20: Vorfreude
— Key, ouvre-moi la porte s'il te plaît.
Keyana se mise à fixer la porte de sa chambre qui se faisait marteler par personne d'autre que sa meilleure amie. Inquiète et surprise, elle se leva de son lit, afin de la permettre d'entrer.
Une fois que la porte fut ouverte, Nurys s'y engouffra et la referma avant d'y prendre appui. Pendant ce temps, Keyana l'observait avec une barre de chocolat dans la bouche.
— J'ai besoin de conseils. Je me suis mise dans de beaux draps.
— Pourrais-tu m'expliquer ce qui se passe, en premier lieu?
Nurys passa sa main dans ses cheveux, en essayant de toutes ses forces de rester composée.
— J'ai pris un raccourci mais Kasen ne tardera pas à aller cogner à la porte de ma chambre.
— N'est-il pas censé t'avoir déjà trouvé? S'enquit son amie tandis qu'elle engouffrait ce qui restait de sa barre de chocolat.
Pour Nurys, un truc était certain. Keyana ne comprenait pas et alors là pas du tout la gravité de la situation.
— Q-quoi? Oh techniquement oui. Mais c'est une longue histoire. Penses-tu que ce serait une bonne idée d'accepter son invitation de passer les congés de Noël en sa présence?
— Qui? Quoi... Congé de Noël? Répéta la jeune fille aux cheveux bouclés en prenant un air plaisantant.
Quand elle se rendit compte que Nurys était actuellement sérieuse, son allure changea.
— N'est-ce pas un peu trop tôt.
— C'est bien ce que je pense mais il a carrément dit à Jacob qu'il pensait être amoureux de moi, déclara-t-elle en se dirigeant vers le canapé de Keyana et s'y jetant presque dessus.
Elle et Kasen avaient à peine commencé à se tolérer. Il n'avait pas le droit de jouer avec ses émotions de la sorte.
— Kasen a dit ça? Comment le sais-tu? S'enquit Keyana, qui cherchait toujours à avoir plus d'informations.
Et ça c'était la Keyana que Nurys connaissait. Elle ne formulait ses opinions que quand elle était sûre d'avoir toutes les informations possibles.
— Je ne sais pas Key'. Je n'ai jamais eu de copain. Je ne sais pas comment ça marche, répondit-elle tout en mordant sa lèvre inférieure.
— Que veux-tu, toi? S'enquit Keyana qui elle aussi prit place dans son lit et se mit à fixer sa meilleure amie d'un regard sérieux.
— J'en ai aucune idée. C'est bien la raison pour laquelle je suis venue te voir.
— Et si j'appelais Alyssa?
— Non! S'écria presque Nurys. Je sais déjà ce qu'elle dira.
Avec Alyssa, il n'y aurait pas deux réponses. La seule chose qu'elle ferait, serait d'urger Nurys d'accepter la proposition du jeune homme.
— On va alors procéder d'une autre manière. Avant d'aller à la grande salle ce soir on avait eu une discussion et tu m'avais bien dit que tu aimerais tout connaître de lui; que tu avais l'impression que cela prenait tellement de temps. Et si c'était un signe du destin?
— Ce n'était que du badinage. Je n'étais pas si sérieuse, mentit la jeune fille en s'enfonçant un peu plus dans le canapé. Elle détestait mentir à sa meilleure amie, mais elle craignait bien plus les futures actions que poserait le châtain.
- Vraiment?
— Okay, juste un tout petit peu. Avoua Nurys, succombant au regard perçant de Keyana.
— Tu as ta réponse. En plus on a tous vu le regard qu'il t'a lancé quand il a dit qu'il avait d'autres plans ses vacances. Tu devrais te dépêcher de regagner ta chambre avant qu'il ne s'en aille.
Nurys souffla bruyamment avant de faire un câlin à sa meilleure amie.
— Je t'appelle dès que j'ai fini avec lui.
— Bonne chance.
❃❃❃
En se dirigeant vers sa chambre, Nurys remarqua Kasen qui s'en éloignait tout en consultant son téléphone. Il avait les sourcils froncés et paraissait décontenancé.
— Kasen! La tête de ce dernier se souleva quand il entendit son nom.
Elle se dirigea vers lui en retardant volontairement sa cadence.
— Où étais-tu pendant tout ce temps? J'ai l'impression de t'avoir cherché dans toute l'université, observa-t-il quelque peu déçu.
Un rire gêné s'échappa des lèvres de Nurys tandis qu'elle passa ses mains dans ses cheveux. C'était un tic qu'elle avait développé à force de traîner avec le châtain.
— Je doute que tu aies fait toute l'université. Je suis persuadée que si c'était le cas, tu m'aurais trouvé. J'étais d'abord avec Jacob, puis j'ai rejoint Keyana.
— Je vois... déclara-t-il, ne paressant pas le moins du monde convaincu.
Mais avant qu'elle n'ait prit la parole, il reprit.
— Serait-ce possible qu'on parle?
— Qu'on se parle? Dans ma chambre j'imagine? S'enquit-elle en pointant la porte qui les séparait de sa chambre.
— Oui si cela ne te dérange pas, déclara Kasen.
Celui-ci ignorait tout bonnement les répercutions de ses paroles sur la bronzée. En effet, chaque seconde qu'elle passait en sa présence, elle ne cessait d'espérer que le sol s'ouvre sous pieds afin qu'elle ne disparaisse.
— Me déranger? Non, non pas du tout, réussit- elle à articuler tout en essayant de prendre appui sur le mur de manière décontractée. Cependant, elle n'avait pas bien calculée la distance entre elle et celui-ci et faillit s'étaler de tout son long au sol. Elle se rattrapa malgré tout très vite.
— Suis-moi, déclara-t-elle, en évitant son regard.
Avant qu'elle n'ait fait un pas de plus, il se saisit délicatement d'une de ses mains.
— Es-tu sûre que ça ne te dérange pas que j'entre dans ta chambre? C'est après tout ton espace personnel, murmura-t-il sans la quitter des yeux.
— Non pas du tout, répondit à moitié gênée.
Elle savait bien qu'elle n'avait aucune raison d'être aussi gênée, mais l'anticipation de la fameuse question qu'il lui poserait, suffisait à chambouler toutes ses pensées.
Tandis qu'elle ouvrait la porte de sa chambre, elle le sentit un peu plus proche d'elle qu'elle ne s'y attendait. Elle sursauta presqu'en entendant sa voix.
— J'ai eu l'impression que tu m'évitais.
— Que je t'évitais? Pour quoi diable irais-tu imaginer des choses pareilles? S'enquit-elle en riant nerveusement. Elle se mit ensuite à jeter des regards dans tous les recoins de sa chambre, afin de ne pas le regarder lui.
— Es-tu sûre que tout va bien?
Faisant semblant de chercher quelque chose dans son frigidaire, elle prit la parole.
— Tout se déroule à la merveille, déclara-t-elle en adoptant une pose de cow-boy et en claquant des doigt.
Un demi-sourire s'afficha sur les lèvres de ce dernier.
— Ce comportement ne te va pas.
Il avait bien raison, elle pensa en s'arrêtant aussitôt. Puis, elle respira longuement avant de diriger vers son lit et de se laisser tomber. À sa permission, Kasen prit place dans un des sièges présents.
Elle se mit à l'observer tout en gardant ses bras croisés. Lui de son côté, examinait sa chambre avec intérêt. Nurys aimait ce côté de lui, si imperturbable. Mais en réalité, elle ignorait qu'il essayait de rassembler le courage nécessaire pour débuter la conversation.
Quand leurs yeux se croisèrent, il se rendit compte qu'elle l'observait déjà.
— Un problème?
— Tu voulais me parler, j'attends.
— Très belle chambre, Nurys, déclara-t-il, tout en prétendant qu'il n'avait pas remarqué l'urgence derrière ses paroles.
Il s'empara d'une des peluches qui reposaient sur la table d'étude devant lui.
— Merci, répondit-elle d'une petite voix.
— J'imagine bien qu'après les événements de la soirée, j'ai énormément d'explications à te fournir.
— J'imagine bien aussi.
— J'aimerais que tu saches que je n'essayais pas de te froisser en décidant de parler avec Piper à la fin du repas.
— Me froisser? Pas du tout. Ça ne m'a pas déranger, répondit-elle en forçant un sourire, qui ressemblait plus à une grimace.
— Je suis content qu'on soit d'accord sur ce sujet. Lucien et Jacob étaient persuadés que tu l'avais mal prit.
— On peut voir que non, remarqua-t-elle en riant gauchement.
— Arrête Nurys, je sais que ça t'a dérangé.
La mine de celle-ci se renfrogna sur le champs.
— Je veux que tu saches que je ne jugerai jamais tes choix. Tu dois faire ce que tu veux en premier lieu et si ça équivaut à parler avec Piper, qu'il en soit ainsi.
— Je lui ai demandé de s'éloigner de toi, l'annonça-t-elle en gardant les yeux fixés sur elle.
Comme s'il essayait de lire en elle.
— Oh!
— Je ne voulais pas qu'elle pense que j'essayais de l'humilier devant toi. On se connaît depuis longtemps elle et moi. Nos parents aussi, donc je voulais éviter un drame en la prenant de côté.
Incapable de prononcer un mot, Nurys acquiesça de la tête. Elle s'était donc trompée sur toute la ligne. Kasen n'avait jamais mis Piper avant elle.
Elle repensa à la conversation passée entre Kasen et Jacob et son cœur se mit à battre plus fort. Elle se mit à craindre le moment où il aborderait la fameuse conversation.
— Maintenant qu'on s'est entendu, je vais te laisser. On a une longue journée devant nous demain, déclara-t-il en se levant.
— C'est juste ça? Plus rien? S'enquit-elle en se levant à sa suite.
— Oui. J'ignorais qu'on avait d'autres problèmes? Plaisanta-t-il.
— Non, mais je pensais que -
— Bonne nuit Nurys, l'interrompit-il, un sourire aux lèvres. Fais de beaux rêves.
Longtemps après qu'il soit parti, Nurys resta debout rejouant encore et encore la scène. Pourquoi ne lui avait-il pas posé la question? Se pouvait-il qu'il sache qu'elle savait? Ou alors avait-il changé d'avis et décidé qu'il ne voulait plus passer ses vacances avec elle?
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