8: Virago

Finalement, Nurys avait appris qu'il lui était impossible de se rappeler de Kasen pour la simple raison qu'elle l'avait ignoré. Et ce, quand il les avaient rejoint en compagnie de deux filles qui se trémoussaient à ses côtés.

Et la raison pour laquelle elle n'avait véritablement aucun souvenir de lui était parce qu'elle était occupée à élucider le mystère qu'était Jacob.

Dès le départ, elle avait voulu comprendre son côté solitaire. Pour quelqu'un qui était ami à Alyssa, Jacob était une exception qui confirmait la règle.

Rares étaient ceux qu'elle avait rencontré à Querencia qui ne pensaient qu'à leurs téléphones. Bizarrement, n'étant pas de nature curieuse, elle n'arrêtait cependant pas d'essayer d'imaginer quels genres de secrets ce téléphone pouvait bien renfermer.

Elle savait malgré tout que c'était pousser les limites et fourrer son nez dans des affaires qui ne la concernait pas, mais ce Jacob restait un mystère.

Le pire était le fait qu'il était ami avec Kasen White. Le fameux énergumène qu'elle ne supportait aucunement.

Elle poussa un soupir en refermant le livre qu'elle lisait et jeta ensuite un regard à Keyana et Alyssa. Elles étaient toutes les trois assissent à la bibliothèque. Ces derniers temps, Alyssa passait beaucoup plus de temps avec elles, et elle devait reconnaître que cela ne la dérangeait le moins du monde.

— Aly? Risqua-t-elle.

Un truc commun que tous les élèves de cette université partageait était leur passion pour la connaissance. Et cela voulait dire qu'il ne fallait au grand jamais déranger quelqu'un qui avait son nez enfui dans ses bouquins.

Non, cela gâcherait tout bonnement la concentration.

— Hmm, émît Alyssa, en griffonnant quelques mots dans son calepin.

Nurys savait qu'elle avait déjà rompu sa propre concentration. En plus elle était fatiguée de travailler sur son introduction et la nuit était déjà tombée (très vite à son goût, même si elle ne s'en plaignait pas). Cela faisait à peu près deux semaines que le professeur Dubois leur avait confié leur tâche. Et une semaine qu'elle avait vu Kasen pour la dernière fois (pas qu'elle s'en plaignait).

Tous les livres de la bibliothèque sur le sujet de races et les problèmes qui ensuivaient étaient tous déposés dans sa chambre et elle avait consulté de nouveau tous les sites et livres électroniques qui avaient traits au sujet.

À présent, elle avait besoin de repos et de distraction, et elle comptait bien obtenir le dernier d'Alyssa.

— Donc c'est quoi le scoop avec Calum Royce? Ou serait-ce Calum de Léonard?

Les joues d'Alyssa prirent une légère teinte rosée, tandis qu'elle déposait son stylo.

— Il s'appelle Calum Royce de Léonard. Et je ne vois pas de quoi tu parles. Déclara-t-elle, en faisant une grimace.

Une grimace qui cachait bien la gêne qu'elle ressentait, pour avoir été aussi vite découverte.

Keyana qui les avaient jusque là ignoré, but à petites gorgées son café avant de le reposer sur la table à ses côtés.

— Comment a-t-il deux noms de familles, si je puis demander? S'enquit-elle.

— Évidemment que tu le puis. Il a été adopté par le Loreat que vous aviez rencontré à la conférence, la semaine passée. Il est officiellement connu sous le nom de Calum de Léonard mais il a décidé de garder son nom de famille en l'honneur de ses parents biologiques.

— Ça explique beaucoup de choses. Maintenant dis-nous tout sur ce qui se passe entre vous, Nurys reprit une nouvelle fois en se rapprochant d'elle. On est amie pour cette raison aux dernières nouvelles.

— Il n'y a rien à raconter. On est amis d'enfances. Nos parents se connaissent et on a voyagé plusieurs fois ensemble, Alyssa déballa rapidement en évitant leurs regards. Keyana et Nurys la connaissaient assez pour savoir qu'il y avait encore plus derrière que ce qu'elle leurs livrait.

Keyana et Nurys se fixèrent, un regard désapprobateur, clairement affiché sur leurs visages. Il était clair pour les trois filles, qu'Alyssa n'avait aucune raison de leur confier un secret aussi important et qu'elles ne pourraient pas la faire parler, si elle ne le souhaitait pas. Mais cela ne voulait pas dire, qu'elles n'essayeraient pas. C'était donc la raison pour laquelle, elles avaient décidés d'utiliser la carte de la déception en leur faveur.

— Keyana ne penses-tu pas qu'Alyssa nous cache beaucoup de choses?

— Tu as raison Nurys. À croire qu'on est pas amie.

La concernée roula des yeux avant de se mettre à sourire timidement.

— C'est très difficile pour moi de vous le dire même si j'en rêve depuis longtemps. Vous êtes mes seules vraies amies.

— Elle s'éloigne du sujet pas vrai?

— Et pas qu'un peu.

Elles se mirent toutes les trois à rire.

— Bon vous avez gagné. Ce qui se passe entre nous à commencer il y a près d'un an. On était trop proche et on partageait les mêmes intérêts. C'est juste arrivé. Déclara-t-elle, une fois encore, rapidement.

Les deux filles la regardèrent, pendant quelque secondes essayant de comprendre ce qu'elle venait de dire. Et une fois que cela fut fait, elles esquissèrent toutes les deux un sourire narquois.

— Et avant que vous dites quelque chose d'autres, non, on ne sort pas ensemble.

De l'incompréhension passa sur leurs visages.

— Pourquoi? Demandèrent-elles, au même moment.

— On essaye encore de comprendre ce que tout ça veut dire. On ne veut pas gâcher les relations entre nos parents à cause d'une petite attirance sans fondation, expliqua Alyssa, tout en soupirant.

— Je ne vais point prétendre connaître plus que vous concernant votre relation, surtout sachant que je ne suis pas une pro sur le sujet mais de ce que j'ai vu, ce qu'il y a entre vous est réel, lui confia Nurys, tout en touchant son épaule dans un geste réconfortant.

— Elle a raison. Il est tellement galant avec toi et en plus il n'a d'yeux que pour toi ma chère. Cerise sur le gâteau son père t'adore, conclut Keyana.

— Après tout, y-a-t-il quelque chose à ne pas adorer sur moi? Demanda Alyssa, sur un ton prétentieux avant d'éclater de rire, suivi par ses deux amies.

— Définitivement pas ta prétention légendaire, plaisanta Keyana.

Elles étaient là à rire quand le téléphone d'Alyssa sonna.

— C'est lui.

Elle décrocha et les deux autres filles se turent. Pendant toute leur conversation, elle avait ce sourire qui ne quitta jamais ses lèvres.

Une fois qu'elle eut raccrochée, elle se couvrît le visage avec ses mains.

— Il veut qu'on se voie maintenant. Un rendez-vous qui prend en compte une promenade au clair de la lune.

— Si romantique.

Alyssa roula encore des yeux avant de se mettre à glousser.

— Vous pensez que je devrais y aller?

— Je dois reconnaître qu'il se fait un peu tard-, commença Keyana, mais elle fut vite interrompue par Nurys.

— Balivernes Key. Bien entendu, Alyssa. Assures-toi juste que vous ne vous fassiez pas surprendre.

— Merci, elle les fit un rapide câlin avant de se lever. Je vais aller mettre un manteau avant d'aller le voir. À demain les filles.

— Passe un bon moment avec lui.

— Je n'y manquerai pas, répondit-elle, avant de le se lever. Elle sortait déjà, quand elle fut interrompit par Nurys.

— Et Alyssa?

— Oui?

— Tu n'as pas à t'inquiéter. On te considère aussi comme une véritable amie. Et on t'adore, pas vrai Keyana?

— Bien sur que oui.

— Merci les files.

— Maintenant va voir ton prince charmant.

— Je suis une reine et je puis t'assurer que je n'ai pas besoin d'un prince, elle termina avec un clin d'œil. Mais elles savaient toutes que peu importe ce qu'elle disait, elle avait bel et bien trouvé son prince charmant.

❃❃❃

— Bon je vais aller me coucher, déclara Nurys, en arrangeant ses affaires.

— Je vais rester dix à vingt minutes avant d'y aller aussi. Je pense que je suis sur une bonne route, murmura Keyana, en tapant frénétiquement sur le clavier de son ordinateur.

— Okay petite intello. On se voit demain?

— Bonne nuit petite Nurys.

Elles gloussèrent face à leurs surnoms avant que Nurys ne lui fasse un signe de paix et ne sorte de la bibliothèque.

Il était à présent deux heures du matin et les couloirs étaient déserts. Il lui faudrait près de cinq minutes de marche avant d'arriver à la salle commune des filles. Nurys n'avait cependant jamais été de type confiant. Elle était au contraire apeurée par presque tout, surtout les couloirs déserts qui lui rappelaient un peu trop bien, les romans policiers qui avaient bercés son enfance.

Elle marchait donc lentement dans le couloir, en direction de l'ascenseur, veillant à rester loin des portes au cas où.

Se rendant compte de tous les films qu'elle se faisait, elle se stoppa sur place et se mit à rire, enfin à se moquer d'elle même et ses peurs infondées. Rien ne lui arriverait à Querencia.

À peine eut-elle eu cette pensée, qu'une main la tira doucement mais hâtivement à l'intérieur d'une pièce totalement noire.

Elle n'eut pas le temps de crier que la personne qui venait de la capturer couvrait sa bouche.

— Enfin ma belle Nurys, ça fait un bon bout de temps qu'on ne s'est pas vu. Ne t'avais-je pas dit qu'on se reverrai?

Le sang de cette dernière se glaça, tandis qu'elle reconnaissait la personne derrière cette voix.

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