Épuisée, je me lève avec peine du lit, me retenant de justesse au cadran de la porte afin d'éviter de m'écrouler. Grey dors toujours à point fermé, et ne semble pas vouloir se réveiller.

Je sors de la pièce, et jette un coup d'œil à l'horloge dans la cuisine. 4h37. Je souffle de fatigue, et m'écroule sur le canapé. J'agrippe le plaid plié sur le sofa d'en face et m'enroule dedans.

Par la suite, je prend la télécommande puis, décide d'allumer la télé. C'est alors que le son beaucoup trop fort de l'écran vient agresser mes tympans, me faisant gémir de mécontentement. Je change ainsi de chaîne, après avoir baissé le volume, et laisse défiler les animations pour enfants devant mes yeux vitreux.

Je caresse d'un geste doux mon ventre, légèrement plus arrondis que les dernières semaines. Je vais passer à mon troisième mois de grossesse, tout en faisant de nombreux aller retour, régulièrement chez mon médecin afin de suivre de très près les progrès.

Pour l'instant je peux dire que tout va bien, rien d'anormal. Grey est toujours inquiet à mon sujet, me faisant bouger le moins possible, m'empêchant de prendre le volant. Il est trop protecteur, et je me demande sérieusement comment il sera lorsque j'aurais dépassé les 7 mois de grossesse.

Mon père est restée en ville, et ces 3 dernières semaines, il n'a cessé de m'envoyer des messages afin de me convaincre de le voir. Mon taciturne m'a formellement interdit de le rencontrer, mais plus les jours passent et plus mon envie de le revoir s'accroît.

J'ai cette envie de le croire, de lui donner une deuxième chance, d'écouter ce qu'il a a me dire. Mais cette voix négative se glisse dans ma tête chaque fois que je tente de prendre mon courage à deux mains et lui répondre, me rappelant toutes les erreurs irréparables qu'il a pu commettre, son côté dangereux et brutal, son abandon.

Je souffle d'épuisement, mes pensées me tourmentent beaucoup trop, ce qui est d'après mon médecin très mauvais pour la grossesse. Je tente alors de m'allonger le long du canapé, sentant la fatigue prendre le dessus.

Je me réveille en sursaut lorsque je sens un main me secouer l'épaule. Je me redresse brutalement, le front en sueur, la respiration haletante. Je regarde les yeux grands ouverts autour de moi, la noirceur de la pièce m'empêchant d'apercevoir des formes précises.

« - Juvia, chuchote une voix près de ma tête. »

Je la tourne, et rentre ainsi en contact avec ses pupilles brillantes.

« - Grey... soufflais-je de soulagement.
- Qu'est ce que tu fais ici ? Me demande-t-il confus.
- Quelle heure est-il ? Ignorais-je.
- 5h50. »

Je frotte mes mains contre mon front et tente de me relever. Néanmoins, mon brun en décide autrement, et me fais immédiatement me rassoir en posant ses deux mains contre mes épaules.
Il vient ainsi s'agenouiller devant moi, m'empêchant de m'enfuir.

« - Tu as fais une insomnie ? M'interroge-t-il. »

Je hoche simplement la tête, qu'il vient encadrer et déposer contre son pectoral. Nous restons silencieux sur un instant, lorsque je lui demande à mon tour :

« - Pourquoi es-tu levé de si bonne heure ?
- Je n'ai plus senti ta présence dans le lit, alors je me suis inquiété.
- Grey, le réprimandais-je, tu sais, je ne compte pas partir de la maison aussi tôt, et encore moins dans cet état là. Je lui désigne mon ventre.
- Je sais. Mais ça n'empêche. Je n'aime pas te savoir loin de moi. Et puis regarde toi, ajoute-t-il, tu est complètement épuisée.
- Je vais très bien niais-je.
- Arrête ça avec moi, me gronde-t-il. Tu es toute pâle, tes jambes tiennent à peine.
- C'est ce que tu crois. »

Agacé, il grogne puis se lève.

« - Viens, m'ordonne-t-il, on va se recoucher. »

Il prend mon bras et me tire sans que je ne puisse dire un mot dans la chambre.
Il m'installe confortablement sans un mot, puis vient se coucher de son côté. Il ne m'adresse plus une fois la parole, son dos tourné contre le mien et s'endort.
Frustrée, je me tourne par la suite face à la porte, et ferme les yeux.

•••

J'émerge une nouvelle fois d'un sommeil, alertée par la voix de Wendy, celle-ci m'appelant à travers la porte. Je frotte mes mains contre mes yeux puis me lève. Lorsque j'ouvre la porte, Wendy rentre en furie dans celle-ci, les bras croisés contre sa poitrine.

« - Comment tu as pu me cacher ça ? Raille-t-elle ?
- De quoi tu parles ? »

Elle me jeté un regard accusateur, puis annonce sèchement :

« - Papa a essayé de te contacter. »

Mon souffle se coupe brutalement. Comment est-elle au courant ?

« - Lorsque je suis allée prendre mon déjeuner, ton téléphone vibrait. J'ai simplement tenté de jeter un coup d'œil, et je suis tombée sur les discussions que toi et lui avez eu.
- Wendy je- bredouillais-je.
- Tu comptais m'en parler un jour ? »

Mes pensées fusent. Je porte mes mains sur mon visage que je cache malgré le peu de force que j'ai. Wendy a grandit depuis ces 3 dernières années, et il est vrai qu'elle prends conscience de beaucoup plus de choses.

« - Ma puce ... écoute... tu as raison, j'aurais t'en informer. J'étais inquiète, et je ne voulais pas te faire revivre ce que tu as vécu en te parlant de lui.
- J'avais le droit de savoir ! S'écrie-t-elle furieuse. On est deux dans cette histoire !
- Je sais, je comprends ta colère mais ...-
- Tu es lâche. Me coupe-t-elle avec un ton sans appel. »

Suite à cet phrase, ma voix s'est bloquée. Lâche?
Sans même attendre ne réponse de ma part, elle fait demi tour, et s'enfuit de la pièce d'un pas rapide. J'entends quelques secondes après sa porte de chambre claquer, puis le silence prends place.

Blessée, je replace une mèche de cheveux derrière les oreilles, et me dirige vers la cuisine. Mon cœur ne cesse de tambouriner. La seule chose que je souhaite en ce moment, c'est m'entourer sous terre, attendant que cette période de tension entre Grey, Wendy et moi disparaisse.

J'affirme fermement mon tee-shirt au niveau de ma poitrine et pleuré silencieusement. Cette grossesse ne m'apporté définitivement de bon. Ma sensibilité s'accentue et mes sentiments s'entremêlent, je suis impuissante.