« - Juvia ne me bouscule pas ! M'égosillais-je, les joues rougies par la fraîcheur du temps. »

Celle-ci éclate de rire amusée et lorsqu'elle trébuche, Grey vient la rattraper à temps, la laissant enrouler son bras autour du sien. Toujours en train de rigoler, elle niche son visage dans l'épaule de son compagnon, qui rigole à son tour.

« - Ca s'appelle de la triche ça ! Ralais-je.
- On a pas posé de règles ! Répond-elle vainqueur de sa vannerie. »

Lorsque je m'apprête à aller me poser contre la rambarde de la patinoire, je sens deux petites mains frêles s'enrouler autour de mon avant bras. J'abaisse mon regard vers deux grands yeux noisettes, un large sourire se dessinant sur ses lèvres, elle me demande timide :

« - On fait un tour ensemble ? »

Je lui souris chaleureusement, posant avec difficulté ma main sur le haut de son crâne.

« - Bien sur. »

On entame une série de pas maladroits sur la piste gelée. Le marché de Noël nous entoure, les saveurs des churros, du vin chaud et des gaufres au chocolat envahit mes narines, je profite de cet air frais et agréable, laissant des grandes bulles de buée s'échapper de ma bouche lorsque j'expire mon oxygène. C'est comme si à cet instant la, mes problèmes s'estompaient à travers cette atmosphère pure. Je gonfle mon torse de plénitude, étant en paix avec moi même. Wendy a l'air de profondément s'amuser, regardant curieusement tout ce qui pouvait s'agiter autour d'elle.

Grey et Juvia nous devancent toujours. Cette complicité fusionnelle qu'ils ont est tout ce que j'aurais pu rêver durant ma relation avec Luxus, en vain. A croire que le monde était contre nous. Mirajane Strauss, tu es définitivement la femme la plus minable. Perdue dans mes pensées, j'entends vaguement un « attention! » et cogne violemment un torse. Secouée par l'impact, je tombe en arrière, mes fesses percutant le sol glacé.

« - Je... pardon, s'excuse une voix masculine au dessus de moi. »

Une voix que je ne connaissais que trop bien.
Terrorisée par l'ombre au dessus de moi, je recule soudainement, mes mains s'écorchant sur la glace, je tente de fuir cet homme. Lorsque je relève la tête, des cheveux verts agressent en premier mes yeux, ses longues jambes sveltes se rapprochent des miennes. Ses bras sont tendus vers moi, sa bouche s'étire en un léger sourire en coin.

Crier ? Hurler ? Je bloque ma respiration, ma tête tourne, les souvenirs me reviennent en un flash continu.

« - Ne-Ne me touche pas ! Tentais-je de le menacer. »

Wendy scrute la scène ne sachant quoi dire ou quoi faire.

« - Je pensais ne plus te revoir Mirajane, souffle-t-il »

Alors que sa main allait se poser sur ma cuisse, un poing vient brusquement percuter sa joue, le renversant sur le côté. Je hoquète de stupeur puis aperçoit Grey, se tenant le poignet, une grimace déformant son visage.

« - Grey ! M'écriais -je soulagée.
- Putain ! Crache-t-il. »

Juvia accoure vers moi, s'accroupissant en me tenant les joues.

« - Ca va ? Demande-t-elle la mine inquiète.
- J-Je crois... »

Freed se relève tout en se massant la joue. De sa carrure imposante, Grey le surplombe, son visage s'assombrit et un combat de regard commence. Freed ne se laisse pas abattre si facilement, il colle son torse à celui de Grey et lui dit :

« - Nan mais t'es malade ! Tu t'es pris pour qui?
- Ose encore l'approcher et j'te jure que je te ferais bien pire, ordure, le menace le brun en joignant ses poings. »

Le vert recule, soudainement agressé par une aura noir en face de lui, crache au pied de Grey et détale en sortant de la patinoire ouverte.

« - Mira, viens, on rentre, annonce la bleue en m'aidant à me relever. »

Ne pouvant plus ouvrir la bouche, mes jambes flageolent et mes mains se mettent à trembler. Que vient-il de m'arriver ? Je me laisse tirer par mon amie qui me sort à mon tour de la glace. Elle me déchausse suivit par Grey et Wendy, celle-ci toujours silencieuse. Je vois que le poignet du brun a gonflé et sa tête semble montrer qu'il souffre. Ayant remis mes chaussures, je me dirige vers lui et pose ma main sur son bras.

« - Merci ... »

Il grogne légèrement puis répond plus doucement :

« - Je n'allais pas le laisser faire une deuxième fois. J'ai bien cru que tu allais t'évanouir. »

•••

Enfin rentrés dans l'appartement de Juvia, Wendy grimpe sans même se retourner vers nous dans sa chambre, Juvia vient m'installer sur la canapé. Je prends un coussin contre mon torse et plonge ma tête à l'intérieur.

« - Je nous prépare un thé, annonce Grey, la mine toujours refrognée.
- Laisse moi faire, l'arrête sa compagne. En attendant vas dans la salle de bain, je t'y rejoins pour bander ton poignet. »

Il acquiesce sans broncher, mais déplie rapidement une couverture en laine qu'il dépose gentiment sur mes genoux. Puis il s'enferme dans la salle de bain, maintenant sa main afin d'essayer d'apaiser la douleur. Juvia vient s'installer près de moi et caresse d'un doigt ma joue puis dépose la tasse chaude dans mes mains.

« - Tu t'es quand même amusée ? Demande Juvia une pointe d'incertitude dans la voix.
- Bien sur, soufflais-je. Je te dois d'ailleurs des churros.
- Mira... »

Les larmes me montent aux yeux, me rendant réellement compte à qui j'ai pu faire face. À cet instant j'ai tellement besoin des bras forts de Luxus afin de m'entourer, me protéger. Au lieu de ça, Grey s'est blessé par ma faute.

« - Tu devrais rejoindre Grey dans la salle de bain. Lui dis-je gênée. Merci encore d'être intervenu, j'espère que c'est pas trop grave.
- Ne t'en fais pas pour lui. Je peux t'assurer qu'il ne regrette pas son geste, et moi même ne l'aurais pas arrêté. »

Je lui souris légèrement et dépose un gros baiser sur sa joue.

« - Je t'aime beaucoup, tu le sais ? Lui confiais-je émue.
- Moi aussi je t'aime Mira, répond-elle. »

Elle remonte la couverture sur ma poitrine et m'installe de manière confortable déplaçant les coussins par ci par là.

« - Tu devrais essayer de te reposer un peu. Je vais soigner Grey et rejoindre Wendy, si tu as besoin de quelque chose appelle moi. »

Je hoche ma tête de haut en bas et la laisse quitter le sofa tout en la remerciant du regard. Je bois une gorgée d'eau chaude, lorsque je sens mon téléphone vibrer à plusieurs reprises dans ma poche de pantalon. Je le saisis tout en le déverrouillant. Le nom écrit sur l'écran de déverrouillage me laisse perplexe. Mon coeur tambourine dans ma cage thoracique, mes yeux ne cessent de quitter l'écran du téléphone. Prenant mon courage à deux mains, je décide finalement de glisser mon doigt de gauche à droite afin de décrocher.

« - Allô ? S'exclame une voix. »