46: Ukiyo
En ce nouveau jour, Keyana Moor se dirigeait vers l'amphitéatre devant lequel elle savait qu'elle trouverait sa meilleure amie, quand elle vit Piper Kane quitter celle-ci et s'en aller dans le sens opposé.
Choquée, elle rejoignit Nurys, tout en gardant un oeil dans la direction où la châtaigne avait disparu.
« Je rêve où vous étiez en pleine discussion. »
La concernée, complètement imperméable aux émotions qui gouvernaient Keyana, haussa des épaules.
« Nous avons décidé de travailler ensemble afin d'éviter la punition que promettait monsieur Marceau. » L'informa-t-elle en faisant référence à sa première session avec le professeur de psychologie.
Autour des deux filles, plusieurs élèves, recouverts pour la plupart de manteaux et autres habits qui les protégeaient du froid, passaient sans les voir. Plusieurs tenaient en main diverses boissons chaudes et se précipitaient du mieux qu'ils le pouvaient à leur prochain cours.
« Et tu penses réellement que vous êtes sur la même longueur d'ondes? Après tout ce qu'elle a fait dans le passé? »
« C'est elle qui m'a approché. Et vu la raison qu'elle m'a donné, oui, je la crois. »
Keyana n'arrivait pas à imaginer que sa meilleure amie puisse être aussi naïve. Piper ne l'avait jamais aimé et il était évident pour tous qu'elle ne cesserait aucunement ses manigances tant qu'elle n'aurait pas Kasen enroulé autour de ses doigts. Après tout, elle était bien celle qui s'était assurée que Nurys ait à reprendre son dernier essai.
« Reste malgré tout sur tes gardes. Avec elle, tu devrais te préparer à tout. » Déclara-t-elle, tandis qu'elles pénétraient toutes les deux dans l'enceinte de l'ampithéatre. En effet, leurs cours étaient sur le point de commencer.
Une main se posa sur leurs épaules à toutes les deux et si Keyana se figea en imaginant la figure de Lucien derrière elle, Nurys elle, sursauta faiblement avant de donner un petit coup au nouveau arrivant.
« Jacob, ça va pas? »
Ce dernier leur lanca une moue réprobatrice.
« Ça va très bien, merci. Même si je suis malgré tout déçu suite à votre refus de nous rejoindre à la grande salle ce matin. »
« On avait pas si faim que ça. » Déclara Nurys, tout en coinçant une mèche de cheveux derrière son oreille.
Keyana sourit face à ce petit mensonge. Si elles n'avaient pas eu si faim que ça comme le disait sa meilleure amie, c'était parce qu'elles s'étaient réveillées plus tôt que d'habitude et étaient allées petit-déjeuner en ville.
Jacob les observa à tour de rôle pendant une fraction de seconde, tentant de déceler si elles lui cachaient quelque chose, mais finit par abandonner.
Ils continuèrent donc à marcher en silence et venaient de repérer une place où s'asseoir quand ils furent rejoints par une quatrième personne. Un châtain très rayonnant en ce début de journée. À peine, les salua-t-il que son attention se dirigeait vers Nurys.
« As-tu reçu un e-mail? » S'enquit-il.
« Laisse moi vérifier. » Déclara-t-elle en acceptant le câlin dans lequel il l'attirait.
Elle s'empara de son téléphone portable et se mit à consulter sa boîte électronique sous les yeux de ses amis. Au fur et à mesure que les secondes avançaient, ceux-ci pouvaient voir les traits de son visage s'illuminer. Son sourire discret, au début, s'élargit tant et si bien qu'au moment où elle verrouilla son téléphone, elle ne tenait plus sur ses pieds. Elle leva sa tête afin de faire face au châtain et sautait presque de joie quand elle prit la parole.
« J'arrive pas à y croire! »
« Avez-vous quelque chose que vous aimeriez partager? » S'enquit Jacob.
« Nous... nous. » Commença Nurys, mais elle fut incapable de finir sa phrase.
C'était peut-être parce qu'ils bloquaient le passage, ou parce que Nurys et Kasen sans le vouloir causaient une scène, mais quand elle déverrouilla son téléphone, afin de montrer l'e-mail qu'elle avait recu à ses amis, plusieurs élèves qui passaient se mirent à jeter un cou d'œil à l'appareil.
« Nous avons été sélectionnés pour le journal du lycée. » Déclara Kasen en passant la main dans ses cheveux.
C'est en souriant de toutes ses dents qu'il leva ses mains au ciel avant de l'ouvrir afin de laisser Nurys qui courrait vers lui se réfugier dans ses bras.
Ils se séparent ensuite et cette dernière mordit sa lèvre infériure en observant le sol. Elle arrivait à peine à masquer le sourire qui se dessinait sur ses lèvres vu qu'elle venait à peine d'entendre une fille murmurer à son amie qu'ils étaient tellement chou ensemble.
« Je suis fière de vous. » Ce fut au tour de Keyana d'enlacer son amie.
« Vous l'avez fait. Félicitations! » Déclara Jacob en frappant la paume de sa main dans celle de Kasen.
Le châtain se tourna ensuite vers Nurys. « Pour célébrer, je t'invite à sortir après le cours.»
« Où allons-nous? »
« C'est une surprise. »
❃❃❃
Resserrant son manteau, Nurys suivit Kasen vers sa voiture. Une légère brise se leva, caressant au passage le visage de la jeune fille et elle se mit à sourire. Elle aimait tellement cette sensation; ses cheveux qui bougeaient légèrement au contact du vent et et le sentiment de bien-être total.
Quand ils arrivèrent devant la voiture du jeune homme, il lui ouvrit la portière et l'invita à y prendre place.
Une fois à l'intérieur, elle fut heureuse de constater qu'il avait allumé le chauffage. Elle retira le manteau en fausse ferrure et se mit à le plier quand Kasen l'a rejoint dans la voiture.
« Belle tenue, » observa-t-il en prenant à son tour place.
« Merci, tu n'as pas l'air si mal non plus. »
Il lui adressa un sourire avant de tourner la clé de contact, « prête? »
« Ça ne me dérangerait pas de connaître la destination en premier lieu. »
« Ne voudrais-tu pas ça? » Declara-t-il d'une voix pleine de sous entendus, avant de lui adresser un clin d'œil. Avant qu'elle n'ait pu placer un mot, il démarrait.
Nurys avait très peu été dans la voiture de Kasen. En effet, même si la plupart des élèves de Querencia avait leurs voitures, ils n'étaient pas autorisés à les utiliser tout le temps, vu le nombre d'exigences imposées. Par exemple, ils ne pouvaient sortir leurs voiture de l'enceinte de la fac qu'à des heures où leurs emplois du temps signalaient qu'ils n'avaient pas cours.
Mais elle devait avouer, qu'elle adorait y être. Cela avait peut-être avoir à y faire avec le fait qu'ils se retrouvaient seuls. Depuis qu'ils étaient rentrés de leurs congés de Noël, les deux avaient passés la plupart de leur temps ensemble et elle se surprenait à détester chaque seconde loin du châtain.
Elle s'empara de son téléphone et se mit à prendre des vidéos d'eux, « je n'avais jamais remarqué mais ta mâchoire se crispe quand tu conduis. »
« C'est parce que je suis concentré ma belle. » Déclara-t-il en gardant son regard concentré sur la route devant lui.
Elle se mit à appuyer sur la mâchoire du châtain avec son index, « n'empêche que ça te rend plus beau. »
« C'est la première fois que tu dis que je suis beau. » Remarqua-t-il en lançant un coup d'œil dans sa direction.
Elle fit plus rapide et s'empressa d'utiliser son index afin de tourner sa tête de manière à ce que ses yeux soient de nouveau sur la route, « eyes on the road mister. » Déclara-t-elle dans un parfait accent anglais.
« Pour être honnête c'est ton accent qui risque de me faire perdre le contrôle du volant. »
Elle pouvait le voir sourire et c'est en levant les yeux au ciel qu'elle fit de même, « J'ignore si tu essayes trop ou pas du tout.»
« Dis-moi que tu n'aimes pas ça? »
« Je ne répondrai pas à cette question. »
Il se mit à rire et elle se tourna afin d'observer son profil. La seule question dans la tête de la jeune fille à l'instant était comment elle avait été si chanceuse d'avoir quelqu'un comme lui.
«Pourrais-je te poser une question?» S'enquit-il.
« Bien entendu. »
« Comment décrirais-tu l'amour au sein de ta famille? »
Elle l'observa pendant quelques secondes surprise par la question avant de finalement comprendre.
« Jacob t'a dit. »
« Tu aurais dû m'en parler. »
« Toi de même. Si je ne me trompe pas, tu en avais déjà entendu parler. »
« C'est différent. Je ne voulais pas te faire de la peine. »
« Même raison ici. »
« J'aimerais que nous soyons capable de tout nous dire. »
« Heureux. »
« Pardon? »
« Mes parents... Ils sont heureux. Enfin quand ils ne prétendent ou ne se disputent pas. »
« Je ne comprends pas. »
« Ma mère a tout donné pour mon père et même si elle a une belle vie à l'instant je suis sûre qu'elle aurait aimé plus faire. Elle est ce genre de femme indépendante qui peut tout accomplir. Elle a son propre atelier de couture et sa propre ligne de vêtements. »
« Et ton père? »
« Il aime ma mère. Je n'en doute point, même s'il voyage tout le temps. Je pense qu'elle est habituée. Nous concernant, je dirai qu'il nous aime aussi énormément mais qu'il attend trop de nous. Je déteste cette pression que lui et ma mère placent sur nous autant que je les adore.»
« Tu détestes leurs exigences? »
« Plus que tout. Je déteste ce monde d'argent et de ... Je désire être plus libre de faire ce que je veux. »
« Et le journalisme? »
« C'est la seule chose qu'ils m'ont laissé avoir. »
« Tu ne le penses peut-être pas, mais tu es libre de faire ce que tu veux. De plus, quand j'étais à la fête, j'ai vraiment eu l'impression qu'ils t'aimaient. »
« Je n'en doute pas. C'est juste tout le reste. Me croirais-tu si je te disais que mon frère et mon père se disputent tous les jours à propos du futur de l'entreprise familiale? Nous sommes très bons quand il s'agit de prétendre qu'on est la famille parfaite mais la réalité est plus difficile à assimiler. »
Il retira lentement une des ses mains qu'il gardait sur le volant, -comme si d'une façon ou d'une autre, il demandait la permission de la jeune fille avant de le faire- et la posa sur celle de Nurys.
Elle y appliqua une légère pression, avant de retirer sa main à elle, «merci mais je préférerais que tu utilises tes deux mains. »
« N'as-tu pas confiance en moi? »
« Je n'aime pas vraiment la tournure que prend cette conversation. »
Il lui lança un sourire avant de remettre sa seconde main sur le volan, «il se peut qu'on sorte de cette aventure avec un excès de vitesse.»
Et avant même qu'un autre mot ne soit échangé, il accélérait.
❃❃❃
« Une gallérie d'art? C'est ça que tu avais en tête ? »
Ignorant s'il devait interpréter la question de la jeune fille et ses sourcils froncés comme une bonne chose, le châtain passa la main dans es cheveux.
« Je pensais que... je me suis dit que tu aimerais peut-être- »
« J'adore, Kasen. » L'interrompit-elle en se jetant dans ses bras.
Ne s'y attendant pas, il resta immobile quelques secondes avant de passer ses bras autour d'elle. Nurys était vraiment intéressante, pensa-t-il, en l'observant rompre leur embrasse et sortir à la hâte du véhicule.
Quand il fit de même à son tour, elle avait déjà monté toutes les marches de l'escalier et lui faisait signe d'être plus rapide.
Il s'empressa de la rejoindre et c'est main dans la main qu'ils pénétrèrent dans l'enceinte du bâtiment.
« C'est grand. » Observa Nurys, tandis qu'ils se dirigeait ver la réception afin de s'enquérir sur les prix et adhésions.
« Vous êtes libres de regarder tous les tableaux du permier au dernier étage. Il y a une exposition privée qui se tient au rez-de chaussée et vous pouvez y accéder à travers cette porte, mais elle est payante. » La réceptionniste les informa, tout en les adressant un grand sourire. Elle avait naté ses cheveux en deux couettes et sur son habit jaune on pouvait lire aime-toi.
Kasen s'apprêtait à lui poser des questions sur l'exposition privée quand Nurys se mit à tirer sur son manteau. Il s'excusa auprès de la réceptionniste avant de se tourner vers elle.
« Un problème? »
« Et si on montait. »
Quelques minutes après les deux dévalaient les escaliers en courant presque. De leur couple, Nurys était la gamine, mais Kasen devait avouer qu'en sa présence, il se surprenait parfois à copier ses actions.
« Tu n'as même pas voulu savoir à qui appartenait les tableaux de l'exposition privée.» Déclara-t-il tandis qu'ils montaient les dernières marches.
Elle arriva en haut avant lui et attendit qu'il soit à son niveau avant de lui faire signe de s'approcher. Quand il l'eut fait, elle se mit sur la pointe de ses pieds et c'est en prenant l'air de quelqu'un qui avait un grand secret à lui livrer, qu'elle s'exprima.
« J'ai vu les gens qui y entraient et ils étaient tous vieux. Je ne pense pas que ça nous aurait plût.» Lui confia-t-elle avant de mettre de la distance entre eux.
Puis le plus naturellement possible, elle se retourna vers les tableaux et s'approcha d'un d'eux. « J'adore ce tableau, pourrais-tu me prendre en photo devant ça? »
Kasen toujours secoué par leur brève proximité, hésita quelques secondes avant de lui lancer un petit sourire.
« Évidemment, dis moi quand tu es prête. »
Une heure plus tard, son manteau et celui de Nurys reposant dans ses bras, Kasen observait sa copine contempler les tableaux qui lui plaisaient ou se baisser afin de lire les petits sommaires en bas de ceux-ci.
À certains niveaux, elle rebroussait son chemin et venait se mettre devant lui, « tu dois voir ce tableau. » Disait-elle en tirant sa main libre.
Il dut cependant avouer que le cinquième tableau qu'elle le força à regarder, était vraiment beau. Il n'arrivait pas vraiment à l'expliquer et finit par se tourner vers celle-ci.
« Où est-ce que les anges amènent-ils l'homme? »
Nurys le fixa quelques secondes, confuse.
« Ce ne sont pas des anges. »
« Ce sont définitvement des anges. J'arrive clairemenr à voir les ailes d'un d'eux. »
« Viens voir par toi-même. » Déclara-t-elle en l'invitant à lire le sommaire.
C'était un tableau de Sr Peter Paul Rubbens qui avait été réalisé afin de célébrer le règne du roi d'Angleterre James I sur la demande expresse de son fils Charles I.
Une fois qu'il eut fini, il se mit à rire, « l'aigle de Jupiter. Vraiment? »
« Ne me dis pas que tu ne crois pas à la mythologie romaine. »
« Croire? Non pas du tout, même si j'y suis familier. »
Ils passèrent plusieurs minutes supplémentaires devant le fameux tableau et il était évident pour Kasen que Nurys l'appréciait.
Finalement, après plus de cent photos, quelques achats de carte postale et autres petits gadgets, les deux amoureux quittèrent la gallerie. Ils décidèrent d'aller manger et optèrent pour un restaurant koréan où ils pouvaient préparer leur propre nourriture.
L'intérieur du restaurant était si acueillant que Nurys se sentit directement à l'aise. Une fois qu'elle se fut débarrassée de son manteau, elle suivit le serveur qui la guidait elle et Kasen vers une table. Ils étaient là à consulter leur menu quand elle ressentit une sensation bizarre. Levant sa tête, elle remarqua à quelques mètres d'eux, une figure qu'elle pensait ne plus jamais revoir.
Christopher Cohen. Et il l'observait avec un demi- sourire aux lèvres.
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A/N: Hier j'ai commis l'erreur de relire mes anciens chapitres. Je le fais souvent, mais là c'était différent; j'avais envie de tout réécrire du début. J'ai eu cette impression que tout avançait lentement et c'est quelque chose que je m'efforce à ne pas faire.
J'espère que vous avez aimé ce chapitre. De mon côté, j'ai une intrigue à réviser.
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