Chapitre XXXVI
J'avais passé l'une des pires nuits de ma vie, faisant de nombreux cauchemars, tous en rapport avec Joshua et notre nouvelle situation. Je le voyais partir, main dans la main avec mon ennemie jurée, Lindsay. Je me réveillais alors en sueur, prise de tremblements que je n'arrivais pas à stopper. Malgré la confiance que j'avais en lui, je ne cessais de m'inquiéter pour notre avenir, qui me paraissait de plus en plus incertain. Devrais-je tout arrêter là, pour ne pas souffrir davantage ? En avais-je seulement la force ?
En peu de temps, ce garçon était devenu mon oxygène, ma bouée de sauvetage dans cette mer tumultueuse qu'était la vie et je ne pouvais me résoudre à le laisser s'en aller, persuadée que je coulerais à pique sans lui. J'avais besoin de sa présence, de son odeur et chaque instant sans le voir était une torture mentale quasi-insupportable. J'étais complètement accro à lui et cela me faisait peur, très peur.
J'avais réussi à me rendormir vers 4h00 du matin, complètement épuisée et à bout de nerfs. Le réveil, seulement quelques heures plus tard, avait été très difficile et je maudissais déjà cette journée.
J'avais foncée vers la douche, sans même jeter un coup d'œil au miroir, sachant que l'image qu'il me renverrait, me mettrait hors de moi. J'étais restée un long moment sous l'eau tiède, essayant de faire disparaître les traces de fatigue qui scindaient mon visage. Arrivée dans la chambre, une serviette autour de la taille, j'attrapais les premiers vêtements qui dépassaient de la penderie, un jean troué au genou et un top noir feraient l'affaire, sans oublier, bien sûr, mes converses noires. Obligée de me maquiller pour cacher mon manque de sommeil, j'avais enfin daigné lever les yeux vers le psyché que ma mère m'avait offert à Noël dernier, quasiment un an auparavant.
J'eus un mouvement de recul en découvrant les énormes poches que j'avais sous les yeux. Je descendis aussitôt dans la cuisine et remplis un verre de glaçons, je remontai discrètement, espérant ne pas tomber sur ma mère ou mon frère. Je me retrouvai devant mon miroir et me collai immédiatement deux glaçons sous chaque œil, pour faire disparaître ces cernes violacées et vraiment moches. Au bout de quelques minutes, le résultat fût inespéré, j'avais déjà bien meilleure mine, même si j'étais congelée et dégoulinante d'eau. Je me maquillais enfin, cachant le reste des dégâts avec un très bon fond de teint. Si je devais paraître déprimée après ma soi-disante rupture, c'était réussi. Après tout cela, je pris mon sac et décidai d'aller petit-déjeuner avant de partir en cours.
-Coucou ma chérie, ça va ? Tu as l'air crevée ? Demanda ma mère, vraisemblablement inquiète à la vue de ma tête.
-Oui, ça va ! J'ai pas très bien dormi, c'est tout !
Je ne mentais pas vraiment, je n'avais pas bien dormi, mais je n'allais pas aussi bien que je le disais. Je redoutai cette journée plus que n'importe qui et cela m'avait empêché de trouver le sommeil durant un long moment.
-Wouahh cette tête ! Tu as fais fort, frangine ! Lâcha Steven, en entrant dans la cuisine.
Je le fusillai littéralement du regard, espérant que ça le dissuade de continuer, mais c'était mal le connaitre.
-Steven, laisse ta soeur tranquille !
-Bah quoi ?! Ce n'est pas tous les jours qu'on a un membre de sa famille qui se transforme en zombie mangeur de chair ! S'exclama-t'il l'air innocent, tout en pouffant.
J'aurais pu clairement l'étrangler si ma mère ne m'avait pas lancer ce regard, celui que je ne connaissais que trop, qui disait c'est un gosse, laisse-le dire. J'étais la plus vieille des deux, je devais donc montrer le bon exemple, suivre le droit chemin et toutes ces conneries du même genre. Mais ce gamin me poussait régulièrement à bout et vu mon humeur de ces derniers temps, j'étais de moins en moins conciliante et mon envie de le frapper était quasiment constante.
-Bon, j'y vais ! Maugréai-je, soûlée de tout.
-Tu me déposes au...
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase, que je sortis de la maison, embrassant ma mère au passage. Il était hors de question que je me le coltine une minute de plus.
Je me garai devant le lycée, mon petit-déjeuner voulant se faire la malle, je respirai un grand coup et descendis de ma voiture.
Rachel me sauta alors dessus, trop excitée de savoir ce qu'il s'était passé après son départ et le lendemain aussi. Je n'avais même pas remarqué qu'elle m'attendait, tellement concentrée sur l'élaboration du plan qui consistait à changer de comportement à partir d'aujourd'hui et à inventer, tour à tour, les mensonges qui sortiront de ma bouche.
-Ça va ? Me demanda-t'elle alors, remarquant aussi mes yeux cernés et mes traits tirés.
J'avais 16 ans, mais j'en paraissais 25 aujourd'hui. Toute cette histoire me bouffait intérieurement et je devais expliquer rapidement la situation à Rachel avant qu'elle ne fasse une gaffe à l'annonce officielle de ma séparation avec Josh.
-Joshua et moi avons décidé de faire croire que l'on a rompu ! Avouai-je soudain, ne pouvant tenir plus longtemps.
Rachel resta un instant silencieuse, à me fixer comme si je m'étais transformée en abeille géante. Je soupirais pensant devoir répéter ce que je venais de dire.
-De quoi ?! Souffla-t'elle enfin, les yeux écarquillés, ne comprenant pas vraiment le sens de ma phrase.
-Nous sommes toujours ensemble mais plus au lycée, tu comprends maintenant ?
-Mais...mais pourquoi ?!
Elle bégaya, réellement choquée par ce que je venais de lui annoncer. Son regard allait de moi au lycée, essayant d'assimiler cette révélation plus qu'incompréhensible.
-Nous n'avons pas le choix, pour Joshua ! Sinon, son père le renverra en France et je ne le supporterai pas ! Dis-je, tristement.
Pourquoi fallait-il que le sort s'acharne ? Les deux seules relations que j'avais eu, s'étaient révélées chaotiques ou merdiques. Quelle chance !
-Je croyais que ça s'était arrangé avec l'aide de Charlotte ?
-Non, pas vraiment ! Charlotte est une fille super, mais son oncle n'en a que faire de ce qu'elle peut lui dire, malheureusement ! Grâce à elle, nous avons pu passer la nuit ensemble et elle ne m'en veut pas, par rapport à notre querelle, ce qui est déjà un miracle vu tout ce que je lui ai dis ! Expliquai-je à Rachel, qui commençait à y voir plus clair.
Nous commencions à avancer vers le hall, lorsque je m'arrêtai pour lui expliquer que Shelby et Calvin ne devaient pas savoir la vérité, ils auraient la même version que les autres, une rupture amicale.
-Tu ne leur fais pas confiance ? Me questionna-t'elle, un peu étonnée.
-J'ai entièrement confiance en Shelby, mais pas en Calvin ! Ça c'est sur !
Depuis l'histoire avec Adam, je me méfiai de ce mec. Il était impossible que son meilleur ami ne lui ai pas parlé de la fameuse vidéo et du fait qu'il me voulait. Je préférai donc ne pas le mettre dans la confidence, ainsi que Shelby, que j'appréciai beaucoup mais qui ne pourrait s'empêcher de le dire à son copain.
-Ok, donc c'est totalement confidentiel ! Sourit-elle, se prenant aussitôt pour une espionne devant cacher un long secret .
Nous rigolâmes ensemble, juste avant de passer les portes de l'entrée, puis je repris mon rôle de contenance, celle de la fille déprimée et célibataire.
Je croisai aussitôt le regard de mon beau Joshua, qui avait l'air crevé. Nous avions quasiment la même tête de déterré, ce qui ne pouvait que corroborer la fin de notre histoire.
Shelby me regardait avec pitié, un petit sourire compatissant au coin des lèvres. Je sus immédiatement qu'elle était au courant, Josh venait sûrement de leur dire.
-Coucou les filles, ça va ? Demanda-t'elle, quelque peu gênée.
Je hochai la tête, en guise de réponse et fit la bise à tout le monde, même a mon petit-ami. Cet acte me brisa le cœur, mais je n'en fit rien paraître, à part la tristesse qui émanait de mon visage.
-Désolé pour vous deux ! Dit Calvin, semblant réellement sincère.
Je lui sourit gentiment puis me dirigeai avec Rachel, dans notre salle.
L'heure passa rapidement, puis on enchaîna avec l'histoire et l'anglais, mais je n'arrivais pas à suivre ces foutus cours. Je ne cessai de me demander ce qui allait se passer après. Joshua allait-il se faire draguer ? Quelle serait la réaction de Lindsay lorsqu'elle aurait vent de cette fabuleuse nouvelle ? Et surtout, combien de temps cela allait-il durer ?
-Mlle Milton ! Vous pouvez répondre à ma question ou vous préférez rester dans la lune ?
Rachel me mit alors un gros coup de coude et je vis aussitôt Mme Byers qui me fixait, les bras croisés et le regard noir.
-Excusez-moi Madame, je n'ai pas entendu ! Répondis-je, honteuse.
Et au moment où elle allait me reposer sa fameuse question, la sonnette retentit indiquant la fin du cours. C'est ce que l'on appelle être sauvée par le gong !
Je me précipitai rapidement dehors, ne voulant pas être confrontée à ses interrogations incessantes sur mes notes en chute libre et mon soudain changement de comportement.
-Bon ! On se rejoint au self, tu me gardes une place, je vais aux toilettes ! Dis-je à Rachel.
Je me lavai tranquillement les mains lorsque la porte s'ouvrit, je vis Josh s'engouffrer tout à coup dans les WC, me tirer vers lui et verrouiller l'un des cabinets.
Je n'eus pas le temps de dire quoi que ce soit, qu'il posa fiévreusement ses lèvres sur les miennes, dans un baiser plein de fougue et de passion. Je restai complètement abasourdie durant un dixième de seconde, puis répondit, avec ferveur, à l'appel de sa bouche. Nous nous embrassâmes longuement, laissant nos mains nous caresser sensuellement, si nous ne nous arrêtions pas maintenant, nous allions faire l'amour dans cet endroit exigu, mais hautement excitant.
-Josh...bébé ? Suppliai-je, en essayant de calmer son ardeur.
-Oui, ma beauté ! Susurra-t'il à mon oreille, tout en léchant le lobe de sa langue experte.
-On ne va quand même pas faire l'amour ici ?!
Il ne répondit pas mais ses mains se resserrèrent sur mon corps, ses doigts agiles effleuraient lentement les pointes durcies de mes seins à travers mon soutien-gorge et sa bouche ne cessait de parsemer des baisers sucrés le long de mon cou. Je sentais l'excitation poindre en moi, j'avais envie de lui, maintenant, dans les toilettes du lycée. Je serrai alors mon étreinte, le laissant faire ce qu'il voulait de moi. Ses bras passèrent sous mes fesses et il me colla violemment à lui, pour me faire sentir son érection. J'haletais, sentant mon cœur s'emballer au fil des minutes. Il commença à défaire sa ceinture, baissa son pantalon pour laisser sortir son sexe, que j'empoignai aussitôt, faisant de lents va-et-vient, tout en caressant délicatement le bout. Je voyais, sur son visage, le plaisir intense que je lui procurais grâce à mes douces câlineries. Il déboutonna alors mon jean et le fit descendre le long de mes jambes. Il me retourna, embrassant délicieusement mon dos, baissa mon tanga et frotta son sexe contre mes fesses. J'adorais cela et je ne voulais qu'une seule chose, qu'il me prenne sauvagement contre la paroi. Au bout de quelques secondes, il me pénétra tout en douceur, m'attrapant par les épaules pour entrer entièrement en moi. Cette sensation était fantastique, j'avais envie de hurler mais me mordais douloureusement la lèvre pour qu'aucun son ne sorte de ma bouche . Nous continuâmes ainsi, profitant de chaque seconde de pleine extase, nos corps se mouvant au même rythme. Lorsque la porte des WC s'ouvrit.
Mon cœur s'arrêta soudain de battre et mon excitation redescendit immédiatement. Plusieurs personnes venaient de rentrer dans les toilettes et nous étions dans un des cabinets, à moitié nus, en train de faire l'amour. Je ne connaissais pas plus gênant, comme situation. Joshua se retira rapidement et nous restâmes l'un contre l'autre, essayant de faire le moins de bruit possible. J'entendis des talons claquer sur le sol, puis un sac que l'on ouvrait.
-Je ne sais pas si c'est vrai, mais s'ils sont vraiment séparés, c'est le plus beau jour de ma vie !
Je reconnus aussitôt cette voix nasillarde et plaquai ma main sur ma bouche. Ma chère copine Lindsay se trouvait juste derrière cette porte.
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