6: Ineffable

À ce point, il était très probable que madame Monet l'avait bel et bien entendu. Effectivement, le cours avait cessé et celle-ci fixait les trois amies d'un œil mauvais.

Bien entendu elles restèrent silencieuses et le cours put enfin reprendre.

Si c'était une plus petite classe, elles se seraient excuser, mais dans cette grande pièce qui regorgeait près de 300 élèves de part le monde, il était improbable que leurs excuses aient pu être entendues par leur professeur.

C'était un des problèmes quand on s'asseyait en plein milieu d'une classe aussi vaste.

La tête baissée, Nurys pouvait sentir le regard insistant de Kasen sur elle. Elle décida de l'ignorer; avec le temps il arrêterait. Présentement, il y avait un problème bien plus pressant que ses beaux yeux.

— Vous voulez dire quoi par le fait que je l'ai peut-être embrassé ou giflé.

— Je pense qu'il serait mieux que cette conversation continue après les cours, déclara Alyssa, déterminée à faire durer le supplice de la jeune fille.

— Vous n'oserez pas?

La mexicaine et la bouclée s'échangèrent un sourire complice.

— Évidemment Nurys. On n'aimerait pas se faire remarquer deux fois d'affilée. Pas vrai?

— Naturellement, répondit-elle, contrariée. Elle savait malgré tout que ses amies avaient raison. Le cours était la priorité à l'instant.

❃❃❃

— Donc? Une fois que les cours prirent fin, Nurys revint à l'assaut.

Les deux filles sourirent avant d'hausser leurs épaules.

— Ils viennent vers nous, déclara Alyssa, tout en fixant un point derrière les deux filles.

S'en rendant à peine compte, Nurys cessa de respirer, imaginant le pire.

Comment pouvait- elle agir comme si de rien n'était, avec une telle information entre ses mains?

Si ses amies disaient vrai, il était impératif pour elle de l'éviter à tout prix. Cela n'aurait pas été difficile, en temps normal, mais à l'instant c'était impossible.

Elle s'imaginait actuellement très mal embrasser un homme qui lui était étranger, intoxiquée ou non.

Si elle avait apprit cette nouvelle dans sa chambre, loin de tous les regards, elle serait à ce moment sur le point d'arracher chaque mèches de ces cheveux.

Et cela en disait long sur son état d'esprit, car Nurys ne perdait que très rarement sa maîtrise en elle.

Kasen White. Une fois encore tout se résumait à lui et les conséquences qu'il entraînait dans sa vie.

— Les filles, c'était vraiment un chahut que vous avez causé un peu plus tôt. Pourrait-on savoir de quoi vous parliez? S'enquit Calum en leur souriant.

Des trois garçons, il était décidément le plus sociable et le plus poli.

— Nurys est celle qui a crié. Pas que je sois étonné. Il est de connaissance générale - Commença Kasen, en quête d'un moyen d'embêter une Nurys qui n'était décidément pas d'humeur.

— N'ose pas finir cette phrase, le coupa-t-elle, en se retournant aussitôt vers lui.

Elle n'arrivait pas à croire qu'elle ait pu embrasser ou même toucher- ne serait-ce que pour gifler- une crapule comme lui.

— Je te conseillerais de l'écouter, Keyana déclara à l'encontre de Kasen, en se faufilant entre eux.

Nurys fut étonnée de voir, que loin d'être froide, comme elle serait d'habitude, Keyana souriait au brun.

— Key, comment vas-tu? S'enquit-il, tout en l'attirant dans un câlin.

Elle fut encore plus surprise de voir que Keyana accepta le câlin sans résistance. Avait-elle raté quelque chose?

— Keyana tu sympathises avec l'ennemi, déclara sobrement Nurys, en essayant de les séparer.

Keyana rompit leur embrassade avant de se mettre de côté, en riant.

— Il est loin d'être l'ennemi Nurys, déclara-t-elle, en pointant Kasen du doigt.

— Tu ne le connais même pas! En plus après notre incident à la bibliothèque je- »

— Je perçois un peu de jalousie dans l'air. Pas vous? S'interposa Kasen, tout en s'adressant au groupe entier.

Pour Nurys, s'ils continuaient à se couper comme ça, il n'y aurait jamais de vraies conversations entre eux. En même temps, ce n'était pas comme si elle le voulait.

Alyssa et Calum rigolèrent quelques secondes avant de replonger dans leur propre conversation. Jacob, quant à lui, hocha de la tête avant de reporter son attention sur son téléphone.

Keyana par contre inspira et expira longuement, avant d'afficher toutes ses dents.

— Moi de même.

— Pardon? S'enquit Nurys.

— Tu viens de nous empêcher de nous enlacer. Si ce n'est pas de la jalousie, je ne sais pas ce que c'est.

Nurys n'arrivait pas à y croire. Sa meilleure amie, la seule sur laquelle elle comptait le plus, prenait le parti de son nouvel ennemi.

— Sérieux Key'?

Keyana esquissa un sourire, avant de faire volte-face et de s'appliquer à arranger ses affaires.

Inutile de dire que Nurys était subjuguée.

— Et il n'en resta plus que deux.

— Si tu fais référence au livre d'Agatha Christie intitulé dix petits nègres, sache que l'un d'eux tue l'autre et c'était la femme.

— Je puis t'assurer que je ne doute en aucun cas que t'en sois capable.

Nurys voulut répliquer mais Kasen fut plus rapide et posa sa main sur son épaule.

— Pas dans le sens que tu penses. J'essayais de dire que je suis sur que tu es une femme indépendante, se justifia-t-il.

Les yeux de Nurys se déplacèrent vers Jacob qui s'était mit à les observer et elle fronça ses sourcils. Quand celui-ci s'en rendit compte, il se hâta de se concentrer sur son téléphone.

— Ne pense pas qu'à cause de ce que tu viens de dire, je t'ai pardonné. Tes actions passées sont ineffables, déclara-t-elle, en retirant sa main, mais il l'a remit, ignorant complètement son acte passé.

— Je m'en excuse mais c'est la seule façon que j'ai trouvé pour t'approcher.

Elle inspira un bon coup, doutant que la conversation qu'elle allait commencer, se termine bien.

— Donc qu'est-ce qui s'est passé hier entre nous?

Le sourire en coin que Kasen affichait, disparut aussitôt.

— Je ne vois pas de quoi tu parles. Je préfères plus quand tu es énervante parce qu'à l'instant tu m'ennuis, répondit-il, en retirant sa main.

Elle ressentit une sensation de vide émanant profondément d'elle; comme si elle adorait le contact et qu'elle n'avait aucune envie qu'il le rompt. En temps normal elle redoutait tout contact physique, mais avec lui, c'était à peine si elle le remarquait. Comme si, sa main allait agréablement avec elle.

Elle retira très vite une image d'elle et Kasen qui se livraient à des activités très peu convenables, et recula.

— Je posais juste une question. Et si tu trouves que je suis si ennuyante, c'est peut-être le moment pour toi de t'en aller.

Il resta pendant quelques secondes à la regarder en silence, puis se retourna brusquement.

— Calum, Jacob on s'en va, déclara-t-il, d'une voix dure.

Calum qui riait à présent en compagnie d'Alyssa, se retourna perplexe.

— Puis-je savoir ce qui se trame entre vous? Demanda Alyssa, en attrapant une des mains de Calum, afin de l'empêcher de s'en aller.

— Rien. C'est juste votre amie qui est un peu trop collante.

Là ce fut au tour de Jacob de verrouiller son téléphone et se focaliser sur la scène. Il fut presqu'aussitôt rejoint par Keyana.

— Moi collante! Mon œil oui.

— Je ne perdrai pas une minute de plus ici. On se revoit au dortoir, déclara-t-il, en se mettant à marcher.

— Pour autant que je sache tu m'as embrassé la veille et c'est la raison pour laquelle je t'ai giflé. Et parce que ton ego ne le supportait pas, tu es venu me manquer de respect ce matin à la bibliothèque, s'écria Nurys.

Les regards des cinq autres amis, se retournèrent dans sa direction, l'amenant à se rendre compte qu'elle venait de faire une erreur.

Oups.

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