39: Sarang

La distance. C'était ce qui faisait le plus mal. Quand la seule chose qu'une personne désirait plus que tout était d'avoir cette autre personne qui comptait autant, proche d'elle. Si proche, qu'ils avaient tous les deux l'impression de fusionner. Parce qu'au cas contraire, tous les os et muscles de leurs corps se languiraient de cette absence. Ressentir la distance c'était comme désirer cette autre personne dans son entièreté; rêver d'être capable de courir dans ses bras à chaque fois qu'une bonne ou mauvaise nouvelle pointait son nez. Être conscient que la présence seule de cette personne suffirait. L'un ignorait qu'il avait autant besoin de l'autre jusqu'à ce que cette satanée de distance ne pointe son nez et qu'il réalise qu'il était incapable de vivre en l'absence de l'autre. Certains diraient que la distance n'était qu'une illusion mais pour deux personnes qui s'aimaient, la distance était un enfer.

❃❃❃

En moins d'une seconde, Nurys était debout et fixait Kasen avec des yeux grands ouverts. Elle regretta son geste, la minute où ses pieds touchèrent le sol froid, précipitant en elle des sensations désagréables.

« Kasen, que fais-tu ici? » Elle s'enquit d'une voix aiguë. Quand elle se rendit compte que son ton avait été plus élevé qu'elle ne l'aurait souhaité, elle se mordit la lèvre inférieure en bougeant maladroitement son pied droit.

« N'es-tu pas heureuse de me voir? » Il demanda, en ignorant sa question.

Nurys nota comment il avait froncé ses sourcils et ralentit sa cadence. Elle prit le temps d'observer ce qu'il avait porté: un costume noir agrémenté d'une cravate toute aussi noire et d'une chemise blanche. Elle devait avouer que cela lui allait vachement bien.

« Bien... Bien sûr que je le suis. Mais je reste malgré tout confuse. Comment peux-tu être ici... ce soir surtout? » Elle balbutia essayant du mieux qu'elle le pouvait de formuler une phrase cohérente.

« Ton père m'a invité. » Il déclara en passant les mains dans ses cheveux.

Ce geste eut l'effet d'amener le coeur de la jeune fille à battre à la chamade. Déterminée à conserver une façade imperturbable, elle s'appliqua à maintenir le contact visuel qu'il avait instigué.

Ils continuèrent à se regarder; l'un cherchant un signe afin de fermer l'espace entre eux et l'autre toujours aussi confuse par la situation. Cependant après quelques secondes, Nurys abandonna toutes ses questions et se dirigea vers lui, avec toute la rapidité que lui permettaient ses pieds nus.

« J'arrive pas à y croire. Tu m'as tellement manqué.» Elle déclara en l'attirant dans un câlin.

Ils rompirent leur étreinte après que Kasen lui ait déposé un baiser au front en lui murmurant combien elle était belle. Il lui tendit ensuite le bouquet de fleurs qu'elle accepta en souriant.

« Tu n'es pas mal non plus. » Puis elle inhala l'arôme qui se dégageait des amaryllis en souriant.  « Tu t'es souvenu. Elles sont magnifiques. » La jeune fille faisait référence aux fleurs qui avaient été les mêmes que sur sa robe le jour de la fête de Calum. En d'autres termes ses fleurs préférées.

Ils se retrouvèrent plongés dans un silence pendant lequel, ils ne faisaient que se sourire. Nurys le brisa néanmoins, en attrapant ses mains.

« Tu viens, on va s'asseoir? J'ai froid aux pieds.» Elle fut heureuse de constater qu'il la suivit sans broncher.

Une fois qu'ils s'assirent, elle s'empara de ses talons et entreprit de les enfiler de nouveau. Quand elle eut finit, elle leva les yeux dans la direction du châtain et remarqua qu'il l'observait déjà, perturbé.

« Un problème? » Elle s'enquit en penchant sa tête, tout aussi confuse.

« Tu parais différente. Je pense que ce sont tes cheveux. » Il déclara en passant délicatement ses mains dans les cheveux de la jeune fille.

Elle sourit en se souvenant qu'elle avait remplacé ses mèches par une perruque.

« J'ai juste changé de coupe de cheveux. »

« Tu les as coupés? Quand ils étaient tressés, ils étaient plus longs. »

« Ce ne sont pas mes cheveux. » Elle déclara, visiblement amusée par sa confusion.

«  Je ne comprends pas. »

Nurys s'appliqua alors à lui expliquer comment les mèches et la perruque qu'elle avait à l'instant n'étaient en réalité pas ses cheveux. Elle lui montra des photos d'elle avec ses vrais cheveux pour illustrer son point.

À la fin de son explication, il semblait avoir finalement comprit,  « Sinon, tu es encore plus belle avec les cheveux bouclés. »

« Merci. » Elle déclara même si elle restait surprise qu'il se rendait juste maintenant compte qu'elle changeait ses coupes de cheveux. Elles avait passé les trois derniers mois à l'université à refaire différents types de mèches.

Ils se mirent ensuite à observer la piscine en silence, tandis que Kasen jouait avec les doigts de la jeune fille.

« Je n'arrive toujours pas à croire que tu es ici. J'ai tellement de questions. »

« Je sais. » Il déclara en appliquant une légère pression sur ses doigts. « Et je répondrai à toutes tes questions, mais prends le temps de respirer avant de les poser. »

Elle sourit face à sa remarque et inspira un grand coup tout en plaçant sa main gauche sur sa poitrine.

« Okay, que fais tu réellement ici?»

« Ton père m'a invité. » Il répéta encore.

« J'ignorais qu'il te connaissait.»

Pour toute réponse, il hocha des épaules.

« Kasen. » Elle se plaint en appuyant sur la seconde syllabe de son nom.

Le sourire de ce dernier s'élargit tandis qu'il l'attirait à lui.

« Ton oncle nous a mit en contact, puis ton père m'a demandé si je pouvais assister à cette soirée. Il voulait savoir avec qui sa fille avait une relation. »

« Et tes parents ont acceptés que tu t'absentes le jour du réveillon? »

« Je leur ai dit que je voulais le passer avec ma copine. Je reconnais que ce n'était pas facile de les persuader mais vu qu'ils pensaient sûrement que c'était Piper, ils ont fini par entendre raison. »

Blottie dans les bras de Kasen, Nurys ne s'attendait pas à ce que son coeur se resserre à la mention du nom de Piper. Une fois encore, elle était rappelée de l'histoire qu'ils avaient ensemble. Les parents de Kasen la connaissaient si bien, qu'ils pensaient qu'elle était sa copine.

Imperméable aux émotions que ressentait la fille dans ses bras, Kasen lui glissa un rapide bisou dans le cou.

Nurys se défit presqu'aussitôt de son étreinte, « Piper, dis-tu? »

Elle baissa ensuite ses yeux en évitant clairement son regard.

« Nurys. »

« Hm. » Ce murmure presqu'imperceptible peina à sortir de sa bouche.

Il se saisit de son menton et prit la parole en la regardant droit dans les yeux, « l'important c'est que c'est de toi que je parlais. »

Le sourire qu'il lui lança ensuite suffit à effacer les craintes de la jeune fille.

« J'ignorais être ta copine. » Elle le taquina en bougeant des sourcils.

Elle était consciente de l'immaturité de ce geste, mais voir Kasen passer ses mains dans ses cheveux, tout en inclinant sa tête vers le bas avec un demi-sourire, l'encouragea à continuer.

En l'espace de quelques instants, le regard du jeune homme devint plus sérieux, « ça dépend. Voudrais-tu l'être? »

Avant qu'elle ne puisse dire un mot, il fermait l'espace entre eux. Inconsciemment, elle laissa ses yeux se diriger vers ses lèvres.

« Si c'est comme ça que tu demandes aux filles de sortir avec toi, je suis déçu Kasen White. »

Elle savait que son commentaire l'avait déstabilisé et elle en profita pour rompre leur contact visuel et se lever. « J'aimerais tremper mes pieds dans l'eau. »

Elle prit ensuite la direction de la piscine. Et juste comme ça, elle avait mit de la distance entre eux et briser cette connection qui venait de s'établir. Loin d'être triste, la jeune fille se sentait soulagée. Elle ignorait si elle aurait été capable de contrôler ses actions, si elle était restée une seconde de plus à ses côtés.

L'eau calme de la piscine agit comme un aimant. Hypnotisée, elle oublia presque la présence de Kasen et se baissa afin d'y plonger ses doigts. Elle dessinait des courbes dans l'eau quand la silhouette du jeune homme apparut à ses côtés.

« Nurys. »

« Hm. »

« Voudrais-tu être ma copine? » La voix de Kasen s'éleva dans le silence de la nuit.

Cette question eut l'effet d'une bombe sur la jeune fille qui fut incapable de bouger. Bien que tout allait à merveille entre eux, elle n'avait pas imaginé qu'il lui poserait cette question. Elle était sûre qu'ils n'avaient pas besoin d'avancer si vite vu qu'ils venaient à peine d'apprendre à se tolérer. Elle se mit à penser à leurs derniers mois ensemble; de la fête aux derniers jours qu'ils avaient passé à Querencia. Puis elle pensa à Isabella, à Piper et à Constance. De même que les conversations échangées avec Lucien, Jacob, Keyana et Alyssa sur le châtain. Puis finalement à comment sa mère s'y opposait et à Christopher. Christopher qui était la raison pour laquelle elle avait intériorisé cette idée que les races ne pouvaient point se mélanger.

« Nurys? »

Elle voulait dire quelque chose. N'importe quoi. Mais seulement elle ignorait quoi.

« Finalement, je vous ai cherché partout. »

La voix de sa mère, amena Nurys à se lever précipitamment, tandis que Kasen mettait une distance raisonnable entre eux.

« Maman? »

« Ton père souhaiterait discuter avec toi et... Kasen, je présume. » Elle déclara fermement en détaillant le châtain du regard.

« Oui madame. » Ce dernier déclara, complètement livide.

Ils se dirigèrent en silence vers l'imposante mansion. À peine franchissaient-ils la porte que Nurys se sentait étouffer face au bruit de la musique ainsi que le monde qui remplissait la salle. Elle essaya du mieux qu'elle le pouvait de ne pas laisser ses émotions prendre le dessus. Sa mère serait rapide à exprimer son désaccord.

Cependant, Kasen qui semblait s'être rendu compte des émotions auxquelles la fille était en proie, se saisit de sa main avant d'y appliquer une légère pression. Quand leurs yeux se croisèrent, il lui lança un petit sourire.

Le reste de la marche se poursuivit dans le silence, même si à certains moments, un membre de sa famille la stoppait elle ou sa mère afin d'entamer une brève conversation.

Ils rejoignirent enfin le père de Nurys qui était en compagnie de Jaxon, son oncle et sa tante ainsi que d'une jeune fille.

À leur arrivée, William, l'oncle de Nurys se dirigea vers Kasen en ouvrant ses bras, « Kasen White, tu es un véritable homme maintenant.»

Kasen jeta un rapide coup d'oeil dans la direction de Nurys qui était plus gênée que lui, avant d'accepter le câlin dans lequel l'homme le tirait.

« Vous les jeunes, vous n'aimez certainement pas les démonstrations d'affection.» William déclara en donnant une petite tape à l'épaule de Kasen. « Comment se portent tes parents? »

« Très bien monsieur Simmons, ils vous passent le bonjour. »

« Je devrais passer un de ces jours afin de goûter à la somptueuse tarte à la fraise que fait Arleta. »

L'attention de Nurys se reporta vers la jeune fille aux bras de son frère, tandis que Kasen faisait la conversation avec son oncle. Nurys devinait que c'était la fameuse Rachelle, la fille en qui son frère était intéressé. Elle souriait nerveusement tout en écoutant la conversation qui se déroulait autour d'elle. Cependant, son attitude changea la minute où ses yeux croisèrent ceux de Nurys et elle lui lança un sourire. En répondant à son sourire, Nurys sentit, Kasen qui entrelaçait pour la énième fois de la soirée, ses doigts dans les siens.

❃❃❃

« Ton père est tellement cool. »

« Il a passé près d'une demi-heure à t'apprendre des pas de danse de mon pays. J'étais sûre que tu allais le détester. » Nurys le réprimanda en pouffant de rire.

« De quoi parles-tu? J'ai adoré tout ce qu'on a fait ensemble. »

« Même la soupe qu'il t'a fait goûté. »

En plaçant sa main sous son menton, Kasen lui accorda un sourire, « peut-être tout sauf ça. J'ai vraiment pas compris la texture. »

« Je pensais que ton plus grand problème était le fait que c'était trop épicé. T'as vu le nombre de verres d'eau que t'as finit par ingurgiter. »

« Rachelle n'a eu aucun problème avec son plat. » Kasen observa avec une moue.

« Mais tu as adoré les bananes plantain frites. »

« C'était lesquels déjà? »

« Sérieux! »

« Je blague. » Il déclara en plaçant ses bras autour de l'épaule de la basanée. Elle s'immobilisa quand il approcha son visage et se mit à frotter son nez sur le sien.

« Tu es de plus en plus collant ces temps-ci. »

« Ça t'importunes ? »

Elle se mordit les lèvres en évitant son regard, « non. »

Une dizaine de minutes plus tard, ils étaient de nouveaux réunis autour de la piscine.

« Je dois retourner sous peu. »

« Pourquoi ne te reposes pas en premier lieu? Il est déjà trois heures du matin. »

« Mes parents veulent que je sois de retour à temps pour qu'on se rende à l'église. Le jet familial m'attend probablement. »

« Et on devra encore se dire nos adieux jusqu'à la fin des congés. »

« Ne tâches pas de te trop penser à moi. »

« Tu aimerais. »

« Peut-être. » Il murmura et une fois encore, ils se retrouvaient plongés dans un silence. « Nurys, tu sais que j'attends toujours ta réponse. »

« Concernant- » Elle déclara en évitant son regard. Elle n'avait pas besoin de finir sa phrase. Ils savaient tous deux de quoi il parlait.

« Oui. »

« Je -»

Elle eut à peine le temps de ciller qu'il s'emparait de ses mains. Derrière eux, le bouquet de fleurs qu'il lui avait remit reposait sur la longue chaise où la possibilité de cette question avait émergé.

« Nurys, tu me plais énormément et je suis prêt à patienter. C'est normal que tu sois hésitante mais je veux que tu saches que mon coeur t'appartient et ce depuis le premier jour où je t'ai vu. »

« Kasen, je- »

« Tu m'as intéressé premièrement et j'attendrai. »

Il était évident pour Nurys, qu'il paniquait. Elle anticipait qu'il allait recommencer à parler quand elle plaça son index sur ses lèvres. Il cligna des yeux à plusieurs reprises avant de lui lancer un regard plein de confusion.

« Arrête Kasen, j'accepte de sortir avec toi. »

« Vraiment? »

« Vraiment. »

« En es-tu sûre? »

« Oui. »

« Wow, je ne m'attendais pas à ça. » Il déclara en lâchant les mains de la basanée. Il se mit ensuite à reculer en passant les mains dans ses cheveux.

« Kasen, vas-tu bien? »

« J'arrive juste pas à y croire. Je suis l'homme le plus heureux au monde. » Il déclara en refermant très vite la distance entre eux. « Puis-je t'embrasser? » Il s'enquit ensuite en attrapant ses joues.

« Oui. » Elle déclara dans un murmure.

« Vraiment? »

Exaspérée, elle roula des yeux avant de s'emparer de son visage et de l'attirer dans un baiser.

|||
Merci d'avoir donné et de continuer à donner à ce livre une chance. Je vous suis reconnaissante à jamais.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top