Prologue


Des cadavres. Des cadavres partout. Et du sang. Du sang couvrant le sol. Un apprenti pleurant sur le cadavre d'une autre novice, une chatte à l'allure fière d'une chef ou d'une lieutenante sanglotant sur le corps de ses chatons, et tant d'autres.

Cette jeune chatte aux yeux si beaux qui tremblait. Ce chef qui se battait, sachant qu'il n'y avait plus d'espoir. Cette guerrière qui venait de se sacrifier pour sauver cette petite rouquine, celle-ci qui se mettait à pleurer, et ce jeune guerrier qui venait la réconforter.

Ce petit matou doré qui semblait concentré, mais aussi plein d'amour et de dévouement. Ce guérisseur qui déambulait parmi les corps, ce guerrier qui pleurait sa compagne.

Ce chaton dont le minuscule corps blanc avait été trainé sur des pierres jusqu'à ce que mort s'en suive, et dont la mère hurlait sa douleur.

Ce mâle qui se battait de toute sa puissance pour venger ses compagnons.

Cet autre chat, qui semblait ne pas être à sa place.

Celui-ci, qui se battait avec hargne, et qui hurlait sur les chats endeuillés.

Et cette belle femelle au pelage d'une nuance bleuté, qui était maintenant couverte de sang.

Oui.

C'était la bataille des cœurs brisés.



« Nuage de Baie ! Nuage de Baie ! Nuage de Baie ! »

Tremblant, le nouvel apprenti essayait de garder bonne mine. Mais les visions qui lui transperçait le crâne l'empêchait de sourire. Descendu du promontoire, il se doutait bien que ses amis qui l'entouraient le félicitait... mais il aurait tant voulu retourner dans la pouponnière pour se calmer !

Quelques minutes s'étaient écoulées, et il ne restait plus à côté de lui que Petit Grillon et Petite Lavande. Mais même alors que le premier s'en allait en rampant, à cause de sa blessure, tout ce qu'entendait le nouveau novice, c'était des cris de guerre. Cependant, Petite Lavande lui parlait, ou du moins en avait l'air. Et, même si il ne l'entendait pas, il se dit qu'il pouvait deviner de quoi elle parlait à ses actions.

Alors...

La jeune femelle regardait le sol. 

Ça, c'est la honte, la tristesse ou la peur.

Ses yeux brillaient d'une lueur étrange. Une sorte d'inquiétude.

La peur. Elle me demande si j'ai peur ? Oh, non, je ne suis pas stressé ou quoi. Non, non, je n'ai pas peur.

Alors qu'elle prononçait ses derniers mots avec une lenteur étrange, il lui dit en souriant.

« Non, ça va. »

Et, sans explication, la petite chatte gris-bleu partit en pleurant.

Que... qu'est-ce qu'elle a ?!

Il la rejoignit alors  en courant, sentant qu'il avait fait une grosse erreur.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top