IV) Régénération

Une fois dans le Tardis, le Docteur enclencha le processus de régénération. Mais tandis que toutes les parties de son corps se mettaient à briller, le Seigneur du Temps tint tout de même à faire décoller son vaisseau ; il ne voulait pas rester dans ce lieu maudit plus longtemps. Rampant, s'agrippant avec peine à la console, il enclencha divers boutons au hasard puis tira sur le levier. Le tube de la console débuta alors son mouvement de va-et-vient tandis que le chant tant familier du Tardis commençait à se faire entendre. Le Docteur s'affala sur le sol métallique. Il sentait déjà l'énergie régénératrice parcourir son corps.

C'était le moment de penser.

Penser à tout ce que ces yeux avaient vu, tout ce que ce corps avait vécu... Se remémorer. Ses compagnons, ses joies, ses réussites, ses erreurs, ses échecs. Tout. Afin de ne rien oublier lors de sa prochaine vie.

Une larme coula sur sa joue, mélange de joie et tristesse. Enfin, il était prêt.
Il se laissa aller et l'énergie envahit son corps.

Bien qu'étendu au sol, il avait tout de même positionné ses bras en croix pour que, comme toujours, le surplus d'énergie s'évacue par ces extrémités. Chaleur et fraîcheur se côtoyaient dans son corps, allégories de deux personnalités partageant un même réceptacle l'espace d'un instant. Ce dernier passé, l'une laissa place à l'autre, plus jeune, plus fragile, plus instable. Cette personnalité, le Docteur ne la connaissait pas encore ; à l'instar de son nouveau corps qu'il devrait apprendre. Alors la régénération se termina... et le Tardis atterrit dans une secousse digne de fêter l'événement. Roulant par terre tel un pauvre paquet, le Docteur faillit être projeté bien loin de la salle de commande - mais se rattrapa heureusement à la rambarde.
Le choc passé, le Seigneur du Temps souffla et se mit debout. Tiens, il avait deux jambes : déjà un bon point. Puis il remarqua que sa tête atteignait à peine la console de commande. Il soupira de déception : il était nain. Ça n'allait certainement pas être pratique pour piloter le Tardis. Mais les pensées du Docteur furent détournées par une question. Importante. Vitale.

Était-il roux ?

L'être séculaire voulut descendre les marches afin d'aller chercher un miroir, mais il s'empêtra dans son pantalon trop grand et tomba de l'escalier. Énervé, un juron gallifreyien sortit de sa bouche... et son sourcil droit se haussa en entendant sa voix aiguë. L'instant de surprise passé, il se releva. D'un air nonchalant, il haussa alors les épaules ; songeant seulement que cela allait sans doute longtemps lui faire drôle, lui qui avait l'habitude des octaves graves.

Seulement, il y avait quelque chose qui le titillait là-dedans, sans qu'il ne pût toutefois l'identifier exactement.
Le Docteur eut un instant d'absence.
Une voix aiguë ? Une petite taille ? Un doute s'insinua dans son esprit.
Une boule de stress bloquant son diaphragme, il se mit frénétiquement à chercher un miroir.

Lorsqu'il réussit enfin à mettre la main sur l'objet de ses désirs, un air de stupéfaction se peignit sur son visage.
« Non... Ce n'est pas possible... Je ne suis pas..? »

Seul le silence lui répondit.

Un rire franchit alors les lèvres du Seigneur du Temps, d'abord murmure, puis éclat.
Un visage juvénile se reflétait dans le miroir ; et face à lui, un petit garçon aux cheveux châtains riait.

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