Chapitre 75 - Un accident est si vite arrivé


POV Lexa

Mon frère et nos amis venaient de repartir pour le village. Il avait été prévu qu'ils reviendraient dans deux semaines pour leur emménagement. Je n'avais pas encore eu l'occasion de faire ma demande à Heda et Clarke ne se gênait pas à me pousser d'aller lui parler. Mais la situation actuelle était quelque peu compliquée, malgré nos multiples réunions, puisque certains chefs de villages refusaient de prendre part à la future guerre qui s'annonçait. Ils ne se rendaient pas compte de la dangerosité de ce nouveau peuple venu du ciel, pensant que leur village était bien trop éloigné de la Montagne. Mais ils avaient tort. Lorsque la chancelière serait prête, elle n'hésiterait pas à tout détruire sur son passage, ça c'était une certitude mais ils ne voulaient pas l'entendre. Elle ne reculerait devant rien ni personne. Pour elle, c'était une occasion à ne pas rater pour dominer ce monde. Mais si elle parvenait à ses fins, ce serait désastreux pour nous.

— Heda, je comprends votre demande mais nous ne sommes qu'un petit village de bord de mer. Que voulez vous que nous vous apportions ? La plupart des habitants sont âgés et ceux qui seraient en âge de se battre se sont installés au village pour ne pas avoir besoin de le faire. Ils ne souhaitent que mener une vie paisible.

Encore quelqu'un qui ne comprenait rien... C'était au moins le troisième chef qui refusait de se battre avec nous ce matin et ça commençait sérieusement à m'agacer. Je sentais mon sang bouillir dans mes veines. J'avais envie de leur hurler que s'ils ne participaient pas à cette guerre, cette vie paisible qu'ils aimaient tant n'existerait plus ! Mais lors de ces rencontres, je n'avais pas le droit à la parole. C'était d'ailleurs à se demander pourquoi Heda tenait à ce que je sois présente puisque je n'avais pas mon mot à dire.

— Vous pouvez disposer, entendis-je ce qui me fit tourner la tête vers Heda.

Il n'allait même pas chercher à le convaincre ? Mais qu'est-ce qu'il lui prenait ? Nous avions besoin de guerriers ! Toutes les personnes présentes dans la pièce quittèrent une à une la salle du trône et je commençais à suivre le mouvement.

— Pas toi Lexa, m'ordonna Heda ce qui me fit me stopper dans mon avancée. Tu ne peux pas agir comme ça ! J'avais l'impression d'avoir un lion en cage derrière moi et ça n'aide pas à convaincre les chefs de village qui défilent tous les jours devant nous.

— Mais comment voulez-vous les convaincre s'ils ne comprennent pas que si les Skaikru attaquent les premiers alors ils seront tous morts ! m'emportai-je en me retournant promptement vers lui. Vous les laissez repartir sans rien dire ! criai-je en laissant échapper ce flot d'émotions que j'avais retenu depuis plusieurs heures.

— Em pleni Leksa ! Je ne te permets pas de me parler de cette façon !

— Alors ne me demandez pas d'être présente dans ces réunions si ce n'est que pour être une potiche ! Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, j'ai des Natblida à entraîner.

Je tournai les talons sans lui laisser le temps d'ajouter quoi que ce soit. La porte se fracassa contre le mur lorsque je l'ouvris et surprit les gardes qui patientaient tranquillement la fin de la réunion. J'étais en colère et il valait mieux que personne ne me fasse de remarque. Heureusement pour eux, ils ne firent rien. Je dévalai les escaliers de la Tour à une vitesse qui aurait pu mal finir si j'avais trébuché. Une fois à l'air libre, je pris la direction opposée du camp d'entraînement. J'étais bien trop énervée pour garder le contrôle. Mes pas m'amenèrent à ce qui serait peut-être ma future maison. Mais avec cette dernière altercation, je n'étais pas certaine qu'Heda accepte qui je ne vive pas dans la Tour. J'avais tout foutu en l'air encore une fois à cause d'elle ! Même loin de moi, elle continuait à me pourrir la vie !

— Arrrgggghhhhh ! criai-je en frappant dans un mur. Tu peux pas me laisser tranquille ? T'as jamais voulu de nous ! Et malgré ça tu parviens toujours à tout gâcher !

Chacune de mes paroles étaient entrecoupées d'un nouveau coup dans le mur. C'était trop demandé de vivre sans avoir peur de ce que sera le lendemain ?

Je frappais de plus en plus fort et de plus en plus vite. L'adrénaline nourrissait ma colère et plus je frappais, plus je voulais recommencer. J'étais dans une spirale autodestructrice qui ne voulait plus s'arrêter. Les minutes défilaient mais ma colère ne voulait pas redescendre alors je continuais de frapper, encore, et encore et encore. Mes muscles commençaient à me faire mal mais ça ne m'arrêtait pas pour autant. Une main se posa sur mon épaule et dans un mouvement de reflexe je me tournai pour envoyer mon poing dans le visage de la personne qui avait osé me déranger. Lorsque mon regard se posa sur la personne qui avait trébuché sous la force de mon coup, mon sang se glaça. Qu'avais-je fait ?

— Clarke ? Tu vas bien ? Pardon, je ne pensais pas que c'était toi.

Mes jambes refusaient de bouger sous le poids de la culpabilité. Mes larmes dévalaient mes joues sans retenue. Je venais de frapper la femme que j'aimais et cette dernière ne bougeait pas.

— Mon amour, dis-moi que tu vas bien, je t'en supplie...

Elle finit par bouger, ce qui me rassura légèrement. Je lui répétais inlassablement à quel point j'étais désolée. Et lorsqu'elle se retourna complètement vers moi, mes jambes cédèrent et je tombai à genoux. Sur son visage, son sang rouge se mêlait à mon sang noir que j'avais dû déposer dans mon geste. Ma culpabilité était à son maximum. Mais ce fut ses mots qui m'anéantirent au plus haut point.

— Mon ventre...

— Non...non, non, non...

Un outil qui avait certainement été oublié lors des travaux était planté dans son ventre et je pouvais voir que le tissu de son haut était en train de s'imbiber doucement de sang. Il fallait que je réagisse, je devais l'emmener voir un guérisseur pour qu'il s'occupe d'elle.

— Ne l'enlève pas ! l'empêchai-je alors qu'elle était sur le point de retirer l'outil. Tu risques d'empirer les choses. Je vais te porter jusqu'à la Tour.

Je me relevai difficilement en sentant tous mes muscles douloureux se réveiller. Mais ce n'était pas grave, Clarke et le bébé étaient les plus importantes à cet instant. J'arrachai une manche de ma chemise et entourai l'outil pour essayer qu'il ne bouge pas pendant le trajet. Une fois terminée, je passai un bras sous ses jambes et l'autre dans son dos.

— Essaye de t'accrocher à moi si tu peux, je vais me relever.

Je sentis sa prise sur ma chemise et me remis doucement sur mes jambes. J'avançai doucement pour sortir de la maison et une fois à l'extérieur, j'accélérai le pas. Heureusement, la Tour n'était qu'à une dizaine de minutes. J'arrivai rapidement jusqu'à l'infirmerie où Uriel, le guérisseur, travaillait à son bureau. Lorsqu'il nous vit entrer, son visage montrait toute sa surprise.

— Lexa ? Clarke ? Qu'est ce qu'il s'est passé ?

— Un accident, annonça Clarke avant même que je ne puisse raconter ce qu'il s'était passé. J'ai trébuché et voilà le résultat, dit-elle en retirant doucement le tissu.

— Je vois, c'est une bonne chose de ne pas avoir retiré l'objet directement.

— Tu...tu penses que le bébé a été touché ? m'inquiétai-je.

— A combien de semaines es-tu déjà ? demanda-t-il à Clarke.

— Dix-huit semaines environ.

— D'accord, je vais retirer l'objet et ensuite je vérifierai si tu ne perds pas de liquide amniotique. S'il n'y a rien c'est que la poche amniotique n'aura pas été touchée. Mais tu vas devoir rester dans ta chambre quelques jours et surtout te reposer. Je passerai te voir régulièrement.

— Oui je sais tout ça. Ma mère est aussi guérisseuse et je travaillais avec elle avant de venir m'installer à Polis.

— D'accord donc tu connais les risques. Bon aller, je vais t'enlever ça.

Je m'approchai de Clarke pour lui tenir la main. Ça n'allait certainement pas être agréable. Lorsque Clarke me serra la main, je sifflai de douleur. Je ne m'étais pas rendue compte de leur état. Du sang avait séché et plusieurs plaies étaient visibles.

— Je m'occuperai de ça après.

J'espérai qu'il ne ferait pas de conclusion trop hâtive mais ce n'était pas le moment de discuter. Il devait rester concentré pour ne pas empirer les choses.

— Surtout ne bouge pas Clarke.

Il commença à tirer doucement et la prise de ma petite-amie sur ma main se fit encore plus forte. Je serrai les dents au maximum sous la douleur pour ne pas qu'elle se sente coupable. J'étais l'unique responsable de ce qui se passait alors je n'avais pas le droit de me plaindre.

— Et voilà c'est enlevé. Je vais désinfecter la plaie, m'occuper de ton visage et ensuite je vérifierai la poche.

Uriel termina de soigner Clarke puis il lui demanda de retirer son pantalon pour faire le dernier examen. J'espérai que le bébé n'avait rien. Clarke avait tellement bataillé pour accepter cet enfant à naître, que s'il lui arrivait quelque chose par ma faute, je ne pourrai pas me le pardonner...

— Il ne semble pas y avoir de perte de liquide pour le moment. Mais attendons jusqu'à demain pour pouvoir écarter tout danger. Maintenant Lexa, laisse moi de t'occuper de ta main...

Je levai la main qu'il n'avait pas vu.

— ...tes mains. Comment tu t'es fait ça ?

— Disons que qu'entre le mur et moi, c'est moi qui ai gagné la bataille.

Il attrapa mes mains chacune leur tour pour vérifier si je n'avais rien de casser. Ensuite il nettoya le sang et désinfecta les plaies et enfin il me fit un bandage.

— Ça ne semble pas casser mais la prochaine fois, utilise le mannequin d'entrainement, ça sera moins dangereux...

— Sauf que le mannequin était au camp d'entrainement et que je ne pouvais pas y aller...

— Si Clarke se sent de marcher, vous pouvez monter dans votre chambre et je passerai vous voir. Par contre une fois là-haut c'est repos.

— J'y veillerai Uriel. Tu peux te lever mon amour ?

— Oui ça va aller.

Nous remontâmes dans notre chambre et je forçai Clarke à aller s'allonger. J'étais inquiète et mal à l'aise qu'elle soit là à cause de moi.

— Je suis désolée Clarke... J'étais énervée et je ne m'attendais à te voir à la maison...m'excusai-je sans oser de la regarder dans les yeux tellement j'avais honte.

— Tu veux bien m'expliquer ce qu'il s'est passé ? Pourquoi tu étais dans cet état ? Je t'appelais mais tu continuais de frapper ce pauvre mur.

— Nia...enfin pas directement. Depuis quelques jours Heda reçoit les chefs de villages pour leur demander de rejoindre la guerre qui se prépare mais aujourd'hui, ils ont refusé les uns après les autres. Et j'aimerai leur dire ce qu'ils risquent mais Heda ne veut pas que je parle dans ces réunions. Alors j'étais en colère parce que si on ne bat pas les Skaikru, la chancelière va détruire tout ce qu'elle trouvera sur son passage. Et je suis en colère parce que même loin d'elle, elle me gâche la vie ! Et à cause d'elle je t'ai frappé et le bébé est peut-être en danger... Je la déteste !

Je sentis la colère reprendre possession de mon corps et je refusais de perdre le contrôle une nouvelle fois et surtout je ne voulais pas que Clarke me voit comme ça alors je lui tournai le dos et enfouis ma tête entre mes mains. Mais rapidement elle m'enlaça fortement par derrière. Ma colère se transforma en impuissance puis en profonde tristesse.

— Ça va s'arranger Lexa...ne la laisse pas t'atteindre alors que tu as réussi à t'éloigner d'elle...

— Et si elle venait de nouveau attaquer notre village ? Ou qu'elle venait à Polis ? Et si elle te faisait du mal ? Si elle sait pour nous, elle en serait capable. Elle fait de ma vie un véritable enfer depuis plus de dix ans et je refuse que ça continue de la sorte.

— On se battra. Mais toi tu ne peux pas continuer comme ça, ça finira par te bouffer ou tu finiras par te blesser gravement. Tu es peut-être une Natblida mais tu n'es pas invincible et encore moi immortelle et je refuse de te perdre.

Son contact finit par me calmer définitivement ou alors peut-être était-ce la peur que j'avais entendu dans sa voix. Je me retournai pour l'embrasser avant de l'obliger à se rallonger et de m'installer à mon tour et de la prendre contre moi.

— Et je ne veux pas vous perdre tous les deux...

********

Et me voilà !! Comment allez-vous ? Vous avez passé une bonne fin de semaine ?

Chapitre avec un retour à Polis où Lexa pète légèrement un câble... Mais bon elle ne peut pas aller bien tout le temps et parfois l'accumulation fait que ça devient trop lourd à gérer.

Prochain chapitre mercredi si tout va bien (puisque ma collègue est toujours absente et cela jusqu'aux vacances, disons que les journées sont bien chargées et que parfois l'envie d'écrire n'est pas là...mais j'essaie tout de même de vous poster le chapitre dans les temps)

Bon début de semaine !

Nestam !

Celia

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