Chapitre 6 - Archibald

Ambrose entre dans le salon avec fracas, laissant la porte claquer derrière lui. Son visage est poisseux de sueur et ses boucles brunes collent à sa peau, sur son front et ses tempes. Son tee-shirt humide épouse son torse. Le tissu englué de sueur colle à sa peau et les mouvements de sa marche le tordent et le serrent, jusqu'à lui donner la surface plissée des toges antiques. Archibald observe le jeune homme ; sa bruyante arrivée l'a déconcentrée, il ne parvient pas à se remettre à sa lecture. En même temps qu'Ambrose, les odeurs d'herbe coupée et de sueur fraiche sont entrées dans le salon.

Sans comprendre le dérangement qu'il occasionne, Ambrose se plaint de la chaleur à sa grand-mère, restée dans la cuisine. Archibald ne prête aucune attention à ses paroles. Ses bottes pleines de poussière retiennent son attention. Le cuir monte sur ses mollets et geint autour de ses chevilles à chacun de ses pas. Le cuir de la large ceinture qui lui serre la taille, gémit en échos. A son corps défendant, Archibald trouve le bruit extrêmement érotique et cette révélation le plonge aussitôt dans l'embarra. Erotique ? Il jette des coups d'œil affolés dans la pièce, comme si ses pensées résonnaient à haute voix. Quand son regard tombe sur le garçon, il sent son cœur s'emballer, battre à tout rompre dans sa poitrine. Lauren et moi nous nous sommes éloignés ces dernières années et nos relations intimes ne sont plus...nous n'en n'avons plus. Est-ce pour cela que je suis si sensible à la sensualité d'Ambrose ? Ce que je ressens n'est pas normal. Pour un homme ...

Il secoue la tête comme lorsque l'on veut chasser un insecte.

Ambrose s'assied ou plutôt se laisse tomber dans le canapé et pose ses pieds sur la table basse, ses mains retombant entre ses cuisses écartées. La pose vulgaire déplait à Archibald mais à nouveau, il ne peut s'empêcher d'apprécier la charge très érotique de la scène. Il sent ses joues s'embraser. Et voilà que je rougis comme une adolescente. Cela ne m'était pas arrivé depuis...cela ne m'était jamais arrivé. Il ressemble à Brando dans Un tramway nommé désir, à un Brando un peu maigrichon quand même. Comme une soupape à son désir, sa critique le fait sourire.

Marleen fait irruption dans le salon en s'essuyant les mains sur son tablier. Elle gifle les mollets de son petit fils pour lui faire enlever ses pieds de la table.

« Tu n'as pas honte de débarquer aussi bruyamment alors que monsieur en en train de lire? 

Le jeune homme et sa grand-mère se tournent vers Archibald, qui se sent rougir sous leurs regards inquisiteurs. Pourquoi suis-je si sensible? Furieux contre les réactions incontrôlables de son corps, il n'a pas d'autre choix que d'adopter une pose désinvolte et feindre une voix détachée. Il tend son livre fermé, un doigt coincé à la page qu'il était en train de lire.

« Ne vous en faites pas Marleen, je faisais une pause de toute façon, il ne me dérange pas. 

Marleen le regarde d'un air soupçonneux, tandis que le garçon lui sourit de toutes ses dents. Il sait !! panique Archibald, qui se sent soudainement aussi lisible qu'un livre ouvert.

« Ca n'est pas une raison pour mettre ses chaussures sur la table, ronchonne Marleen de guerre lasse, en passant un coup de tablier sur la plaque de verre.

Elle disparait dans sa cuisine et son petit fils regarde son hôte en souriant. Archibald lui rend son sourire. Paraître complice mais désintéressé. Le garçon pose sa cheville droite sur son genou gauche et enlève sa botte puis sa chaussette. Il prend son pied nu entre ses mains et le masse. Archibald déglutit avec peine en observant la chair nue, les doigts s'enfonçant dans la plante des pieds et entre les orteils. Ambrose ôte sa seconde botte et poursuivit son massage. De plus en plus mal à l'aise, Archibald se fait mal aux yeux à force de regarder le jeune homme en coin. Ses oreilles et sa nuque rouge vif, il remercie silencieusement la prévenance de Marleen. Cette dernière garde les persiennes tirées dans la journée pour protéger la maison de la chaleur extérieure, ce qui la plonge dans une obscurité salvatrice.

Le cœur battant et la gorge sèche, Archibald observe le manège d'Ambrose, jusqu'à ce que le jeune homme pose ses pieds nus sur la table. Il reste un moment inactif, pianotant fébrilement sur ses cuisses.

« Vous voulez du thé glacé ? Je vais m'en chercher. 

Sans lever la tête, Archibald refuse, feignant avoir reprit sa lecture, priant pour que sa mascarade soit convaincante. Ambrose se lève et disparaît dans le cuisine.

Suivit de son petit fils, Marleen revient dans le salon. Elle a quitté son tablier.

« Je vais faire des courses au marché puis je reviendrais m'occuper de la maison. Est-ce que vous avez encore besoin de moi ? J'en profite pour emmener Ambrose.

- Bien sûr Marleen, vous pouvez y aller. Tous les deux.

Seul, Archibald inspire profondément pour se débarrasser du poids qui pèse sur son cœur. En vain. Les sentiments nouveaux que le jeune homme éveille en lui depuis quelques jours lui donnent envie de pleurer. Que m'arrive-t-il ? Lauren traverse alors le salon en courant. Comme si elle voulait m'éviter, comme toujours. Archibald veut lui parler de ce qu'il traverse, de ses questions, de ses doutes. Nous étions si complice avant. Comme toujours, il reste admiratif de la beauté de sa femme. Elle a dénoué ses longs cheveux roux. Raides, ils descendent bas dans son dos, s'accrochent à ses épaules et à ses joues comme des toiles d'araignée. Elle lui a emprunté son borsalino pour protéger sa peau laiteuse du soleil. Voilà toute l'intimité qu'il nous reste, quand elle m'emprunte mes affaires. Comment en est-on arrivé là ? Elle porte une robe blanche aux imprimés fleuris et une ceinture de soie pourpre sur ses hanches.

« Lauren !

Soudainement, il voudrait la retenir, la retrouver. Il se lève et le bruit de sa chaise trainée sur le sol interrompt la marche de son épouse. Cette dernière se retourne.

« Je vais en ville, tu as besoin de quelque chose ?

Son élan retombe aussitôt et en bredouillant, il la laisse partir.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top