La bataille entre le groupe de Ragnar et celui du jarl Borg allait bientôt avoir lieu. Gyda observait dans la maison, les gens autour d'elle se préparer à se battre. Il fallait qu'elle se prépare elle aussi. On attendait qu'elle participe à la bataille. Pourtant, la fille de Ragnar avait beaucoup de mal à se lever. La sensation qu'elle avait eu lorsqu'elle avait tué quelqu'un hantait son esprit. Cette dernière savait qu'elle allait devoir tuer à nouveau. Cependant, la jeune femme n'en avait pas le courage. Tout sorte de chose avait traversé l'esprit de Gyda quand elle avait tué. Et si cette personne avait une famille ? Les enfants n'auraient plus de père.

Plus la viking se plongeait dans ses pensées et plus l'idée de se battre la repoussait. Si cette dernière accompagnait son père sur le champ de bataille, elle serait un fardeau pour tout le monde comme elle l'avait été pour Rollo.

— Tu ne te prépares pas ? Questionna soudainement Lagertha.

— Je...Je ne sais pas si je devrais vous accompagner, murmura Gyda.

— Comment ça ? Ton père m'a affirmé qu'il t'avait appris à te battre. D'ailleurs, Rollo m'a dit que tu étais restée avec lui pour défendre Kattegat.

— Je ne peux pas tuer. Je les fais quand j'étais avec Rollo et je n'arrête pas d'y penser. J'ai enlevé la vie de quelqu'un mère et ça me ronge.

Un petit sourire étira les lèvres de Lagertha. La blonde s'approcha de sa fille, s'asseyant à côté d'elle. La femme n'était pas étonnée des propos de son enfant. Même si elle s'était séparée de son enfant pendant un long moment, Lagertha connaissait sa fille. Elle était douce, loin des stéréotypes qui se faisait généralement autour des vikings. Connaissant son caractère, Lagertha avait d'ailleurs été surprise mais heureuse d'apprendre que Gyda avait voulu apprendre à se battre. Elle restait sa fille après tout.

— Tu sais, ta réaction est normale. J'ai moi-même eu ce genre de questionnement lors de mes premiers combats, expliqua Lagertha.

— Comment as-tu fait pour passer au dessus de ça ?

— Prends une arme et viens avec moi.

Gyda suivit les indications de sa mère. Elle se retrouva alors dehors, face à Lagertha hache et bouclier à la main. La jeune femme comprit rapidement où sa mère voulait en venir. Elles allaient s'affronter et cette perspective rendait Gyda heureuse. Elle allait pouvoir montrer sa valeur auprès de sa mère. Elle allait pouvoir lui montrer qu'elle voulait suivre ses traces malgré tout ces questionnements. Les deux femmes se jaugeaient du regard. Un silence planait entre elles et quelques guerriers curieux observaient de loin la scène. Cette ambiance tendu se brisa au moment où Lagertha frappa sa hache contre le bouclier de sa fille. Le bruit du coup résonna, activant tout les sens de Gyda.

Cette dernière poussa sa mère avec son bouclier. Lagertha fut surprise du geste de sa fille durant quelques secondes. Elle ne s'attendait pas à ce que son enfant est autant de répondant. Cependant, elle reprit vite ses esprits et la blonde fixa ses jambes aux sols. Elle ne tomberait sûrement pas pour ça. Lagertha termina par s'extirper de la situation avant de lancer un coup d'épée vers sa fille. Cette dernière intercepta le coup avec sa hache. Les deux armes s'opposaient. Ni Lagertha, ni Gyda ne voulait abandonner. Elle se toisait du regard, cherchant la moindre faille.

Finalement, ce fut Lagertha qui prit l'avantage. Après un croche-pied, Gyda tomba au sol. Cependant, le combat ne s'arrêta pas. La jeune fille vit que sa mère avait un regard déterminé et qu'elle allait continuer. L'épée de Lagertha fonça droit sur Gyda sous son incompréhension. Est-ce que sa mère s'était résignée à la tuer après avoir constaté qu'elle ne ferait pas une bonne guerrière ? Gyda voulait vivre et son instinct la fit bouger rapidement. Elle roula sur elle-même, laissant l'épée se planter à côté d'elle. La fille de Ragnar se releva rapidement, hache à la main. Elle allait attaquer mais le sourire de Lagertha la stoppa dans son action.

— Qu'as-tu ressentis lorsque mon épée était sur le point de te transpercer ? Questionna Lagertha.

Gyda lâcha sa hache au sol, dans l'incompréhension. La jeune femme fronça les sourcils. Elle n'arrivait pas à comprendre où sa mère voulait en venir.

— De la peur. Je voulais vivre alors je me suis défendu, répondit Gyda dans l'incompréhension.

— Lors d'un combat, tu dois te rappeler de ces sensations. Si tu as peur de tuer ton adversaire, lui ne se gênera pas. Ton envie de vivre et de protéger tes proches doit toujours rester dans ton esprit quand tu te bats. C'est comme ça que je suis passée au dessus de toutes formes de questions. Je me suis endurcie. C'est peut-être difficile à entendre Gyda, mais le monde est cruel. Ta propre famille peut te trahir et tu sembles en avoir conscience puisque tu n'as pas hésité à lever ton arme contre moi quand je menaçais ta vie.

Gyda resta silencieuse face aux propos de sa mère. Quand elle avait défendu Kattegat, la jeune femme n'avait pas réfléchi. Tout ce qu'elle avait voulu à ce moment là, c'était de protéger sa famille et sa ville. C'était pour ces raisons, qu'elles étaient parties aux côtés de Rollo sans réfléchir. C'était aussi pour ces raisons qu'elle avait levé une arme contre quelqu'un et qu'elle l'avait tué. Lagertha avait raison. Elle ne devait pas perdre tout cela à l'esprit. Si elle ne se défendait pas, on la tuerait sans pitié. La jeune femme ne voulait pas voir ses proches disparaître. Elle n'avait donc pas le choix, surtout dans ce contexte. Le XXIeme siècle était une période de paix où tuer était une option interdite. Les lois cadraient la majorité des gens. Dans le monde viking, tuer n'était pas pas une option. C'était quasiment une obligation.

Les propos de Lagertha avait fait prendre conscience de tout cela à Gyda. Cela n'éffacerait sûrement son dégoût. Pour autant, cela apaisait son esprit. De toute façon, connaissant la suite des événements, si elle ne tuait pas maintenant, elle le ferait à un moment où à un autre. C'etait inévitable. Ifallait qu'elle s'y fasse si elle voulait protéger ses proches.

— Merci mère, murmura Gyda.

Lagertha posa affectueusement sa main sur la tête de sa fille. Elle était heureuse que son enfant ait compris où elle voulait en venir. La jeune femme devait devenir forte et cela devait commencer dès maintenant. Son père se ferait probablement de nombreux ennemis en tant que jarl. Gyda ferait donc partie des premières cibles pour faire tomber Ragnar. Le jarl Borg faisait parti de ces adversaires. Ce moment mère/fille était certes touchant, cependant, il fallait revenir à l'essentiel, soit la prochaine bataille à venir. Au fil des minutes qui défilaient, la tension devenait de plus en plus importante. Chaque guerrier se préparait à se battre et finalement le moment de la bataille arriva.

Dans une clairière dégagée, le jarl Borg et ses guerriers tombèrent dans le piège conçu par Ragnar. Entourés par les guerriers du Lothebrok, la confrontation était inévitable. Gyda se tenait aux côtés de son frère, épée à la main. Le cœur de la jeune femme battait à tout rompre. Ce qu'elle avait vécu aux côtés de Rollo à Kattegat n'avait rien avoir avec cette bataille. C'était une véritable confrontation qui allait avoir lieu. Gyda avait les mains moites mais elle devait rester courageuse. C'était l'honneur de sa famille qui était en jeu. La jeune femme ne pouvait pas rester passif face à ce que le jarl Borg avait fait.

En quelques secondes, l'impact des boucliers résonna dans toute la prairie. La bataille avait commencé et il n'y avait plus de retour en arrière. Le coup des épées et des haches se mêlaient aux cris des combattants. L'affrontement venait à peine de commencer que des corps jonchaient déjà le sol. Gyda essayait de rester concentrer. Elle ne devait pas se laisser déstabiliser ou elle rejoindrait les morts au sol. Chaque coup qu'elle infligeait à ses adversaires était un supplice pour elle. Toutefois, son adrénaline et son instinct de survie prenaient toujours le dessus à chaque frappe qu'elle donnait. Gyda n'écoutait plus rien d'autres que sa volonté de survivre. Si elle écoutait son dégoût du combat, elle pourrait mourir.

— Tenez bon ! Tenez-vous prêts ! Restez debout ! Hurla Ragnar au milieu du désordre.

Des guerriers du camps adversaires avaient reculé. Ils fonçaient à présent droit vers les vikings de Ragnar. Gyda plaça son bouclier face à elle prête à recevoir l'ennemi. La jeune femme planta ses pieds au sol, se mettant dans les meilleures conditions pour ne pas tomber par terre. À peine s'était-elle mise en position qu'elle sentit une force la pousser. Gyda faisait tout son possible pour ne pas finir piétiner. Elle serrait les dents et usait de toutes ses forces.

— Il faut tenir Gyda ! S'exclama Lagertha.

La guerrière au bouclier se tenaient aux côtés de sa fille pour la soutenir et la protéger. Ragnar était resté avec Bjorn qui n'avait pas eu le temps de se préparer à l'attaque adversaire. Cela rassurait Gyda qui continuait à se concentrer sur ce qu'il se passait. Petit à petit, les morts se multipliait et les guerriers de Ragnar prenait l'avantage. Le jarl Borg n'avait plus aucune chance de gagner à ce rythme. Ce fut une chose qu'il comprit assez rapidement puisque ce dernier battu en retrait avec ses combattants restant.

Gyda pu lire de la colère et de la frustration dans le regard dans son père. Il n'avait pas reussi à se venger de ce qu'on avait fait subir à sa famille. Cependant, la jeune femme savait que Ragnar ne lâcherait pas l'affaire et qu'il obtiendrait sa vengeance.

Le calme revint peu à peu sur la prairie. A présent ce n'était qu'un paysage morbide qui entourait Gyda. L'odeur du sang régnait dans l'air comme une trace de la bataille. Les gémissements des blessés résonnaient, les distinguant des morts qui s'étaient définitivement mue dans le silence. Le sang de ses adversaires recouvrait le visage et les mains de Gyda. Cette dernière regardait ce liquide rouge qui n'était pas le sien. Elle avait tué pour survivre et ce n'était que le début. Pourtant, à ses yeux, aucune des vies qu'elle avait retiré n'était insignifiante.

Elle avait tué des mères, des pères, des fils et des filles. La jeune femme ressentait un profond dégoût. La nausée envahissait son estomac, concrétisant ce qu'elle ressentait. Avant que quelqu'un ne puisse lui parler, Gyda s'éloigna pour vomir. Elle s'isola derrière quelques arbres de la forêt, regurgitant tout son inconfort. Ragnar, Rollo et Bjorn observaient la silhouette de Gyda derrière les arbres. Aucun d'eux n'était étonné de la réaction de cette dernière. Gyda avait beaucoup plus conscience de l'aspect précieuses des vies. C'était une pensée que les trois vikings balayaient d'une main surtout face au jarl Borg qui avait osé menacer la vie des proches de Ragnar.

Finalement, après la fin de bataille, Ragnar et tout ses guerrières prirent la direction de Kattegat. Pour chacun, revoir les structure du village était un soulagement. Tout était fini pour le moment. La joie s'intensifia chez les guerriers lorsqu'ils entendirent les villageois se réjouir du retour de Ragnar. Malgré la fuite du jarl Borg, cela semblait être comme une fin heureuse pour tout le monde.

Gyda observait tout le monde se réjouir un petit sourire aux lèvres. Elle était heureuse d'être enfin de retour chez elle. Cependant, Bjorn devait probablement être plus content qu'elle de retrouver Kattegat après autant de temps. La jeune femme observait son frère se muait dans le silence. Ce dernier observait le village de son enfance, cherchant des éléments familiers. Gyda posa une main sur l'épaule de Bjorn, se voulant accueillante.

— Bon retour parmi nous Bjorn, murmura la viking.

Le concerné étira ses lèvres en un sourire face aux mots de sa sœur. Il était de retour après autant de temps. Tout lui paraissait nouveau et connu à la fois. C'était étrange mais le jeune homme était juste satisfait de se retrouver à nouveaux aux côtés de son père.

Les jours qui suivirent furent paisible. Des banquets étaient organisés pour fêter le retour de Ragnar. Lagertha autorisa Bjorn à rester aux côtés de son père cependant, la guerrière au bouclier ne resta pas à Kattegat. Elle retourna auprès de son époux, voulant assumer ses responsabilités. Cela n'étonna pas Gyda qui savait à quelle point sa mère était droite. Toutefois, son départ attrista la jeune femme. Même si elle savait qu'elle reverrait sa mère dans un futur proche, Gyda avait quand même espérer qu'elle puisse rester un peu plus longtemps.

Finalement, ces jours de tranquillité prirent rapidement fin au retour du roi Horik et de son fils. Le souverain ne souhaitait qu'une chose, se venger du roi Ecbert. Un retour en Angleterre était donc prévu mais pour ça, il fallait suffisamment de moyen. La seule solution à laquelle Horik avait pensé était de reprendre contact avec le jarl Borg. Même pour Gyda qui connaissait la suite des événements, cette requête de la part du souverain viking restait frustrante.

Un autre événement important avait eu lieu. Bjorn avait développé des sentiments pour une esclave du nom de Porunn. Assise sur les escaliers à l'entrée du skali, Gyda observait de loin son frère parler avec Porrun. La jeune femme savait où leur relation allait mener. Cependant, elle ne savait pas comment elle pourrait intervenir pour le moment. Elle réfléchissait à toute sorte de solutions pour limiter les pots cassés.

— Alors, qu'en penses-tu ? Crois-tu que Bjorn arrivera à avoir l'attention de cette esclave ? Résonna la voix de Ragnar.

L'homme arriva au niveau de sa fille pour s'assoir à côté d'elle. Ragnar mentirait s'il disait qu'il ne s'était pas inquiété pour sa fille ces derniers temps. Elle était restée très silencieuse vis-à-vis de tout ce qui s'était passé. Au départ, il avait pensé qu'elle avait peut-être était bouleversée par le fait de tuer des gens. Cependant, Ragnar savait à quelle point son enfant pouvait être très observateur. Gyda regardait ce qu'il se passait autour d'elle sûrement pour mieux anticiper.

— En fait, je ne sais même pas pourquoi je te pose cette question. J'imagine que tu as déjà la réponse, continua Ragnar.

— Oui c'est vrai et j'avoue que ça m'inquiète un peu, répondit Gyda

— Est-ce qu'il va arriver quelque chose de terrible à Bjorn ?

— Non pas au point que ton intervention soit nécessaire. J'imagine simplement que les premières relations sont toujours les plus complexes. Bjorn va faire beaucoup d'erreur dû à son inexpérience.

— Mais c'est comme ça qu'on se forge. Enfin, on a assez parlé de Bjorn. Parlons de toi.

— De moi ? Que veux-tu savoir père ?

— Rien de particulier. Je veux simplement te rappeler que toi aussi tu dois vivre. J'ai bien conscience qu'avec les connaissances que tu as, ma demande peut paraître complexe. Mais à force de te soucier des autres, tu t'oublies Gyda.

— Alors qu'est-ce que je devrais faire ?

— Je ne sais pas vraiment. Des choses que les jeunes femmes de ton âge font ?

À ce moment, Ragnar regrettait déjà le départ de Lagertha. Si elle avait été présente, elle aurait sûrement pu donner de bon conseils à Gyda. L'homme essayait toujours plus ou moins de combler l'absence de Lagertha, mais c'était parfois compliqué. Heureusement que Aslaug et Siggy lui venait parfois en aide.

— Tu n'as pas aussi quelqu'un que tu aimes comme Bjorn ? Personne ne t'en voudrait si tu passais du temps avec, continua Ragnar sur un ton leger.

— Pour être honnête père, ce genre de relation ne m'intéresse pas, répondit Gyda.

En entendant ces propos, un sourire étira les lèvres de Ragnar. Sa fille ressemblait vraiment à Lagertha sur certains points. Comme sa mère, Gyda semblait inaccessible aux premiers abords. Cependant, Ragnar savait que lorsque sa fille trouverait la bonne personne, elle changerait sûrement d'avis. La jeune femme n'avait probablement pas trouver quelqu'un digne de son intérêt pour le moment.

— Tu es libre de faire ce qu'il te plaît Gyda. Cependant, ne t'oublie pas en essayant de nous protéger, expliqua Ragnar.

— J'essaierai d'appliquer t'es conseils père. D'ailleurs, si je suis libre de faire ce que je souhaite, est-ce que ça veut dire que je peux t'accompagner en Angleterre ? Questionna Gyda.

— Après ce qui s'est passé face au jarl Borg, es-tu vraiment certaine de vouloir venir ?

— Il est vrai que j'ai encore du mal dans l'idée de tuer des gens, cependant, comme tu l'as dit, c'est comme ça qu'on se forge.