10: Abditory

— Avez-vous une idée de qui cette fille peut bien être? S'enquit Nurys, tout en prenant place aux côtés de ses deux amies.

Les trois filles complétaient, à présent, leur dernier cours de la journée et dehors, un beau couché de soleil berçait l'université.

Malgré tout, Nurys qui était une passionnée des différentes teintes du ciel, n'arrivait point à les apprécier aujourd'hui.  Elle était bien trop occupée à détailler cette fille, qu'elle avait vu en compagnie de Kasen toute la journée.

Cela avait été le cas, ces derniers jours. C'était comme si, Kasen avait trouvé une nouvelle proie. Ou peut-être qu'il était la proie dans ce cas, vu la façon dont la fille se coltinait derrière lui.

Mais, elle n'avait pas été la seule fille que Nurys avait aperçu en compagnie du beau châtain. Elle se souvenait encore du jour où Alyssa lui avait annoncé qu'être en compagnie des filles était comme une seconde nature pour Kasen.

Et cette fille à l'instant n'était pas juste ravissante, mais elle avait aussi cette aura qu'elle dégageait. Une aura presqu'effrayante, tant possessive.

Pas que Nurys était jalouse mais juste que pour quelqu'un qui lui faisait des avances quelques jours plus tôt, elle trouvait qu'il était très vite passé à autre chose.

— Piper Kane. Répondit Alyssa, d'un ton amer.

— Suis-je la seule à percevoir ce taux anormale d'animosité émanant de toi Alyssa? Plaisanta Keyana, tandis que les trois filles gardaient leurs yeux rivées sur le couple devant eux.

Sous leurs yeux, la dénommée Piper planta un bisous sur la joue de Kasen avant de faire ses adieux aux trois garçons et quitter la pièce.

Un coup d'œil à sa montre montra à Nurys que le professeur serait là d'une minute à une autre. Cette fille n'était donc pas dans leur classe. Cela expliquait pourquoi elle ne l'avait jamais vraiment vu avant.

— Parce que je ne l'aimes pas du tout, déclara sobrement Alyssa, en verrouillant son téléphone et en faisant face aux deux filles. La famille Kane répresente la compétition directe à la mienne.

Keyana et Nurys se lancèrent un regard furtif.

— Cette allégiance pour ta famille est remarquable. Mais ne se pourrait-il pas qu'elle soit complètement différente de ses parents? Déclara Keyana.

Alyssa qui donnait l'air de ne pas l'avoir écouté, tant ses yeux restèrent collèrent sur la porte, par laquelle Piper avait disparu, soupira.

— Et j'oubliais. C'est une vrai peste.

Et venant d'elle, cela voulait beaucoup dire.

❊❊❊

À la fin des cours, Nurys avait tellement apprit de Piper, qu'elle se demandait comment elle se devait de réagir quand elles se rencontreraient officiellement.

Elle allait se diriger vers la sortie après avoir arrangé ses affaires, quand Alyssa l'interrompit.

— Cette journée a été très longue et très émouvante pour nous toutes. Que dites-vous qu'on fasse fit de la salle à manger et qu'on se rende plutôt dans un bon restaurant? S'enquit-elle, tout en regardant ses deux interlocutrices.

La première réaction de Nurys fut de vouloir décliner, mais en prenant du recul, elle se rendit compte que c'était exactement ce dont elle avait besoin. Une soirée hors de l'université.

— Je suis partante. Déclara-t-elle, en jetant un coup d'œil à Keyana qui accepta aussi.

— Parfait, laissez-moi prévenir Calum. Il devait inviter les garçons de son côté. Expliqua-t-elle et avant même que les filles n'aient pu protester, elle avait disparu.

Il fallait dire, qu'après l'incident avec Kasen (qui en passant était inconnu d'Alyssa et Keyana), Nurys n'avait aucune envie de se retrouver en sa présence.

Une demi-heure après, Alyssa, Keyana, Nurys, Kasen, Jacob, Calum et Lucien observaient du bas le restaurant Experiencia de Comida avant d'y finalement pénétrer.

Alyssa et Calum étaient ceux qui avaient choisis ce restaurant qui offrait une gastronomie occidentale. Il était situé au dernier étage de l'un des plus grands gratte-ciels de la ville.

Après avoir prit un ascenseur qui les laissa au huitième étage, ils purent enfin prendre goût à l'ambiance et l'atmosphère qui y régnait. Nurys devait avouer qu'elle fut très vite séduite. Il y avait un nombre raisonnable de personnes qui sirotaient  leurs cocktails ou dégustaient leur pizzas ou steaks. Une télévision qui reposait à l'extrême droite montrait un match de football. Finalement elle ne put que s'émerveiller devant le papier peint en deux teints (noir et or rose) et le style rénové et moderne qui était mit en avant.

Le groupe fut conduit à une table pour huit, tandis que Kasen se plaignait de ne pas avoir pu inviter Piper. D'après lui, Alyssa ne lui avait pas donné le choix. Nurys dut se maîtriser à plusieurs reprises pour éviter de rouler des yeux.

Une fois qu'ils étaient confortablement installés et avaient pu commander, la conversation se dirigea vers leur cours de la journée et plus particulièrement le dernier cours, qui était celui de monsieur Dubois.

— Je n'arrive pas à croire qu'on devra rendre nos essais dans bientôt, déclara Lucien, sa main sur son menton, tandis qu'il se servait mécaniquement de l'entrée qu'ils avaient tous reçus, question d'attendre leurs plats respectifs. C'étaient des tartines espagnoles au chorizo.

— Tu as raison. Le temps s'est si vite écoulé. Je pense qu'il nous reste à peine deux semaines, observa Keyana.

— Oui.

Pour une fois, Jacob avait abandonné son téléphone même si à certains moment, on pouvait le voir y jeter un rapide coup d'œil.

— Donc vous avez tous écrit sur quoi? S'enquit Lucien.

Le sourire de Nurys diminua peu à peu. C'était un sujet qu'elle savait très délicat.

— La disparition prochaine d'internet, déclara Keyana. Il était tellement évident qu'elle était fière de son sujet.

— Voyons K', c'est très improbable. La taquina Lucien.

— Actuellement non, les filles un peu de soutien?

Fidèle à elle-même, Nurys affirma qu'elle doutait que cela arriverait. Alyssa et Kasen prirent le même parti. À l'opposé, Jacob prit la parole, supportant la même idée que Keyana.

— Il y a une très grande possibilité que cela devienne une réalité. La preuve, beaucoup d'études réalisées prouve d'une manière ou d'une autre l'effondrement d'internet.

Ils allaient tous se mettre à défendre leurs propres raisons quand, Lucien s'interposa.

— En temps normal, je raffole de discussions, mais ce n'est ni l'heure, ni le moment. Et si on continuait avec le sujet de chacun? Aly, ton tour.

Alyssa sourit, question de faire passer le suspense.

— Les droits civils en Amérique, déclara-t-elle.

Là encore, les pensées de chacun d'entre eux étaient différentes et Lucien dut y mettre fin, en demandant à Jacob de partager son thème.

Il les informa qu'il écrivait sur l'environnent, puis Kasen avoua qu'il écrivait sur la dictature russe et Calum sur l'histoire des Noirs.

Et c'était ça le journalisme; la matière engendrait différents arguments et hypothèses. Si tout était aussi clair et limpide, personne n'en parlerait.

Arrivé au tour de Nurys, cette dernière tenta de changer la conversation.

— Pas si vite, beau visage, l'interrompit Lucien, c'est à ton tour.

— J'écris sur la différence entre les races, marmonna-t-elle, précipitamment, priant qu'ils n'aient pas compris ce qu'elle avait dit.

Jacob qui a ce niveau sirotait son cocktail, manqua de le recracher, tandis qu'Alyssa et Keyana gloussaient.

Kasen qui pendant tout le temps l'observait silencieusement, ajusta sa posture afin d'être encore plus confortable. Bien que Nurys doutait que c'était encore possible, vu la manière dont il s'était attablé toute la soirée, elle le regarda silencieusement murmurer quelques mots dans les oreilles de Lucien.

— Pourrais-tu nous livrer ton hypothèse? S'enquit Lucien.

La nourriture fut servie et elle profita de la distraction pour éviter la question.

Mais ce fut contre la volonté des quatre paires d'yeux qui l'observaient avec intérêt.

Trois des garçons lui faisait face. Lucien était au milieu devant elle, Kasen à sa droite et Jacob à sa gauche. Calum était au bout de la table, faisant face à la huitième chaise qui était resté inoccupé, et aux côtés d'Alyssa, qui elle avait Nurys à sa droite. Finalement, Keyana était à leurs droites à elles deux.

— Pourquoi suis-je la seule qui doit le faire? Se plaignît-elle.

Et d'un côté, elle avait raison.

Le sourire de Lucien s'élargit.

— Parce que nous sommes intéressés. Le sujet a l'air tellement grandiloquent.

Nurys roula des yeux. Cela ne reflétait définitivement pas son éducation, mais elle ne voyait pas pourquoi c'était si important à leurs yeux.

— Je parle du fait que la race caucasienne est majoritairement manipulatrice. Les informa-t-elle, ses yeux ne quittant pas ceux de Kasen. Elle voulait qu'il comprenne qu'elle n'avait pas peur de partager ses idéologies.

Il avait pu lui demander en face de donner l'hypothèse mais avait préféré passer par Lucien. Si ça ce n'était pas un comportement de manipulateurs, qu'était-ce?

Le silence gagna rapidement la table et plus aucune conversation ne fut échangée. Ils mangèrent tous, dans le silence le plus complet. Ne pouvant plus supporter la tension, Nurys s'excusa à un niveau, prétextant vouloir prendre de l'air à la terrace.

En quittant la table, elle remarqua le sourire triste que Calum et Alyssa s'échangèrent mais n'y prêta pas trop attention.

La minute où elle arriva à la terrasse, elle se félicita d'y être venue. Tout était subjuguant. La terrasse offrait un silence à Nurys, très loin de son groupe d'amis. Au bas, elle voyait des milliers de lumières scintillantes, qui brillaient à milles feux. Et finalement la sérénité de la nuit, donnait à ce contexte, un aspect presque poétique.

Elle était là à écouter une sirène, émanant de la ville, quand une voix l'interrompit.

— Il ne faut pas lui en vouloir tu sais?

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