43: Serenpidity
As-tu fini?
Assise à son premier séminaire du semestre, Nurys lança un coup d'oeil à l'écran de son téléphone. Celui-ci s'était illuminé suite à une notification qu'elle venait de recevoir. Elle s'empara de l'appareil et put y lire le dernier message que lui avait envoyé Kasen. Il avait été absent lors de leur petit-déjeuner collectif ce matin et s'était comporté étrangement quand elle était allé le voir avant leur premier cours.
Presque. Où es-tu? Répondit-elle.
Sa réponse ne tarda pas.
Dans ma chambre. Pourrais-tu me rejoindre une fois que tu as fini?
Pourquoi? Envoya-t-elle, avant de ranger son téléphone et de se concentrer sur ce que son professeur lui disait.
Une fois que le séminaire prit fin, une dizaine de minutes après, Nurys consulta son téléphone et ne put s'empêcher de sourire face aux nombreux messages laissés par son copain.
Viens juste.
S'il-te-plaît.
Tu gagnes. Je veux qu'on aille manger ensemble mais pas à la grande salle. J'ai envie de sortir, si ça ne te dérange pas.
C'est en auto-pilote qu'elle se dirigea vers la salle commune des garçons et continua vers la chambre de celui-ci. Quand elle y pénétra, après qu'il ait crié un rapide entre, elle le vit couché sur son lit avec une PlayStation dans la main.
En temps normal, Kasen était quelqu'un de très ordonné et matinal, mais aujourd'hui, sa chambre était plongée dans la pénombre et un énorme bazar y régnait. Ignorant les protestations de celui-ci, elle se dirigea vers la fenêtre et ouvrit les rideaux.
« Comment arrives-tu à jouer dans cette position?» S'enquit-elle en lui faisant face. La pièce était à présent plus lumineuse ce qui voulait dire qu'elle pouvait mieux le voir.
Il hocha des épaules, tout en adoptant une position assise. C'est en passant les mains dans ses cheveux hirsutes, qu'il l'interrogea d'une voix rauque, « tu sembles bien matinale aujourd'hui. »
Elle ignora son commentaire et entreprit d'arranger le désordre auquel elle était confrontée. « Es-tu sur de vouloir sortir déjeuner? Tu n'es même pas encore prêt. »
« Ce n'est pas comme si ça prend du temps. » Murmura-t-il en ouvrant tout grands ses bras. « Tu n'as pas à te déranger. Je le ferai après. »
Elle était consciente qu'il faisait référence à l'état de sa chambre. Aussi, elle fourra rapidement les quelques habits qu'elle avait ramassé dans le panier à linge sale, avant de retirer ses chaussures et de se réfugier dans les bras du châtain.
« Un bisou? » S'enquit-il en resserrant son emprise.
« Tu te brosses d'abord les dents et on pourra en parler. »
« Ta perte, ma belle. » Déclara-t-il au même moment où elle se nichait dans son cou.
C'est à ce niveau qu'elle remarqua que sa température corporelle était assez élevée.
Elle rompit leur câlin et posa sa main sur son front, « tu chauffes. »
« Ce n'est rien du tout. » Mentit-il en ajustant l'oreiller qui reposait entre lui et le mur sur lequel il s'était accoudé.
« Ce n'est pas rien. J'aurai dû m'en douter quand tu as décidé de sécher les cours.»
« Arrête de te faire du soucis. C'est sûrement la fraîcheur vu qu'on est en plein hiver. »
« Où se trouve ton thermomètre? » S'enquit-elle en tendant sa main.
C'est avaec une moue, qu'il désigna le tiroir supérieur de sa table de chevet. Elle se baissa donc afin de le chercher. Une fois qu'elle l'eut trouver, elle remarqua qu'il avait changé de position et utilisait à présent son téléphone.
« Ouvre ta bouche. » Déclara-t-elle d'une voix autoritaire après avoir réussi à le convaincre de lui faire à nouveau face.
« Aussi belle que tu es à l'instant, je puis t'assurer que tu n'as pas à t'inquiéter. »
Il finit à peine sa phrase qu'elle lui fourrait le thermomètre dans la bouche. Quand elle le sortit, ses peurs furent confirmées. La température du châtain était anormalement élevée.
« On ne sort plus. »
« Mais non, je voulais te faire sortir. » Se plaignit-il.
Elle sourit face à son comportement enfantin et attrapa délicatement ses joues, « on aura tellement d'opportunité. Ta santé compte plus que tout. »
Il se mit à sourire et l'attira une fois encore à lui.
« T'avoir proche de moi compte plus que tout.»
« Balivernes. Je vais commander la nourriture et on pourra passer l'après-midi ensemble. » Déclara-t-elle en mettant assez d'espace entre eux pour pouvoir utiliser son téléphone.
Une fois qu'ils aient réussi à s'entendre sur quoi manger, elle se mit à placer une commande en ligne, tandis que Kasen jouait avec ses cheveux. Quand elle finit, il mit un film et ils s'installèrent côte à côte dans le lit, et tirèrent la couverture sur eux.
Près d'une heure après, la nourriture avait été délivré et ils s'étaient mis à manger. Jacob était venu les visiter à un niveau, mais s'était retiré après avoir reçu un appel de Lucien.
Ils avaient opté pour un repas italien et c'est en avalant une des pommes de terre de son Gnocci Genovese, qu'elle prit la parole.
« On parle souvent du fait que Piper est ton premier amour mais j'ignore toujours combien de copines tu as eu. »
Surprit, il leva la tête et la contempla pendant quelques secondes avant qu'un rire nerveux ne s'échappe de ses lèvres.
Il ne savait pas s'il pouvait lui dire la vérité pour le moment. Ça paraissait un peu trop tôt et il ignorait comment elle le prendrait. Aussi, il posa sa fourchette dans son plat et éclaircit sa gorge.
« Je n'ai pas eu beaucoup de copines. »
« Ce n'est pas ma question. »
« Une ou deux. J'aimais une autre. » Si la première phrase sortit distinctement, la seconde était un léger murmure.
Il n'avait pas besoin d'étendre le sujet, pensa-t-elle. Elle lui avait posé la question et devait se préparer aux conséquences.
« C'est à ton tour, » déclara-t-il après quelques minutes passées dans le silence. « J'imagine que tu n'as jamais eu de copain? Quelqu'un qui te plaisait alors? »
Elle pensa à Simon, l'étudiant de seconde année qu'elle avait rencontré des jours auparavant. Puis elle pensa à Christopher.
C'est donc en ingurgitant plus de pommes de terres qu'elle le pouvait, qu'elle prit la parole, « juste Christopher. Je n'avais pas vraiment le temps de penser à l'amour. »
« Tu vas finir par avaler ta nourriture de travers si tu continues à manger de la sorte. » Déclara-t-il mais il était trop tard, car elle se mit à tousser.
Il se leva aussitôt et essaya de s'emparer de la bouteille d'eau qui était posée sur sa table de chevet.
Seulement il ignorait que la bouteille était mal fermée et en la remettant à Nurys, l'eau se renversa sur le lit et dans leur nourriture.
« Oh, flûte alors! » S'exclama-t-elle au même moment où Kasen poussait un juron.
Ils se levèrent précipitamment et se mirent à contempler le désastre. Cependant, quand leurs yeux se croisèrent, les deux ayant la bouche légèrement entrouverte et les yeux écarquillés, ce fut plus qu'ils ne pouvaient supporter et ils éclatèrent de rire.
« Arranger tout ça va prendre du temps. » Déclara Nurys en passant la main dans ses cheveux.
« Je suis désolé. »
Ils avaient tous les deux un sourire à la face et contemplaient les dégâts causés.
« Tu n'as pas à l'être. C'était notre faute à tous les deux. » L'informa-t-elle en commençant à ramasser les plats.
Il la rejoint très vite et ils continuèrent à arranger en silence. Enfin, jusqu'à ce que Kasen ait la meilleure idée de mettre de la musique et commencer à danser. Les fous rires de Nurys reprirent de plus belle quand il se mit à esquisser de bizarre pas de danse.
À un niveau, il mettait le drap sur son dos, comme si c'était une cape, quand il fit un faux pas et se retrouva sur le sol. C'est en se moquant de lui qu'elle sortit son téléphone portable et se mit à prendre une vidéo de lui.
Il cacha son visage d'une main et tendit l'autre, « tu m'aides à me lever?»
« Je doute que t'aies besoin de mon aide. »
« Allez s'il te plaît? » S'enquit-il avec une moue.
Il était impossible pour Nurys de résister à cette demande. Surtout que le s'il-te-plait du châtain sonnait plus comme steuplait qu'autre chose. C'est donc en roulant des yeux qu'elle lui tendit ses mains. Loin de faire ce qui était attendu de lui, Kasen la tira vers lui, ce qui amena la jeune fille à tomber sur son torse.
« Kasen. » Se vexa-t-elle, mais son air grognon disparu quand elle l'entendit rigoler. En effet, elle pouvait ressentir comment le torse de ce dernier vibrait suite à ses rires.
Elle se mit à le fixer, ce qu'il remarqua et très vite les rires du châtain se stoppèrent et furent remplacé par un air sérieux.
Pouvant sentir la tension qui montait douloureusement, Nurys se força à basculer de côté afin d'éviter le regard de Kasen. Elle voulut se lever quand il passa la main autour de son épaule.
« Et si nous prenions des photos. » S'enquit-il, prétendant qu'il n'avait rien remarqué de ce qui venait de se passer.
« Je pense qu'on a plutôt besoin d'une bonne douche. »
Il ignora ses propos et s'empara de son téléphone. Il s'apprêtait à le déverrouiller, quand l'attention de Nurys fut prise par son écran; où plus précisément l'image sur l'écran.
« Attend. » Déclara-t-elle en se saisissant de l'appareil.
« Quoi? »
Elle ne répondit pas, trop occupée à inspecter l'image qui était une photo d'elle. Elle se rappelait très bien de ce jour. C'était le soir où il lui avait demandé d'être sa copine. Sur l'image, elle cachait son visage et rigolait. Ce souvenir eut pour effet de la faire sourire mais quand elle se rendit compte que l'image sur son écran d'affichage ou verrouillée était une photo qu'elle avait prise sur internet, son sourire disparut.
« Un problème? »
Se sentant honteuse, elle força un sourire et appuya sur le bouton de la caméra, « non aucun. Rapproche toi, on prend une photo.»
Il le fit avec réluctance, tout en essayant de comprendre les actions de la jeune fille, mais finit par abandonner quand il se rendit compte qu'il n'en avait aucune idée.
Ils se mirent à prendre ses selfies. Et si au début, ils souriaient tous les deux de façon timide, ils finirent par faire toutes les grimaces qu'ils connaissaient. À un niveau, ils étaient sur le point de prendre une photo quand leurs yeux se croisèrent.
C'est à ce moment que Nurys remarqua leur proximité. Elle put voir les yeux de Kasen se diriger vers ses lèvres, tandis qu'elle faisait pareil. Inconsciemment, elle se mordit les lèvres tout en essayant de mettre de la distance entre eux, mais il fut plus rapide.
Se saisissant de son menton, il l'observa droit dans les yeux et formula une question si innocente qu'elle fit frémir la jeune fille,« je peux? »
C'est avec le cœur qui palpitait qu'elle acquiesça de la tête.
Il n'attendit pas plus et l'attira une nouvelle fois à lui, scellant leurs lèvres.
❃❃❃
« Où étais-tu de toute la journée? »
Ce fut la première question que lui posa sa meilleure amie quand Nurys pénétra à l'intérieur de sa chambre.
Keyana était assise dans son fauteuil et avait croisé ses pieds. Elle ferma le livre qu'elle lisait et se saisit de son café.
« J'ai passé la journée avec Kasen. Il ne se sentait pas bien. » Répondit Nurys en se laissant tomber dans le lit de sa meilleure amie.
Elle avait prit une douche et se sentait plus fraîche.
« C'est pour ça que tu as cet éclat sur ton visage. »
« Je ne vois pas de quoi tu parles. » Se défendit-elle en évitant le regard de son amie.
« J'arrive à voir ce petit sourire que tu essayes de cacher. »
Nurys lui tira la langue avant d'attraper un oreiller et de l'enlacer.
« Je n'imaginais pas être autant heureuse. C'est vrai qu'il y a des moments où je suis un peu timide et gênée mais quand il me serre dans ses bras j'oublie tout. J'ai l'impression que nous somme dans notre bulle et personne d'autre n'y vit. »
« Ça sonne vraiment comme le vrai amour. Mais entre Jacob et Kasen, c'est si difficile de passer du temps avec toi. »
« Ne joue pas la jalouse. C'est un acte qui ne te va pas. Tu sais que c'est avec toi que je préfère passer le plus de temps. De plus tu as Lucien maintenant. »
À la mention du nom de Lucien, le sourire qui ornait le visage de Keyana disparut.
« Y-a-t-il problème? »
Elle bougea la tête de gauche à droite en signe de négation, mais Nurys n'était pas dupe. Elle pressa donc une fois de plus et cette fois-ci, Keyana craqua.
« Je pense que c'était une erreur, Nurys.»
« Pourquoi dis-tu ça? »
« J'ai l'impression que je me suis trompée sur lui et qu'il est incapable de changer. »
« C'est vrai qu'on parle de Lucien, mais il semble différent. »
« Il va toujours à des fêtes et passe ses soirées avec des filles comme des garçons. Il n'a pas abandonné ses anciennes manières. » Déclara Keyana tandis qu'elle se mordait la lèvre inférieure.
Nurys pouvait voir les larmes qui menaçaient de couler de ses yeux. Certes, Keyana restait une fille qui ressentait aussi des émotions, mais des deux, elle avait toujours été la plus forte. Celle qui était ferme et ne laissait personne lui faire du mal ou lui marcher dessus. Voir sa meilleure amie, aussi atteinte choqua Nurys.
« Keyana- » Murmura-t-elle.
Cette dernière bougea la tête de gauche à droite, « je suis une fille indépendante et je ne peux pas le laisser me marcher dessus de la sorte. Je ne vais pas lui donner plus d'importance qu'il ne le mérite. J'ai des valeurs. »
Il était évident que sa meilleure amie était bouleversée, aussi Nurys se leva et se dirigea vers elle afin de l'engouffrer dans un câlin.
Elle ignorait si les doutes de celle-ci était fondée et se contenta de la réconforter à défaut de l'assurer que tout irait bien avec lui.
Voilà pourquoi deux jours après, quand elle et Keyana se tenait devant les gradins et attendait que leurs copains respectifs les rejoignent, Nurys redoutait le pire.
Kasen fut le premier à les trouver et se dirigea vers elles d'une démarche confiante avec un grand sourire à la face. Il se saisit aussitôt des hanches de sa copine et après avoir salué Keyana, il lui fit un bisou dans le cou.
« Je suis content que tu sois là pour me soutenir. »
« Tu seras incroyable, je le sais. » Lui murmura-t-elle, tandis qu'elle plaçait ses mains sur sa poitrine.
Lucien les rejoignit au même moment et essaya de porter Keyana qui fit tout pour se défaire de son emprise.
« Où étais-tu? » S'enquit-elle, une fois qu'il eut renoncé à la porter.
« Tu peux arrêter d'être si encombrante et juste profiter du moment. »
Cette réponse du blond suffit à détruire l'ambiance.
Nurys se défit de son copain et coinça une mèche de ses cheveux en se mordant la lèvre inférieure afin de ne point se mêler à la conversation. Connaissant Keyana, elle n'était pas sans ignorer qu'elle voudrait gérer le problème à sa façon.
« C'est juste une question. Si tu es incapable d'y répondre peut-être que tu caches quelque chose. »
« Tu aimerais bien. Je suis honnêtement fatiguée de t'avoir tout le temps derrière moi à essayer de prouver que je suis quelqu'un dont il faut se méfier. »
« Parce que tu penses que tu ne l'es pas?»
« Tu savais dans quoi tu entrais quand tu as accepté de sortir avec moi. »
« Je regrette cette décision de jour en jour. »
« Alors pourquoi est-ce qu'on continue cette mascarade? Mettons-y fin maintenant, je n'ai rien à en cirer. » Déclara Lucien et avant même que Keyana n'ait répondu, il s'en allait.
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N/A: Que pensez-vous de ce chapitre?
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