Chapitre 47 - L'inquiétude d'une mère


POV Abby

— Fyucha, somba yu op ! En's jos reskripa. Somba yu op ! [Mon bébé, réveille-toi ! C'est juste un cauchemar. Réveille-toi !]

Mon petit bébé était empreint à un violent cauchemar et je n'arrivais pas à la réveiller. Ses cris et ses larmes déchiraient mon cœur de maman. J'étais tellement en colère contre ces hommes qui s'étaient permis de salir ma petite fille. En plus j'étais totalement démunie face à cette situation. Elle était tellement brisée que je ne savais pas si elle allait réussir à s'en sortir complétement. Vivre de telles choses laissait forcément des séquelles.

— Klark, beja somba yu op... [Clarke, s'il te plait réveille-toi...]

J'avais envie de la secouer pour la faire sortir de son cauchemar mais je me retenais de le faire. Elle avait toujours du mal à accepter que je la touche sans que ce soit elle l'instigatrice alors la toucher dans les conditions actuelles était loin d'être une bonne idée. Je réitérais mes appels pendant plusieurs minutes avant qu'elle se réveille enfin en sursaut.

— Calme toi Clarke, tu es en sécurité. C'était un cauchemar. Essaye de respirer profondément.

Elle était peut-être réveillée mais elle n'était pas encore totalement sortie de sa torpeur. Je sentais qu'elle était à deux doigts de la crise de panique alors j'essayais de l'apaiser du mieux possible en lui parlant calmement. C'était le seul moyen que j'avais à ma portée.

— Au fait, Marcus m'a dit qu'il avait envoyé un éclaireur à Polis pour savoir qui avait remporté la session au camp. Il devrait revenir dans l'après-midi je pense.

— C'est...c'est déjà la fin ? Le...le temps est...est passé telle...tellement vite, prononça-t-elle avec essoufflement.

— Je lui ai demandé de me faire appeler lorsqu'il sera là.

— D'accord.

Son cauchemar semblait loin derrière juste à l'évocation de Lexa. J'espérais sincèrement qu'elle était le vainqueur car je ne voulais même pas imaginer dans quel état serait Clarke si elle n'avait pas survécu.

J'avais bien vu le lien qui s'était formé entre elles. Elles me faisaient penser à Jake et moi lors nous étions plus jeunes. Nous deux, ça avait été le coup de foudre immédiatement. A l'époque, nous n'habitions pas le même village et notre rencontre s'était faite alors qu'il accompagnait son père dans la livraison de marchandises. Nous avions discuté quelques instants avant qu'il ne doive repartir. Suite à cela il revenait chaque semaine jusqu'à ce qu'arrive le jour où il m'annonça qu'il ne comptait plus repartir.

A sa mort, j'avais été dévasté. Près de trente ans d'amour avaient été détruits à cause des guerres. Il m'avait fallu beaucoup de temps pour m'en remettre tout en gérant la tristesse de Clarke. Mais je l'avais fait pour elle, même si le chemin avait été semé d'embuches et qu'encore aujourd'hui le manque me fait toujours mal.

Alors si Clarke venait à perdre Lexa, en plus de tout ce qu'elle endurait ces derniers temps, elle ne s'en relèverait pas. Même si j'y mettais toute la plus grande volonté du monde, personne ne pourrait la remplacer. Tout comme personne n'avait pu prendre la place de Jake dans mon cœur.

Clarke attrapa ma main, ce qui me ramena à l'instant présent. Elle vint se blottir dans mes bras et l'espace d'une seconde j'eu l'impression de tenir mon petit bébé dans mes bras.

— Tu penses qu'elle s'en est sortie ?

— Je ne sais pas ma chérie. Je l'espère en tous cas.

— Nomon, comment tu as su que tu aimais Noni ?

— Lorsque je l'ai rencontré la première fois, j'ai tout de suite su qu'il allait être quelqu'un de spécial pour moi. Malheureusement, il ne pouvait pas rester longtemps car il travaillait avec Konfona. Mais chaque semaine il revenait en me ramenant une petite attention. [Grand-père]

— Comment ça ?

— Une fleur cueillie sur son chemin, un petit animal qu'il avait sculpté avant de venir. Ce n'était pas grand-chose mais c'était la preuve qu'il pensait à moi. Et plus les semaines passées, plus j'étais impatiente de le voir. Il ne quittait plus mes pensées et j'avais le sentiment d'être véritablement heureuse lorsqu'il était à mes côtés. Et c'est lors d'une absence plus longue que les autres que j'ai compris que j'étais tombée amoureuse de Noni. Il m'apportait tellement de bonheur que je ne pouvais plus voir ma vie sans lui.

— Est-ce que ça t'a fait peur ?

— Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

— J'ai peur de ne pas être à la hauteur. Lexa est tellement...elle. Comment pourrait-elle aimer une fille comme moi avec autant de traumatismes ? Je ne sais pas ce que je peux lui apporter, surtout en ce moment. Je ne suis plus que l'ombre de moi-même.

— Tu sais, je ne la connais pas beaucoup. Mais de ce que j'ai pu voir, elle semble prête à beaucoup de chose pour toi. Et elle n'a pas cherché à te repousser lorsque tu as fait tes crises. Je dirai même qu'elle a un effet apaisant sur toi et c'est une très bonne chose.

— Mais si ce mois au camp lui avait fait comprendre qu'elle faisait une erreur. Si le camp l'avait changé ?

— Tu oublies qu'elle t'a confié le briquet de son père. C'est un geste fort qui prouve qu'elle te fait confiance. Je pense que tu ne devrais pas te poser de question et attendre de pouvoir en discuter avec elle.

— Si elle est toujours en vie...

— Je suis sûre qu'elle a réussi. Nous devrions avoir la réponse d'ici quelques heures, il faut juste être patientes. Tu devrais venir déjeuner pour commencer.

Clarke quitta mes bras et j'étais rassurée de savoir qu'elle comptait toujours sur moi. Lorsqu'elle m'avait rejetée à l'infirmerie, j'avais été extrêmement blessée. Bien évidemment je comprenais ses réactions et médicalement parlant, c'était même nécessaire à sa guérison. Mais en tant que maman, ça avait été difficile.

La suite de la journée se passa à peu près bien. Clarke m'avait laissé examiner ses blessures les plus profondes et qui m'étaient bien plus de temps à guérir. Elle en garderait d'ailleurs des cicatrices, c'était indéniable. Je la sentais aussi angoissée de devoir attendre qu'on vienne me chercher. Ne disait-on pas que c'était les derniers instants de l'attente qui semblaient les plus longs ?

J'avais réussi à convier Clarke dans l'élaboration de gâteaux afin de lui changer les idées, lorsque l'on frappa à la porte. Nos gestes restèrent en suspens, comme si nous attendions que le ciel nous tombe sur la tête. Mon cœur cessa de battre un instant et je vis le visage de ma fille blêmir en un clin d'œil.

— Reste assise, je vais aller ouvrir.

Je me dirigeai vers la porte de la maison et fut surprise de découvrir Marcus. Je ne pensais pas qu'il viendrait de lui-même. Il s'approcha de moi et m'embrassa rapidement.

— Qu'est-ce que tu fais là ? J'avais demandé à ce qu'on vienne me chercher.

— J'ai pensé qu'il valait mieux que ce soit moi qui annonce la nouvelle.

Son visage était impassible, je n'arrivais pas à déchiffrer si la nouvelle était bonne ou non. Je me décalai de la porte pour le laisser entrer et je le dirigeai vers la cuisine afin qu'on retrouve Clarke.

— Clarke, Marcus est là.

— C'est mauvais, c'est ça ? C'est pour ça que tu es là. Elle n'a pas survécu...

Je voyais les yeux bleus de ma fille se remplir de larmes. Mais j'étais impuissante face à sa détresse.

— Calme toi Clarke, bien au contraire. Elle est vivante et elle a remporté ses combats. Elle est à Polis. L'éclaireur m'a dit qu'il n'avait pas pu la voir car elle n'était pas réveillée. Les Natblida vainqueurs mettent toujours plusieurs jours avant de pouvoir se remettre. L'intensité est tellement importante qu'ils sont épuisés à la fin du combat.

— Elle est vivante. Mochof ai haiheda. [Merci mon dieu]

La pression que j'avais ressenti sur ma poitrine en voyant les larmes de Clarke venait de disparaitre aussi vite qu'elle était apparue. Ma fille allait s'en sortir. Ça n'allait pas être facile mais j'avais le pressentiment que si Lexa était à ses côtés, elle serait capable de tout.

— Par contre l'éclaireur m'a dit qu'il avait vu les Skaikru se rapprocher dangereusement du village. L'émissaire envoyé auprès de Heda est revenu également et Heda est d'accord pour nous envoyer quelques-uns de ses guerriers. En attendant leur arrivée, il est strictement interdit de sortir du village. Nous devons rester prudent.

Je n'aimais pas savoir que nous étions dans un telle situation. Je me rappelais bien trop les raisons qui avaient poussé l'ancien chef du village à boucler tout le village pour la première fois. C'était le lendemain de la mort de Jake. Mon défunt Houmon était sorti comme tous les jours dans ses champs et il aurait fait une rencontre malencontreuse avec des guerriers d'un autre clan...[mari]

— Abby, tu vas bien ?

Marcus me sortit de mes pensées sombres. Je savais qu'il avait parfaitement compris ce qui me traversait l'esprit. Après tout c'était bien normal puisque Jake était son meilleur ami. Il glissa sa main dans mon dos en signe de réconfort. Je n'avais pas encore avoué ma relation à Clarke et je doutais que c'était le moment de le faire.

— Ça veut dire que je ne peux pas aller la voir ? Je vais devenir dingue de rester ici en sachant qu'elle est à Polis...

— En effet Clarke, je suis désolé mais il va falloir que tu attendes.

Le soulagement qui avait suivi l'annonce de Marcus ne fut que de courte durée. Elle avait besoin de Lexa. J'avais même l'impression que ça lui était vital.

— Tu ne peux vraiment rien faire ? demandai-je à mon compagnon.

— Tu sais que ce serait inconscient. En plus j'ai besoin de tous les guerriers au village au cas où ils attaqueraient...

— Je comprends.

J'étais déçue pour ma fille mais Marcus était le chef du village, il n'avait pas le choix que d'agir pour le mieux de notre tribu. Il ne pouvait pas prendre ce risque, même pour Clarke qu'il appréciait comme sa propre fille.

— Je vais devoir partir pour organiser nos défenses. Surtout faites bien attention à vous et ne quittez pas le village.

Clarke et moi acquiesçâmes avant qu'il ne quitte les lieux. Pendant que je l'avais raccompagné à la porte, Clarke s'était enfuie dans sa chambre. Je décidai de l'y rejoindre. Elle ne devait pas rester seule, elle était encore bien trop instable.

— Fyucha, nou bol au. Yu na dena ai em op. Em ste kiken...Yu beda ste shanen. [Mon bébé ne pleure pas. Tu la reverras bientôt. Elle est vivante... Tu devrais être heureuse.]

— Ai mema em we.. [Elle me manque...]

Sa détresse était plus qu'importante. Leur relation avait évolué tellement vite. Même si je ne pensais pas qu'elles étaient véritablement en couple. La simple présence de l'autre leur était devenu indispensable. J'avais aussi remarqué ce besoin chez Lexa lorsque je l'avais soignée au camp il y a quelques jours.

— Ai swega yu klin yu ai em op snap [Je te promets que tu la reverras vite]

— Hofli [J'espère]

Je tentais de glisser mes doigts dans ses cheveux blonds. Je voulais la rassurer mais parfois les mots n'étaient pas suffisants. Dès qu'elle sentit mes doigts sur son crâne, elle se crispa sous ma main. J'étais sur le point de retirer ma main lorsqu'elle me demanda de continuer et qu'elle avait juste été surprise. Je la caressai délicatement et avec tout mon amour. Mon bébé n'en était plus un depuis bien longtemps et la vie ne lui avait pas fait de cadeaux. Mais j'espérais que Lexa lui apporterait la lumière qu'elle méritait et que la suite de sa vie serait plus joyeuse...

Clarke s'endormit sous mes caresses mais je n'arrêtai pas pour autant. Elle semblait apaisée dans son sommeil et ça faisait bien longtemps que je ne l'avais pas vu comme ça. Alors je profitais de ce moment volé tant que je le pouvais car je savais que ça ne durerait pas. J'avais passé toutes mes nuits à veiller sur mon bébé et pas une seule n'avait été sans cauchemar, sans cri, sans pleur. Elle avait un réel traumatisme et j'étais impuissance face à cet inconscient qui lui faisait revivre toutes ces horreurs.

— Yu na hosh daun, ai ai yu raun fyucha... [Tu peux dormir, je veille sur toi mon bébé...]

*******

Bonsoir tout le monde ! J'espère que vous allez bien et que vous profitez du beau temps ^^

Nouveau POV que je n'avais pas envisagé initialement mais je trouve que le rôle d'Abby est important pour la stabilité mentale de Clarke et que de connaître ses pensées et ressentis était intéressant. Qu'en pensez-vous ?

Prochain POV certainement du côté des Skaikru car comme dis dernièrement, ils vivent leur vie bien trop tranquillement qu'ils se feraient presque oublier :p

N'oubliez pas de voter et commenter. D'ailleurs, merci pour les 3k de vues qui sont enfin atteint aujourd'hui ! Vous n'imaginez pas à quel point ça me fait plaisir <3

Je vous souhaite une très bonne fin de semaine...Pas de férié c'est dur mais heureusement qu'on a un weekend de trois jours pour s'en remettre :D

A dimanche.

Nestam !

Celia

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