de Theo depuis toute à l'heure je vais avoir le super questionnaire de la mort. J'ai aucune envie de gouter à ça donc je vais rester discrète.
Je prends le carnet qui est posé sur ma table de nuit puis un stylo qui traine. Je commence à écrire des conneries. Mon père entre dans la pièce, je lève les yeux.
— Salut papa ! lancé-je le plus naturellement possible
— Inutile de faire semblant, ton ami m'as tout raconté.
QUOI ! Il a osé... Je... Non ce n'est rien.
— Ah c'est cool.
— Tu essayes de fuir de la maison ?!
Il a inventé quoi encore...
— Euh non ! Pourquoi je ferais ça ?
— Ashley, je te connais. La prochaine fois tu ne t'embarque pas dans ce genre d'histoire, c'est tout. dit mon père
— Oui... répondé-je d'un air innocent
Mon père quitte la pièce. Un fois la porte fermée, j'attends quelques secondes puis repose le carnet sur la table de nuit avant de me lever et de retourner face à la fenêtre. Theo est dans la cour en train de téléporter ses cartons ailleurs. Je n'aime pas ce à quoi je pense. Je me dépêche de sortir par derrière et de rejoindre le magicien. Je ne veux pas qu'il parte !
Je cours au moment de traverser puis passe par-dessus la barrière. Je stoppe Theo lorsqu'il téléporte la télé.
— Tu fais quoi ?! lancé-je
— Je repars. Je ne veux plus être ici.
— Comment ça ?! Tu pensais partir si facilement ? Ah mais non tu vas rester ! Si je me suis taper ton maudit défi ce n'est pas pour que tu repartes dès que t'a fini !
— Tu me surprend ! Je ne te pensais pas capable de me retenir après le défi que je t'ai fait subir ! ricane-t-il
— Ah mais c'est que en fait, je vais te donner ton défi. Tu vas devoirs supporter la vie dans ton apparence normale dans mon univers.
— Vraiment ? Je ne peux pas faire comme toi car oui, tu penses que j'ai dix-sept ans mais ce n'est pas les dix-sept ans comme ici mais comme chez moi.
C'est quoi ce charabia ?! Peut-on m'explique ce que cela veut dire ?
— C'est-à-dire ?
— Si je fais les calculs, tu à l'équivalent de huit ans à Mervia. Et moi j'ai l'équivalent de vingt-cinq ici.
Et depuis le début il me fait croire qu'il a mon âge... Okay, je vais laisser Mr. Menteur renter chez lui. Un adulte peut être très dangereux. Maintenant qu'il a repris son apparence, je ne vais pas prendre le risque de gouter une seconde fois à ses petits tours de magie.
Je m'éloigne un peu. J'ai plus trop confiance.
— Je ne vais pas te tuer ! Pas la peine de fuir. lance Theo
— T'es sûre ?! En fait je sais pas si je dois te faire confiance maintenant !
— N'oublie pas que tout est possible... Toi-même tu l'as dit !
— Sauf que pour toi c'est facile de dire ça maintenant ! Tu pratique la magie depuis toujours et en plus tu vis dans un monde magique. Je ne peux plus y croire. Au début tu m'as fait croire que tu avais dix-sept ans alors que t'es vieux et que tu veux peut-être me faire du mal ! Moi j'aime Theo, ce gamin qui joue avec la magie. Pas le vieux menteur ! dit-je
— Pourquoi tu te fie aux apparences ?! Arrête de penser ça. Si je suis venu ici ce n'est pas pour mentir et encore moins faire du mal aux autres. J'ai mieux à faire que d'emmerder le monde. Dès le début je t'ai adoré. Je t'apprécie beaucoup. T'es l'une des meilleures personnes que je puisse connaitre. Et honnêtement je n'ai pas envie qu'on s'engueule juste pour notre âge. Certes j'ai vingt-cinq ans, mais je peux redevenir celui que tu as connu...
— Je ne crois pas que tu comprennes ! Pour toi ce n'est peut-être rien cette histoire mais de mon côté, je ne peux pas faire comme au début. Je crois qu'on est trop différent pour voir les choses de la même façon. Donc retourne d'où tu viens et ne me parles plus. Je préfère oublier cette histoire.
— Tu peux effacer cette histoire mais pas ce que tu ressens pour moi.
— Oh que si ! Je peux te virer de mes souvenir si je le veux !
— Si tu le dis... Mais si j'étais toi...
— Est-ce que t'es moi ? Non ! Donc ferme-là et dégage ! lancé-je
Je ne peux pas m'empêcher de penser à Theo à chaque fois que je lui dis que je vais l'oublier.
C'est vrai ce qu'il dit. Je ne peux pas l'oublier si facilement. J'ai des sentiments pour celui que je connais, pas celui de samedi dernier. Theo n'est pas celui que je pensais mais c'est lui que j'aime malgré tout. Me cacher derrière un mensonge ne changera pas mes sentiments. Ce n'est pas en disant que je veux plus voir cet homme que je ne le verrais plus. Theo est rentré dans ma vie, je ne peux pas le forcer à quitter mon esprit.
Je vais laisser le temps faire. Je sors de la cour. Je vais encore mentir à mon père. J'espère qu'il n'a rien vu. Je traverse la rue. Personne ne me retient. J'adresse un dernier regard à Theo. Ses yeux sont remplis de douleur.
Je n'ai pas su agir. J'ai été immature. Je n'aurai pas du dire tout ça. Je regrette. Je regrette tout. Cette rencontre. Cette semaine. Ce défi. Cette histoire. Cette réalité qui pourrait juste être un cauchemar... Mais je ne rêve pas. Toute cette histoire n'est pas ce genre de rêve qui nous parait tellement réel qu'on peine à en sortir. C'est juste la réalité. Pourtant je voudrais me réveiller dans mon lit. Tout ceci est une réalité que je ne veux pas voir exister, une réalité que je déteste. Je déteste les choix de la moi du présent.
Règle N°12 : Ne plus jamais aimer les gens venant d'ailleurs
Règle N°13 : La magie est dangereuse.
La magie, je n'y crois plus. Ce n'est qu'une malédiction. Un truc horrible. La chose la plus détestable. Je ne veux plus avoir de lien avec ce monde. Plus aucun lien avec la magie ou autre truc paranormal.
Ces histoires, j'y crois plus. J'ai passé l'âge de ce genre de truc irréel. Je rêve. Ah oui, je rêve de jolie licorne rose !
Je suis dans un rêve et je suis une licorne !
Je suis dans mon pire cauchemar.
Ma vie va s'effondrer.
Theo....
Je l'aime...
Je le déteste !
Je veux plus aucun lien avec la magie.
Toute cette histoire est un rêve. Rien de tout ça m'est arrivé.
Je suis juste en train de devenir folle !
Cette histoire n'a jamais existé. Mervia n'a jamais existé. A l'instant même je mange du Nutella.
D'un coup je m'arrête. Devant chez moi. Incapable de réagir. J'ai dû rêver. Rien de tout ça n'a été vrais. Je suis juste allée en ville...
Theo n'est plus là. Je l'ai oublié car c'est ce que je voulais.
J'ouvre la porte puis rentre chez moi. Je monte dans ma chambre.
Je reçois un message. C'est un num inconnu.
''Everything is possible, you and me, it's real. Just wait me !''
Sûrement une erreur. Ou juste le destin.
J'allume la lumière et attrape un cahier. Je gribouille quelques mots, dessine un garçon. Très mignon. Je ne sais pas qui c'est mais j'ai l'impression de le connaitre. Pourtant je ne me rappelle pas lui... Ça me reviendra sûrement cette nuit.
Je vais dormir. Je n'ai pas envie de penser à des choses inutiles. Ce garçon, je ne le connais pas et ça ne vas pas plus loin.
J'éteints la lumière après avoir ranger mon cahier. Peu à peu le sommeil vient. Je m'endors.
****************
14h :
Je tourne en rond dans ma chambre sans savoir quoi faire. Le dessin d'hier m'intrigue et le rêve de cette nuit également. J'ai rêvé de la personne que j'ai dessinée... C'est trop bizarre cette histoire. J'aimerais bien savoir pourquoi cet inconnu me hante. C'est sûrement un acteur d'un film ou quelqu'un que j'ai croisé dans la rue. Ah et puis ça m'énerve ! J'en peux plus de ce garçon, je ne sais pas qui c'est et puis voilà. De toute façon ce n'est pas important car je n'ai aucune envie de le connaitre. Je veux juste savoir pourquoi il apparait partout.
Si ça se trouve c'est un client de mon père donc ça ne me concerne pas. J'ai autre chose a faire que de m'encombrer de chose inutile comme ce garçon !
J'ouvre la porte de ma chambre avant de traverser le couloir. Une fois de plus je suis seule chez moi. Mon père passe sa vie à travailler. Quant à ma mère, je ne la vois plus. C'est assez compliqué... A vrais dire, elle n'a jamais été là pour moi. Elle est partie avec mon frère à ma naissance. Mais je ne sais rien de mon frère donc j'ai tendance à oublier que j'ai un frère. Je ne sais même pas quel âge il a. De toute façon, ça m'est bien égal puisque je ne le connais pas.
Je descends l'escalier. La maison est vide mais reste toujours aussi belle. Je vis ici depuis toujours, je ne pourrais jamais supporter de déménager. Je suis trop attachée à cette ville.
Un courant d'air assez étrange traverse l'escalier. Je m'arrête et parcours du regard mon entourage. Rien d'anormal. Je ne comprends pas ce qu'il se passe. Je devrais voir dans le salon. Je continue de descendre les marches. Lorsque j'arrive en bas, un second courant d'air se fait sentir. Je pense que je dois vraiment m'inquiéter maintenant ! J'ai l'impression qu'un fantôme va surgir. Même si ça n'existe pas, je pense que ça peut être possible.
J'attrape le balai qui traine. Mais qui c'est qui l'a mis ici ?! Dans cette maison tout doit être parfait. Ça me surprend que mon père ne dise rien. Ce n'est pas à moi de dire aux employés de ranger le matériel qu'ils empreintes ! N'empêche que pour une fois, ce balai m'est très utile. Je pourrais me défendre si y'a un problème. Je traverse la pièce. La lumière est allumée dans la cuisine. J'avance en direction de la porte. Je l'entrouvre. La personne et moi lâchons un cri. Lorsque la peur est finie, je me rapproche de la dame. C'est Félicia. Une des employées. Je ne m'attendais pas à la voir à cette heure-ci. Habituellement, je suis seule, personne n'est censé être dans la maison sauf moi. J'espère que Félicia a de bonne excuse pour sa présence ici.
— Je suis désolée mademoiselle. Je venais juste pour chercher des affaires que j'avais oublié et un homme est arrivé dans la pièce donc....
— A quoi ressemblais cet homme ? demandé-je sérieusement
— Je ne sais pas. Il a disparu aussi vite qu'il est apparu...
La jeune femme me fixe avec ses yeux marrons. Son regard est rempli d'excuses.
— Ça m'est bien égal. Arrangez-vous pour que cela ne se reproduise plus. Mais peu importe, vous voulez boire quelque chose ? Mon père rentre tard ce soir, on pourrait en profiter un peu.
— Euh d'accord. Vous êtes sûres que je n'aurais pas de problèmes ?
— Tant que c'est moi qui vous y autorise, non.
La jeune femme hésite quelques secondes avant de poser son sac en cuir sur la table.
Je ne sais pas encore quoi faire pour cette soirée mais je compte improviser. Au moins je m'amuserais.
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