Chapitre XV

-Je ne veux pas t'embêter ma chérie, mais c'était qui ce garçon ? Demanda ma mère, passant sa tête dans l'embrasure de la porte.

-C'était son mec ! Cria Steven, tout content de sa blague.

-Ta gueule, Steven !

Il l'avait bien cherché ce sale mioche.

-Les enfants ! Je ne veux pas de gros mots dans cette maison, vous le savez ! Tempêta ma mère.

-Pardon Maman !

Nous répondîmes en chœur, ce qui déclencha un sourire amusé de notre mère.

-Vous n'êtes pas frères et sœurs pour rien vous deux ! Plaisanta-t'elle, ravie de notre réaction.

-Je vais à la douche ! Comme ça tu pourras parler de ton mec a Maman ! Ricana mon frère.

Je lui fis un doigt d'honneur que ma mère n'eut pas le temps de voir, heureusement, sinon j'étais bonne pour un sermon sur la bienséance et sur ce que devait et ne devait pas faire une jeune fille de mon âge.

Elle entra dans la chambre et referma la porte pour être sûre que nous ne soyons pas embêtées par mon imbécile de frère.

-Tu veux m'en parler ? Demanda-t'elle doucement, tout en s'asseyant sur le bord de mon lit.

-C'est compliqué Maman !

-Oui je l'ai bien compris vu ta réaction...Et son départ précipité ! Finit-t'elle de dire.

Elle posa sur moi un regard empli de gentillesse et d'amour et je ne pus m'empêcher de lui ouvrir mon cœur.
Je lui expliquai ce qu'il s'était passé avec Liam, en omettant de dire que j'avais couché avec lui, le comportement de Lindsay a mon égard, la trahison de Rachel et bien sûr l'attitude de Joshua.
Elle ne dit pas un mot durant mon récit puis se leva et prit la brosse pour me coiffer.
Depuis toute petite, elle savait exactement quoi faire pour m'apaiser et je ne l'en aimais que plus encore.

-Alors, il s'appelle Joshua ! Dit-elle, simplement.

-Mamannn ! Protestai-je, comprenant très bien son allusion.

-Ça a l'air d'être un gentil garçon, non ?

-Je...je ne sais pas ! Mais ce n'est pas la question ! Balbutiai-je.

Pourquoi me demandait-elle cela ? Bien sûr que non ce n'était pas un gentil garçon. Il était hautain, blessant, bête et...et il me mettait hors de moi !

-Ça m'attriste beaucoup que tu ne parles plus à Rachel ! C'est une fille adorable et elle t'aime beaucoup ! Ajouta-t'elle calmement, tout en me massant les cheveux.

Je me sentis plus apaisée. Et c'était vrai, Rachel me manquait beaucoup et je l'aimais aussi énormément. Elle était comme une soeur pour moi, celle que j'avais toujours rêvé avoir. Bien sûr qu'elle était parfois chiante, même souvent. Son caractère était à l'opposé du mien, fougueuse, caractérielle et effrontée.
Mais elle avait toujours été là pour moi, même après l'enfer que j'avais vécu cet été, après la honte et les insultes.
J'avais pu compter sur elle comme personne et je ne pourrai jamais assez la remercier pour tout cela.

-Je vais aller me coucher, Princesse ! Tu devrais en faire de même, la nuit porte conseil ! Elle me fit un clin d'œil et je souris.

-Bonne nuit ma chérie, je t'aime ! Elle me colla un gros bisou sur la joue que je lui rendis.

-Je t'aime Maman ! À demain !

Je me couchai en espérant passer une bonne nuit.

Le lendemain matin, je franchis les portes du lycée avec anxiété. Je redoutai de croiser Joshua ou pire encore, l'impératrice Lindsay et sa bande de vipères.

J'arrivai devant mon premier cours de la matinée, Rachel était là, les yeux dans le vide. Elle avait l'air vraiment fatiguée et seule au monde. À cette vision, je sentis mon cœur se presser.

-Salut ! Dis-je doucement, en m'approchant d'elle.

Elle leva les yeux vers moi, ébahie. Se demandant sûrement si c'était bien moi qui lui avait adressé la parole.

-Salut...ça va ? Demanda-t'elle, visiblement gênée.

-Oui, ça va et toi ?

-Ça pourrait aller mieux tu sais ! Elle baissa les yeux.

Je ne pus m'empêcher de m'en vouloir. C'était la première fois que l'on se fâchait aussi longtemps et je ne cessais de me dire que c'était pour des broutilles.
On s'était promis, il y a longtemps, de ne jamais laisser un garçon se mettre entre nous et à la première occasion, on s'étripait.

-Tu me manques Rachel ! Lâchai-je, ne souffrant que trop de cette distance entre nous.

Je vis un sourire apparaître sur son visage, elle se leva précipitamment et me sauta littéralement dans les bras, j'en eu le souffle coupé puis nous éclatâmes de rire ensemble.
Cette douleur lancinante s'était instantanément évaporée et j'en étais ravie. Bien sûr, tout n'était pas arrangé et il fallait que l'on s'explique, mais, pour l'instant, je m'en fichais complètement.
Dans la salle, nous nous installâmes toutes les deux l'une à côté de l'autre, et nous passâmes toute l'heure à nous chuchoter des mots et à pouffer comme deux gamines. Nous nous étions enfin retrouvées !

Les heures s'enchaînèrent et la fin de la journée arriva. Nous avions passé la journée à rigoler et à nous raconter des tas de choses concernant les mecs, les filles et j'en passe, sans jamais prononcer un seul instant son prénom. Et pourtant je pensais à lui sans discontinuer.
Je ne l'avais pas vu aujourd'hui. Peut-être été t'il malade ? Ou il ne voulait simplement pas venir.

-Je sais que tu ne veux sûrement pas que l'on en parle, Kate, mais...c'est quelqu'un de bien ! Dit Rachel, légèrement mal à l'aise.

-Tu parles de qui ?! Mentis-je, l'air de rien.

-Kate ! Ne me prends pas pour une conne ! Grogna-t'elle, un sourire entendu sur les lèvres.

-Je ne veux pas parler de lui Rachel ! C'est trop compliqué et...il m'énerve trop !

Elle rigola puis me fit remarquer que tout le monde avait tendance à m'énerver, même elle. Et elle disait vrai. A ce moment précis, elle m'énervait bien plus encore. Je quittai Rachel en la serrant dans mes bras, me promettant de ne plus la perdre.

Ce soir-là, ma mère bossait encore. Elle était infirmière au Boston Children's Hospital et ne finissait que tard dans la nuit.
Mon frère étant parti dormir chez un copain, je décidai donc de me faire une soirée cinéma avec pop-corn, soda et bonbons.

-Au moins Lindsay aurait une bonne raison de me traiter de grosse après cela ! Pensai-je, amère.

Je choisis deux films "spécial fille" et un film d'horreur que je ne regarderais sûrement pas.
Je commençai ma soirée cinéma par "Je te promets", pleurant quasiment dès la première scène.
Mon portable vibra, je pensai de suite à Rachel à qui j'avais envoyé un message dans la soirée. Lorsque je vis le nom s'afficher, je sentis mon cœur s'arrêter un instant.
"Coucou ! Comment vas tu ?"
Je restai un moment à regarder mon portable, me demandant si je devais lui répondre.
"Ça va et toi ?" J'appuyai et le message fût envoyé à Joshua.
"Ça va bien ! Que fais tu ?"
Je mis quelques minutes à répondre, ne sachant que dire, par peur qu'il ne se moque de moi. La sonnerie de mon téléphone me sortit de ma prostration.

-Allô ? Dis-je, hébétée.

-Tu ne répondais pas donc j'ai préféré t'appeler ! Je ne te dérange pas j'espère ? Une pointe d'inquiétude se fit ressentir dans sa voix, ce qui m'amusa.

-Non, t'inquiètes pas ! C'est que je regarde un film !

-Ah ! Tu regardes quoi ? Demanda-t'il, apparemment intéressé.

-Oh c'est pour les filles, tu ne connais sûrement pas !

-Dis toujours, on sait jamais !

Sa curiosité me fit sourire.

-Ça s'appelle "Je te promets", c'est une belle histoire...

-D'amour ! Oui je connais, il est superbe ! Il semblait vraiment sincère.

Je ne le voyais pas du tout regarder ou même aimer ce genre de film. Lui qui se montrait toujours si superficiel et niais.

Nous parlâmes un long moment des genres que nous aimions, de nos acteurs fétiches et je découvris avec étonnement que nous avions de nombreux points communs. Il me parla des séries qu'il affectionnait et je fus stupéfaite lorsqu'il nomma deux de mes séries préférées "The big bang théory" et "Sleepy Hollow". Il me raconta aussi sa passion pour Tim Burton et son univers, et nous rîmes beaucoup.

-Je vais te laisser dormir, Princesse ! S'exclama t'il soudain.

Je ne pus réprimer un doux frisson le long de mon cou. Depuis toute petite, ma mère m'appelait Princesse et j'aimais ce surnom. Mais venant de lui, il avait un tout autre sens, c'était à la fois sensuel et craquant.

-Pardon, c'est sorti tout seul ! Il s'excusa rapidement et je souris en imaginant son malaise.

-Bonne nuit Josh, à demain et...merci c'était très sympa de discuter avec toi ! Dis-je timidement, en tirant sur mon débardeur comme une gamine de cinq ans. J'étais ridicule !

Lorsque l'on raccrocha, il était 2h30 du matin. Nous avions passé près de quatre heures à parler de tout, sans que je ne me lasse une seconde.

Je partis me coucher, la tête prête à exploser, à cause de toutes les questions que je me posais.

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