Chapitre 88 - Repos forcé


POV Clarke

J'avais passé la journée près de Jaden. Il s'était complètement renfermé sur lui-même. L'annonce de son amputation avait été un choc pour lui et je pouvais comprendre sa détresse mais j'espérai sincèrement que l'accumulation des choses de ces derniers jours ne pèserait pas trop lourd sur ses épaules. Lincoln était passé plus tôt mais il n'avait pas réussi à sortir un mot de la bouche du garçon.

— Jaden tu sais que tu peux nous parler, ce n'est pas bon de garder tout pour toi.

— Je veux voir Lexa.

Je ne m'attendais pas à ça mais au moins il avait parlé, c'était mieux que rien. Malheureusement, ma petite-amie n'était pas encore rentrée, même si ça ne serait tarder.

— Elle n'est pas encore à Polis mais je suis sûre qu'elle viendra te voir dès son arrivée. Est-ce que tu veux manger quelque chose ? Tu n'as rien avalé depuis ton réveil.

Il se tourna dans le lit, me montrant son dos, me signifiant que la discussion était close. Je soufflai de dépit et décidai d'aller voir Uriel. J'informai malgré tout Jaden de mon départ mais il n'eut aucune réaction. J'étais inquiète de le savoir comme ça et en arrivant dans le bureau d'Uriel je ne pus que m'affaler sur la chaise.

— Clarke ? Ça ne va pas ?

— Il ne veut pas me parler et je m'inquiète pour lui...

— C'est normal qu'il réagisse de la sorte. Imagine-toi à sa place.

— Je sais mais ça fait beaucoup pour lui. Il devait déjà apprendre à vivre sans parents et maintenant il va devoir apprendre à vivre avec un bras en moins. Tu peux me dire pourquoi le sort s'acharne sur lui comme ça ? C'est juste un gamin de presque dix ans...

— La vie n'est pas facile et je pense que tu es bien placée pour le savoir. Mais tu ne peux pas t'inquiéter pour chaque habitant de ce monde. Il faut aussi que tu penses à toi et à ton bébé. Tu sais que le stress n'est pas bon pour lui.

Depuis mon installation à Polis, Uriel était devenu le guérisseur qui suivait ma grossesse. J'aurai préféré que ce soit Nyko qui s'en charge puisqu'il connaissait toute l'histoire, mais ce n'était pas possible et j'avais donc dû raconter l'histoire à nouveau.

— D'ailleurs comment tu te sens à ce niveau ?

Je baissai la tête, ayant peur de me faire gronder comme une enfant. Ça faisait quelques jours que j'avais de légers saignements mais je n'en avais parlé à personne...

— Clarke ?

— Je...je perds un peu de sang mais je suis sûre que ce n'est rien de grave...annonçai-je honteuse de ne pas lui avoir dit avant.

— Depuis quand ?

— Le départ de Lexa ?

— D'accord je vois. Sur une échelle d'un à dix à combien s'élève ton anxiété de savoir Lexa loin de toi en pleine forêt ?

— Euh...je dirai onze ? murmurai-je par peur de sa réaction.

— Clarke !

— Mais elle doit rentrer aujourd'hui alors ça va aller mieux non ?

— Clarke, tu as travaillé avec ta mère, j'imagine aussi que tu as déjà vu des femmes enceintes. Ton anxiété et les saignements sont deux choses à ne pas négliger pendant une grossesse. Alors, déshabille-toi s'il te plait et vas t'installer sur la table d'auscultation pour que je vérifie tout ça.

J'avais toujours une certaine réticence à me trouver seule avec un homme dans ces conditions et les dernières fois, Lexa m'accompagnait toujours. Mais aujourd'hui, elle n'était pas là et je n'allais pas avoir le choix.

— Clarke, respire profondément. Je veux juste m'assurer que tout va bien pour ton bébé. Je ne te veux aucun mal.

Malgré une larme qui coula le long de ma joue, je fis tout de même ce qu'il me demandait. Après plusieurs longues minutes à m'examiner, Uriel vint se mettre à côté de moi.

— Il semblerait que tu présentes un placenta prævia.

— Sérieusement ? Je ne peux pas être tranquille ?

— C'était vraiment la première fois ? Ça ne t'es pas arrivé avant ?

— Non je te le dis, ça fait quelques jours.

— Tu sais ce que ça veut dire ?

— Désolée mais je n'ai pas autant de notions que toi.

— Ça veut dire que le placenta est mal positionné et qu'il est au niveau du col de l'utérus.

— Et qu'est-ce qu'il faut faire pour éviter que ça s'aggrave ?

— Aucune activité intensive. Pas de rapport sexuel également. Dans l'idéal tu vas devoir rester allongée le plus possible. Je suis désolé de te dire ça mais dès le retour de Lexa tu seras assignée à ta chambre.

— Quoi ? Mais...

— Pas de mais Clarke. Si tu veux mener ta grossesse à terme, tu n'as pas le choix. C'est pour le bien de ton bébé.

J'accusai la nouvelle avec difficulté. J'avais encore plus de trois mois avant mon accouchement et j'allais devoir rester à la maison...

— Tu peux te rhabiller mais reste allongée. Je vais aller voir Jaden et vérifier son bandage. Repose-toi.

Uriel sortit de son bureau et je pris quelques secondes pour réaliser ce que je venais d'apprendre. Bien évidemment que j'allais suivre les recommandations du guérisseur, j'avais eu du mal à accepter ma grossesse et désormais je ne voulais pas mettre en danger mon enfant mais ça allait être difficile. Je remis mon pantalon avant de me rallonger. Au bout d'une vingtaine de minutes la porte s'ouvrit de nouveau.

— Uriel, tu veux bien me laisser l'annoncer à Lexa ?

— M'annoncer quoi ?

Je tournai la tête vers l'entrée du bureau pour découvrir ma petite amie recouverte de boue, trempée et avec un visage fatigué. Je commençais à vouloir me lever avant de me souvenir que je ne devais pas.

— Pourquoi tu es allongée ? Il y a un problème ?

— Viens là... demandai-je en tendant le bras pour qu'elle me rejoigne.

Je lui expliquai rapidement ce qu'il m'arrivait et elle sembla triste de cette mauvaise nouvelle.

— Je suis désolée. Je n'aurai pas dû partir alors que tu es enceinte.

— Lexa ce n'est pas ta faute. C'est une chose qui arrive et même si tu étais restée, ça serait arrivé aussi. Alors nous allons nous organiser à la maison et ça va aller d'accord ? Mais toi pourquoi tu as une telle dégaine ?

— C'est le déluge dehors tu n'as pas remarqué ?

— Je n'ai pas quitté l'infirmerie depuis que Jaden est réveillé alors je n'ai pas vraiment fait attention à la météo.

— Comment va-t-il ?

— Mal. Nous avons été obligé de lui amputer son bras. Il était beaucoup trop atteint et il risquait de se vider de son sang si nous ne faisions rien...

— Je suis désolée. J'aurai dû t'écouter et l'obliger à rester ici. Je vais aller lui parler.

— Ne sois pas trop dure avec lui. Il s'en veut déjà énormément alors essaye de ne pas l'accabler davantage. Il sait qu'il a fait une erreur et il a peur que tu sois en colère contre lui. Alors même si c'est le cas, laisse le s'expliquer, tu veux bien ?

— Je vais faire de mon mieux mais ma colère est toujours là. Pourquoi il a fait ça ? Il aurait pu venir me voir et rien de tout ça ne serait arrivé.

— C'est encore un enfant ain skaifaya. Il était perdu et il a fait une erreur. Et il va payer le prix de cette erreur jusqu'à la fin de ses jours alors s'il te plait, je te le redemande encore une fois, ne creuse pas plus profondément le trou dans lequel il s'est terré.

Je la vis fermer les yeux avant de poser son front contre le mien. Je caressai sa joue tendrement en espérant que mon geste puisse l'apaiser un peu. Je la connaissais assez bien pour savoir qu'une bataille était en train d'être mené dans sa tête.

— Il a besoin d'amour et de soutien, pas de reproches, murmurai-je tout contre ses lèvres

Je l'embrassai amoureusement pour lui faire comprendre que l'amour était la chose la plus importante dans ce monde. Je la sentis se détendre légèrement dans ce baiser et j'espérai que ce serait suffisant.

— Je reviens et toi, tu ne bouges pas. Je t'aime.

Elle sortit de la pièce et j'espérai qu'elle ferait le bon choix. Les minutes défilaient et je n'entendais pas de cris ce qui était plutôt bon signe. Uriel revint à son bureau pour me dire que la plaie de Jaden était propre et qu'il pourrait rentrer à la maison avec nous.

— Tu penses qu'il va réussir à surmonter tout ça ?

— Il est jeune et il pourra réapprendre à vie avec un membre en moins. Mais c'est surtout psychologiquement que ça risque d'être difficile. Il a grandi avec un seul et unique objectif : être le meilleur des Natblida. Mais ça ne va plus être possible. Il va devoir abandonner ses rêves et ça sera le plus dur pour lui...

— On sera là.

J'avais confiance sur le fait que la cohabitation lui ferait le plus grand bien. J'avais aussi conscience que ça ne serait pas facile mais nous serons là pour lui.

La porte s'ouvrit, laissant découvrir ma brune les yeux bouffis, preuve qu'elle avait pleuré. Mais elle m'offrit un sourire qui me rassura aussitôt.

— On va pouvoir rentrer à la maison, Jaden nous attend dans le couloir.

Nous rejoignîmes Jaden devant la cage de l'ascenseur et contre toute attente il vint se blottir dans mes bras en me demandant pardon. Je le rassurai en lui disant que ce n'était rien et je l'embrassai sur le dessus de sa tête. Nous arrivâmes à la maison où Anya et Raven nous accueilli avec Ailyn.

— Va t'allonger mon amour, je te rejoins.

Je soufflai mais après avoir salué les filles et leur avoir expliqué rapidement que je devais rester allongée, j'obtempérai à la demande de ma petite-amie.

J'arrivai dans la chambre et je m'affalai sur le lit qui m'avait manqué mais la femme qui allait bientôt m'y rejoindre m'avait manquée encore plus. J'espérai qu'elle n'aurait plus à repartir de sitôt parce que je me rendais compte que je détestais vivre quand elle était loin de moi.

— A quoi tu penses ?

— Au fait que je déteste quand tu pars. A chaque fois il se passe quelque chose...

— Mais malgré tout je reviens toujours non ?

— Jusqu'au jour où ça ne sera pas le cas...avouai-je tristement.

— Clarke, je t'aime tu le sais ça ? Alors sache que quoiqu'il arrive je reviendrai toujours vers toi parce que c'est la plus belle chose qui me soit arrivée dans ma vie. Je vais bientôt avoir dix-huit ans mais je sais que je veux finir ma vie avec toi et avec ce petit bébé.

Elle caressa mon ventre avant de venir m'embrasser. Je sentis qu'elle voulait aller plus loin mais malheureusement pour moi j'étais interdite de ce plaisir.

— Lex...grrr...on ne peut pas...Aucune activité tu as oublié ?

Elle s'allongea sur sa place du lit en grognant de frustration. Nous étions jeunes et pleines de fougue et savoir que nous allions devoir nous abstenir pour les prochains mois était un enfer...

— Tu as de la chance que je t'aime parce que ça va être un calvaire de ne pas pouvoir te toucher...

— Je te promet que nous nous rattraperons après l'accouchement.

— Y a intérêt !

Je me mis à rire en allant me cacher dans ses bras. Elle avait attendu un moment avant que je ne sois capable de me donner entièrement à elle et maintenant que nous pouvions enfin profiter l'une de l'autre, le petit bébé qui grandissait en moi en avait décidé autrement. Mais pour moi, c'était une nouvelle preuve d'amour de sa part, parce qu'elle était prête à attendre le temps qu'il faudrait. Cette femme était parfaite et j'avais eu la chance de croiser sa route pour mon plus grand bonheur...

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Coucou tout le monde ! Comment allez vous ?

Une nouvelle mauvaise nouvelle pour Clarke... Parce que oui le drama j'adore ça, mais ça je ne vous l'apprend pas :p

Pour info j'ai fait quelques recherches pour le problème de Clarke mais je ne suis pas une experte en obstétrique alors c'est possible que tout ne soit pas totalement exact. Alors j'espère que s'il y a des connaisseurs sur le sujet, vous ne m'en tiendrez pas rigueur ^^

On se retrouve mercredi pour le chapitre 89...j'en reviens toujours pas d'avoir écrit autant...

Nestam !

Celia

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