Chapitre 89 - Retour à la maison


POV Marcus

Le retour à TonDC, il y a un peu plus d'une semaine avait été éprouvant pour moi. L'échange que j'avais eu avec Thelonius avait remué beaucoup de choses et je détestais ça. Tout était chamboulé désormais. Et maintenant qu'il avait avoué être responsable, je n'arrivais pas à accepter qu'il puisse lui avoir fait une chose pareille. Qu'était-il arrivé pour que l'homme que j'avais aimé profondément ait changé à ce point ?

Nous étions dimanche, et c'était le jour de visite à Charlotte chez Maya. Comme à son habitude elle m'avait accueilli avec enthousiasme. Elle avait préparé quelques biscuits et du thé. Nous avions discuté longuement sur son intégration au sein du village. Elle m'avait parlé de vouloir rejoindre notre clan. Elle ne souhaitait plus être liée d'une quelconque manière aux Maunons. Après notre discussion, je lui demandai si je pouvais voir Charlotte parce que j'avais la peluche à lui donner. J'espérai qu'elle apprécierait mon geste.

— Bonjour Charlotte.

Elle releva la tête de son livre et quand elle me vit elle eut un léger mouvement de recul qui me brisa le cœur. J'avais tellement envie de la prendre dans mes bras pour la réconforter mais Thelonius m'avait privé de ça. Je regardai le titre du livre qu'elle tenait dans ses mains et je reconnu une vieille édition d'un Sherlock Holmes qui semblait avoir déjà bien vécu.

— Moi aussi j'ai beaucoup lu ce livre lorsque j'étais jeune.

Je ne fis pas de remarque sur le fait qu'elle sache lire. Lors de son départ pour le camp, elle n'avait jamais eu l'envie d'apprendre, préférant jouer à l'extérieur. Beaucoup de choses avaient changé et ça me faisait de la peine de me dire que je ne la connaissais plus vraiment...

— C'est...c'est le seul livre que j'ai...

Une intense chaleur s'engouffra dans mon corps et dans mon cœur. J'avais les larmes étaient aux bords des yeux. Elle m'avait parlé. Pour la première fois depuis son retour j'avais entendu le son de sa voix. Et qu'est-ce qu'elle m'avait manqué...

— Si..si tu veux, j'en ai plein d'autres à la maison, je pourrai t'en ramener.

Elle hocha la tête et ça me fit extrêmement plaisir. Ce n'était pas grand-chose mais c'était tout de même une petite avancée.

— Est-ce que je peux m'asseoir ? J'aimerai t'offrir quelque chose que j'ai ramené de la capitale.

Charlotte hésita longuement en me dévisageant. Je décidai d'attendre sa réponse et de ne pas forcer si elle ne voulait pas de moi près d'elle.

— D'accord, entendis-je d'une petite voix.

Je soufflai de soulagement à l'idée de ne pas me faire rejeter une nouvelle fois. Ça faisait des semaines que je restais sur le pas de la porte. Je fis quelques pas pour m'installer au bout de son lit, laissant une distance raisonnable pour ne pas l'acculer. Malgré tout, elle gardait les yeux baissés en ayant la tête posée sur ses genoux repliés.

— Est-ce que tu te souviens de Doskola ?

Au prénom de son chat, elle releva la tête en me regardant avec nostalgie. Sa réaction ne laissait pas de doute sur le fait qu'elle s'en souvienne. Je sortis alors la peluche de mon sac et la lui tendis.

— J'aurai préféré te ramener le vrai mais malheureusement il s'est enfuit après ton départ. Je suis désolé ain Soncha... [mon rayon de soleil]

— Tu t'en souviens ?

— Bien sûr. Tu es ma petite fille, jamais je ne pourrai t'oublier. On m'a fait croire que tu étais morte au Camp. Si j'avais su que c'était un mensonge, j'aurai tout fait pour te sortir de là. Je suis désolé Charlotte de n'avoir rien fait.

Je ne pouvais pas lui avouer que le responsable était son deuxième père. Elle n'avait pas besoin de le savoir. La culpabilité eut raison de moi et mes larmes s'écoulèrent sur mes joues. Je cachai mon visage dans mes mains, bien trop honteux que ma fille me voit comme ça alors qu'elle avait vécu l'enfer pendant trois ans.

Le silence régnait dans la chambre, ne laissant que mes sanglots interrompre régulièrement ce moment. Contre toute attente, je sentis des bras encercler mon buste. Charlotte était en train de m'enlacer et ça ne fit qu'aggraver mes pleurs. Cependant, je l'attirai dans mes bras pour une accolade père/fille de ce nom. Je retrouvais enfin l'odeur de mon bébé.

— Tu m'as manquée Noni, murmura-t-elle.

J'avais enfin l'impression de pouvoir respirer de nouveau après tant de semaines à dépérir de son rejet. Je savais qu'il allait lui falloir encore un peu de temps avant qu'elle ne veuille revenir à la maison mais aujourd'hui c'était une grande avancée dans notre relation.

— Tu m'as manqué aussi Soncha. Est-ce que je peux te demander comment tu te sens par rapport à ce que tu as vécu ?

Je la sentis se tendre dans mes bras à l'évocation de ce passage de sa jeune vie. J'espérai ne pas avoir tout gâcher.

— J'ai...peur... Peur qu'ils me retrouvent et qu'ils m'emmènent à nouveau...

— Est-ce que tu penses que tu serais capable de m'expliquer ce qu'ils t'ont fait ?

— Non ! Je ne veux pas en parler avec toi.

— Alors est-ce que tu serais plus à l'aise d'en parler avec une femme ? Maya m'a dit que tu n'avais parlé à personne de ce que tu avais vécu là-bas. Tu voudrais en parler avec Clarke ? Tu te souviens d'elle et qu'elle était avec toi quand tu t'es enfuie ?

Sha...mais...je ne sais pas. Elle est où d'ailleurs ?

— Elle vit à Polis maintenant. Mais tu as le temps de réfléchir. Si jamais tu veux la voir, tu peux le dire à Maya ou alors me le dire lorsque je reviendrai dimanche prochain, d'accord ?

— Tu vas partir maintenant ?

— Tu veux que je reste ? Si c'est ce que tu veux, je ne bouge pas d'ici. Je ferai tout pour toi ma princesse tu le sais ? Et même si nous avons été séparés pendant si longtemps et même si j'ai cru que tu avais quitté ce monde, je n'ai jamais cessé de t'aimer et de penser à toi.

— Tu...tu crois que je pourrai rentrer à la maison ? demanda-t-elle hésitante alors qu'elle triturait les oreilles du chat en peluche.

Je ne m'attendais pas à ce qu'elle me le demande dès aujourd'hui. C'était notre première réelle interaction tous les deux et elle souhaitait déjà rester avec moi. C'était bien plus que je n'avais espéré.

— Bien sûr Soncha. Par contre, tu dois savoir que maintenant j'habite avec Abby, la maman de Clarke.

— C'est ton amoureuse ?

Malgré ses onze ans, j'avais l'impression de voir toujours cette petite fille de huit ans dans ses réactions. Ça me faisait tellement mal au cœur de savoir qu'elle avait perdu trois ans de sa vie.

— Oui c'est mon amoureuse. Ça t'embête ?

— Non, j'aime bien la maman de Clarke, enfin je crois. Tout a changé maintenant...

Je sentais dans sa voix à quel point elle était malheureuse. Elle avait perdu toute sa joie de vivre. Qu'avaient-ils fait ? Elle n'était qu'une enfant...

— Alors si tu veux bien, tu pourras venir vivre avec nous à partir de demain le temps qu'on te prépare ta chambre. Ça te convient de rester avec Maya jusque-là ?

— Euh...D'accord...

Je voyais qu'elle était déçue mais elle ne le verbalisa pas. Elle se contenta de venir me faire un câlin. J'en profitai pour caresser ses longs cheveux blonds qui avaient bien poussés après toutes ces années. J'étais heureux de savoir qu'elle voulait venir vivre avec nous et j'allais devoir organiser un voyage jusqu'à Polis pour qu'elle puisse voir Clarke. J'étais persuadé qu'elle pourrait lui parler.

J'avais fini par partir alors qu'elle s'était endormie en serrant sa peluche dans ses bras. Je l'avais regardé dormir pendant de longues minutes avant de ressortir pour expliquer à Maya la situation.

J'étais ensuite rentré pour en parler avec Abby. Elle était heureuse pour moi. Elle avait vécu ma morosité de ces dernières semaines et nous décidâmes d'aménager la chambre de Clarke pour Charlotte. Abby débarrassa les quelques vêtements que sa fille n'avait pas emmenés alors que de mon côté, je déplaçai les meubles pour que la future chambre de Charlotte soit le reflet exact de son ancienne chambre. Peut-être que retrouver quelque chose qu'elle connaissait lui ferait du bien. J'allais aussi chercher ses affaires dans ma maison car bien que je vive avec Abby, j'avais tout de même gardé mon ancienne maison. Elle abritait bien trop de souvenirs avec ma fille pour que je m'en sépare.

Arrivé dans son ancienne chambre, de nombreux flashs survinrent. Je la revoyais jouer avec ses peluches sur son lit, dessiner assise à son petit bureau. Rien n'avait changé dans cette pièce, c'était comme si le temps s'y été figé. En ouvrant son armoire, je pris conscience que nous allions devoir lui racheter des vêtements puisqu'elle avait grandi de plusieurs centimètres. J'attrapai un sac et j'y fourrai le plus de choses possibles, en espérant que ça lui fasse plaisir. J'attrapai aussi la vieille couverture qui lui avait servie de doudou lorsqu'elle était bébé. Sur la table de chevet, je vis une petite sculpture en bois représentant une tortue. C'était un animal qui la fascinait lorsqu'elle était bébé et Thelonius lui avait offert quelques jours avant notre séparation. C'était le seul souvenir qu'elle avait de lui. J'hésitai à l'embarquer avec moi mais finalement je le laissais à sa place. Il ne méritait plus de faire partie de sa vie. J'étais bien chargé et je me dis que si besoin je viendrai chercher d'autres affaires demain.

En arrivant dans devant la maison, je vis quelque chose bouger rapidement avant d'entendre un faible miaulement. Je déposai le sac et me dirigeai lentement vers la source du cri. Je ne voulais pas faire peur à ce chat qui était certainement caché sous l'escalier en bois. Lorsque je le vis, j'eus un mouvement de recul. C'était impossible. Je n'en croyais pas mes yeux.

— Doskola ? C'est toi ?

Le chat gris était amaigri et sale mais il s'avança vers moi comme s'il avait reconnu son nom. Comment ça pouvait être lui ? Il avait disparu depuis trois ans. Je pensais qu'il était mort, comme ma princesse. Je m'agenouillai devant lui et il vint se frotter contre moi en ronronnant. Il était revenu...

— Toi je t'embarque aussi. Je connais une petite fille qui sera ravie de te revoir.

Tout était prêt, j'étais impatiente que Charlotte franchisse enfin cette porte et que nous puissions redevenir une famille. Je faisais les cent pas dans le salon alors que Doskola m'observait depuis sa place sur le canapé. Il devait certainement penser que j'étais fou.

— Elles vont arriver, calme toi Marcus.

— J'ai rêvé de ce moment depuis trois ans et même lorsque j'ai appris qu'elle était morte, j'espérai toujours qu'elle rentre à la maison. Alors savoir qu'il ne reste que quelques minutes avant que nous soyons réunis c'est trop pour moi...

— Mon chéri, si tu continues comme ça tu vas finir par lui faire peur et je suis certaine que ce n'est pas ce que tu veux, non ? Alors vient t'asseoir avec moi et je vais te servir un verre d'eau pour patienter.

Je la suivis dans la cuisine et m'installai sur une des chaises. Elle avait raison, je ne voulais pas l'effrayer en ayant une réaction démesurée. J'observai Abby qui remplissait mon verre et je me disais que j'avais de la chance d'avoir cette femme dans ma vie. J'avais toujours cru que je n'aimais que les hommes. Je n'avais eu des relations qu'avec un d'entre eux et puis je m'étais installé à TonDc.

Je l'avais vu marchant sur la place du marché avec une petite fille blonde accrochée à sa main. Ce jour-là je l'avais trouvé magnifique mais j'avais attendu des années avant de me lancer et de lui avouer mes sentiments. J'avais eu peur de perdre notre amitié si jamais notre relation n'aboutissait à rien et j'avais donc préféré taire ce que je ressentais pour cette femme. Mais elle avait été là lorsque j'avais appris la mort de Charlotte et elle avait été d'un grand soutien et une source de réconfort intarissable. Et les choses en amenant une autre j'avais fini par l'embrasser et elle ne m'avait pas repoussé. Nous nous étions caché pendant plus d'un an avant que sa fille ne le sache. Abby avait eu peur qu'elle n'apprécie pas qu'elle ait remplacé son père. Mais finalement Clarke l'avait accepté sans aucun problème.

— Tiens, bois.

Je commençai à porter le verre à ma bouche lorsque des coups furent portés à la porte. Elles étaient là ! Ma Charlotte était là ! Je courus jusqu'à l'entrée pour ouvrir la dernière chose qui nous séparait. A ma plus grande déception, ce n'était pas ma princesse mais Bellamy.

— Bellamy ? Qu'est-ce que tu fais là ?

— Une Skaikru vient d'arriver au village. Elle nous a dit qu'elle s'appelait Indra et qu'elle connaissait Lexa. Qu'est-ce qu'on fait d'elle ?

*******

Coucou tout le monde ! J'espère que vous allez bien.

On découvre un peu plus la vie de Marcus même si je sais que de nombreuses questions sont encore sans réponses pour le moment...

J'espère que vous avez apprécié ce chapitre. Si c'est le cas, n'hésitez pas à commenter et à voter !

On se retrouve dimanche ^^

Nestam !

Celia

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top