Chapitre 57 - Je dois parler à Nyko
POV Lexa
Clarke s'était endormie aussitôt que mon frère l'avait déposée sur le lit. Je lui avais déposé un baiser sur le front avant de quitter la chambre. Octavia et Lincoln étaient dans le salon à attendre mes instructions.
— Ça ne vous embête pas de rester ici le temps que j'aille voir Echo ? J'aimerai profiter qu'elle dorme pour m'éclipser.
— Et si jamais elle se réveille ? Tu sais certainement qu'elle ne voulait pas de nous pendant ton absence au camp...et je ne suis pas certaine qu'elle ait changé d'avis à ce sujet, m'indiqua tristement Octavia.
— Oui je sais, elle me l'a dit et je suis désolée pour ça. Je sais que toi et elle êtes amies et que ça a dû être difficile.
— Vas y Lexie, on va gérer. Ça semble aller mieux depuis ton retour alors ça devrait aller.
Je ne trainai pas une seconde de plus à la maison et je me dirigeai vers celle des Blake. En passant par la place du village, je pouvais voir les bûchers encore fumant et les familles qui devaient très certainement attendre la fin. Je ne m'attardai pas plus que de raison, préférant ne pas déranger ces familles endeuillées. En plus, j'étais à l'origine une Skaikru et je préférai ne pas attiser les foudres sur moi. Même si l'ensemble du village nous avait accepté comme étant des leurs, nous n'étions pas à l'abri d'un excès de colère à cause de la douleur du deuil.
La maison des Blake était à l'opposé de celle de Clarke, je devais donc traverser tout le village pour m'y rendre. Ces quelques minutes de marche me faisaient réaliser que cet endroit m'avait manqué bien plus que je ne l'aurai pensé. Je me sentais enfin à ma place ici mais j'étais bien consciente que j'allais bientôt devoir retourner à Polis. J'étais une prétendante pour devenir Heda et notre place était à la capitale. Mais je ne voulais plus quitter Clarke, ça c'était une certitude.
J'étais enfin arrivée à destination et je me signalai en frappant deux coups contre la porte. Bellamy vint m'ouvrir rapidement et me laissa entrer.
— Je ne pensais pas te voir si vite.
— Clarke s'est endormie alors j'en ai profité. Où est Echo ?
— Dans la chambre d'Octavia. Dernière porte à gauche.
J'avançai dans le couloir et je vis la porte entrouverte. Je toquai doucement avant de la pousser et de découvrir Echo allongée sur un lit. Son teint était blanchâtre et elle ne semblait pas au meilleur de sa forme et j'étais responsable de son état.
— Salut...dis-je hésitante et en restant dans l'encadrement de la porte.
— Hey salut Lexa, entre, fit-elle en tapotant l'espace près d'elle.
J'avançai jusqu'au lit où je pris place comme elle le souhaitait. Je me sentais terriblement mal à l'aise d'être ici alors que c'était de ma faute.
— Lexa, arrêtes de te prendre la tête. Je te connais et je sais que tu avais une bonne raison de vouloir me mettre une raclée. Mon ego ne te remercie pas d'ailleurs. Mais Bellamy m'a expliqué. Qui est cette Clarke ?
A l'entente de son prénom, un sourire s'afficha sans que je puisse le retenir. Clarke était ma force et ma faiblesse à la fois.
— Pas besoin d'en dire plus, ton visage le fait pour toi. Je suis vraiment contente. Mais Costia ?
— C'était différent et je me suis rendue compte que je n'éprouvais que de l'amitié pour elle. Avec Clarke, tout est tellement plus intense. Mais c'est aussi compliqué pour le moment alors nous prenons notre temps.
— Tu sais qu'elle est sur Terre et qu'elle ne parle que de toi ? D'ailleurs, il n'y a plus personne sur la station.
— Il va falloir que je lui parle alors mais je ne pense pas que ce soit le bon moment... Mais ça veut dire que Nyko est ici aussi ?
— Oui et la chancelière est là aussi malheureusement. Mais il faut que tu saches que tout le monde n'est pas d'accord avec les décisions qu'elle prend. Une certaine rébellion se forme au sein de ses propres rangs.
— C'est pour ça que tu étais là... Et moi je t'ai attaquée sans même te laisser le temps de parler, me lamentai-je.
— Je vais m'en remettre, ne t'en fais pas. Mais oui c'était pour ça que j'étais là. Nous étions venus discrètement aider le village. Beaucoup espèrent trouver la paix ici et pouvoir redémarrer une nouvelle vie, mais avec Nia c'est tout bonnement impossible. Elle ne souhaite qu'agrandir son pouvoir et elle est prête à tout pour y parvenir.
— Combien de personnes sont concernées ?
— D'après mes dernières informations, nous serions deux cent quarante, tous les âges confondus. Ce n'est pas beaucoup par rapport à l'ensemble de l'Arche mais c'est un début. Nous essayons tous de convaincre au moins une personne pour agrandir ce nombre. Si chaque personne y arrive et qu'à leur tour ils font la même chose, nous pourrions devenir une majorité.
— Ça ne sera pas si facile, tu la connais autant que moi. Beaucoup en ont peur et si elle l'apprend...
— Indra et Nyko sont de notre côté et ça a vraiment un poids dans l'argumentaire mais je comprends ton point de vue. Mais on a précisé qu'il fallait en parler qu'aux personnes de confiance.
— C'est risqué mais bon de toute façon c'est déjà lancé. De mon côté il faut que je parle avec Heda et que nous coordonnions éventuellement une attaque pour la mettre hors d'état de nuire.
— Oui c'est aussi une possibilité.
— Par contre, ça n'a rien à voir mais j'ai besoin de contacter Nyko. Tu as un moyen de lui parler ?
— J'avais une radio mais elle n'a malheureusement pas supporté notre affrontement. Alors la seule solution que j'ai c'est de rentrer au camp pour faire passer le message...
— Je ne peux pas te demander ça Echo. Tu es blessée...et puis tu n'es pas rentrée avec les autres, ils risquent de se poser des questions.
— Ne t'inquiètes pas pour ça j'en fait mon affaire. Il y a un lieu de rendez-vous où vous pourriez vous voir sans prendre trop de risque ?
— Il y a un bunker entre ma navette et la montagne. Désolée mais je n'ai pas plus de détails à te donner car je n'y suis pas retournée depuis mon arrivée. Je l'y attendrai dans trois jours. Je ne risque de pas pouvoir rester plus longtemps ici, je vais devoir rentrer à la capitale ensuite. Demande lui de ramener ce qu'il m'avait donné lorsque j'étais enfant. Il comprendra.
— D'accord je lui transmet le message. Tu peux appeler Bellamy ? Il faut que je lui explique.
— Merci Echo et encore désolée. Je vais rentrer, Clarke doit être réveillée.
— Ne la lâche pas, je vois à quel point elle te rend heureuse et je suis contente pour toi.
J'hochai de la tête pour la saluer et demandai à Bellamy de la rejoindre. J'étais embêtée de la renvoyer chez les Skaikru mais elle était la seule personne qui pouvait y aller. J'espérai qu'elle n'aurait pas d'ennui.
Je rejoignis rapidement à la maison où je pouvais entendre les voix passer à travers la fenêtre cassée. Il allait falloir que l'on s'occupe de ça aussi. J'ouvris la porte et fis à peine un pas avant que ma blonde ne vienne s'accrocher à moi.
— Hey doucement ma belle...
— J'ai eu peur. Tu n'étais pas là à mon réveil.
— Je devais parler à Echo. Désolée de t'avoir fait peur.
— Qui est Echo ? demanda-t-elle hésitante.
— Une amie Skaikru qui fait partie de la rébellion. Tous les Skaikru ne sont pas mauvais et n'aiment pas être à la botte de ma m...de la chancelière.
— Tu sais si elle peut contacter Nyko ? m'interrogea mon frère.
— Elle va rentrer au camp pour lui passer mon message.
— Oh...
— Et qui est Nyko ?
— Je pense que Lincoln ne me contredira pas si je dis que c'est notre deuxième papa.
Un sourire se dessina sur les lèvres de mon frère prouvant qu'il pensait exactement comme moi.
— Ah d'accord. Et pourquoi tu veux lui parler ?
— Nous on va y aller, indiqua mon frère.
Je savais qu'il préférait me laisser seule pour parler avec Clarke. Il devinait que j'allais devoir lui parler de moi et que sa présence ou celle d'Octavia me mettrait mal à l'aise.
— Hey mais je voulais savoir moi.
— Octavia, s'il te plait.
J'embarquai Clarke dans mon déplacement, puisqu'elle ne semblait pas vouloir me lâcher, afin de laisser passer mon frère et sa petite-amie. Nous nous saluâmes et je refermai la porte derrière eux.
— Allons nous installer dans le canapé...
J'étais légèrement anxieuse de devoir lui parler de cette partie de moi et surtout des conséquences qui en avait découlé... Nous nous installâmes confortablement dans le canapé qui avait retrouvé sa place d'origine et Clarke s'installa tout contre moi. Ça me serait peut-être plus facile si elle ne me scrutait pas avec ses beaux yeux bleus. Je soufflai un bon coup avant d'entamer mon histoire.
— Je ne te demande qu'une seule chose, de ne pas m'interrompre. Si tu as des questions attends la fin s'il te plaît. Je n'ai jamais raconté ça à personne et seules les personnes qui l'ont vécu aussi savent plus ou moins l'histoire.
— Tu me fais peur...mais d'accord.
— Lorsque j'étais enfant, Lincoln et moi avons été traités comme des esclaves. Nous devions faire tout ce que nos maîtres nous demandaient tant qu'il ne s'agissait pas de faveurs sexuelles. C'était sa seule condition...
— La condition de qui ? Pardon...ça m'a échappé.
— Nous passions tout notre temps libre à faire des tâches plus ingrates les unes que les autres, continuai-je sans relever sa question. Mais ils nous arrivaient parfois de nous endormir tellement nous étions épuisés ou alors de mal faire une corvée. Et lorsque nous nous faisions prendre, nos maîtres nous frappaient encore et encore. J'ai souvent terminé inconsciente dans un couloir de la station parce qu'ils ne voulaient pas s'encombrer de moi.
Un hoquet de surprise s'échappa de la bouche de Clarke et je la sentis resserrer sa prise contre moi. Cependant cette fois ci elle ne m'interrompit pas et je l'en remerciais intérieurement car je détestais me rappeler de ce moment de ma vie.
— Dans ces moment-là, Lincoln courrait chercher notre père pour qu'il me ramène à la maison. Lorsque je me réveillais, j'étais blottie dans les bras de mon frère. Il me disait toujours que c'était son rôle, qu'il voulait veiller sur mes nuits à défaut de pouvoir me défendre des coups de nos maîtres. Dans ces maîtres il y avait le père de Roan...et parfois Roan en profitait aussi. Toute cette mascarade a duré des années.
Je soufflai pour essayer de contrôler les battements de mon cœur qui était en train de s'emballer. Je ne voulais pas faire de crise maintenant. Il fallait que je me reprenne rapidement. Je respirai profondément et l'odeur de Clarke imprégna mes narines, ce qui eut un effet apaisant. Mon cœur réussissait à se calmer doucement.
— Tu t'imagines bien que tout ça a laissé des séquelles physiques et psychologiques. Mon père ne savait pas quoi faire alors il a demandé de l'aide à Nyko. Il m'a donné des médicaments pour que je puisse dormir la nuit sans faire de cauchemars ou alors que je mes crises d'angoisse soient moins présentes. Et je pense qu'il pourrait t'aider aussi...C'est pour ça que je veux le voir. Tu sais que je ne vais pas pouvoir rester ici indéfiniment mais je ne veux pas que tu te retrouves dans le même état que lorsque j'étais au camp. Je trouverai peut-être une solution d'ici là mais en attendant ça pourra t'aider. Maintenant tu peux me poser toutes les questions que tu veux.
— Qui ? Pourquoi ?
— Ma...ma mère...
Ça faisait une éternité que je n'avais pas prononcé ce nom qui me restait toujours au fond de la gorge et qui ne voulait jamais franchir la barrière de mes lèvres. Pourquoi aujourd'hui était-il sorti ? Pourtant elle ne méritait pas que je l'appelle comme ça mais malgré moi, le lien d'une mère et de son enfant ne se coupait jamais, peu importait les horreurs des uns ou des autres, il continuait d'exister dans l'inconscient...
— Ai haiheda...mais pourquoi elle a fait ça ?
— Elle a toujours voulu avoir du pouvoir et c'était la seule solution qu'elle avait trouvée pour avoir les voix nécessaires à son élection. Elle nous vendait à des hommes qui en retour lui assuraient leur vote à la prochaine élection. Malheureusement, même une fois élue, ça a continué.
— Et ton père dans tout ça ?
— Au début il n'était pas au courant mais lorsqu'il a découvert tout ça, il était furieux. Mais nous étions sur l'Arche, une station spatiale de laquelle tu ne pouvais pas t'enfuir... Alors il a fait du mieux qu'il pouvait. Toutes les nuits il attendait notre retour en espérant ne pas avoir besoin de venir me récupérer dans un couloir. Une fois à la maison, il nous bordait dans le lit de Lincoln et il nous fredonnait une chanson pour que l'on s'endorme...Et chaque matin il se prenait la tête avec elle avant de nous emmener à l'école.
Une larme dévala ma joue. Me souvenir de mon père était toujours compliqué. Je n'eus pas le temps de l'arrêter qu'elle s'écrasa sur le haut de la tête de ma blonde, ce qui ne lui échappa pas. Elle releva son visage vers moi et déposa ses lèvres sur les miennes. Mon cœur se gonfla instantanément de joie et la mélancolie me quitta. Lorsqu'elle s'éloigna, elle laissa son front sur le mien pour maintenir le contact.
— Tu penses vraiment que ce Nyko peut m'aider ? Je suis épuisée d'être dans cet état.
— Je pense que oui. S'il n'avait pas été là, je pense que j'aurai fini par m'envoyer moi-même à la dérive car ça devenait bien trop insupportable...
— Comment on peut faire quelque chose d'aussi sordide à ses propres enfants ? Je suis soulagée qu'il t'ait aidée, sinon nous ne nous serions jamais rencontrées. Alors c'est d'accord mais je veux être là lorsque tu iras le voir et c'est non négociable !
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Chapitre du soir...Bonsoir...
Oui je ne suis pas avance aujourd'hui...mais c'est posté maintenant ! Et en plus il était légèrement plus long que d'habitude ^^
J'espère que vous allez bien et que vous appréciez toujours autant cette histoire.
N'hésitez pas à laisser des commentaires et à voter !
On se retrouve dimanche.
Bonne fin de semaine à tous.
Nestam !
Celia
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