16: Kilig

Aucune race n'a causé plus de terreur, de souffrance et de peine que celle caucasienne. Mais comme le phénix qui renaît de ses cendres, le caterpillar qui se transforme en papillon et la fleur qui s'épanouit, cette race mérite aussi d'être donnée une seconde chance. Après tout, devrait-on être jugé coupable à cause des actes de nos aïeux? Je pense bien que non. Cet essai a essayé de démontrer que la race caucasienne des temps modernes, ne différerait en aucun cas de celle de l'ancien temps. L'hypothèse a malheureusement été remise en question. En effet, s'il est très dangereux et destructeur de généraliser une race entière, la détester pour des actes aussi lointains qu'étaient ceux de la colonisation est encore plus cruelle, sanglante et dévastatrice. Et parfois, il suffit de ne rien de plus qu'une personne pour vous le faire voir.

Fin.

— Nurys tu viens? Kasen t'attend à l'extérieur de la salle commune.

— Oh zut!

Nurys s'empressa de sauvegarder son essai et de fermer son ordinateur avant de se lever à la hâte. Kasen était arrivé beaucoup plus tôt que prévu, elle pensa en enfilant un par dessus et se saisissant de son sac à mains.

Pour l'occasion, elle s'était habillée simplement. Enfin aussi simplement que lui permettait son statut. Elle avait enfilé une robe ainsi qu'une jaquette et des petites bottes, vu la saison.

À la sortie de sa chambre, Keyana était présente. Alyssa qui avait eu un truc d'important à faire ( Nurys suspectait juste qu'elle rencontrait Calum), lui avait envoyé un message un peu plus tôt pour lui souhaiter une charmante soirée en compagnie de Kasen.

— Tu es ravissante ma belle, s'exclama Keyana,  la minute où elle vit son amie. Je vois que tu as pris plus de temps à te maquiller.

— Pas du tout, Nurys tenta de protester, même si elles savaient toutes les deux que Keyana avait raison. Son maquillage qui était d'habitude constitué d'un mascara et d'un fond de teint était à présent plus lourd. Elle avait ajouté du eye-liner et du rouge à lèvres.

Keyana se mise à la fixer en plissant des yeux et croisant ses bras dans l'optique de la forcer à dire la vérité.

— Ok j'avoue. Un petit peu. Maintenant pourrais-je le rejoindre?

Le sourire de Keyana s'agrandit. Elle n'arrivait pas à croire que sa meilleure amie ait autant changée.

— Je te laisse rejoindre ton amoureux, plaisanta Keyana tandis qu'elle faisait une révérence.

Pour toute réponse, Nurys roula des yeux avant d'inspirer longuement et d'empoigner son sac à mains. Au programme, un restaurant chic et simple avec Kasen.

❃❃❃

En sortant du bâtiment qui conciliait la salle commune des filles, Nurys fut accueilli par un beau coucher de soleil. Le ciel avait une couleur violette avec une teinte légèrement rosée et or. Au loin, il y avait un arc en ciel caché par milles et un nuages. Le spectacle était resplendissant.

Kasen marchait à ses côtés, en gardant ses mains dans ses poches. Pour l'occasion il avait opté pour un style élégant qui différent de celui qu'elle lui connaissait d'habitude. Il avait abandonné ses t-shirts et pull-over de hautes marques et était à présent vêtu d'une veste et d'un pantalon.

Elle ne put s'empêcher une fois encore de sourire en pensant à sa réaction quand il l'avait vu un peu plus tôt. Pendant quelques secondes, il avait été incapable de parler, puis il avait légèrement rougi en laissant échappé un Wow.

Tu es ravissante Nurys.

Il pensait qu'elle était ravissante.

Le sourire de cette dernière s'élargit.

— T'étais-tu déjà rendu au restaurant que l'on a choisit? S'enquit Kasen, brisant le silence qui s'était installé entre eux.

En réalité, depuis qu'elle l'avait rejoint en dehors de la salle commune, il avait tourné et retourné maints sujets de conversations. Lui qui d'habitude avait toujours quelque chose à dire, s'était retrouvé muet, subjugué par tant de beauté.

Il se souvenait comment elle avait eu ce même effet sur lui la première fois qu'il l'avait vu cette année. C'était à une des nombreuses fêtes que Calum avait organisé. Il se souvenait comment il avait rejoint ses amis, suite à une demande expresse d'Alyssa (bien que pour lui c'était plutôt un ordre) s'attendant à entendre pendant toute une nuit les mots d'amour entre son ami et la mexicaine. Il les adorait peut-être tous les deux mais il n'était nullement intéressé à subir cette torture.

Il avait alors empoigné deux des filles qui s'étaient désespérément coltinées derrière lui pendant une grande partie de la soirée avant de les rejoindre. S'il devait être en présence des deux tourtereaux, il aurait besoin d'un passe-temps.

À son arrivée, Lucien avait été le premier qu'il avait remarqué. Celui-ci était en grande discussion avec une jeune fille aux cheveux bouclés. Enfin si on mettait de côté le fait qu'elle donnait l'impression de vouloir être n'importe où qu'en sa présence; et aussi le fait que Lucien était véritablement le seul qui parlait. Puis cela avait été Alyssa qui à peine l'avait-elle salué, entrait déjà en grande conversation avec Calum. Peut-être qu'elle avait voulu qu'il les rejoignent, mais il était évident que c'était avec Calum qu'elle voulait être.

Finalement, il l'avait remarqué elle. Elle, dont l'attention était partagée entre la fille qui retenait la concentration de Lucien et Jacob, l'avait captivé lui. Il ne put s'empêcher de ressentir un pincement au coeur, en voyant comment elle lui avait à peine accorder un rapide regard, avant de se concentrer à nouveau sur son meilleur ami. Son sourire se matérialisa malgré tout quand il se souvint que Jacob n'était pas intéressé par les filles.

— Hey toi la fille aux longues mèches, qui es-tu? Se souvenait-il avoir demandé en pointant un doigt dans sa direction.

C'était peut-être mal poli, mais il s'en foutait. Il désirait fortement qu'elle le remarque aussi et quoi de plus facile que d'agir comme un mauvais garçon?

— J'en avais certes entendu parler mais je n'ai malheureusement jamais eu le temps de m'y rendre. Qu'en est-il de toi? Y es-tu déjà allé? La voix de Nurys retentit à ses oreilles, ce qui le ramena à cette réalité. Une réalité où ils se rendaient à leur premier rendez-vous.

— J'y suis déjà allé avec Jacob. Ravi de t'y introduire, répondit- il tout en souriant.

Il s'arrêta devant sa voiture et tel un gentleman ouvrit la portière à Nurys.

C'était une voiture grise foncée qui attirait l'attention sans être pour autant vulgaire. Elle était très belle et Nurys était consciente que c'était définitivement un dernier modèle.

— Très belle voiture, déclara-t-elle en y prenant place.

— Merci, déclara-t-il en s'assurant qu'elle était bien installée avant de fermer la portière. Quelques secondes après, il avait lui aussi prit place du côté conducteur.

— Prête? Demanda-t-il.

Elle acquiesça de la tête, et après un dernier coup d'œil dans le rétroviseur, il démarrait.

❃❃❃

Kasen n'avait pas besoin de le savoir, mais c'était le premier rendez-vous de Nurys. La veille, elle et Keyana étaient restées éveiller, passé le couvre-feu à s'interroger sur le comportement qu'elle devait avoir et les sujets qu'elle devait aborder.

C'était donc naturel, qu'en compagnie du brun, elle ne savait point où se mettre. Une fois arrivés au restaurant, il lui demanda d'attendre tandis qu'il sortait et se dirigea de son côté pour ouvrir la portière.

— Tu aurais dû me dire que c'était pour m'ouvrir la portière, Kasen. Remarqua-t-elle, tout en affichant une petite moue.

Il lui tendit sa main avant de prendre la parole.

— Tu ne m'aurais pas laissé.

S'en saisissant, elle sortit de la voiture.

Derrière eux, un employé du restaurant patientait.

Pourriez-vous me remettre votre clé afin que je gare convenablement votre voiture monsieur?Demanda-t-il après les avoir salué poliment.

Kasen hocha la tête avant de lui remettre la clé. Nurys observa son interaction avec l'employé. Contrairement à ce qu'elle imaginait, il restait poli. Même si, son sourire avait disparu et qu'il gardait une certaine distance, à aucun moment, il ne donnait l'impression de se sentir supérieur.

Quand il se retourna vers elle, son sourire réapparut.

— On y va? Demanda-t-il.

— Oui. Sa voix retentit faiblement à ses oreilles mais c'était ce que Kasen attendait pour se saisir de sa main.

Une fois à l'intérieur, ils furent conduit à une table. Depuis toute petite, Nurys avait vécu dans ce monde de pierres précieuses, de chanson d'opéras, d'excès et de luxe. Ce monde où chacun de ses pas étaient surveillés; ce monde où il lui fallait apprendre très tôt les noms des plats de la haute gastronomie et de chaque couverts; ce monde où chaque enfant devait pratiquer un sport, et dans son cas à elle, une danse: le ballet; ce monde où elle devait toujours être soignée et cultivée. Ce monde d'aristocrates.

Elle devait avouer, qu'elle avait toujours eu l'impression de ne jamais vraiment en faire partie. Ces aristocrates qui prêchaient la raffinerie, étaient ceux qui médisaient le plus, et il y avait toujours quelque chose qu'elle pouvait mieux faire, mieux dire, ou mieux comprendre. À la fin, cela devenait saoulant et petite, elle rêvait de s'y échapper. Elle avait l'habitude de s'enfermer dans sa chambre et observer de la fenêtre de sa mansion, les oiseaux. Et c'est à ces moments qu'elle se sentait exister. Elle rêvait être un jour aussi libre qu'eux. Et si avec le temps, elle était finalement arrivée à la conclusion que ce ne serait peut-être jamais le cas, étudier le journalisme à l'université lui avait redonné de l'espoir.

Il se pouvait que ses parents espéraient qu'avec le temps, elle changerait d'avis et se ravise à succéder à leurs entreprises familiales, mais elle laissait ce rêve à son grand frère Jaxon.

— Désirez-vous quelque chose à boire? La voix d'un serveur la sortit de ses pensées, après qu'il eut déposé le menu sur la table.

Ils avaient écopés d'une table à deux et Nurys avait dû se mettre de côté pour éviter que leurs pieds à elle et Kasen ne se touchent. Elle ne voulait même pas penser à combien elle aurait trouvé la situation gênante.

Elle entendit de loin Kasen commander un verre dont le nom sonnait étrangement exotique. Elle, de son côté consultait le menu pour passer le temps. Elle avait toujours deux boissons qu'elle commandait partout où elle allait: un Mojito vierge ou une Limonade. Bien sûr ses parents avaient maintes fois essayer de la convertir au vin quand elle avait atteint l'âge mature, mais cela n'avait jamais marché.

— Un verre de Limonade, s'il vous plaît.

Si Kasen fut surprit, il ne laissa rien paraître. Le serveur s'en alla après s'être assuré qu'ils n'avaient besoin de rien d'autre.

— Alors que penses-tu de ce restaurant? S'enquit Kasen.

— J'aime bien, répondit-elle, tout en jetant quelques coups d'œil aux alentours.

Autour d'eux, il y avait quelques couples qui sirotaient leurs boissons ou mangeaient leurs repas tout en discutant.

— Je suis soulagé. Tu étais très silencieuse quand nous sommes arrivés. J'avais peur que tu ne soies déçue.

Elle regretta aussitôt son silence. L'amener à se reprocher son choix était la dernière chose qu'elle voulait.

— Non pas du tout. J'étais perdue dans mes pensées mais je puis t'assurer que ce ne sera plus le cas. Alors dis-moi quelque chose sur toi que j'ignore, déclara-t-elle, en entamant la conversation.

Elle sourit intérieurement en se rappelant comment Keyana lui avait répété plusieurs fois la veille que c'était la manière la plus facile d'aborder une conversation.

Kasen passa sa main dans ses cheveux avant d'afficher un minuscule sourire.

— Il y a plusieurs choses que j'aimerais que tu saches. Mais j'imagine qu'on aura assez de temps pour apprendre à nous connaître. Enfin j'espère....

Il se mordit la lèvre inférieure en rougissant dangereusement.

— Je m'égare désolé. Je voulais dire que- J'essaye de dire... Il se tut, face au sourire qui s'était matérialisé sur la face de Nurys, puis reprit de plus belle,

— Ais-je dit quelque chose qu'il ne fallait pas? Je savais que j'allais tout gâcher. Il déclara en passant à nouveau sa main dans ses cheveux.

Le sourire de Nurys s'élargit encore plus, tandis qu'elle se saisit de son autre main qu'il avait laissé sur la table.

— Arrête de t'emporter. On ne t'as pas dit que tu devrais arrêter d'autant toucher tes cheveux? Je souris parce que je trouve que tu es mignon.

Ce fut à son tour à elle de se sentir mal à l'aise. Elle lâcha sa main et détourna son regard précipitamment. Lui de son côté, ne pouvait s'empêcher de se moquer d'elle.

— Ce n'est pas ce que j'insinuais. Je voulais dire que je trouvais la situation mignonne.

Ils furent sauvés par le serveur qui revint avec leurs boissons. Il les déposa sur la table avant de demander s'ils avaient fait leurs choix sur ce qu'ils commanderaient.

Nurys qui n'avait pas vraiment réfléchi à ce qu'elle prendrait, se mise à sourire avec gêne. Kasen ressentant son mal à l'aise se saisit délicatement de sa main.

— Que dirais-tu d'essayer ce que je m'apprête à prendre? J'ai beaucoup aimé et je suis sûr que toi aussi, murmura-t-il en sa direction au même moment où le serveur s'apprêtait à leur offrir encore plus de temps.

— Je prendrai la même chose que lui, déclara-t-elle, avant de laisser Kasen prendre parole.

Quelques secondes plus tard, le serveur était parti.

— Ne pense pas que j'ai oublié ce que tu as dit plus tôt.

— Et ne pense pas que j'ai oublié que tu n'as toujours pas répondu à ma question, répondit-elle en sirotant sa limonade.

— Très perspicace mademoiselle Simmons. Pour répondre à ta question, je dirai que j'étudies le journalisme pour être capable de redonner une nouvelle vie, un nouvel espoir au monde, lui avoua-t-il.

Sa confidence eut pour don d'intéresser la jeune fille.

Elle plaça ses bras sous son menton.

— Pourrais-tu étendre?

Il sourit, avant de poser son verre sur la table.

— J'ai l'impression que le monde manque de quelque chose. Il n'y a plus d'espoir. J'ai toujours été passionné par la technologie et l'art. J'aimerais savoir ce que cela fait de créer un nouveau monde, de faire rêver les êtres humains. J'ai pendant longtemps réfléchi à comment impacter ce monde et je pense que si je suis capable de créer quelque chose de nouveau sur internet, je devrais l'utiliser pour aider les hommes à oublier leurs vies, s'évader d'une façon. Je voudrais être capable d'ajouter un sourire à la face d'une personne grâce à mon art, répondit-il, tout en observant son verre, une étincelle brillant dans ses yeux.

— Wow, je ne m'y attendais pas.

— Et toi? Demanda-t-il, du but en blanc.

Elle prit son temps à répondre à sa question et il resta silencieux, attendant qu'elle parle.

— J'aimerais être capable d'aider les gens à découvrir le monde et se rendre compte qu'il est infini et peut-être que tout est possible. J'aimerais leur montrer la réalité des choses. Je pense sincèrement que beaucoup ignorent encore qu'ils peuvent oser et être, qu'ils peuvent être capable de sortir de leurs carapaces et j'espère qu'en devenant une journaliste je puisse être capable de leur montrer.

Mais surtout j'aimerais être libre. Elle pensa tellement fort qu'elle eut peur qu'elle l'ait dit à haute voix.

Un regard en direction de Kasen l'amena pendant quelques secondes à croire qu'elle l'avait peut-être fait. Il resta immobile pendant quelques secondes, ses yeux fixés sur elle. Puis un sourire apparut sur sa face. Elle sût alors qu'elle ne l'avait pas dit à haute voix. Elle ne pensait pas qu'il comprendrait.

— Si on ne se trouvait pas dans un restaurant, j'aurais applaudi, Nurys Simmons tu es vraiment inspirante.

Elle sourit et leur conversation continua. Quelques temps après, la nourriture arriva. Même si elle prenait plaisir à chaque secondes en sa compagnie, elle ne pouvait se résoudre à oublier leur conversation passée sur les raisons qui les avaient motivés à choisir le journalisme. Elle n'arrivait pas à penser à autre chose. Elle tournait et retournait la conversation en pensant à combien ils étaient différents. Si elle voulait faire découvrir la réalité aux autres, lui il essayait tout simplement de leur vendre le rêve. Il était le ying à son yang. Et en l'observant sourire pour la énième fois de la soirée, elle ne put s'empêcher de se demander si c'était une bonne chose qu'ils soient si différents.

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